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Aerophyt

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Fréquemment on nous demande “c’est quoi encore le nom de votre site?” et évidemment bon nombre d’entre-vous se demandent pour quoi avoir opté pour un tel nom, aerophyt, alors qu’il aurait été plus facile de retenir quelque chose comme “aventures au Congo”, “Mapangu”, “Brabanta” ou même simplement “Blog de Marie-Claude et Marc”. Après tout ce temps nous nous sommes dit qu’il serait peut-être utile d’expliquer d’où vient ce nom de site difficile à retenir et qui n’a rien à voir avec les contexte du Congo, du Kasaï, de Mapangu ou du palmier à huile.
En fait il faut retourner quelques années en arrière, six pour être exact, période durant laquelle nous n’avions aucune intention ou projet de repartir habiter en Afrique et où, dans le cadre des activités de construction écologiques et durables dans lesquelles je m’étais lancé, l’idée m’était venue d’essayer de créer des “armoires à plantes”. Le concept était (et est toujours lorsque j’en aurai le temps et les moyens) de créer des armoires vitrées dans lesquelles seraient plantées des végétaux pour améliorer la qualité de l’air. Ces “armoires” pourraient être utilisées dans des bureaux, classes, ateliers, pièces de vie ou autres lieux fermés. Dans ma tête il fallait donner un nom à ce projet et “Aerophyt” était la meilleure idée du moment car combinant les éléments “aero” pour l’air et “phyt” pour les plantes. Vous me direz que même pour un tel projet ce nom est un peu tiré par les cheveux, toujours est-il que dans un moment de grand enthousiasme j’ai réservé le nom de site “www.aerophyt.com” et voilà.
Ensuite s’est présentée l’opportunité puis la décision de partir habiter en Afrique et, forts de l’expérience des suites de l’incendie de notre chez-nous dans lequel nous avons perdu toutes nos notes et photos de nos voyages précédents, nous nous sommes dits que ce serait intéressant de tenir un journal électronique de nos aventures. De plus, sachant que nous serions probablement confrontés à des demandes de nouvelles, le choix de faire cela sous forme de “newsletter” dans un blog nous éviterait de devoir écrire individuellement à chacun, avec le risque d’oublier certains trop réservés et ainsi de perdre le contact.
Entre le moment où nous avons décidé de partir en Afrique et le départ à proprement parler, les choses sont allées très vite, terminer la reconstruction de la maison en Belgique, déménager nos affaires et/ou organiser la mise en réserve de celles-ci et évidemment préparer les malles avec les affaires dont nous aurions besoin dans notre coin de brousse. J’avais heureusement eu l’opportunité de me rendre à Mapangu avant notre départ et nous avions donc une relativement bonne idée des choses essentielles à empaqueter.
N’ayant pas les compétences nécessaires pour créer un blog nous-même, nous avons profité d’un bref séjour de notre fils Renaud en Belgique pour lui demander son assistance dans ce domaine et il nous a dit qu’idéalement il faudrait avoir un site internet pour faire cela, parfait nous avions un site prêt à être utilisé. N’ayant pas beaucoup de temps nous avons décidé de “provisoirement” utiliser le site que j’avais déjà (aerophyt) avec la ferme intention de migrer le blog vers un autre site dont le nom serait plus approprié dès que possible. Le provisoire est devenu “définitif” pour toutes sortes de raisons et vous voilà dont coincé avec ce nom qui n’a pas de sens par rapport à notre aventure, mais qui fonctionne, merci Renaud.
Ici, en fait, malgré le fait que nous avons des engins qui ressemblent parfois plus à des fumigènes qu’autre chose et que nous avons des feux un peu partout (surtout en saison sèche), la qualité de l’air est probablement meilleure que dans la plupart des autres pays où nous avons vécu et ne justifie pas de construire une “armoire à plantes”. Cela se remarque à notre peau qui reste propre (sauf évidemment en cas de jardinage ou bricolage de quelque chose dans la voiture, et encore se sont alors principalement les mains qui sont moins propres) et les nuits étoilées ou (aussi parce qu’il n’y a pas de pollution lumineuse) il est possible de voir la voie lactée et une quantité beaucoup plus dense d’étoiles que dans nos pays “industrialisés”. Il est vrai qu’en saison sèche nous sommes privés de ce spectacle à cause d’un brouillard et/ou brume persistante, mais là aussi on réalise que l’air est propre car la condensation du brouillard ne laisse aucune trace.
De manière générale il en va de même pour les cours d’eau, avec certaines réserves toutefois car si les cours d’eau ne sont pas pollués avec des produits chimiques ou autres détritus non dégradables, ce sont souvent les seules sources d’eau pour la population qui y puise de l’eau mais utilise également ceux-ci pour faire leurs ablutions, lessive et faire abreuver leurs animaux. A l’exception des sources, les cours d’eau sont naturellement troubles, mais, sur base d’échantillons prélevés en amont des activités humaines, les analyses révèlent que la potabilité de l’eau n’est pas trop compromise. La turpitude de grands cours d’eau est probablement liée aux fines particules qui restent en suspension dans l’eau, dont la couleur est généralement ocrée excepté après de fortes pluies où l’eau prend une teinte qui s’approche de l’orange assez vif. Si l’origine de cette couleur est simplement de l’oxyde ou de l’hydroxyde de fer, les risques pour la santé sont probablement limités, mais parfois cette couleur est tellement vive que l’on pourrait se demander s’il n’y a pas une autre cause qui serait peut-être plus nocive.
Pour pallier à la qualité de l’eau, qui est de plus en plus menacée par les activités de déboisement liées à l’agriculture itinérante pratiquée ici, nous sommes en train d’aménager des forages un peu partout dans la plantation et il va sans dire qu’il n’y a absolument pas de comparaison entre cette eau pompée et même les “meilleures” sources, qualité qui est confirmée par des analyses que nous avons fait faire dans un laboratoire spécialisé à Kinshasa. A la Cathédrale notre eau domestique (non-potable) est pompée dans un petit cours d’eau à quelques kilomètres de la maison et acheminée par citerne jusque chez nous. J’ai visité le cours d’eau régulièrement et il est certain que cette eau n’est absolument pas potable (pour nous) car en amont du point de pompage il y a régulièrement des femmes et des enfants qui viennent y puiser de l’eau, faire des lessives et plus… Pour notre eau de consommation nous avons deux porteuses d’eau qui viennent tous les jours nous apporter des bidons d’eau puisée dans une source non loin de la Cathédrale. J’ai également été visiter cette source à plusieurs reprises, elle est relativement propre, sauf après des grosses pluies car le défrichement en amont provoque alors des ruissellements d’eau en surface qui viennent contaminer la source. Même propre, nous ne prenons aucun risque avec notre eau pour la boisson, cuisine et même pour se brosser les dents et la faisons bouillir au moins 20 minutes pour ensuite la filtrer une première fois dans un filtre gravitaire (Katadyn) et puis une deuxième fois dans un filtre à triple action. Jusqu’à présent notre système doit être bon car nous n’avons pas de problèmes de ce côté là.
Il est prévu de réaliser un forage pas trop loin de la Cathédrale, principalement destiné au camps des travailleurs situés dans les environs, mais probablement que nous aussi irons y puiser notre eau de consommation, sans pour autant renoncer au traitement actuel car on est jamais trop prudent quand il s’agit d’eau en Afrique.
Comme d’habitude, nous terminons en vous rappelant que nous sommes TOUJOURS heureux de recevoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Ecole en construction – School unde construction
Repose tête – headrest
Lever de soleil ce matin – Sunrise this morning

We are often asked “what is the name of your site again?” and of course many of you wonder why we chose such a name, aerophyt, when it would have been easier to remember something like “Adventures in Congo”, “Mapangu”, “Brabanta” or even simply “Marie-Claude and Marc’s Blog”. After all this time we thought it might be useful to explain where this difficult-to-remember site namecame from, which has nothing to do with the context of Congo, Kasai, Mapangu or oil palm.
In fact we have to go back a few years, six to be exact, to a time when we had no intention or project to move back to Africa and when, as part of the ecological and sustainable building activities I had embarked on, the idea came to try and create “plant cabinets”. The concept was (and still is when I have the time and the means) to create glass cabinets in which plants would be planted to improve air quality. These “cabinets” could be used in offices, classrooms, workshops, living rooms or other enclosed spaces. In my mind I had to give this project a name and “Aerophyt” was the best idea at the time because it combined the elements “aero” for air and “phyt” for plants. You will probably think that even for such a project this name is a bit far-fetched and not very customer friendly, but in a moment of great enthusiasm I reserved the “www.aerophyt.com” site name and that was it.
Then came the opportunity and the decision to go and live in Africa and, with the experience of the aftermath of the fire in our home in which we lost all our notes and photos from our previous travels, we thought it would be good to keep an electronic diary of our adventures. Moreover, knowing that we would probably be confronted with requests for news, the choice to do this in the form of a “newsletter” in a blog would avoid having to write individually to each one, with the risk of forgetting some more reserved friends and thus losing contact.
Between the moment we decided to go to Africa and the actual departure, things moved very quickly, completing the reconstruction of the house in Belgium, moving our belongings and/or organising the storage of them and of course preparing the trunks with the things we would need in our remote bush location. Luckily, I was given the opportunity to travel to Mapangu before we left, so we had a relatively good idea of the essentials to pack.
Not having the skills to create a blog ourselves, we took advantage of a brief stay in Belgium of our son Renaud to ask him for his assistance in this area and he told us that ideally we would need to have a website to do this, perfect we had a site ready to use… Not having much time we decided to “temporarily” use the site we already had (aerophyt) with the firm intention of migrating the blog to another site with a more appropriate name as soon as possible. The provisional became “definitive” for all sorts of reasons and here you are stuck with this name which makes no sense in relation to our adventure and is difficult to remember, but which works, thank you Renaud.
Here, in fact, despite the fact that we have machinery that sometimes looks more like fumigators than anything else and that we have fires everywhere (especially in the dry season), the air quality is probably better than in most of the other countries where we have lived and does not justify building a “plant cabinet”. This is noticeable on our skin, which stays clean (except of course when gardening or tinkering with something in the car, in which case it is mainly our hands that are less clean) and on starry nights (also because there is no light pollution) it is possible to see the Milky Way and a much denser quantity of stars than in our “industrialised” countries. It is true that in the dry season we are deprived of this spectacle because of persistent fog and/or mist, but here too we realise that the air is clean because the condensation of the fog leaves no trace.
In general, the same applies to watercourses, with certain reservations however, because if the watercourses are not polluted with chemicals or other non-degradable detritus, they are often the only sources of water for the population, who not only draw water from them but also use it to bathe, wash clothes and water their animals. With the exception of springs, watercourses are naturally turbid, but on the basis of samples taken upstream from human activities, analyses reveal that the potability of the water is not too compromised. The turpitude of large watercourses is probably linked to the fine particles that remain suspended in the water, whose colour is generally ochre except after heavy rainfall where the water takes on a hue approaching a fairly bright orange. If the origin of this colour is simply iron oxide or hydroxide, the health risks are probably limited, but sometimes this colour is so bright that one might wonder if there is not another cause which might be more harmful.
To compensate for the quality of the water, which is increasingly threatened by the deforestation activities linked to the itinerant agriculture practiced here, we are in the process of installing boreholes throughout the plantation and it goes without saying that there is absolutely no comparison between the quality of pumped water and even the “best” springs, a quality which is confirmed by analyses which we had performed in a specialised laboratory in Kinshasa. At the Cathedral our domestic water (non-potable) is pumped from a small stream a few kilometres away from the house and brought to us by cistern. I have visited the stream regularly and it is certain that this water is absolutely not drinkable (for us) because upstream from the pumping point there are regularly women and children who come to draw water, do laundry and more… For our drinking water we have two water carriers (ladies) who come every day to bring us cans of water drawn from a spring not far from the Cathedral. I have also visited this spring on several occasions, it is relatively clean, except after heavy rains because the clearing upstream causes surface runoffs which contaminate the spring. Even if it is clean, we don’t take any risk with our water for drinking, cooking and even for brushing our teeth. We boil it for at least 20 minutes and then filter it a first time in a gravity filter (Katadyn) and then a second time in a triple action filter. So far our system must be good because we have no problems with it.
There are plans to drill a borehole not too far from the Cathedral, mainly for the workers’ camps in the vicinity, but we will probably also go there to draw our drinking water, without giving up the current treatment, as one can never be too careful when it comes to water in Africa.
As usual, we conclude by reminding you that we are ALWAYS happy to hear from you,
Marc & Marie-Claude

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Asio otus

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Malgré le fait que nous sommes au milieu de nulle part entourés de kilomètres de forêts et de savanes, il n’y a malheureusement pas ou peu de vie sauvage encore visible. Il y a certes toutes sortes d’oiseaux qui échappent encore un petit peu à la chasse continuelle menée contre tout ce qui bouge, ainsi nous voyons ou entendons régulièrement des perroquets gris, des calaos, des perdrix, des pintades et toutes sortes de passereaux, mais les créatures à quatre pattes se font très rares.
Il y a des exceptions et récemment il y a au moins un hippopotame qui est venu s’établir dans le Kasaï devant la plantation, je n’ai pas encore eu l’occasion de l’apercevoir car il faut aller se positionner sur les bords de la rivière en fin d’après-midi pour espérer voir cette imposante créature faire des apparitions dans l’eau, mais mes collègues confirment qu’il est bien là et aurait même renversé une pirogue qui s’était approchée de trop près de son territoire.
Sinon les animaux que nous avons l’occasion de voir sont malheureusement les créatures (rarement vivantes) que l’on voit passer sur la route comme des singes, crocodiles, tortues, etc. où celles que l’on nous propose d’acheter (généralement des perroquets). Dernièrement toutefois on est venu nous déposer deux jeunes rapaces nocturnes qui avaient été abandonnés après que des enfants aient tué la mère dans la savane. Après enquête (de Marie-Claude) il s’avère que les deux jeunes en question sont des Hiboux Moyen-Ducs (Asio otus), arrivés en très mauvais état, au point où Marie-Claude se demandait s’il ne serait pas plus humain des les euthanasier. Mais nous (Marie-Claude surtout) avons décidé d’essayer de les sauver et pour le moment le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont repris du poil (de la plume dans ce cas-ci) de la bête. N’étant pas des spécialistes nous ne saurions dire s’il s’agit de mâles ou de femelles et nous avons donc décidé que le plus petit des deux était un mâle, que nous avons surnommé “Sarkozy” tandis que l’autre un peu plus grand serait une femelle qui a été baptisée “Dame Ginette”. Nos deux volatiles ont incroyablement récupérés pendant les quelques jours de soins intensifs prodigués par Marie-Claude et mangent maintenant avec appétit leur ration individuelle de plus de 100 grammes de viande rouge par jour. Nous bénéficions évidemment de l’expérience acquise avec le sauvetage de notre chouette “Hedwige” qui semble continuer à hanter les environs de la Cathédrale avec une préférence pour la terrasse de notre collègue directeur agronomique.
Dans un premier temps les jeunes rapaces avaient été apportés chez notre cusinier Guy qui a la réputation de bien aimer et soigner les animaux, mais c’était sans compter sur la superstition qu’il y a ici concernant tout ce qui est oiseaux de nuit et il a donc poliment décliné de s’en occuper. Les deux hiboux sont encore juvéniles avec une grande partie du corps couvert de duvet plutôt que de plumes, mais les plumes sont en train de sortir et je ne serais pas surpris si d’ici une semaine ou deux ils soient capable de faire leurs premiers décollages, étape que nous ne savons pas encore comment gérer car nous avons quand même un félin qui rode aussi dans la maison et que nous n’allons pas bannir pour autant.
Hormis les activités d’élevage à la maison, les défis en plantation ne manquent pas car nous sommes dans la dernière ligne droite pour obtenir notre certification de production durable d’huile de palme, ce qui nécessite la mise en ordre de beaucoup de choses, certaines plus faciles que d’autres. Par exemple toutes nos activités doivent être décrites dans des procédures, mais doivent aussi faire l’objet de formations et autant la rédaction des procédures ne présente pas un obstacle insurmontable, faire comprendre les raisons derrière les étapes à suivre à notre personnel relève du quasi-impossible. Il y a aussi des réalisations physiques à faire telles que mettre en place des bacs de rétention pour éviter le déversement (accidentel) de lubrifiants et autres produits chimiques, la construction de logements, la construction d’écoles, l’amélioration de notre hôpital, l’équipement d’une ambulance, l’équipement des travailleurs, etc. qui sont toutes plus ou moins sous contrôle. Le seul défi majeur qui nous reste à résoudre concerne l’amélioration du traitement des effluents de l’huilerie pour éviter de rejeter des restes d’huile dans la nature. Pour cela nous avons une série de bassins (appelés lagunes), mais qui ont été mal conçus et se révèlent être trop petits et donc incapables de traiter les effluents comme prévu. Pour résoudre cela nous avons décidé, entre-autres, d’aménager un grand bassin supplémentaire en contre-bas des lagunes existantes, travail confié à un sous-traitant local qui semble faire du bon boulot. Pour aller plus vite dans son travail, le sous-traitant nous a demandé de pouvoir louer notre seul bulldozer encore opérationnel. Trop confiants (peut-être) nous avons mis le bulldozer à la disposition de l’ingénieur en charge du chantier et il n’a pas fallu un jour pour que le bulldozer se retrouve totalement enlisé dans de la boue après avoir essayé de passer par un “raccourci” pour accéder au chantier. Comme il s’agit d’une bête qui pèse plus de 25 tonnes, bien enfoncée dans de la boue de surcroit, ce n’est pas une mince affaire de le sortir de cette situation, d’autant plus que l’opérateur ne trouve rien de mieux que de démarrer l’engin de temps en temps pour essayer de sortir (et de s’enfoncer d’avantage) et qu’en parallèle les pluies sont revenues avec “gusto”.
Si ce n’était que ça, mais en plus tous nos véhicules semblent s’être donné le mot et tombent en panne les uns après les autres, ainsi nous n’avons que deux camions sur sept qui sont opérationnels, nous avons une petite dizaine de tracteurs immobilisés pour des raisons diverses et même les véhicules légers nous font des caprices en série (à l’exception de ma voiture qui, malgré le fait qu’elle est la doyenne de notre flotte, démarre fidèlement tous les jours – je touche du bois).
Le fait que notre directeur technique part en congé à la fin de la semaine ne me réjouit pas énormément, mais heureusement nous avons maintenant un chef de garage qui semble bien se débrouiller et la pointe de production devrait tout doucement diminuer et donc soulager un petit peu la pression sur le charroi de la plantation.
Comme vous pouvez le lire, nous ne manquons pas de quoi nous occuper, mais nous aurons quand même le temps de lire de vos nouvelles, donc n’hésitez-pas à nous écrire.
A très bientôt,
Marie-Claude et Marc


Despite the fact that we are in the middle of nowhere surrounded by miles of forest and savannah, there is unfortunately little or no wildlife still visible. There are certainly all kinds of birds that still escape the constant hunt against everything that moves, so we regularly see or hear grey parrots, hornbills, partridges, guinea fowls and all kinds of passerines, but four-legged creatures are very rare.
There are exceptions and recently there is at least one hippopotamus that has come to settle in the Kasaï in front of the plantation, I haven’t had the opportunity to see it yet because one has to go and stand on the river banks at the end of the afternoon to hope to see this imposing creature making an appearances in the water, but my colleagues confirm that it is indeed there and would even have knocked over a dugout canoe that came too close to its territory.
Otherwise the animals that we have the opportunity to see are unfortunately the creatures (rarely alive) that we see passing by on the road like monkeys, crocodiles, turtles, etc. or those that we are offered to buy (usually parrots). Recently, however, two young nocturnal birds of prey were brought to us, which had been abandoned after children had killed the mother in the savannah. After investigation (by Marie-Claude) it turns out that the two youngsters in question are Long-eared Owls (Asio otus), which had arrived in very bad condition, to the point where Marie-Claude wondered if it would not be more humane to euthanise them. But we (Marie-Claude especially) decided to try to save them and for the moment the least we can say is that they have regained some strength. Not being specialists we couldn’t tell if they were males or females so we decided that the smaller of the two would be a male, whom we nicknamed “Sarkozy” while the slightly larger one would be a female who was named “Dame Ginette”. Our two birds have recovered incredibly well during the few days of intensive care provided by Marie-Claude and are now eating their individual ration of over 100 grams of red meat per day with appetite. We obviously benefit from the experience gained with the rescue of our Barn Owl “Hedwige” which seems to continue to haunt the area around the Cathedral with a preference for the terrace of our agronomical director colleague.
Initially the young birds of prey had been brought to our cook Guy, who has a reputation for loving and caring for animals, but there given the local superstition about anything to do with night birds he politely declines and redirected the creatures to us. The two owls are still juveniles with a big part of their body covered with down rather than feathers, but the feathers are coming out and I wouldn’t be surprised if within a week or two they will be able to make their first take-offs, a step we don’t know how to handle yet because we still have a feline that is also roaming around the house and that we are not willing banish.
Aside from the breeding activities at home, there is no shortage of challenges in the plantation as we are in the final stretch of getting our certification for sustainable palm oil production, which requires putting many things in order, some easier than others. For example, all of our activities must be described in procedures, but they also require training, and while writing procedures is not an insurmountable obstacle, getting our staff to understand the reasons behind the steps to be taken is almost impossible. There are also physical things to be done such as setting up retention bins to prevent (accidental) spills of lubricants and other chemicals, building houses, building schools, improving our hospital, equipping an ambulance, equipping workers, etc., all of which are more or less under control. The only major challenge we still have to solve is to improve the treatment of oil mill effluent in order to avoid discharging oil residues into the environment. To do this we have a series of ponds, but they have been poorly designed and have proved to be too small and therefore unable to treat the effluents as planned. To solve this we decided, among other things, to build a large additional pond below the existing ones, a job that was entrusted to a local sub-contractor who seems to be doing a good job. In order to get the job done faster, the subcontractor asked us to rent our only bulldozer that is still operational. Overconfident (perhaps) we put the bulldozer at the disposal of the engineer in charge of the site and it didn’t take a day for the bulldozer to get totally stuck in mud after trying to take a “shortcut” to the site. As the bulldozer weighs more than 25 tons, and is well embedded in mud, it is no easy task to get it out of this situation, especially as the operator finds nothing better than to start the machine from time to time to try to get it out (and actually digs it deeper into the mud) and at the same time the rains have come back with “gusto”.
If it was only that, but on top of that all our vehicles seem to have been given the word and break down one after the other, so we only have two trucks out of seven that are operational, we have about ten tractors immobilised for various reasons and even the light vehicles are giving us a series of whims (with the exception of my car which, despite the fact that it is the oldest in our fleet, starts faithfully every day – I’m touching wood).
The fact that our technical director is going on leave at the end of the week doesn’t make me very happy, but fortunately we now have a garage manager who seems to be doing well and the peak production should slowly decrease and thus relieve a little bit of the pressure on the plantation’s fleet.
As you can read, we have plenty to keep us busy, but we will still have time to read your news, so don’t hesitate to write to us.
We look forward to hearing from you soon,
Marie-Claude and Marc

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Education

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Malgré le fait que les écoles aient été fermées pendant six mois et qu’ici les alternatives pour l’éducation à distance sont, disons-le, quasi nulles, les autorités ont décidé de procéder malgré tout à l’organisation des examens d’état et les dissertations pour les étudiants de sixième année, examens qui ont pris fin cette semaine. L’organisation des examens d’état n’est pas une mince affaire ici car pour cette opération il y a toute une escouade d’inspecteurs qui sont envoyés dans les centres d’examens à travers le pays et le tout est encadré par les autorités politico-administratives comme s’il était question d’élections nationales. Tout le monde est mobilisé, allant des encadreurs du ministère de l’éducation à l’ANR (agence de renseignements) et la police, pendant toute la durée des épreuves. Il faut dire que cette opération n’est pas gratuite car outre les “frais” auxquels je reviendrai plus tard, l’état a fixé le montant à payer pour la participation à la dissertation et l’examen d’état à la modique somme de 80.000 francs, soit l’équivalent de presque tout un mois de salaire pour l’ouvrier ordinaire. Comme ici il n’est pas rare que deux enfants de la même famille soient en classe terminale en même temps, vous imaginez la charge financière que cela représente pour un travailleur, sans compter les frais scolaires qu’il a fallu payer pour en arriver là.
Peu importe si les cours ont été suspendus depuis le mois de mars, ce qui a quand même représenté un manque à gagner pour le corps enseignant qui n’a souvent que les participations des parents d’élèves pour vivre, la plupart des établissements scolaires n’ont rien trouvé de mieux que d’exiger également le paiement des frais scolaires de l’année passée, sachant que les parents ne voudront pas prendre le risque de voir leur progéniture refusée aux examens d’état. Ces “frais” supplémentaires sont parfois l’équivalent de 150% du coût officiel des examens d’état et finissent dans la poche des enseignants, inspecteurs et évidemment aussi l’ANR et la police, voire parfois même l’armée qui estime sa présence nécessaire.
Le “pompon” dans tout cela reste ce qui est pudiquement appelé frais de “labo” qui est, soit payé à un “professeur” pour qu’il remplisse lui-même les questions d’examen que l’élève pourra ensuite copier, soit pour payer une autre personne qui passera l’examen en lieu et place de l’élève. Ce qui est inquiétant est que même lorsque l’épreuve a été faite par un professeur, le résultat des examens est souvent à peine au-dessus du minimum de 51% pour la réussite.
Tout le monde sait que la qualité de l’enseignement dans le pays va du médiocre à l’exécrable, surtout dans une zone reculée comme la nôtre, et que le “diplôme” est donc une farce que Brabanta, par exemple, ne prendra jamais en compte comme critère de sélection lors du recrutement. Pour tous nos recrutements, quel que soit le niveau, nous faisons passer des tests aux candidats afin d’établir au minimum s’il sont capables de lire, écrire et compter. C’est édifiant, ainsi nous avons eu un professeur de sciences qui a postulé pour un poste au laboratoire de notre huilerie et quelle surprise de découvrir qu’il était totalement incapable de faire une règle de trois et nous avons eu un professeur d’anglais qui a postulé pour un poste au secrétariat qui était incapable d’écrire une simple lettre de remerciements en anglais… pauvres élèves.
Malgré le fait que le diplôme n’a aucune valeur comme preuve de connaissances et que sont coût est exorbitant, aucun parent ne peut se résoudre à ce que ses enfants n’obtiennent pas un diplôme pour des études qui leur ont coûté sang et eau. Nos travailleurs sont donc tous prêts à s’endetter pour payer les frais officiels, les frais “supplémentaires” et même le “labo” si nécessaire pour avoir le fameux bout de papier. Cela va tellement loin qu’une de nos employées, dont la fille s’est récemment mariée et est partie (enceinte) vivre avec son mari dans une autre province, a payé une fille pour faire la dissertation et l’examen d’état en lieu et place de sa fille. Comble de malchance, la fille en question est tombée malade (après avoir payé les frais de dissertation et d’examen évidemment) et n’a pas pu passer les épreuves, mais elle à quand même exigé que notre employée lui paie le montant convenu pour son “service” ainsi que les frais médicaux, puisqu’elle travaillait pour son compte.
Outre les déficiences du système d’éducation, les capacités intellectuelles de la majorité de la population locale sont aussi le résultat d’une alimentation carencée (basée principalement sur la farine et les feuilles de manioc) qui d’une part est déficiente en un certain nombre d’acides aminés essentiels pour le développement cérébral et d’autre part probablement toxique à cause des restes de cyanure qui ne sont pas toujours bien éliminés lors du rouissage. Non contents d’avoir une alimentation qui est loin d’être optimale, la prévalence de la malaria est aussi un facteur connu pour son effet néfaste sur le développement neurologique et donc des capacités intellectuelles de la population en général et des enfants en particulier.
Une solution idéale est difficile à concevoir car celle-ci devrait tenir compte de ces facteurs interdépendants et être appuyée par un gouvernement fort et investi. Ce qui n’est pas encore le cas à l’heure actuelle.
J’ai eu l’occasion de rencontrer le ministre norvégien de l’environnement lors de l’une de ses visites à Kinshasa et, même si son mandat concerne principalement l’environnement, son analyse concernant les moyens à mettre en œuvre pour arriver à protéger l’environnement n’était pas seulement de créer des parcs ou des zones protégées :
– Pour protéger l’environnement il faut diminuer la pression démographique
– Pour protéger l’environnement il faut améliorer l’éducation de la population, ce qui est plus facile à faire si les familles sont moins nombreuses
– Pour protéger l’environnement il faut passer d’un mode de chasse, de cueillette et de culture itinérante vers un système de production agricole intégré, qui permet d’assurer une alimentation plus équilibrée et régulière.
Ici à Mapangu il n’y a pas d’agent du ministère de l’agriculture pour promouvoir ou encadrer la production alimentaire, excepté dans le but de perception de taxes diverses, et les agents de la zone de santé ne sont pas équipés pour faire de la sensibilisation sur le planning familial. De plus, le nombre de femmes et d’enfants est encore considéré comme preuve de richesse dans la mentalité autochtone et la mortalité infantile très élevée fait que la tendance est de faire beaucoup d’enfants afin que quelques uns au moins survivent et puissent aider les parents aux champs ou pour des tâches ménagères, à défaut d’aller à l’école qui n’est financièrement pas accessibles à tous.
Désolé pour ce tableau pas très réjouissant, espérons que les choses puissent un jour évoluer vers une situation plus positive qui permettrait au pays de réaliser son potentiel, qui est, d’autre part, gigantesque.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Jacaranda
Pourquoi pousser quand on peut porter? – Why push when you can carry?
Piscine – Swimming pool
Visiteurs de la semaine – Visitors of the week

Despite the fact that schools have been closed for six months and that here the alternatives for distance education are, it must be said, almost nil, the authorities have decided to proceed nevertheless with the organisation of state examinations and essays for sixth grade students, examinations that ended this week. The organisation of the state examinations is no small matter here because for this operation there is a whole squad of inspectors who are sent to examination centres throughout the country and the whole thing is supervised by the political-administrative authorities as if it were a question of national elections. Everyone is mobilised, from the Ministry of Education’s supervisors to the ANR (intelligence agency) and the police, for the duration of the exams. It has to be said that this operation is not free of charge because, in addition to the “costs” to which I will return later, the state has set the amount to be paid for taking part in the dissertation and the state examination at the modest sum of 80,000 francs, the equivalent of almost a whole month’s salary for an ordinary worker. As here it is not uncommon for two children from the same family to be in the final year of secondary school at the same time, you can imagine the financial burden this represents for a worker, not to mention the school fees that had to be paid to get to this point.
Regardless of whether classes have been suspended since March, which has meant a loss of income for the teaching staff (who often have only the parents’ contributions to live on), most schools have found nothing better than to demand payment of last year’s school fees as well, knowing that the parents will not want to take the risk of having their offspring refused state examinations. These additional “fees” are sometimes equivalent to 150% of the official cost of the state exams and end up in the pockets of teachers, inspectors, and of course also the ANR and the police, and sometimes even the army, which considers its presence necessary.
The “culmination” in all this remains, what is modestly called “lab” fees, which are either paid to a “teacher” to fill in the examination form himself, which the student can then copy, or to another person to take the examination in place of the student. What is worrying is that even when the test has been taken by a teacher, the exam result is often barely above the minimum 51% pass mark.
Everyone knows that the quality of education in the country ranges from mediocre to abysmal, especially in a remote area like ours, and that the “diploma” is therefore a farce that Brabanta, for example, will never take into account as a selection criterion when recruiting. For all our recruitments, whatever the level, we test candidates to establish at least whether they are able to read, write and count. It is edifying, so we had a science teacher who applied for a job in the laboratory of our oil mill and what a surprise to discover that he was totally unable to make a rule of three and we had an English teacher who applied for a job in the secretariat who was unable to write a simple thank you letter in English – poor students.
Despite the fact that the diploma has no value as proof of knowledge and its cost is exorbitant, no parent can bring himself to the point where his children do not get a document to prove that they have gone through studies that have cost them a pound of flesh. Our workers are therefore all too ready to accumulate significant debts to pay the official fees, the “extra” costs and even the “lab” if necessary to get the famous piece of paper. This has gone so far that one of our workers, whose daughter recently got married and left (pregnant) to live with her husband in another province, paid another girl to do the dissertation and the state exam in place of her daughter. To make matters worse, the girl in question became ill (after paying the essay and exam fees, of course) and was unable to take the exams, but she still demanded that our employee pay her the agreed amount for her “service” as well as the medical expenses, since she was working on her account.
In addition to the deficiencies of the education system, the intellectual capacities of the majority of the local population are also the result of a deficient diet (based mainly on casava flour and leaves) which on the one hand is deficient in a number of amino acids essential for brain development and on the other hand is probably toxic because of the cyanide residues which are not always well eliminated during retting. In addition to a diet that is far from optimal, the prevalence of malaria is also a factor known for its harmful effect on the neurological development and therefore the intellectual capacities of the population in general and of children in particular.
An ideal solution is difficult to conceive as it should take into account these interrelated factors and be supported by a strong and invested government. This is not yet the case at present.
I had the opportunity to meet the Norwegian Minister of Environment during one of his visits to Kinshasa and although his mandate is mainly about the environment, his analysis on how to achieve environmental protection was not only about creating parks or protected areas:
– In order to protect the environment, demographic pressure must be reduced.
– In order to protect the environment it is necessary to improve the education of the population, which is easier to do with smaller families.
– In order to protect the environment, it is necessary to move from hunting, gathering and shifting cultivation to an integrated agricultural production system that ensures a more balanced and regular diet.
Here in Mapangu there is no extension service from the Ministry of Agriculture to promote or supervise food production, except for the purpose of collecting various taxes, and health zone agents are not equipped to raise awareness about family planning. Moreover, the number of women and children is still considered proof of wealth in the indigenous mentality and the very high infant mortality rate means that the tendency is to have many children so that at least some survive and can help parents in the fields or with household chores, failing to go to school, which is not financially accessible to all.
Sorry for this not very happy picture, let’s hope that one day things can evolve towards a more positive situation that would allow the country to realise its potential, which is, on the other hand, gigantic.
Read you soon,
Marc & Marie-Claude

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Recyclage – Recycling

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A l’exception de certains pays comme le Rwanda et plus récemment le Kenya et l’Ouganda qui ont eu le courage de bannir tous les plastiques et de pénaliser sévèrement les contrevenants, beaucoup de pays africains souffrent du fléau des déchets en plastique sous toutes ses formes et malheureusement même dans notre coin reculé de Mapangu nous n’y échappons pas. Compte tenu des moyens financiers limités de la majorité de la population, quand il s’agit de se doter ustensiles pour la maison la solution la plus économique est d’opter pour des seaux, bassines, passoires et autres objets en plastique, généralement de qualité très médiocre et qui doivent donc être remplacés trop régulièrement et dont les débris sont abandonnés dans la nature aux environs des habitations. Malheureusement, ici il n’y a quasi pas d’artisanat local telle que de la poterie, vannerie ou travail du bois qui permettrait de remplacer ces objets en plastique et les alternatives et métal (émaillé ou non) sont beaucoup plus coûteuses et donc quasi absentes dans nos marchés et rares boutiques locales.
Outre les objets utilitaires en plastique, ici tout objet (généralement importé de Chine) est vendu dans un emballage en plastique et il en va de même pour beaucoup de produits locaux comme les arachides, sucre ou féculents qui sont vendus dans des sachets en plastique évidemment pas réutilisables. Tous ces plastiques se retrouvent par terre, dans les champs aux alentours des habitations ou concentrés dans les zones de ruissellement des eaux des pluies. Nous avons notre part de responsabilité dans la présence de plastiques dans la nature car, lors de la plantation des palmiers, les sachets de pépinière ont généralement été abandonnés sur place et dix ans plus tard ils sont toujours là à nous narguer. Afin d’essayer de résoudre ce problème, nous avons offert de payer une prime pour chaque sachet récolté et livré dans un centre de collecte, ce qui nous a permis de récolter près d’un demi million de sachets en quelques mois, comme quoi rien de tel qu’une motivation financière pour faire bouger les choses. Nous envisageons d’essayer de faire la même chose pour tous les autres plastiques qui traînent dans la plantation tels que sachets, flacons vides, morceaux de seaux et bassines, etc. et ainsi nettoyer un petit peu les alentours des camps, abords des routes et zones de concentration.
Tout cela représente évidemment des gros volumes que nous ne pouvons pas stocker indéfiniment et ce serait malheureux de mettre tout cela dans un grand trou avec le risque qu’un jour le tout se retrouve à nouveau dans la nature à cause des effets de l’érosion ou autre modification de topographie du terrain. Il n’y a pas d’entreprise qui est en mesure de reprendre nos déchets et nous ne souhaitons pas non plus les brûler car, même si relativement limitée, cela provoquerait une pollution atmosphérique dont nous ne voulons pas être responsables. Pour le moment la meilleure solution que nous avons trouvée est de faire fondre le plastique et de le mélanger à du sable pour ensuite couler le mélange dans des moules pour en faire des dalles. Nous fabriquons ainsi tous les jours un lot de dalles (octogonales ou carrées) qui semblent assez résistantes et que nous pouvons utiliser comme revêtement de sol dans les douches et/ou parking de motos. Outre les sachets, nous utilisons les ustensiles en plastique déclassés (pulvérisateurs, seaux, etc.) dont le résultat est invariablement de la même couleur noire.
Pour certains des autres déchets comme le papier ou le carton nous avons moins de problèmes car ceux-ci sont mélangés à d’autres matières organiques pour être compostés, même si pour le moment nous avons beaucoup de mal à faire comprendre que le compost peut par la suite être utilisé pour améliorer la croissance des plantes.
Pour certains de nos “déchets” comme les batteries déclassées et le métal nous n’avons pas de problèmes de recyclage car il y a plutôt plus de demandes (même payantes) que de stock. Le métal est généralement envoyé à Kinshasa pour être vendu à des prix qui peuvent aller jusqu’à 350 USD par tonne, tandis que les batteries sont utilisées pour en tirer le tout petit peu de courant qu’elles peuvent encore fournir pour l’éclairage domestique. Par contre une fois que les batteries sont tout à fait mortes nous ne savons pas ce qu’il en advient, si ce n’est que l’acide est probablement récupéré pour des usages divers et le plomb utilisé pour lester les filets de pêche (et empoisonner les poissons par la même occasion).
Les articles de notre déchetterie qui nous posent le plus gros problèmes sont les filtres moteurs usagés qui commencent tout doucement à occuper un volume assez impressionnant et que nous sommes obligés de stocker dans des bacs étanches pour éviter une contamination du sol avec des fuites éventuelles d’huile. Pour les filtres contenus dans des enveloppes en métal nous pouvons parfois encore trouver des usages tels que fabrication de petits récipients pour mesurer le carburant ou le lubrifiant ou des chapeaux pour les piquets, mais la matière filtrante elle-même imbibée d’huile ou de carburant sale est inutilisable et ici aussi la destruction par le feu n’est pas une solution compatible avec les règles environnementales.
Il n’y a pas qu’au niveau de la plantation que les déchets posent problème car à la maison aussi, contrairement à ce que l’on pourrait croire pour un coin reculé comme le nôtre, nous accumulons une quantité surprenante de déchets en plastique avec les quelques produits achetés à Kinshasa. Dans notre usage quotidien, Marie-Claude à remplacé, lorsque c’est possible, les contenants en plastique avec des contenants en verre et/ou des sachets en papier que nous avons ramené en grande quantité de Belgique. Ce serait toutefois mentir de dire que nous n’utilisons pas de plastique car pour certains produits, surtout ceux qui doivent aller au congélateur, nous utilisons des sachets en plastique étanches, mais ceux-ci sont réutilisés le plus longtemps possible et seulement éliminés lorsqu’ils sont réellement au bout du rouleau. Il va sans dire que tout ce qui est biodégradable va au compost (qui dans notre cas est utilisé intégralement dans le potager), mais il reste néanmoins des déchets comme les boîtes de conserve, emballages plastique et autre objets non dégradables qu’il faut éliminer d’une manière ou d’une autre et pour le moment la seule alternative est de les enfouir dans un grand trou… un peu comme faisaient mes grands-parents avant qu’un système de ramassage des ordures soit mis en place par les autorités communales (probablement initialement pour aller les mettre dans un autre plus grand trou).
Même si toutes ces matières finissent par trouver leur chemin dans la nature et probablement dans les cours d’eau pour finalement aboutir dans l’océan, le seul avantage local est que tout est utilisé et réutilisé jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de la faire. Ainsi que ce soit une bouteille en plastique vide, un vieux bidon d’huile ou une boîte en frigolite, tant que cet objet peut vaguement servir à quelque chose il sera précieusement gardé et utilisé et, à juger des la couleur de certaines bouteilles utilisées pour amener de l’eau en plantation par nos travailleurs, cette vie est parfois surprenamment longue.
Finalement sachez que, mis à part les problèmes de déchets, notre province du Kasaï est officiellement toujours indemne du coronavirus. Les autorités locales semblent même penser que le risque est passé car plus aucune mesure préventive n’est prise à l’encontre de voyageurs venant de l’extérieur. Nous continuons toutefois à prendre toutes les précautions possibles comme port de masques, lavage des mains et contrôle de température à l’entrée des installations.
Prenez soins de vous et à bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Fabrication de dalles en plastique – Manufacture of plastic tiles
Construction d’école – Scholl building
Masque Elephant – Elephant mask
Reunion / Présentation – Meeting / Presentation

With the exception of some countries like Rwanda and more recently Kenya and Uganda who have had the courage to ban all plastics and severely penalise offenders, many African countries suffer from the scourge of plastic waste in all its forms and unfortunately even in our remote corner of Mapangu we are not immune to it. Given the limited financial means of the majority of the population, when it comes to acquiring utensils for the home the most economical solution is to opt for buckets, basins, sieves and other plastic objects, which are generally of very poor quality and therefore need to be replaced too regularly and whose debris are left in the wild in the vicinity of the homes. Unfortunately, here there is almost no local handicraft such as pottery, basketry or woodwork that would allow to replace these plastic objects and the metal alternatives (enamelled or not) are much more expensive and therefore almost absent in our markets and rare local stores.
In addition to the utilitarian plastic objects, here any object (usually imported from China) is sold in plastic packaging and the same is true for many local products such as peanuts, sugar or starchy foods which are sold in plastic bags obviously not reusable. All these plastics end up on the ground, in the fields around houses or concentrated in rainwater run-off areas. We have our share of responsibility for the presence of plastics in nature because, when the palm trees were planted, the nursery bags were generally left on the spot and ten years later they are still there taunting us. To try to solve this problem, we offered to pay a premium for each bag collected and delivered to a collection center, which allowed us to collect almost half a million bags in a few months, hence there is nothing like a financial incentive to make things happen. We plan to try to do the same for all the other plastics that are lying around the plantation such as bags, empty bottles, pieces of buckets and basins, etc. and thus clean up a little bit the surroundings of the camps, roadsides and areas of concentration.
All this obviously represents large volumes that we cannot store indefinitely and it would be unfortunate to put all this in a big hole with the risk that one day it will all end up back in nature because of the effects of erosion or other changes in the topography of the land. There is no company that is able to take back our waste, nor do we want to burn it because, even if relatively small, it would cause air pollution for which we do not want to be responsible. At the moment the best solution we have found is to melt the plastic and mix it with sand and then pour the mixture into moulds to make tiles. This way we make every day a batch of slabs (octagonal or square) that look strong enough and that we can use as flooring for example in showers and/or motorcycle parking lots. In addition to the bags, we also use downgraded plastic utensils (sprays, buckets, etc.), with the resulting tiles coming invariably come in the same black color.
For some of the other waste such as paper or cardboard we have fewer problems because these are mixed with other organic materials to be composted, although at the moment we have a lot of trouble getting people to understand that the compost can later be used to improve plant growth.
For some of our “waste” such as old batteries and metal we do not have problems with recycling because there is more demand (even paying for it) than stock. The metal is usually sent to Kinshasa to be sold at prices as high as US$350 per ton, while the batteries are used to draw the very little power they can still provide for household lighting. However, once the batteries are completely dead we do not know what happens to them, except that the acid is probably recovered for various uses and the lead used to ballast the fishing nets (and poison the fish at the same time).
The items in our recycling center that we have the biggest problems with are the used engine filters that are slowly starting to take up quite a lot of space and that we have to store in leak-proof bins to avoid soil contamination with possible oil leaks. For filters contained in metal envelopes we can sometimes still find uses such as making small containers for measuring fuel or lubricant or caps for stakes, but the filter material itself soaked with oil or dirty fuel is unusable and here too destruction by fire is not an environmentally compatible solution.
It is not only at the plantation level that waste is a problem because at home too, contrary to what one might think for a remote corner like ours, we accumulate a surprising amount of plastic waste with the few products we buy in Kinshasa. In our daily use, Marie-Claude has replaced, when possible, the plastic containers with glass containers and/or paper bags that we brought back in large quantities from Belgium. However, it would be a lie to say that we don’t use plastic because for some products, especially those that have to go to the freezer, we use waterproof plastic bags, but these are reused as long as possible and only disposed of when they are really at the end of their roll. It goes without saying that everything that is biodegradable goes to compost (which in our case is used entirely in the vegetable garden), but there is still waste such as cans, plastic packaging and other non-degradable objects that must be disposed of in one way or another and for the moment the only alternative is to bury them in a big hole… a bit like my grandparents used to do before a garbage collection system was set up by the communal authorities (probably initially to go and put them in another bigger hole).
Even if all this material eventually finds its way into nature and probably into the streams that end up into the ocean, the only local advantage is that everything is used and reused until it is no longer possible to do so. So whether it is an empty plastic bottle, an old oil can or a polystyrene box, as long as that object can serve some purpose it will be preciously kept and used and, judging by the color of some of the bottles used to bring water to the plantation by our workers, this life is sometimes surprisingly long.
Finally, you should know that, apart from the waste problems, our province of Kasai is officially still free of coronavirus. The local authorities even seem to think that the risk is over because no more preventive measures are taken against travelers coming from outside. However, we continue to take all possible precautions such as wearing masks, hand washing and temperature control at the entrance of the facilities.
Take care and see you soon,
Marc & Marie-Claude