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Confinement

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Après plus de 16 semaines de confinement à cause du petit virus global (pour rappel outre les frontières nationales de la RDC qui ont été fermées, nous sommes coupés de Kinshasa qui a été isolé du reste du pays), une petite lumière apparait au bout du tunnel. En effet, l’état d’urgence sanitaire a été levé par le Président congolais dans son allocution du 21 juillet, qui a également brossé les grandes lignes des étapes d’ouverture du pays vers une “normalité” qui reste toutefois prudente car la pandémie est loin d’être finie. Cette annonce arrive juste au moment où le premier cas de Covid-19 a été confirmé dans la province du Kasaï, malade originaire de Kinshasa (oui, je sais, normalement Kinshasa est isolé, mais dans ce pays il suffit généralement de sortir un billet ou deux de sa poche pour que les règles soient “adaptées”), qui s’est toutefois évadé du centre de santé où il avait été confiné et pourrait donc répandre la bonne parole, euh je voulais dire le virus, aux personnes rencontrées dans sa balade illégale.
Malgré ce couac, l’horizon s’est donc éclairci un peu, mais les étapes du déconfinement peuvent faire lever les sourcils car les priorités sont manifestement non conformes et pourraient compromettre le plan d’attaque des autorités. Les premières étapes du déconfinement concernent dans l’immédiat les commerces, banques, entreprises (jusque là, OK), rassemblements, cafés, bars, restaurants, réunions et célébrations (il n’y a plus de limites du nombre de participants), ainsi que la reprise des transports en commun. Il n’est plus question de distanciation ou de port de masques, mais comme ces mesures n’étaient pas respectées même lorsqu’elles étaient obligatoires je présume que les autorités ont renoncé à imposer celles-ci maintenant que les contraintes sont relâchées.
A partir du 3 août ce sont les écoles et universités qui peuvent reprendre, certainement quelque chose qui devenait urgent, car après 4 mois de “vacances” dans un pays ou la qualité de l’éducation est généralement médiocre dans le meilleur des cas et ou l’éducation à distance n’est pas une option à quelques exceptions près, il est crucial de ramener les enfants sur les bancs de l’école et surtout de permettre aux enseignants d’être à nouveau rémunérés.
La troisième et dernière étape est programmée à partir du 15 août avec la réouverture des frontières provinciales et nationales, des églises et autres lieux de culte, et des discothèques. Pour le moment il est prévu d’encourager les personnes arrivant de l’étranger d’observer un quarantaine volontaire à la maison et de se faire contrôler, mais ce n’est pas obligatoire comme en Belgique où, si nous rentrons pour des congés, nous serons obligés de rester en quarantaine pendant deux semaines. Certes une telle quarantaine n’est pas la fin du monde dans la mesure ou nous pourrons effectuer celle-ci à une adresse de notre choix, mais cela veut quand même dire que nous devrons patienter encore deux semaines avant de pouvoir retrouver nos proches et amis.
Pour une raisons que nous ignorons, les seules restrictions qui restent d’application ici en RDC après la levée des mesures d’urgence sont les funérailles, où le nombre de personnes pouvant être présentes reste strictement limité. Cette mesure a dû être copiée de celles prises dans le cadre des épidémies d’Ebola où effectivement les dépouilles des personnes décédées restent hautement contagieuses, mais dans le cadre du Covid-19 j’aurais plutôt mis des limites dans les bars et discothèques.
Généralement se sont plutôt des bonnes nouvelles car cela nous donnera un peu plus de liberté de mouvement, dans la mesure où il n’y a pas une flambée d’infections qui amènerait les autorités à revoir leur copie. Ce ne serait pas la première fois car on nous avait annoncé la reprise des vols internationaux à partir du 22 juin, ensuite à partir de début juillet et maintenant le 15 août, donc tout peut encore changer.
Ce qui est certain c’est qu’ici les autorités ont déjà bien levé le pied, alors qu’en mars une souris n’aurais pas pu mettre le pied dans la province sans avoir été appréhendée par les autorités, qui avaient sollicité toutes sortes d’aide chez nous pour mettre en place les mesures nécessaires (tentes pour camps d’isolement, carburant pour les patrouilles fluviales et terrestres, matériels de protection individuel, etc.), maintenant les villages flottants arrivant de Kinshasa ne font même plus l’objet de contrôles et nous voyons des visiteurs arriver de Kinshasa qui circulent sans être inquiétés. Il est vrai que le nombre de visiteurs est limité et que les passagers arrivant en barge ont de fait déjà fait une quarantaine puisque les barges mettent au moins deux semaines pour faire le voyage de Kinshasa à Mapangu.
Il n’en reste pas moins que nous avons décidé de maintenir, voire renforcer nos mesures préventives dans la plantation, car l’arrivée du virus ici nous obligerait probablement de fermer les opérations, ce qui serait un désastre tant économique que social. Tous les travailleurs sont maintenant dotés de masques qu’ils sont supposés porter lorsqu’ils ne sont pas en mesure de respecter les distances de sécurité comme dans les véhicules (dans lesquels nous avons limité le nombre de passagers), lors de réunions dans les bureaux où à certains appels. Le travail de sensibilisation sur l’utilisation des masques est toutefois encore long car si la majorité des travailleurs portent leur masque pendant le travail aux champs (où ce n’est absolument pas nécessaire ou même utile), dans les véhicules ils ne le portent souvent pas parce que c’est plus facile de parler avec ses voisins sans le masque… Même nos cadres portent souvent le masque juste devant la bouche ou accroché au menton avec le nez à l’air parce que “c’est plus facile de respirer comme cela”… Bref, sans parler de l’état de propreté des masques qui est souvent très douteux, il y a encore beaucoup de travail à faire et la levée des mesures annoncées par le Président ne va pas rendre notre tâche plus facile. Nous exigeons aussi que nos travailleurs se lavent les mains avant d’entrer dans les lieux d’appel, les bureaux, etc., mais là aussi il reste un gros travail de sensibilisation à faire car quand le patron n’est pas là pour leur rappeler ils “oublient”, alors que les lave-mains sont positionnés de manière bien visible à l’entrée de chaque site. Dans les bureaux nous avons disposés des flacons de gel hydro-alcoolique pour assurer une désinfection régulière des mains après avoir manipulé des documents, billets de banque ou autre objets touchés par d’autres personnes. Je ne sais pas si c’est parce que les personnes travaillant dans les bureaux sont généralement plus éduqués, mais ce système semble être bien assimilé à juger du nombre de personnes qui viennent faire remplir leur flacon de gel.
La seule chose que nous n’avons pas encore généralisé est le contrôle de la température, car les thermomètres à infrarouge que nous avons commandés sont encore “en route”. Mais comme il semble que la fièvre ne soit pas nécessairement le symptôme le plus important pour dépister les cas suspects, nous essayons de mettre l’accent principalement sur les mesures préventives, d’autant plus qu’ici la fièvre plus fréquemment le signe d’une malaria ou d’une infection mal soignée.
Finalement, parlant de malaria, au cours de l’année 2019 la RDC a connu 330.000 décès imputés au paludisme, alors qu’à ce jour le Covid-19 a fait moins de 200 victimes (principalement des personnes ayant séjourné en Europe). Cela pousse à se demander si toutes les aides et collectes de fonds qui font la une de la presse pour la lutte contre le coronavirus ne seraient pas mieux consacrées à mettre en place une réelle politique de prévention et de lutte contre la malaria ? Marie-Claude et moi prenons des tisanes d’Artemisia annua (produits dans notre jardin) pour nous prémunir contre le paludisme depuis que nous sommes ici (et même avant cela lorsque je faisais de missions en Afrique) et nous sommes les seuls expatriés qui n’ont pas eu de malaria. Il est vrai que les autorités sanitaires (surtout les sociétés pharmaceutiques) crient au loup contre l’utilisation de cette plante sous forme de tisane, mais vu les conséquences dramatiques de cette maladie en RDC il y a quand même lieu de se demander pourquoi ne pas consacrer plus de moyens à sa vulgarisation. Nous le faisons à petite échelle ici à Mapangu avec les personnes intéressées, mais avec prudence car d’une part il est difficile de s’assurer que les personnes respectent la posologie conseillée et, d’autre part, parce que ce n’est pas un moyen de prévention ou de lutte reconnu par les autorités sanitaires locales et/ou internationales.
Hormis ceux d’entre vous qui nous lisent dans les pays tropicaux, ce problème vous paraîtra secondaire comparé au risque que représente le coronavirus, mais quelle que soit votre situation nous vous souhaitons prudence et une bonne santé.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Nouvelle addition dans nos moutons – Newcomer in our sheep’s herd
Jour spécial – Special day
Grappe de pamplemousses – Bunch of grapefruit

After more than 16 weeks of containment because of the tiny global virus (as a reminder, in addition to the national borders of the DRC which have been closed, we are cut off from Kinshasa which has been isolated from the rest of the country), a small light appears at the end of the tunnel. Indeed, the state of health emergency was lifted by the Congolese President in his speech of 21 July, which also outlined the steps to open up the country towards “normality”, which nevertheless remains cautious as the pandemic is far from over. This announcement comes just as the first case of Covid-19 has been confirmed in the province of Kasai, a sick man from Kinshasa (yes, I know, normally Kinshasa is isolated, but in this country it is usually enough to take some small change out of one’s pocket for the rules to be “adapted”), who has, however, escaped from the health centre where he had been confined and could therefore spread the good word, uh I meant the virus, to the people he meets during his illegal wander.
In spite of this blunder, the horizon has thus cleared up a little, but the steps of deconfinement may raise eyebrows because the priorities are clearly not what we would logically expect and could compromise the authorities’ plan of attack. The first stages of deconfinement with immediate effect are the opening of shops, banks, businesses (so far, OK), authorisation of rallies, cafés, bars, restaurants, meetings and celebrations, as well as the resumption of public transport. There is no longer any question of distancing or the wearing of masks, but as these measures were not respected even when they were compulsory, I assume that the authorities have given up imposing them now that the constraints have been relaxed.
From 3 August schools and universities will reopen, certainly something that was becoming urgent, because after 4 months of “holidays” in a country where the quality of education is generally poor at best and where distance education is not an option with a few exceptions, it is crucial to get children back to school and allow teachers to be paid again.
The third and final stage is scheduled to begin on 15 August with the reopening of provincial and national borders, churches and other places of worship, and discotheques. For the time being it is planned to encourage people arriving from abroad to observe a voluntary quarantine at home and to be checked, but this is not obligatory as in Belgium where, if we return for holidays, we will be obliged to stay in quarantine for two weeks. Of course, such a quarantine is not the end of the world, as we will be able to carry out the quarantine at an address of our choice, but it still means that we will have to wait another two weeks before we can be reunited with our relatives and friends.
For reasons unknown to us, the only restrictions that remain in force here in the DRC after the lifting of the emergency measures are funerals, where the number of people who can attend remains strictly limited. This measure must have been copied from those taken in the context of the Ebola epidemics, where indeed the remains of the deceased remain highly contagious, but in the context of Covid-19 I would have rather put limits on bars and discos.
Generally speaking, this is rather good news because it will give us a little more freedom of movement, as long as there is not an outbreak of infections that would lead the authorities to review their decision. It wouldn’t be the first time because we were told that international flights would resume on June 22nd, then at the beginning of July and now on August 15th, so everything can still change.
What is certain is that here in Mapangu the authorities have already relaxed their approach, whereas in March a mouse could not have set foot in the province without being apprehended by the authorities, who had requested all kinds of help from us to put in place the necessary measures (tents for isolation camps, fuel for river and land patrols, personal protective equipment, etc.), now the floating villages arriving from Kinshasa are no longer even checked and we see visitors arriving from Kinshasa who move around without being disturbed. It is true that the number of travelers is limited (because of the state of the roads) and that the passengers arriving by barge have in fact already made a quarantine since the barges take at least two weeks to make the trip from Kinshasa to Mapangu.
Nevertheless, we have decided to maintain and even strengthen our preventive measures in the plantation, because the arrival of the virus here would probably force us to close down operations, which would be an economic and social disaster. All workers are now equipped with masks that they are supposed to wear when they are unable to keep safe distances, such as in vehicles (in which we have limited the number of passengers), during meetings in the offices or at certain muster calls. However, there is still a long way to go in raising awareness about the use of masks, because although the majority of workers wear their masks while working in the fields (where it is absolutely not necessary or even useful), in vehicles they often do not wear them because it is easier to talk to neighbours without the mask. Even our managers often wear the mask hanging in front of their mouth or on their chin with their nose in the air because “it’s easier to breathe that way”… In short, not to mention the state of cleanliness of the masks, which is often very doubtful, there is still a lot of work to be done and the lifting of the measures announced by the President is not going to make our task any easier. We also demand that our workers wash their hands before entering muster sites, offices, etc., but here too there still is a lot of awareness-raising work to be done, because when the boss is not there to remind them, they “forget”, whereas the hand washing stations are positioned in a highly visible position at the entrance to each site. In the offices we have placed bottles of hydro-alcoholic gel to ensure regular disinfection of hands after handling documents, banknotes or other objects touched by other people. I don’t know if it’s because the people working in the offices are generally more educated, but this system seems to be well assimilated in judging the number of people who come in to have their bottles of gel refilled.
The only thing we haven’t generalized yet is temperature control, because the infrared thermometers we’ve ordered are still “on the way”. But as it seems that fever is not necessarily the most important symptom for detecting suspicious cases, we are trying to focus mainly on preventive measures, especially as here fever is more frequently a sign of malaria or a poorly treated infection.
Finally, speaking of malaria, during the year 2019 the DRC has had 330,000 deaths attributed to malaria, while to date Covid-19 has caused less than 200 victims (mainly people who have come from Europe). This leads one to wonder if all the aid and fundraising that makes the headlines for the fight against coronavirus would not be better spent on setting up a real policy of prevention and fight against malaria? Marie-Claude and I have been taking Artemisia annua herbal tea (produced in our garden) to protect us against malaria since we have been here (and even before that when I was on missions in Africa) and we are the only expatriates who have not had malaria. It is true that the health authorities (especially the pharmaceutical companies) are crying wolf against the use of this plant in the form of herbal tea, but given the dramatic consequences of this disease in the DRC there is still reason to wonder why not devote more resources to its extension. We are doing it on a small scale here in Mapangu with interested people, but with caution because, on the one hand, it is difficult to ensure that people respect the recommended dosage and, on the other hand, because it is not a means of prevention or control recognized by the local and/or international health authorities.
Except for those of you who read us in tropical countries, this problem will seem secondary compared to the risk represented by the coronavirus, but whatever your situation, we wish you caution and good health.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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Excès – Excess

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Les journées de travail sont généralement longues en plantation, debout à 4h30 et de retour à la maison généralement entre 18h30 et 19h, mais quand même avec une petite pause (généralement 1/2h voire 3/4h) pour prendre le déjeuner à la maison et quand le timing le permet une petite sieste de 10 minutes (juste ce qu’il faut pour un peu recharger les batteries pour l’après-midi). Mais en période de pointe c’est encore plus intense parce que les évacuations de production se prolongent souvent jusqu’en soirée, exceptionnellement même jusqu’aux petites heures du matin, car nous essayons de livrer tout ce que l’huilerie peut absorber et ainsi perdre le moins possible. Eh oui, malheureusement pour le moment la production de la plantation explose et dépasse largement la capacité de notre huilerie, même si celle-ci fonctionne à fond 24h sur 24 et 7 jours sur 7 avec toutes les contraintes liées aux machines défaillantes que nous avons décrit dans les nouvelles précédentes.
Le grand dilemme est de décider quoi faire avec l’excédent de production de la plantation car les régimes récoltés doivent être usinés dès que possible, de préférence dans les 24 heures et au maximum 48 heures après la récolte car sinon les fruits deviennent mous et difficiles à presser. Pour le moment nous avons un excès de plusieurs centaines de tonnes de régimes et de fruits tous les jours et comme il n’est pas possible de les usiner dans les environs, notre seule solution est d’en faire du compost, il est évidemment éminemment frustrant de devoir jeter une partie de la production alors que nous avons soigné, “engraissé”, entretenu, etc. les palmiers toute l’année dans le seul but de maximiser leur production.
La population voisine de la plantation, qui le reste de l’année n’hésite pas à venir voler des régimes et des fruits dans la plantation, car nos fruits sont beaucoup plus riches en huile que ceux récoltés dans les palmiers sauvages, voit dans ces montagnes de production délaissée une aubaine car ils estiment que si nous ne les utilisons pas ils sont évidemment à la disposition du public. Ils n’ont pas tout à fait tort, car pourquoi gaspiller une ressource abondante et immédiatement disponible, mais le problème est que les malaxeurs (presses traditionnelles) qui s’établissent pendant cette période de pointe prennent goût aux fruits juteux de la plantation et qu’après la pointe de production ils ne veulent pas suspendre leurs activités, donc les vols prennent des proportions ingérables… Une alternative est de mettre des gardiens à côté de nos tas de régimes et de fruits surnuméraires pour empêcher les gens de venir se servir, mais outre le gaspillage que cela représente, les gardiens voient rapidement une opportunité dans cette manne pour arrondir leur fin de mois et vont donc monnayer l’accès à ces régimes et fruits.
La solution que nous essayons de mettre en place est un compromis entre les deux alternatives ci-dessus, en mettant les régimes et fruits à la disposition de malaxeurs identifiés sur base d’un contrat où, d’une part, ils nous paient une participation symbolique au coût de récolte et d’évacuation des régimes vers un point de collecte agréé en périphérie de la plantation et, d’autre part, ils s’engagent à démonter le malaxeur dès la fin de la pointe de production. Cette “solution” permet de contrôler l’utilisation de notre production excédentaire, de récupérer une petite partie des coûts liés à leur production et de permettre à la population voisine de profiter de cette occasion pour avoir des revenus supplémentaires. Il faut savoir qu’en dehors de la période de pointe de production (soit environ 9 mois de l’année) nous achetons les fruits de palmes provenant des palmiers sauvages et anciennes palmeraies des alentours de la plantation pour justement permettre aux villageois d’avoir des revenus réguliers. Mais en période de pointe, lorsque notre huilerie est saturée, nous ne sommes évidemment pas en mesure d’acheter des fruits à l’extérieur vu que nous sommes dans l’incapacité de traiter l’entièreté de notre propre production.
Certains diront, “pourquoi ne pas augmenter la capacité de transformation propre ?” pour éviter le problème à la base. C’est une question qui revient sur le tapis à chaque conseil d’administration et qui malheureusement n’est pas simple. En effet il faut savoir que même si sur papier ce serait théoriquement envisageable avec un budget assez conséquent, en pratique, il est peu faisable d’agrandir notre huilerie actuelle, qui se trouve entourée de la cité de Mapangu d’un côté et de la rivière Kasaï de l’autre. Pour augmenter notre capacité d’usinage il faudrait idéalement construire une deuxième huilerie sur un autre site, mais cela ne se limite pas à l’huilerie à proprement parler car celle-ci doit être alimentée en électricité, en eau et stockage d’huile. De plus il faut mettre en place un système pour l’évacuation des huiles vers le port (si pas aménager un nouveau port), des lagunes pour le traitement des effluents et toutes les infrastructures de maintenance (stockage de pièces, consommables, bureaux, etc.). In fino, même petite, une huilerie doit être gérée et nécessite donc une équipe technique de production, de maintenance et de laboratoire qui n’auront théoriquement du travail que pendant quelques mois de l’année.
Vous aurez deviné qu’un tel investissement est plus que conséquent et ne se justifie que si la production est suffisante pour optimiser son utilisation, or nos excédents se chiffrent en quelques milliers de tonnes par an, ce qui n’est pas suffisant pour valoriser la construction d’une huilerie d’une taille économique. Il faudrait donc également augmenter la taille de la plantation, qui ne portera ses fruits que 4-5 ans plus tard et qui représente aussi un investissement considérable… Le contexte politique et économique du Congo restant malgré tout fortement instable et le futur pour le moins opaque, le moment n’est probablement pas opportun pour envisager de gros investissements dans le pays, sauf peut-être pour les téméraires et courageux…
Dans cette dernière catégorie, nous avons cette semaine eu la visite d’un couple de suisses qui sont au Congo depuis presque 10 ans et qui envisagent d’établir une plantation de palmiers à huile dans la région. Ils ont déjà mis en place un projet de maraîchage qui semble fonctionner de manière satisfaisante et connaissent donc bien les rouages des affaires congolaises. Leur projet vise la mise en place d’une petite plantation de palmier à huile, essentiellement orientée vers la production d’huile pour le marché local (dans les environs immédiats de la plantation) ce qui intéresse évidemment fortement les autorités locales, mais reste néanmoins une aventure courageuse.
Finalement, pour revenir à notre plantation, la semaine dernière nous vous faisions part du fait que notre production approchait la saturation de nos cuves de stockage et qu’il était urgent d’avoir des barges pour pouvoir évacuer l’huile, sans quoi nous serions dans l’obligation d’arrêter nos opérations. Eh bien, maintenant c’est l’inverse, car en quelques jours nous avons réceptionné plusieurs convois de barges dont la capacité de chargement excède la quantité d’huile dont nous disposons, encore une fois le pendule est passé d’un excès à un autre en quelques jours, une caractéristique du Congo?
Espérant recevoir de vos nouvelles, aussi anodines soient-elles,
Marc & Marie-Claude

Ravenala devant la cuisine – Ravinala in front of the kitchen
Forage avec pompe “maison” – Borehole with “home made” pump
Stations de lavage et de carburant en construction – Fuel and cleaning stations in construction
Masque Elephant – Elephant mask
Convoi sur le Kasaï – Convoy on the Kasai

Working days are generally long on the plantation, up at 4:30am and back home usually between 6:30pm and 7pm, but still with a short break (usually 1/2h or even 3/4h) to have lunch at home and when the timing allows it a short power nap of 10 minutes (just enough to recharge the batteries for the afternoon). But in peak periods it is even more intense because production evacuations often extend into the evening, exceptionally even into the early hours of the morning, as we try to deliver everything the oil mill can absorb and thus lose as little as possible. Yes, unfortunately at the moment the production of the plantation is exploding and significantly exceeds the capacity of our oil mill, even though it is working at full capacity 24/7 with all the constraints linked to the faulty machinery that we described in the previous postings.
The big dilemma is to decide what to do with the plantation’s surplus production, because the harvested bunches must be processed as soon as possible, preferably within 24 hours and at most 48 hours after harvest, otherwise the fruit becomes soft and difficult to press. At the moment we have an excess of several hundred tons of bunches and fruit every day and as it is not possible to process them in the surrounding area, our only solution is to compost them, it is obviously very frustrating to have to throw away part of the production when we have cared for, fertilised, maintained, etc. the palm trees all year round with the sole aim of maximising their production.
The people living around the plantation, who the rest of the year do not hesitate to come and steal bunches and fruit from the plantation (because our fruit is much richer in oil than that harvested from wild palm trees), see these mountains of neglected production as a godsend because they feel that if we do not use them they are obviously available to the public. They are not entirely wrong, because why waste an abundant and immediately available resource, but the problem is that the traditional presses set up during this peak period get a taste for the juicy fruits of the plantation, and after the peak of production they do not want to stop their activities, so the thefts take on unmanageable proportions. An alternative is to put guards next to our heaps of surplus bunches and fruits to prevent people from coming to help themselves, but apart from the waste this represents, the guards quickly see an opportunity in this manna to round off their end of the month and will end up monetising the access to these discarede bunches and fruits.
The solution we are trying to implement is a compromise between the two alternatives above, by making the bunches and fruit available to identified traditional presses on the basis of a contract where, on the one hand, they pay us a symbolic contribution to cover the cost of harvesting and evacuating the bunches to an approved collection point on the outskirts of the plantation and, on the other hand, they undertake to dismantle the presses at the end of the production peak. This “solution” makes it possible to control the use of our surplus production, to recover a small part of the costs linked to their production and to allow the neighbouring population to take advantage of this opportunity to obtains some additional income. It is important to know that outside the peak production period (i.e. about 9 months of the year) we buy the palm fruits from the wild and old palm groves around the plantation precisely to allow the villagers to have regular incomes. But in peak periods, when our oil mill is saturated, we are obviously not able to buy fruit from outside since we are unable to process all of our own production.
Some will say, “why not increase our own processing capacity?” to avoid the problem in the first place. This is a question that comes up at every board meeting and is unfortunately not a simple one. In fact, even if on paper it would be theoretically possible, with a fairly significant budget, in practice it is not really feasible to expand our current oil mill, which is surrounded by the city of Mapangu on one side and the Kasai River on the other. In order to increase our processing capacity we would ideally have to build a second oil mill on another site, but this is not limited to the oil mill itself, as it needs to be supplied with electricity, water and oil storage. In addition, a system must be put in place for the evacuation of oil to the port (if not to develop a new port), ponds for the treatment of effluents and all maintenance infrastructures (storage of parts, consumables, offices, etc.). Finally, even a small oil mill has to be managed and therefore requires a technical team for production, maintenance and laboratory that will theoretically only have work for a few months of the year.
You will have guessed that such an investment is more than consequent and is justified only if the production is sufficient to optimize its use, but our surpluses amount to a few thousand tons per year, which is not enough to valorize the construction of an oil mill of an economic size. It would therefore also be necessary to increase the size of the plantation, which will only bear fruit 4-5 years later and which also represents a considerable investment. The political and economic context of the Congo remains highly unstable and the future is opaque to say the least, so this is probably not the right time to consider major investments in the country, except perhaps for the bold and courageous ones .
In the latter category, this week we had the visit of a Swiss couple who have been in Congo for almost 10 years and who are considering establishing an oil palm plantation in the region. They have already set up a market gardening project that seems to be working satisfactorily and are therefore familiar with the workings of Congolese business. Their project aims to set up a small oil palm plantation, mainly oriented towards the production of oil for the local market (in the immediate vicinity of the plantation) which is obviously of great interest to the local authorities, but nevertheless remains a courageous adventure.
Finally, to come back to our plantation, last week we informed you that our production was approaching saturation of our storage tanks and that it was urgent to have barges to evacuate the oil, otherwise we would have to stop our operations. Well, now it is the opposite, because in a few days we have received several convoys of barges whose loading capacity exceeds the amount of oil we have, once again the pendulum has swung from one excess to another in a few days, a characteristic of the Congo?
Hoping to hear from you, no matter how significant your adventures may be,
Marc & Marie-Claude

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Diverses Choses – Various Items

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Il est indéniable que le temps passe à toute vitesse dans notre coin de brousse et cela est certainement en partie la conséquence du fait qu’ici il y a toujours quelque chose qui se passe, généralement surprenant ou inattendu, encore que maintenant nous commençons à prendre les choses avec un certain degré de fatalisme en sachant qu’ici c’est “normal”.
Cette semaine a encore une fois été pleine de surprises, de sourires (parfois un peu jaunes) et de stress, mais en réalité nous ne sommes plus vraiment étonnés car ici tout est possible…
Comme vous le savez par nos nouvelles précédentes, pour le moment nous avons de gros soucis avec nos engins “jaunes” et en particulier avec la pelle chargeuse qui est une machine essentielle pour le bon fonctionnement de l’huilerie. Outre la commande en urgence de pièces de rechange, nous avons profité de l’affrètement d’un avion pour faire venir deux techniciens spécialisés dans les engins Caterpillar, pensant (naïvement) que de cette manière les réparations seraient faites plus rapidement et dans les règles de l’art, et que notre machine pourrait au moins fonctionner sans souci jusqu’à la fin de la pointe de production (en septembre). Ces messieurs sont bien arrivés il y a un peu plus d’une semaine et ont passé le plus clair de leur temps derrière un ordinateur pour faire, ce qu’ils appellent, un diagnostic de la machine. Le rapport de ce travail se fait toujours attendre et laisse présumer qu’ils ne savent pas vraiment comment résoudre le problème, car ils ont suggéré de ramener l’engin à Kinshasa pour bien le réparer une fois pour toutes. Pour rappel, envoyer cet engin jusqu’à Kinshasa implique un voyage en barge de 3 semaines pour aller, un temps de réparation qu’ils estiment être “de maximum” 1 mois… et le voyage de retour en barge de 3-4 semaines. Ils nous proposent donc de prendre notre machine jusqu’à ce que notre pointe soit largement terminée, comme si c’était la solution la plus évidente. Ils ont été passablement choqués quand je leur ai expliqué qu’ils ont été payés pour venir réparer notre engin sur place et que, compte tenu de l’urgence, je ne prévoyais pas de mettre un moyen de transport à leur disposition pour rentrer à Kinshasa tant que cela n’était pas fait. Les techniciens ont laissé entendre qu’il serait peut-être souhaitable de faire venir une troisième personne mieux équipée pour faire les travaux (qui ne sont pas encore identifiés)… Rassurez-vous je n’ai encore tué ou même tapé personne, mais je ne vous cacherai pas que je suis en train de perdre mon calme.
Nous pensions avoir trouvé une autre pelle chargeuse qui pourrait nous dépanner sur un chantier minier près du chef-lieu de la province (Tshikapa), mais après plus de trois semaines d’excuses et d’explications variées pour justifier pourquoi cette machine n’a pas encore réussi à prendre la route, il est clair que ce n’est pas sur cette solution que nous devons compter.
Pour éviter ce genre de désagréments pour l’année prochaine, j’ai décidé de commander une nouvelle pelle chargeuse, mais qui ne pourra malheureusement pas être sur site dans les temps cette fois-ci car, évidemment, elle n’est pas disponible de stock en RDC.
Dans l’attente nous avons une nuée de personnes munies de pics et de pelles qui se chargent de manutentionner les régimes et les fruits que la plantation livre à l’huilerie et, de manière assez surprenante, permet à l’huilerie de fonctionner à plein régime avec des records de près de 600 tonnes de régimes traités en 24 heures et au moins 500 tonnes de moyenne sur les 7 jours de la semaine, alors que l’huilerie a été conçue pour une capacité nominale d’à peine 430 tonnes (ce qui aurait été généralement considéré comme une bonne performance). Comme quoi même dans les situations les plus extrêmes il est possible de trouver des solutions et d’atteindre des résultats surprenants.
A côté de cela nous continuons d’avoir nos petites anecdotes qui font sourire quand elles n’ont pas des conséquences trop graves. Ainsi cette semaine, l’un de nos chauffeurs de camion a décidé de démarrer son camion le matin en restant debout à l’extérieur, sous prétexte que le moteur devait chauffer tranquillement avant de pouvoir prendre la route. Cela était sans compter sur le fait que le camion était en vitesse (marche arrière) et qu’il s’est donc mis à reculer sans personne à bord dès que le moteur s’est mis en marche. Le camion a ainsi traversé la clôture du parking pour se retrouver avec les roues arrières pendant dans le vide de la ravine qui longe la clôture. Heureusement il n’y a pas eu de victime, le camion s’est arrêté à temps sans trop de casse (mis à part la clôture) et il a été assez facile de le repousser en place avec notre pelle à chenilles (qui heureusement fonctionne encore).
Un évènement que je trouve beaucoup moins “drôle” et que je n’arrive pas à comprendre concerne l’un des forages que nous avons réalisé dans la cité de Mapangu. Pour rappel, à Mapangu il n’y a pas d’eau et les seules possibilités pour avoir de l’eau est d’aller puiser celle-ci dans le Kasaï ou dans l’un de ces affluents (la rivière Mubende) où les gens se retrouvent par centaines debout dans l’eau qu’ils puisent pour ramener à la maison pour la cuisine et leurs autres besoins… La réalisation de forages permettant d’avoir de l’eau propre et potable (nous l’avons fait analyser dans un laboratoire spécialisé à Kinshasa) devrait donc être quelque chose de magnifique pour la population, du moins dans notre esprit. C’est donc avec désolation que nous avons découvert un matin que la clôture du forage avait été volée et la pompe endommagée au point qu’il n’est plus possible de puiser l’eau. Les gens se sont dit que Brabanta viendra réparer cela et ont été fort surpris quand je leur ai annoncé que nous envisagerions de réparer la pompe que lorsque la population aura refait la clôture et remis les lieux du forage en état. Malheureusement je ne suis pas du tout certain que cela permettra de résoudre la situation et je ne serai pas surpris si la population se contente d’utiliser l’un des deux autres forages que nous avons réalisé dans la cité de Mapangu ou simplement de continuer à puiser l’eau à la rivière.
Un des éléments de stress pour le moment est lié à la bonne performance de l’huilerie car cela veut aussi dire que nous produisons beaucoup d’huile et que nous devons évacuer celle-ci pour ne pas nous retrouver en manque de place de stockage. Sur papier, les barges qui sont programmées ont une capacité largement supérieure à la quantité d’huile que nous avons en stock ou à produire, mais en pratique… notre port est vide. Les transporteurs me promettent l’arrivée de leur barges demain ou après-demain au plus tard depuis plusieurs semaines, mais tout comme sœur Anne “Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie” (en fait, même pas car en saison sèche, elle “brunoie”) mais pas de barge à l’horizon. Nous avons jusqu’à lundi soir avant que nos cuves ne soient pleines et comme ici c’est le pays des surprises, je continue d’espérer que, comme par miracle, nos barges seront au port d’ici lundi matin (chose dûment promise par les armateurs).
A part cela, Mapangu a l’ambition d’être reconnu en tant que commune et pour cela tous les quartier et les rues doivent être marquées et nommées, ainsi je viens de découvrir qu’une des “rues” de Mapangu a été baptisée “avenue du Palmier Marc Van” (eh oui, ici le reste de mon nom est trop “compliqué”…) car il paraît que je fais maintenant partie de l’histoire de Mapangu (j’ai immédiatement ouvert un bouton de plus de ma chemise pour ne pas m’étouffer à cause de mon “dikke nek”).
N’hésitez pas à nous faire part de votre quotidien, même si différent il nous intéresse!
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Gardes au travail – Security at work
Pépinière de reboisement et ornementale – Reforestation and ornamental nursery
Appel des coupeurs – Harvester’s muster
Essai d’hévéa – Rubber tree trial
Arrivée de convoi à Mapangu – Convoy arrival in Mapangu
Parking de la Cathédrale – Cathedral parking lot

It is undeniable that time is flying by in our corner of the bush and this is certainly partly the consequence of the fact that here there is always something going on, usually surprising or unexpected, although now we are beginning to take things with a certain degree of fatalism knowing that here it is “normal”.
This week has once again been full of surprises, smiles (sometimes a bit sour) and stress, but in reality we are not really surprised anymore because here everything is possible…
As you know from our previous news, at the moment we have serious problems with our “heavy” machines and in particular with the front loader which is an essential equipment for the good functioning of the oil mill. Apart from the emergency order of spare parts, we took advantage of the plane we chartered to bring two technicians specialized in Caterpillar machines to Mapangu, thinking (naively) that in this way repairs would be done more quickly, according to the rules of the trade, and that our machine could at least run without any worries until the end of the production peak (in September). These gentlemen arrived well over a week ago and spent most of their time behind a computer to do what they call a diagnosis of the machine. The report of this work is still pending and suggests that they don’t really know how to solve the problem, this seems to be confirmed by their suggestion to ship the machine back to Kinshasa to get it fixed once and for all. As a reminder, sending this machine to Kinshasa implies a barge trip of 3 weeks to go, a repair time they estimate to be “maximum” 1 month… and the return barge trip of 3-4 weeks. So they basically suggest to take our machine until our peak season is largely completed, as if it was the most obvious solution. They were quite shocked when I explained to them that they were paid to come and repair our machine here and that, given the urgency, I did not plan to put a means of transport at their disposal to return to Kinshasa until it was done. The technicians suggested that it might be advisable to bring in a third person better equipped to do the work (not yet identified). Don’t worry, I have not killed or even hit anyone yet, but I will not hide the fact that I am slowly reaching the end of my tether.
We thought we had found another front loader that could help us out at a mining site near the provincial capital (Tshikapa), but after more than three weeks of excuses and various explanations as to why this machine has not yet managed to hit the road, it is clear that this is not the solution we should rely on.
To avoid this kind of inconvenience for next year, I have decided to order a new front loader, but unfortunately it will not be available on site in time because, obviously, it is not available from stock in the DRC.
In the meantime we have a swarm of people with picks and shovels handling the bunches and fruit that the plantation delivers to the oil mill and, surprisingly enough, the oil mill is running at full capacity with records of nearly 600 tonnes of bunches processed in 24 hours and at least 500 tonnes averaged over the 7 days of the week, whereas the oil mill was designed for a nominal capacity of just 430 tonnes (which would have been generally considered a good performance). This means that even in the most extreme situations it is possible to find solutions and achieve surprising results.
Meanwhile, we continue to have our little anecdotes that make us smile as long as they don’t have too serious consequences. For example, this week one of our truck drivers decided to start his truck in the morning while standing outside, under the pretext that the engine had to warm up quietly before he could take to the road. This was without taking into account the fact that the truck was in gear (reverse) and so it started backing up without anyone on board as soon as the engine started. The truck then drove through the parking lot fence and found itself with the rear wheels hanging down in the gully along the fence. Luckily there were no casualties, the truck stopped in time without too much breakage (apart from the fence) and it was quite easy to push it back into place with our excavator (which fortunately still works).
An event that I find much less “funny” and that I can’t understand relates to one of the boreholes we established in the city of Mapangu. As a reminder, in Mapangu there is no water and the only possibility to get water is to go and draw it from the Kasai or from one of its tributaries (the Mubende river) where people find themselves by the hundreds standing in the water they draw to bring back home for cooking and other needs? The drilling of boreholes for clean, drinkable water (we had it analysed in a specialised laboratory in Kinshasa) should therefore be something wonderful for the population, at least in our minds. So it was with desolation that we discovered one morning that the fence of one of the boreholes had been stolen and the pump damaged to the point that it was no longer possible to draw water. People thought that Brabanta would come to repair this and were very surprised when I told them that we would not consider repairing the pump until the beneficiaries had rebuilt the fence and restored the drilling site. Unfortunately, I am not at all sure that this will solve the situation and I would not be surprised if the population just uses one of the other two boreholes we have made in the city of Mapangu or simply continues to draw water from the river.
One of the stresses at the moment is related to the good performance of the oil mill because it also means that we are producing a lot of oil and we have to evacuate it so we do not run out of storage space. On paper, the barges that are scheduled to come have a capacity far greater than the amount of oil we have in stock or plan to produce, but in practice… our port is empty. The transporters have been promising the arrival of their barges tomorrow or the day after tomorrow at the latest for the past several weeks, but just like Sister Anne “I see nothing but the sun, which makes a dust, and the grass, which looks green” (in fact, not even because in the dry season the grass looks brownish) but no barge on the horizon. We have until Monday evening before our tanks are full and as this is the land of surprises, I keep hoping that, as if by some miracle, our barges will be in port by Monday morning (something duly promised by the shipowners).
Apart from that, Mapangu has the ambition to be recognized as a commune and this requires all the quarters and streets to be marked and named, so I have just discovered that one of the “streets” of Mapangu has been named “avenue du Palmier Marc Van” (yes, here the rest of my full name is too “complicated”). …) because it seems that I am now part of Mapangu’s history (I immediately opened one more button on my shirt so I wouldn’t choke on my “dikke nek” – Flemish expression for pretentious people).
Don’t hesitate to tell us about your daily life, even if it’s different!
Hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Logique – Logic

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Comme déjà expliqué dans nos nouvelles précédentes, nous avons quelques problèmes avec nos engins et véhicules et compte tenu des contraintes logistiques l’approvisionnement en pièces détachées n’est pas des plus aisé. Mais nous avons commandé en urgence les pièces essentielles et les avons fait envoyer par avion jusqu’au Congo, car même si les frontières sont encore fermées pour les passagers il y a régulièrement des vols cargo qui font la liaison Bruxelles – Kinshasa. Évidemment après il faut encore les faire arriver jusqu’en plantation et cette fois nous avons décidé, qu’exceptionnellement, nous allions affréter un avion spécialement pour cela. En fait ce n’est pas tout à fait exact car comme il y a toujours des tas de choses plus ou moins urgentes à envoyer, cette fois-ci aussi, l’avion était chargé au maximum.
Pour le moment nous n’avons pas de responsable pour le garage, car notre collègue portugais était d’une part bloqué au Portugal où il était parti en vacances depuis la fin de l’année dernière et d’autre part avait des problèmes de santé qui rendaient son retour ici peut-être risqué. Nous avons donc essayé de trouver quelqu’un localement qui pourrait épauler notre directeur huilerie qui pour le moment supervise aussi bien la production d’huile que le garage et l’équipe de construction, ce qui est évidemment trop pour une seule personne surtout en cette période. En parallèle, nous avions contacté le fournisseur d’engins Caterpillar ici en RDC pour leur demander de venir nous assister dans le diagnostic des pannes de nos engins et l’identification des pièces de rechange que nous devrions éventuellement commander.
Afin de profiter de notre avion “spécial” nous avons demandé une dérogation pour permettre à notre “nouveau” responsable de garage de voyager de Kinshasa à Mapangu, en garantissant qu’il ferait d’abord deux semaines de quarantaine et demandé s’il serait possible de permettre aux techniciens de Caterpillar de venir en mission chez nous pendant une semaine. Dans ma logique à moi, l’arrivée de notre responsable de garage ne devrait pas poser trop de problèmes puisqu’il serait mis en quarantaine sous le contrôle des infirmiers de la zone de santé. J’avais de sérieux doutes quant à la possibilité de faire venir les techniciens en mission, puisque ceux-ci seraient forcément en contact avec le personnel du garage et représentant donc un risque plus grand de contamination éventuelle.
A notre grande surprise, au départ de Kinshasa, et ce malgré toutes les autorisations et tous les certificats que nous avions préalablement obtenu, les autorités ont décidé de débarquer le futur responsable du garage et autorisé seulement les techniciens à voyager pour une mission d’une semaine à Mapangu, sans aucune contrainte sanitaire au point qu’ils n’ont même pas du porter de masque alors que ceux-ci sont officiellement obligatoires à Kinshasa… Allez comprendre.
Dans le même avion, au retour, nous avons embarqué toute une série de passagers voyageant “officiellement” pour des raisons de santé, pour lesquels il n’y a pas eu de questions à l’arrivée à Kinshasa. J’avais précédemment sollicité l’autorisation de l’Administrateur du Territoire (AT) pour faire voyager une personne vers Kinshasa par la route, demande qui avait été fermement refusée sous prétexte que l’AT ne pouvait aller à l’encontre des directives du chef de l’état qui stipulent clairement que Kinshasa est isolé et inaccessible. L’une des passagères “malade” qui voyageait vers Kinshasa avec ses deux jeunes enfants dans notre avion avait été recommandée par l’AT, qui à même payé personnellement leur participation aux frais de voyage, j’en ai donc profité pour demander l’autorisation de voyage pour d’autres personnes, ce qui n’a évidemment pas été refusé cette fois-ci. Je présume donc que nos deux techniciens Caterpillar ont les connexions qu’il faut pour voyager malgré les interdictions car pour leur retour, qui se fera par route, des assurances m’ont été données qu’ils n’auraient aucun problème pour quitter le Kasaï et entrer dans la province de Kinshasa.
Ici, en fin de compte les problèmes ne doivent pas être abordés d’un point de vue logique car il n’y en a pas, tout est une question de forme et de connexions (où de motivation adéquate). Comme je suis assez hermétique aux “motivations” les résultats ne sont pas toujours aisés à obtenir, mais j’ai découvert qu’à défaut de payer une motivation ce qui marche assez bien aussi est de suggérer que nous serons obligés de supprimer certains services à cause de notre manque de moyens (il est difficile de refaire les routes sans engins, il est difficile de distribuer de l’eau si les tracteurs n’ont pas les pièces nécessaires, ou encore nous pourrions être obligés de réduire notre personnel si les barges ne sont pas autorisées à accoster pour charger de l’huile). Comme par enchantement beaucoup de blocages disparaissent ou trouvent des solutions immédiates.
Nous avons récemment eu la visite d’une délégation provinciale qui venait contrôler si Brabanta paye correctement les taxes dues à la province. Il faut dire que c’est un sujet épineux car l’autorité centrale a décentralisé un certain nombre de taxes et puis réalisé que le manque à gagner était trop important et ré-accaparé ces mêmes taxes. Évidemment, comme il se doit dans un pays comme la RDC, d’une part le fait d’avoir déjà payé les taxes au niveau provincial n’est pas reconnu par le pouvoir central et d’autre part les autorités provinciales trouvent toutes sortes de prétextes pour malgré tout trouver un moyen de faire payer les dites taxes. Bref, notre délégation provinciale est arrivée avec comme principal leitmotiv le fait que nous ne déclarons pas correctement notre production et faisons donc de l’évasion fiscale. Il faut dire que dans notre huilerie nous avons un bureau de l’Office Congolais de Contrôle dont les trois agents n’ont rien d’autre à faire que de contrôler les quantités d’huile que nous produisons et que nous chargeons dans des barges, service pour lequel ils nous font évidemment payer toutes sortes de droits. Nous avons donc fait valoir que nos chiffres de production, outre le fait qu’ils reflètent la réalité sont contrôlés par un service de l’état présent en permanence dans le site de production (enfin permanent est tout relatif car ces messieurs étant des fonctionnaires, ils ne travaillent donc qu’aux heures officielles et encore). Toujours est-il que manifestement les autorités provinciales ne font pas confiance à leurs collègues de l’OCC qu’ils estiment trop bien payés pour être honnêtes… Ils veulent donc avoir leurs propres experts dans l’huilerie pour vérifier nos dires et nous allons donc avoir un nombre croissant de représentants de l’état dans nos installations qui estiment évidemment avoir besoin d’un bureau, d’accès privilégiés, d’équipements, etc.
Non contents de nous soupçonner de “fausses” déclarations, les autorités provinciales veulent évidemment profiter au maximum de la manne que représente Brabanta, et ici le potentiel de ressources fiscales est basé sur la taille de la plantation et non sur les performances économiques qu’ils ne cherchent même pas à comprendre.
Heureusement toutes ces interférences ne perturbent pas trop les opérations en cours et nous espérons que cela ne fera que s’améliorer avec l’arrivée de nos techniciens.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et nous espérons aussi, comme d’habitude, recevoir de vos nouvelles déconfinées,
Marc & Marie-Claude

Brouette accidentée – Damaged wheelbarrow
Et un camion accidenté – And a damaged truck
Mapangu Airport
Barge accidentée – Sunken barge

As already explained in our previous postings, we have some problems with our machines and vehicles and given the logistical constraints, the supply of spare parts is not easy. But we have ordered the essential parts urgently and had them flown to Congo, because even though the borders are still closed for passengers there are regular cargo flights from Brussels to Kinshasa. Of course, afterwards they still have to reach the plantation and this time we decided that, exceptionally, we would charter a plane especially for this purpose. In fact, this is not quite right, because as there are always lots of more or less urgent things to send, this time too the plane was fully loaded.
At the moment we do not have a person responsible for the workshop, because our Portuguese colleague was, on the one hand, stuck in Portugal where he had been on holiday since the end of last year and, on the other hand, had health problems which made it perhaps risky for him to return here. We therefore tried to find someone locally who could provide support to our oil mill manager, who for the time being is supervising both the oil production, the garage and construction team, which is obviously too much for one person especially at this time of the year. At the same time, we had contacted the Caterpillar equipment supplier here in the DRC to ask them to come and assist us in diagnosing the breakdowns of our equipment and identifying the spare parts that we should eventually order.
In order to take advantage of our “special” aircraft, we requested an exemption from the authorities to allow our “new” workshop manager to travel from Kinshasa to Mapangu, guaranteeing that he would first undergo a two-week quarantine and also requested the possibility for Caterpillar technicians to come on mission to our premises for one week. In my logic, the arrival of our garage manager should not pose too many problems since he would be quarantined under the control of the local health zone. I had serious doubts, on the other hand, about the possibility of bringing the technicians on mission, since they would necessarily be in contact with the workshop staff and would therefore represent a greater risk of possible contamination.
To our great surprise, when our aircraft was to leave Kinshasa, despite all the authorisations and certificates we had previously obtained, the authorities decided to disembark the future garage manager and only authorised the technicians to travel for a week’s mission to Mapangu, without any health constraints, to the point that they did not even have to wear masks even though these are officially obligatory in Kinshasa . Go figure.
On the same plane, on the way back, we picked up a whole series of passengers travelling “officially” for health reasons, for whom there were no questions asked on arrival in Kinshasa. I had previously requested permission from the Administrator of the Territory (AT) to have someone travel to Kinshasa by road, a request that was firmly refused on the pretext that the AT could not go against the directives of the Head of State, which clearly stipulate that Kinshasa is isolated and inaccessible. One of the “sick” passengers travelling to Kinshasa with her two young children on our plane had been recommended by the AT, who even paid their participation for the travel expenses personally, so I took the opportunity to request travel authorisation for other people, which was obviously not refused this time. I therefore assume that our two Caterpillar technicians have the connections needed to travel despite the official restrictions, because for their return, which will be by road, I have been given assurances that they will have no problem leaving Kasai and entering the province of Kinshasa.
Here, in the end the problems should not be approached from a logical point of view because there are none, it is all a question of form and connections (or adequate motivation). As I am quite impervious to “motivations” (read bribes) the results are not always easy to obtain, but I have discovered that if we don’t pay motivations, what works quite well too is to suggest that we will be forced to cut some services because of our lack of means (it is difficult to rebuild roads without machinery, it is difficult to distribute water if the tractors don’t have the necessary parts, or we might be forced to reduce our staff if barges are not allowed to dock to load oil). As if by magic many blockages disappear or find immediate solutions.
We recently had the visit of a provincial delegation that came to check whether Brabanta was paying the taxes due to the province correctly. It must be said that this is a thorny issue because the central authority decentralized a number of taxes and then realized that the shortfall was too great and reappropriated these same taxes. Of course, as it should be in a country like the DRC, on the one hand, the fact of having already paid the taxes at the provincial level is not recognized by the central authority and, on the other hand, the provincial authorities find all sorts of pretexts to find a way to make us these taxes to the province. In short, our provincial delegation arrived with the main leitmotif being that we do not declare our production correctly and therefore evade taxes. It must be said that in our oil mill we have an office of the Congolese Control Office whose three agents have nothing else to do but to control the quantities of oil that we produce and that we load into barges, a service for which they obviously make us pay all sorts of fees. We have therefore argued that our production figures, apart from the fact that they reflect reality, are controlled by a state service permanently present at the production site (well, permanent is relative because these gentlemen are civil servants, so they only work during official hours and so on). Still, the provincial authorities obviously do not trust their CCO colleagues whom they consider too well paid to be honest… So they want to have their own experts in the oil mill to verify what we are saying, as a consequence we are going to have a growing number of government officials in our facilities who obviously feel they need an office, privileged access, equipment, etc.
Not content with suspecting us of “false” declarations, the provincial authorities obviously want to make the most of the manna that Brabanta represents, and here the potential for fiscal resources is based on the size of the plantation and not on the economic performance that they don’t even try to understand.
Fortunately all this interference does not disrupt the ongoing operations too much and we hope that this will only improve with the arrival of our technicians…
We hope that this news will find you well and we also hope, as usual, to receive news from your easing lockdown,
Marc & Marie-Claude