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Apaisement – Appeasement

Voilà deux semaines de passées à Kinshasa, encore une petite semaine de vie citadine et cela aura fait 19 jours, un record que je ne chercherai pas à dépasser de sitôt. Je ne peux toutefois pas me plaindre car l’appartement d’un de mes collègues que je squatte pendant qu’l se prélasse sur une plage marocaine et loin d’être inconfortable et me permet d’avoir nos deux poilues avec moi en toute quiétude. C’est un appartement au rez-de-chaussée avec son petit jardin, piscine, terrasse couverte avec BBQ et dans un quartier assez calme, bref pas exactement le bagne, si ce n’est le trafic kinois qu’il faut affronter pour aller jusqu’au bureau.

Pour le moment je suis ici avec deux collègues expatriés, notre directeur financier  dont l’épouse travaille à Kinshasa et qui est donc heureux de pouvoir être à la maison de manière plus prolongée que d’habitude et notre chef d’usine qui est revenu de vacances en début de semaine et qui ronge son frein pour retourner en plantation. Féru de sports mécaniques, notre chef d’usine a investi dans un jet ski qui vient d’arriver d’Europe et avec lequel il envisage de rejoindre la plantation (via le fleuve Congo et la rivière Kasaï) lorsque le feu vert pour un retour sera donné. Je dois avouer qu’il me fait un peu peur avec son engin qui permet d’accélérer de 0-100km/h en 6 secondes, bref une véritable bombe sur une eau ou il n’est pas rare de croiser des troncs d’arbres et autres objets flottants. Pour le moment l’engin est encore sagement rangé dans un dépôt à côté du bureau, où il peut aller l’admirer et le toucher comme un gamin qui vient de recevoir un superbe jouet.

Les choses semblent s’apaiser dans les environs de la plantation, l’armée a repris le contrôle de quasi tous les endroits qui étaient aux mains des rebelles et les habitants qui avaient fui sont appelés à revenir chez eux. Le seul aspect qui nous plaît moins est que l’armée continue à envoyer des renforts dans la région et même si jusqu’à présent ils ne sont pas venus s’installer dans notre concession, les demandes d’aides logistiques commencent à arriver et vont immanquablement nécessiter des longues palabres pour essayer de ne pas nous faire plumer. D’ici une semaine ou deux nous espérons pouvoir faire remonter un petit groupe d’expatriés à Mapangu et si tout va bien Marie-Claude et moi pourrons regagner notre Cathédrale après nos congés qui commencent avec un peu de retard à la fin de cette semaine.

Nous sommes quand même en train d’étudier la possibilité d’avoir notre propre petit avion en plantation car il est clair que pour le moment L’aérien est la seule voie de communication avec notre « île » qu’est Mapangu et un avion nous offrirait plus de flexibilité et surtout plus de sécurité. Nous envisageons même d’aménager une petite piste d’atterrissage sur le site de la Cathédrale qui permettrait d’y atterrir et décoller avec un petit monomoteur. Compte tenu de coût élevé des affrètements d’avion auxquels nous devons faire face, avoir notre propre coucou pourrait même être économiquement avantageux. L’étape suivante serait de pouvoir apprendre à piloter nous-même, mais nous n’en sommes pas encore là, pour le moment il en s’agit que d’un projet à l’étude.

 Ceci sera notre dernier envoi pour quelques semaines car pendant les vacances nous prenons également congé du blog. Que cela ne vous empêche pas de nous écrire.

A bientôt,

Marc & Marie-Claude

 Le jardinetMakala à l'aiseGriezel stressée

It has been two weeks in Kinshasa now, one additional short week of city life and I will have totalled 19 days, a record that I will not try to better soon. However, I should not complain because the apartment I am staying in, while a colleague is sun bathing on some Moroccan beach, is far from being uncomfortable and allows me to stay with our two hairy companions without any worry. It is a ground floor apartment with a small garden, swimming pool, covered terrace with BBQ and in a quiet area, so nothing like prison, except for the Kinshasa traffic that one has to tackle going or coming from the office.

At the moment I am here in Kinshasa with two other expatriates, our financial director whose wife works in Kinshasa and who is rather happy to have some more time at home and the head of our factory, who returned from holidays earlier this week, and who cannot wait to get back to his mill in Mapangu. Great fan of mechanical sports, our factory head invested in a jet ski which just arrived from Europe and which he is planning to travel to the plantation with (via the Congo and Kasai rivers), when the green light is given to return. I must admit that he scares me with his machine which goes from naught to 100km/h in 6 seconds, a real rocket on water where it is not uncommon to have floating logs and other drifting debris. At the moment this monster machine is still quietly in the storage area next to our offices, where he can admire and touch his machine like a kid who has just received a magnificent toy that he cannot wait to try out.

There seems to be an appeasement in the areas around the plantation, the army has taken the upper hand in most of the rebel held spots and the inhabitants that had fled are invited to return to their homes. The only thing that I like less is the fact that the military build-up continues and even though they have not posted any soldiers in our concession the demands for logistical support start coming in and will require long negotiations to try avoiding being plundered for so-called national reasons. Within another week or two we hope that some expatriates will be able to go back to the plantation and if all goes well at the end of our holidays, starting with some delay at the end of this week, Marie-Claude and I will be able to return to our Cathedral when we come back.

We are nevertheless also studying the possibility of acquiring our own little aircraft for the plantation because it is obvious that for the time being the air is the only feasible route to connect our « island » of Mapangu. A small aircraft of our own would offer more flexibility and security. We are even studying the feasibility of having a small airstrip on the site of the Cathedral, where small single engine planes could land and take off. Given the high cost of hiring an aircraft whenever we need to travel to or from the plantation, having our own aircraft could even make economic sense. The next step will be for us to learn how to fly ourselves, but we are not there yet, after all it is just a project under study for the time being.

This will be our last posting for a few weeks as during our holidays we will also be off duty for the blog. But this should not stop you from sending us news.

Until soon,

Marc & Marie-Claude

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Joyeuses Pâques – Happy Easter

Pour garder les bonnes habitudes, voici quand même quelques nouvelles du Congo, même si le dernier envoi était tout récent.

Depuis ce matin tous mes collègues expatriés ont été dispatchés dans différentes directions, un au Maroc, un au Portugal, deux en France et un en Côte d’Ivoire. La semaine prochaine j’ai un collègue qui revient de congé du Ghana pour reprendre le pilotage à distance de l’usine et de la construction et la semaine d’après notre directeur agronomique revient à Kinshasa pour reprendre le pilotage à distance des activités agronomiques et assurer mon intérim.

Nos vacances seront un peu spéciales car au vu des évènements au Kasaï je vais devoir rester en liaison permanente avec les équipes et ne donc pas pouvoir zapper complètement les activités de la plantation pendant que nous nous dorons sur une plage ou autre activité similaire.

Comme tout le monde est parti, j’ai pu abandonner ma chambre d’hôtel et squatter l’appartement d’un collègue où je suis accompagné de nos poilues Makala et Griezel. C’est aussi plus agréable de pouvoir faire sa popote plutôt que devoir prendre tous les repas au restaurant, surtout quand c’est en solitaire à une table.

Pendant la semaine je prendrai les fauves avec moi au bureau durant la journée, ce qui a l’avantage de limiter le nombre et la durée des visites car les congolais ne sont généralement pas des grands amateurs de chiens, surtout quand ils sont grands et poilus comme Makala.

A la plantation tout est calme et les activités se poursuivent plus ou moins normalement. Nous restons à l’écoute des évènements dans la région et en particulier la progression des combats entre milices et militaires, mais les nouvelles se voulaient assez rassurantes car d’une part les autorités auraient accepté de restituer la dépouille du chef coutumier qui avait été tué lors d’un affrontement avec la police il y a déjà de nombreux mois de cela et d’autre part parce que le gouvernement a annoncé que la famille du défunt chef coutumier pouvait nommer un successeur.

Il faut savoir que l’origine du conflit dans le Kasaï vient du fait que le gouvernement a essayé d’imposer un chef coutumier plutôt que d’accepter l’héritier légitime, cardiologue de profession et opposant au régime. Dans un affrontement entre autorités et population, suite à une bavure le cardiologue (qui est normalement basé en Afrique du Sud) a été tué et sa dépouille gardée par les autorités. Depuis la situation s’est graduellement dégradée avec des incartades militaires en réponse aux attaques de milices coutumières qui ont couté la vie à près de 500 personnes.

Notre seule crainte pour le moment est que les militaires qui assiègent la ville de Luebo, aux mains des milices coutumières, n’usent de trop de violence et créent ainsi un motif pour des revanches ou autres actions punitives. Aux activités militaires se mêlent toutes sortes de mesures traditionnelles mises en place par les sorciers fétichistes de chaque tribu, ainsi les notables de Mapangu nous ont garanti que la plantation ne courait aucun risque car le plus grand sorcier Lele (tribu de Mapangu) avait jeté un sort sur toute personne malfaisante qui pénètrerait sur le territoire. Nous sommes évidemment tout à fait rassurés… Les autorités ont également proposé de stationner des militaires sur la plantation et plus particulièrement autour de l’usine, ce que nous avons poliment décliné car d’une part ce sont les militaires la principale cible des milices et d’autre part il est notoire que les militaires congolais ne laissent généralement rien d’indemne derrière eux.

A Kinshasa nous avons aussi eu une semaine un peu difficile car le hasard fait que cette semaine que nous devions réduire l’effectif de notre personnel kinois de moitié suite au transfert de la direction de Brabanta et plantation. Ce n’est jamais une mesure agréable à prendre et il était d’autant plus difficile de rassurer le personnel restant compte tenu de la tension palpable créée par l’évacuation de la plantation.

Encore deux petites semaines et je pourrai rejoindre Marie-Claude pour souffler un peu. En attendant nous vous souhaitons de très joyeuses fêtes de Pâques.

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Carte Kasaï 

In order to stay with the habit, here are some news items from Congo although the last posting was very recent.

Since this morning, all my expatriate colleagues have been dispatched in various directions, one to Morocco, one to Portugal, two to France and one to Ivory Coast. Next week I have a colleague returning from holidays in Ghana to remotely pilot the factory and construction operations and the week after our agriculture director returns to Kinshasa to manage the field operations from Kinshasa and ensure my interim.

Our holidays will be somewhat special because the circumstances in the Kasai require that I stay in permanent contact with the teams and thus not be able to complete switch off while basking in the sun of the beach or doing some other similar activity.

As everybody is gone, I have been allowed to squat the apartment of one of my colleagues where I am staying with our two furry companions Makala and Griezel. It is also more pleasant to be able to do my own cooking rather than having to take every meal in a restaurant on my own.

During the week I will take the beasts with me to the office, which has the advantage of very much limiting the number of visitors or duration of their stay as Congolese are generally not great dog fans, especially when they are large and hairy such as Makala.

On the plantation everything is quiet and activities continue more or less as usual. We keep an ear on the ground regarding the events in the region and in particular progress of the battles between military and militia, but news seems to be somewhat reassuring as firstly the authorities have apparently agreed to return the body of the traditional chief who had been killed in a stand-off with police some time ago and secondly the government announced that the successor to the deceased traditional chief could be chosen by his family. 

As background, one must know that the conflict has started as a result of an attempt from the government to impose their own traditional chief rather than accepting the legitimate heir, an outspoken opponent to the current regime. In a stand-off with the authorities the legitimate heir, a cardiologist working in South Africa, was killed and his body taken by the authorities. Since then the situation has gradually deteriorated with alternating incursions of militia, police and/or army, which has resulted in about lives lost to date (including two foreign UN experts).

Our main fear at the moment is the outcome of Luebo, which the militia are controlling but is besieged by the military and if excess force is used it will be an excuse for retaliatory attacks and other punitive strikes. Next to the strong military presence the local sorcerers are taking all sorts of measures to protect their tribes, the same goes for Mapangu where local elders have guaranteed our safety because their greatest Lele sorcerer (traditional tribe of Mapangu) has thrown a curse on any person entering their territory with bad intensions. We are obviously completely reassured… Authorities have also offered to station soldiers on the plantation and in particular around the factory, which we have politely declined because firstly they are the main militia target and secondly because Congolese military generally leave nothing untouched behind.

In Kinshasa it has also been a somewhat difficult week because it so happened that this week we had to fire about half the office staff as a result of moving the management staff to the plantation. It is never easy but even more difficult to reassure the remaining staff given the palpable tension resulting from the evacuation process.

Two small weeks to go and I will be able to join Marie-Claude for some rest. Meanwhile we wish you a very Happy Easter.

We look forward hearing from you,

Marc & Marie-Claude

 

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Sécurité – Security

Notre silence ces derniers temps est évidemment inacceptable, mais bon les circonstances ont fait que nous avons eu la tête ailleurs et beaucoup de choses à régler et du coup nous avons perdu de vue ceux qui peut-être attendent de nos nouvelles via ce blog.

Tout a commencé assez calmement à la fin de la semaine dernière avec mon départ pour Abidjan via Kinshasa pour présenter les résultats de fin d’année au conseil d’administration de la Brabanta. Et puis les choses ont pris une tournure plus compliquée avec une avancée des rebelles vers la plantation un peu trop rapide à notre goût. Je suis donc retourné en catastrophe à Mapangu, au lieu de poursuivre ma mission au Nigeria, non sans au préalable avoir fait évacuer les épouses et enfants des expatriés et cadres nationaux.

A Mapangu, ou je me suis quand même rendu accompagné de gros bras pour plus de sécurité, l’atmosphère était extrêmement tendue et la psychose d’une possible attaque de rebelles telle que tous les expatriés s’étaient regroupés dans quelques maisons près de l’usine où un générateur tournait 24 heures sur 24 et des policiers positionnés pour renforcer nos agents de sécurité internes. J’ai été récupérer nos poilues (Makala et Griezel) à la Cathédrale où il était clairement difficile de rester loger dans les circonstances actuelles vu son isolement et le fait que notre maison est sur la route d’accès pour les milices si elles devaient arriver jusqu’à la plantation.

Après beaucoup de discussions, repérages et évaluations avec notre consultant spécialisé en sécurité il a été décidé que la sécurité des expatriés ne pouvait pas être garantie sur la plantation et qu’il était nécessaire de partir le plus rapidement et le plus discrètement possible. Ainsi nous sommes tous partis pour la piste d’aviation dimanche matin pour attendre un avion que nous avons affrété pour venir nous chercher avec nos bagages et nos animaux. Une fois dans les airs le soulagement était palpable, même si nous étions plutôt tristes de quitter cette superbe contrée pour une période indéterminée.

Depuis, nous sommes installés dans différents hôtels de la ville et organisons petit à petit le départ des uns et des autres vers soit des missions temporaires dans d’autres plantations, des congés imprévus ou des zones d’attente. Si la décision de faire partir tout le monde de la plantation a été difficile, celle qui nous attend de décider quand les conditions sécuritaires permettront un retour à Mapangu ne sera pas plus aisée.

Depuis notre départ les milices ne sont pas arrivées jusqu’à la plantation, mais occupent encore toujours les dernières villes avant d’arriver chez nous et attirent un nombre croissant de militaires qui, s’ils viennent s’installer dans la plantation, nous inquiètent encore plus car ils ont la réputation de tout se permettre sous le couvert de leur mission. Ainsi nous ne savons pas si nous retrouverons nos véhicules, notre réserve de carburant, le contenu des maisons, etc. Espérons donc que nous arriverons à dissuader les autorités de positionner l’armée à la Brabanta dans les jours ou semaines à venir.

A cause de tout cela je devrai attendre un petit peu plus longtemps avant de pouvoir rejoindre Marie-Claude pour notre congé en Europe, mais celui-ci sera d’autant plus agréable j’en suis persuadé.

A très bientôt vous lire,

Marc et Marie-Claude


Our silence of the past weeks is obviously unacceptable, but circumstances have somehow distracted us as many things had to be organised and as a consequence we somehow forgot about those expecting news through this blog.

Everything started rather calmly at the end of last month with my departure for Abidjan via Kinshasa to attend Brabanta’s board meeting to discuss the close of the year. Then things suddenly started becoming more complicated with rebels progressing rather too quickly to our liking towards the plantation. I therefore cancelled my planned trip to Nigeria and returned to Mapangu, from where we already evacuated expatriate and local staff’s spouses and children.

In Mapangu, where I travelled together with a few experienced and strong “consultants” for added security, the atmosphere was extremely tense and the fear of a possible rebel attack forced all expatriates to regroup in a small group of houses close to the factory, where the generator was left on 24 hours and we posted a few policemen in addition to our internal surveillance staff. I went to fetch our hairy companions (Makala and Griezel) from the Cathedral, where il was obviously difficult to stay because of the isolation and because it is located on the road that the militia would use to enter the plantation.

After numerous discussions, observation trips and evaluations with our security expert, it was decided that we could not guarantee the security of the expatriates on the plantation and that we should leave as quickly and as discreetly as possible. Sunday morning we all travelled to the airstrip where we were met with a small aircraft that took us all to Kinshasa with our few belongings and animals. Once in the air the relief was palpable, even though most of us were sad to leave this beautiful place for an unknown period of time.

We are since all settled in various hotels of the capital while organising the departure of one for a temporary mission in another plantation, another for some unplanned holidays or a waiting area. If the decision to evacuate all of us was difficult, it will be even more difficult to decide when it will be safe enough to return.

Since our departure the rebels have not reached the plantation, but still control the nearest towns before the plantation and attract a growing number of military whom, if they come to the plantation, worry us even more because of their belief that they can legitimately do everything they want. So we do not know whether on our return something will be left of our vehicles, fuel, house contents, etc. Let’s hope we manage to convince the authorities that it is no use to station troops in the plantation during the coming days or weeks.

Because of all this, I will have to wait a little longer before joining Marie-Claude for our holidays in Europe, but these will be all the more pleasant, I am sure.

We hope to hear from you soon,

Marc et Marie-Claude