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Barrières – Barriers

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Une des réalités auxquelles nous devons faire face en permanence dans la plantation est représentée par les vols en général et ceux de régimes et fruits de palme en particulier. Grâce à leurs graines sélectionnées, les fruits de nos palmiers sont plus charnus et contiennent deux fois plus d’huile que les fruits de palmiers sauvages et/ou d’anciennes plantations. Ils sont donc particulièrement appréciés par les producteurs d’huile clandestins. Le meilleur moyen de freiner le vol de régimes et de fruits est évidemment d’éliminer les huileries clandestines ou “malaxeurs” comme ils les appellent ici. Malheureusement pour nous, ceux-ci peuvent être déplacés assez facilement et sont souvent cachés dans des endroits de la brousse extérieurs à la plantation, donc, difficiles à trouver. Nous faisons régulièrement appel aux autorités afin qu’elles effectuent des perquisitions dans les villages pour identifier les malaxeurs qui utilisent nos fruits (très faciles à reconnaître), seulement, comme les bruits circulent extrêmement vite, les malaxeurs sont généralement démontés avant que des autorités compétentes ne puissent les trouver.
Nous voyons ainsi passer des grandes quantités d’huile venant de villages où il n’y a quasi pas de palmiers, dans des bidons destinés aux marchés locaux, mais comme l’huile est la même quels que soient les fruits utilisés nous ne pouvons évidemment pas faire grand chose, si ce n’est pour constater, avec amertume, que des quantités non négligeables de notre production profitent à des personnes étrangères à la plantation. Faire intervenir les autorités ne nous donne pas non plus une très bonne presse car certains prétendent que nous essayons “d’éliminer la concurrence” et empêchons les villageois de mener leurs activités traditionnelles en détruisant leurs malaxeurs. Pour freiner les vols de régimes, surtout dans les parcelles plantées en bordure des villages, nous avons des équipes de gardiens qui patrouillent, en particulier au moment de la récolte car les voleurs préfèrent ramasser des régimes et fruits déjà coupés, plutôt que de faire le travail eux-mêmes…
Nous ne sommes pas les plus mal lotis: dans d’autres plantations du groupe le vol est tel que celles-ci doivent faire appel à l’armée pour se protéger de voleurs armés eux-aussi et dans l’une d’elles on a même été jusqu’à creuser des douves de plus de 3m de profondeur avec un andain extérieur faisant office de barrière sur tout le pourtour pour en rendre l’accès difficile (mais pas impossible). Il faut dire que dans ce cas particulier, des huileries ont été construites, par des particuliers, sans plantation propre et achètent leur matière première aux villageois. Cette activité est au départ très louable car elle offre un débouché aux planteurs villageois, mais les prix payés étant très attirants c’est évidemment un encouragement à “compléter” leur production avec les beaux régimes de la plantation voisine.
Nous ne sommes heureusement pas confrontés à un tel degré de vols car il n’y a pas d’autres huileries dans la région et les malaxeurs traditionnels restent limités dans leur capacité de transformation. Nous avons toutefois aussi mis des barrières en place, principalement aux entrées de notre concession, là où la route nationale se termine. Nous ne pouvons évidemment pas empêcher les gens de circuler avec des bidons d’huile sur la route nationale, même si celle-ci passe au milieu de la plantation, mais comme les seuls tronçons de route nationale à être entretenus sont ceux qui traversent la plantation, poursuivre son chemin en-dehors de celle-ci est très difficile. Obliger les transporteurs d’huile à éviter les barrières en contournant la plantation (via les vestiges de la route nationale) plutôt que de prendre un raccourci à travers notre concession, décourage la plupart car même avec un vélo une grande partie du réseau national est quasiment infranchissable. Évidemment en faisant cela nous avons créé une nouvelle source de revenus potentielle pour nos gardiens qui monnaient le passage de ces huiles aux barrières, mais nous espérons malgré tout rendre la vie des voleurs plus malaisée de cette manière.
Une autre solution que nous avons adopté, plus constructive celle-là, est d’acheter les fruits produits par les plantations villageoises et d’intégrer ceux-ci dans notre propre production. Ce sont des fruits moins riches en huile, mais malgré tout intéressants d’un point de vue production et comme ils sont faciles à reconnaître nous ne risquons pas d’acheter notre propre production aux villageois. L’avantage pour les villageois est qu’ils sont payés immédiatement, nous avons calculé le prix d’achat des fruits pour que les villageois gagnent plus en nous les vendant plutôt que de les transformer eux-mêmes et nous organisons leur ramassage plusieurs jours par semaine. Par mois nous achetons ainsi près de 200 tonnes de fruits de palme aux villageois ce qui représente des revenus non-négligeables pour une population sinon dépourvue de ressources régulières. Cela ne résout évidemment pas le problème des vols, mais aide au moins à éliminer des excuses et légitime notre demande d’intervention auprès des autorités.
Pour le moment nous ne sommes pas les seuls à ériger des barrières car, l’excuse de la pandémie aidant, les officiels de tous poils ont mis en place des barrières et points de contrôle tous azimuts jusqu’à bloquer le passage des barges et autres embarcations provenant de provinces voisines. Par décret provincial, tout convoi qui transporterait des passagers non-autorisés (il n’est pas toujours très clair qui a le pouvoir d’autoriser les passagers en question) voit son commandant immédiatement arrêté et pénalisé d’une amende de 400.000 francs (environ 200 euro) par passager clandestin. C’est évidemment une manne céleste pour tous les fonctionnaires (migration, police des frontières, commissariat fluvial, force navale, etc.) dont beaucoup n’ont plus touché de salaire depuis plusieurs mois et tout vaisseau ou véhicule qui pointe son nez est pris d’assaut pour être fouillé et inspecté sous toutes les coutures afin de justifier une amende. En réalité même les transporteurs qui respectent rigoureusement la réglementation se voient rançonnés pour pouvoir continuer leur chemin. Ainsi la barge qui doit nous approvisionner avec du carburant et qui était attendue ici il y a deux mois est retardée en route à chaque passage de “frontière” entre les provinces et territoires avec chaque fois la menace d’être renvoyée vers Kinshasa s’ils n’obtempèrent pas avec les “lois” de la province.
Les barrières qui avaient été mises en place à Kinshasa il y a près de trois semaines dans le cadre du confinement de la commune de la Gombe (où se trouvent nos bureaux) sont toujours en place, mais la circulation à l’intérieur de la commune est maintenant libre avec toutefois le port du masque obligatoire, celui-ci pouvant être fabriqué avec un morceau de pagne.
Nous vous souhaitons bon courage avec vos barrières à vous,
Marc & Marie-Claude

Sorry, pas de photos pour le moment car nous sommes en panne d’internet…

One of the realities we are constantly facing on the plantation is theft in general and that of palm fruit and bunches in particular. Thanks to their selected seeds, the fruits of our palms are fleshier and contain twice as much oil as the fruits of wild palms and/or old plantations. These are therefore particularly appreciated by clandestine oil producers. The best way to stop the theft of fruits bunches is obviously to have clandestine oil mills, or “mixers” as they call them here, dismantled. Unfortunately for us, these can be moved quite easily and are often hidden in remote places in the bush outside the plantation, so they are difficult to find. We regularly call on the authorities to carry out searches in the villages to identify the mixers using our fruit (very easy to recognize), only, as information travels extremely fast, the mixers are usually dismantled before the relevant authorities can find them.
So we see large quantities of oil in jerrycans from villages where there are almost no palm trees, passing on the road for the local markets, but as the oil is the same regardless of the fruit used we obviously cannot do much, except to bitterly note that significant quantities of our production are benefiting people outside the plantation. Getting the authorities to intervene does not give us very good press either, because some people claim that we are trying to “eliminate competition” and prevent the villagers from carrying out their traditional activities by destroying their mixers. To curb the theft of our fruit, especially in the plots planted on the outskirts of the villages, we have teams of security guards on patrol, especially at harvest time because thieves prefer to pick up bunches and fruit that have already been cut, rather than do the work themselves .
We are not the worst off: in other plantations of the group the theft is such that they have to call the army to protect themselves from armed thieves too and in one of them the plantation even went as far as digging a moat more than 3m deep with an outside windrow acting as a barrier all around the plantation to make access difficult (but not impossible). It should be said that in this particular case, oil mills were built by private individuals without their own plantation and buy their raw material from the villagers. This activity is initially very commendable because it offers an outlet for village planters, but the prices paid being very attractive it is obviously an incentive to “complement” their production with the beautiful regimes of the neighbouring plantation.
Fortunately, we are not confronted with such a degree of theft because there are no other oil mills in the region and the traditional mixers remain limited in their processing capacity. However, we have also put barriers in place, mainly at the entrances to our concession where the national road ends. Of course, we can’t stop people from walking with oil cans on the national road, even if it passes through the middle of the plantation, but as only the sections of the national road that are maintained are those that cross the plantation, it is very difficult to continue on the national road outside the plantation. Forcing oil transporters to avoid barriers by bypassing the plantation (via the remains of the national road) rather than taking a shortcut through our concession, discourages most, because even with a bicycle a large part of the national network is almost impassable. Obviously by doing this we have created a potential new source of income for our guards who try to monetize the passage of these oils at the gates, but we still hope to make the lives of thieves more difficult in this way.
Another solution we have adopted, a more constructive one, is to buy the fruit produced by the village plantations and integrate it into our own production. They are less rich in oil, but nevertheless interesting from a production point of view and as they are easy to recognize we do not risk buying our own production from the villagers. The advantage for the villagers is that they are paid immediately and we have calculated the purchase price of the fruits so that the villagers earn more by selling them to us rather than processing them themselves, and we organize their collection several days a week. Every month we buy nearly 200 tons of palm fruit from the villagers, which represents a significant income for a population that has little or no income. This does not, of course, solve the problem of theft, but at least it helps to eliminate excuses and legitimises our request for intervention by the authorities.
At the moment we are not the only ones erecting barriers because, with the excuse of the pandemic, officials of all kinds have set up barriers and checkpoints all over the place, even blocking the passage of barges and other boats from neighbouring provinces. By provincial decree, any convoy carrying unauthorized passengers (it is not always clear who has the power to authorize the passengers in question) sees its commander immediately arrested and fined 400,000 francs (about 200 euros) per stowaway. This is obviously a heaven-sent windfall for all officials (migration, border police, river police, naval force, etc.) many of whom have not received a salary for several months and any vessel or vehicle that shows up is stormed upon to be searched and inspected from every angle in order to justify a fine. In fact, even carriers who strictly adhere to the regulations are being held to ransom before they can continue on their way. For example, the barge that is supposed to supply us with fuel and that was expected here two months ago has been delayed en route at every “border” crossing between the provinces and territories with the threat of being sent back to Kinshasa each time if they do not comply with the “laws” of the province.
The barriers that were put in place in Kinshasa almost three weeks ago as part of the confinement of the commune of La Gombe (where our offices are located) are still in place, but traffic within the commune is now free, although the wearing of masks is now compulsory, which can be made with a piece of traditional fabric.
We wish you good luck with your own barriers,
Marc & Marie-Claude

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Renseignements – Intelligence

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Mapangu est un endroit où les rumeurs, aussi fantastiques et incroyables soient-elles, semblent trouver un terrain fertile inégalé. Est-ce parce que l’éducation et le niveau intellectuel de la population est généralement extrêmement limité, est-ce à cause des coutumes et croyances qui elles-mêmes baignent dans toutes sortes d’idées qui nous paraissent incongrue, ou est-ce simplement parce qu’à défaut d’autres manières de s’occuper la population s’accroche à toute histoire qui circule quelle qu’en soit la source.
Il y a les rumeurs et croyances qui n’affectent que les locaux et qui concernent le plus souvent des histoires de grigris, sorciers ou autres formes de sortilèges. Ces croyances concernent des choses qui sont simplement destinées à faire gagner une équipe de foot, aider à obtenir un travail ou protéger son champs contre les rapines. Mais elles sont parfois beaucoup plus sérieuses lorsqu’il s’agit prétendument de jeter un sort sur une autre personne voire toute une communauté.
Lors de la réalisation du premier forage à l’hôpital, qui a finalement échoué à cause d’une dalle rocheuse que nous n’avons pas réussi à percer, il a été nécessaire d’organiser une cérémonie traditionnelle avec sacrifice (d’un coq), danses, etc. pour garantir que l’eau coulerait à flot et serait d’une pureté inégalée. Le médecin à préférer ne pas assister à la cérémonie qui se déroulait juste en dehors de son bureau de peur qu’un contre-sort lui soit jeté. Il (le médecin) est convaincu que certaines personnes lui veulent du mal et ne reculeraient pas devant un sortilège pour lui nuire, il est d’ailleurs convaincu que l’infection dont il souffrait au pied était le résultat d’un sortilège plutôt qu’une plaie mal soignée.
On raconte que, lorsque l’huilerie de Brabanta a été construite, pour assurer le succès et bon fonctionnement de celle-ci les notables de Mapangu ont organisé un sacrifice humain et que si aujourd’hui notre huilerie fonctionne si bien c’est grâce aux incantations des chefs coutumiers et des offrandes et rituels associés.
Les expatriés n’échappent pas aux rumeurs rocambolesques, par exemple à un moment donné l’information circulait qu’avec l’aide de mon directeur des relations publiques (congolais du cru) et le chef de secteur j’avais mis en place un réseau de trafic d’organes humains à destination de l’étranger, ou, lors de notre dernier retour de congé, l’un des notables de Mapangu est venu me trouver pour exprimer sa joie de savoir que j’avais malgré tout décidé de revenir à Mapangu, car le bruit circulait dans la cité que j’avais quitté la contrée définitivement emportant, évidemment, avec moi la caisse de la société.
Il y a tellement d’informations extraordinaires qui circulent que même nous avons parfois du mal à distinguer le vrai du faux et c’est là qu’intervient le service de renseignements (d’où le titre de ces nouvelles). Ce service comporte un réseau d’agents (secrets) déployés par “l’Etat” dans toute la plantation. Leur rôle est principalement de renseigner le dit état sur les activités illicites et surtout subversives qui pourraient avoir lieu dans notre coin, mais comme beaucoup d’autres agents officiels, nos amis des renseignements sont mal ou peu payés et doivent donc trouver d’autres moyens pour arrondir leur fins de mois. Ce pour quoi Brabanta semble avoir été désignée. Le responsable du service, qui lui n’est pas une personne anonyme, essaye régulièrement d’avancer que son réseau d’agents permet à la Brabanta de déjouer des vols, attaques et autres méfaits qui pourraient nuire à notre bon fonctionnement, et que cela mérite bien entendu une rétribution …
Un des problèmes auxquels nous faisons face est le vol de régimes et de fruits dans la plantation pour fabriquer de l’huile artisanale dans ce qu’ils appellent ici des malaxeurs, sorte de mini-huilerie fabriquée avec des fûts métalliques. Notre responsable des renseignements a donc proposé de nous aider, contre monnaies sonnantes et trébuchantes, à traquer et déloger les fameux malaxeurs situés dans et autour de la plantation et nous avons accepté de payer une prime pour chaque malaxeur trouvé et détruit, ce qui s’est limité à un seul depuis les trois derniers mois. Notre responsable local des renseignements trouve évidemment que ses revenus ne sont pas à la hauteur de ses aspirations et a essayé de faire valoir que dans d’autres sociétés (minières principalement) ses collègues étaient payés comme des cadres alors que lui ne reçoit que des miettes pour des renseignements qui valent de l’or…
Renseignements qui ne sont pas toujours très précis ou corrects car dernièrement nous avons reçu une convocation du parquet nous sommant de venir expliquer pourquoi (selon le pré-cité service de renseignements) l’un de nos cadres se cachait dans sa maison suite à un retour illicite de Kinshasa sans passer par les contrôles sanitaires requis. Notre cadre est en réalité bloqué à Kinshasa où il est en contact avec nos collègues kinois en attente d’une possibilité de revenir sur la plantation. Nous avons essayé d’expliquer cela au service de renseignements en les mettant même directement en contact téléphonique avec notre cadre, mais ils étaient tellement certains de leurs “informations” que le Gouverneur de la province a été alerté et qu’une équipe de la police est venue contrôler le domicile où notre cadre était supposé se cacher.
Tout cela pour dire que jusqu’à présent les informations que nous recevons ne sont pas des plus impressionnantes et donc certainement pas une base sur laquelle nous pouvons nous reposer ou qui justifie un salaire de cadre…
Sinon la vie ici continue dans le calme et l’isolation habituelle, nous continuons de profiter de nos belles vues, y compris depuis la piscine qui, malgré sa petite taille, offre une conclusion idéale à la journée de travail, surtout quand je reviens du bureau à vélo.
Nous espérons que vous aussi êtes bien et pas trop frustrés par les restrictions de déplacement. Soyez prudents et restez en bonne santé,
Marc & Marie-Claude

Mapangu is a place where rumours, however fantastic and unbelievable, seem to find unparalleled fertile ground. Is it because the education and intellectual level of the population is generally extremely limited, is it because of the customs and beliefs which themselves are steeped in all sorts of ideas that seem incongruous to us, or is it simply because, for want of other ways of dealing with them, the population clings to any story that circulates whatever the source.
There are the rumours and beliefs that only affect the locals and which most often concern stories of grigris, sorcerers or other forms of sorcery. These beliefs concern things that are simply meant to win a football team, help to get a job or protect one’s crop from robbery. But sometimes they are much more serious when it is allegedly about putting a spell on another person or even an entire community.
During the first well drilling at the hospital, which finally failed because of a rocky slab that we were unable to break through, it was necessary to hold a traditional ceremony with sacrifice (of a rooster), dances, etc. to ensure that the water would flow freely and be of unparalleled purity. The doctor preferred not to attend the ceremony that took place just outside his office for fear that a counter spell would be thrown at him. He (the doctor) was convinced that some people wanted to harm him and would not shy from a casting a spell to harm him, and he was convinced that the infection he suffered on his foot was the result of a spell rather than a poorly healed wound.
It is said that when the oil mill of Brabanta was built, to ensure its success and good functioning, the notables of Mapangu organized a human sacrifice and that if our oil mill is working so well today it is thanks to the incantations of the customary chiefs and the associated offerings and rituals.
Expatriates do not escape the incredible rumours, for example at one point a story was going around that with the help of my public relations director (local Congolese) and the administrative sector chief I had set up a network of trafficking in human organs to foreign countries, On our last return from leave, one of the notables of Mapangu came to me to express his joy at knowing that I had decided to return to Mapangu despite everything, because there was a rumour going around the city that I had left the country for good, obviously taking the company’s cash with me.
There is so much extraordinary information circulating that even we sometimes have trouble distinguishing the true from the false and that’s where the intelligence service comes in (hence the title of this news). This service has a network of (secret) agents deployed by the “State” throughout the plantation. Their role is mainly to inform the “state” about illegal and especially subversive activities that could take place in our area, but like many other official agents, our intelligence friends are poorly or not paid on time and therefore have to find other ways to make ends meet. This is what Brabanta seems to have been designated for. The head of the service, who is obviously not an anonymous person, regularly tries to argue that his network of agents allows Brabanta to thwart robberies, attacks and other misdeeds that could harm our smooth functioning, and that this of course deserves a reward …
One of the problems we face is the theft of palm fruit from the plantation to make artisanal oil in what they call blenders, a sort of mini-oil mill made from metal drums. So our information officer offered to help us, in exchange for hard cash, to track down and dismantle the famous mixers located in and around the plantation. We agreed to pay a premium for each blender found and destroyed, which has been limited to one for the last three months. Our local intelligence officer obviously finds that his income is not up to his aspirations and has tried to argue that in other (mainly mining) companies his colleagues are paid as executives while he only receives crumbs for the intelligence he provides us with and which is worth more than gold…
Information which is not always very precise or correct because recently we received a summons from the Public Prosecutor’s Office asking us to come and explain why (according to the above-mentioned intelligence service) one of our executives was hiding in his house following an illegal return from Kinshasa without passing through the required health checks. Our executive is in fact stuck in Kinshasa where he is in contact with our Kinshasa colleagues waiting for the possibility of returning to the plantation. We tried to explain this to the intelligence service, even putting them in direct telephone contact with our colleague, but they were so certain of their “information” that the Governor of the province was alerted and a police team came to check the house where our executive was supposed to be in hiding.
All this to say that so far the information we are receiving is not the most impressive and therefore certainly not a basis on which we can rely on or which justifies an executive’s salary …
Otherwise life here continues in the usual calm and isolation, we continue to enjoy our beautiful views, including from the swimming pool which, despite its small size, offers an ideal conclusion to the working day, especially when I come back from the office on my bike.
We hope you too are well and not too frustrated by the lockdown. Be careful and stay healthy,
Marc & Marie-Claude

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Nourriture – Food

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Comme vous le savez déjà, ici à Mapangu nous sommes dépourvu d’un supermarché ou même d’une épicerie où aller faire nos courses alimentaires au jour le jour. Certes il y a un marché toutes les semaines à Mapangu, mais les produits que l’on peut y acheter sont généralement limités aux produits de base tels que manioc (en farine ou racine), maïs, oignons, ail, feuilles de manioc, arachides, œufs (exceptionnellement) et animaux vivants divers comme les chèvres, moutons, cochons, poules et canards, et des viandes et poissons boucanés.
Ce n’est pas tout à fait exact car nous avons également mis un conteneur à la disposition d’un commerçant qui y vend des aliments secs tels que boîtes de conserve (maïs, champignons, tomates, sardines), de l’huile, du lait en poudre, parfois un peu de riz et des produits cosmétiques de base.
La majorité des produits que nous retrouvons sur notre assiette provient de notre jardin et des provisions que nous faisons une fois par mois à Kinshasa. Comme les approvisionnements sont incertains, nous avons généralement des réserves pour le cas où il y aurait des visiteurs et/ou pour les repas organisés avec les expatriés, donc point de vue nourriture nous sommes plutôt bien fournis, même si les approvisionnements de Kinshasa sont un peu moins certains pour le moment à cause des restrictions d’accès et la fermeture de beaucoup de commerces.
Le souci ici à Mapangu est surtout que cette incertitude concernant les approvisionnements provoque des hausses de prix qui relèvent plus de la spéculation que de la réalité du terrain, mais rend les choses plus difficiles pour nos employés dont le pouvoir d’achat ne suit pas nécessairement ces hausses parfois assez significatives.
Pour essayer de palier à cela, nous essayons d’organiser l’achat en gros de produits de base que nous revendons ensuite à prix coûtant voire subsidié à nos travailleurs. Certains produits comme le maïs et le manioc sont achetés dans l’arrière-pays et amenés ensuite par camion jusqu’ici pour être distribués. Pour des produits un peu plus élaborés comme la farine et la semoule de blé, le riz, le lait en poudre, le sel, etc. nous sommes en train de mettre en place un système d’achat en gros à Kinshasa pour ensuite envoyer ces aliments par barge jusqu’ici à Mapangu. Le problème est évidemment de limiter la vente de produits à des prix subsidiés à nos travailleurs, d’une part pour limiter les coûts pour la société et d’autre part pour que ceux-ci soient disponibles pour tous et ne soient pas une source de commerce parallèle. Pour cela nous avons fait imprimer des bons d’achat assez élaborés (pour qu’ils ne soient pas trop faciles à copier) auxquels seuls nos employés auront accès et en principe les produits alimentaire ne pourront être payés qu’avec les dits bons d’achat. Il ne faudra évidemment pas beaucoup de temps avant que les bons d’achat eux-même fassent l’objet d’un marché parallèle, mais nous devons nous résigner au fait que nous ne pouvons pas tout contrôler.
A côté de cela, tous les trimestres nous faisons une distribution d’huile à nos travailleurs, car ici l’huile de palme est considéré comme un aliment de base qui entre dans la préparation de presque tous les plats. Cette distribution représente quand même pas loin de 15 tonnes ou 3.000 bidons d’huile à distribuer chaque fois ce qui représente également un challenge logistique car cela doit se faire dans chaque lieu de rassemblement des travailleurs dont nous en avons environ 15 à travers la plantation. Chaque trimestre on voit ainsi des personnes se balader dans tous les sens dans la plantation avec leur bidon d’huile sur la tête et comme par hasard beaucoup de ces bidons se retrouvent également sur le marché de Mapangu, sans doute parce que certains travailleurs ont besoin d’un peu plus de cash pour subvenir à leurs besoins.
A Kinshasa les choses sont habituellement plus faciles car il y a beaucoup de marchés, échoppes et supermarchés où il est possible de se procurer presque tous les produits au jour-le-jour. Seulement avec les restrictions de mouvement qui ont été imposées dans la ville et le confinement obligatoire imposé pour deux semaines dans une partie de la ville, beaucoup de personnes se trouvent dans des situation précaires et, même quand elles en ont les moyens, ne peuvent pas toujours se procurer les aliments nécessaires pour la journée. Heureusement, il ne nous est pas trop difficile d’aider les quelques travailleurs que nous avons à Kinshasa et comme nous avions préventivement établi un petit stock d’huile de palme dans notre magasin de la capitale, tous nos collègues ont au moins accès à leur dose de lipides pendant cette période de relative difficulté d’approvisionnement.
Ici à la maison les choses n’ont pas trop changé, si ce n’est que Marie-Claude prépare régulièrement des petites gâteries pour nous et à distribuer aux autres expatriés (shortbread, cake, truffes au chocolat) pour compenser le manque d’activités sociales et de repas communs.
Grande nouveauté aussi, depuis hier nous sommes dotés d’une petite piscine hors-sol autour de laquelle nous sommes en train de construire une terrasse. Mis à part le fait que le filtre ne marche pas encore tout à fait comme il devrait, nous avons maintenant la possibilité de nous rafraîchir après journée tout en profitant de la magnifique vue sur les terrasses de la plantation. Il faut savoir que cette piscine a été commandée il y a pratiquement un an, mais avec les délais d’acheminement jusqu’en RDC, puis jusque Mapangu, et puis le temps de monter le tout, il a été nécessaire de patienter un petit peu…
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et nous nous réjouissons de vous lire,
Marc & Marie-Claude

As you already know, here in Mapangu we don’t have a supermarket or even a grocery store to go to for our day-to-day food shopping. Although there is a weekly market in Mapangu, the products that can be bought there are generally limited to basic commodities such as cassava (in flour or root form), maize, onions, garlic, cassava leaves, peanuts, eggs (exceptionally) and various live animals such as goats, sheep, pigs, chickens and ducks, and smoked meat and fish.
This is not quite accurate as we have also made a container available to a trader who sells dry food such as cans (corn, mushrooms, tomatoes, sardines), oil, powdered milk, sometimes a little rice and basic cosmetics.
Most of the products we find on our plate come from our garden and from the provisions we make once a month in Kinshasa. As supplies are uncertain, we generally have reserves in case of visitors and/or for meals organized with expatriates, so from a food point of view we are rather well supplied, even if supplies in Kinshasa are a little less certain at the moment because of access restrictions and the closure of many shops.
The main concern here in Mapangu is that this uncertainty about supplies is causing price increases that are more speculative than because of real shortages, but makes things more difficult for our employees whose purchasing power does not necessarily follow these sometimes quite significant increases.
To try to counter this, we are trying to organise the bulk purchase of commodities which we then sell back to our workers at cost or even subsidised prices. Some products such as corn and cassava are bought in the hinterland and then brought by truck here for distribution. For slightly more elaborate products such as wheat flour, semolina, rice, powdered milk, salt, sugar, etc. we are setting up a bulk purchasing system in Kinshasa and then sending these foodstuffs by barge to Mapangu. The problem, of course, is to limit the sale of products at subsidised prices to our workers only, on the one hand to limit the costs for the company and on the other hand to ensure that these products are available to everyone and do not become a source of parallel trade. To this end we have printed vouchers that are quite elaborate (so that they are not too easy to copy) to which only our employees will have access, and in principle food products can only be paid for with the so-called vouchers. Of course, it will not be long before the vouchers themselves become the subject of a parallel market, but we have to resign ourselves to the fact that we cannot control everything.
In addition, every quarter we distribute oil to our workers, because here palm oil is considered a staple food that is used in the preparation of almost every dish. This distribution represents about 15 tons or 3,000 cans of oil to be distributed each time, which also represents a logistical challenge because it has to be done at each muster place of the workers, of which we have about 15 throughout the plantation. Every quarter we see people walking around the plantation with their oil cans on their heads and as if by chance many of these cans also end up in the Mapangu market, probably because some workers need a little more cash to meet their needs.
In Kinshasa things are usually easier because there are many markets, stalls and supermarkets where it is possible to get almost all the products on a daily basis. Only with the restrictions on movement that have been imposed in the city and the compulsory confinement imposed for two weeks in one part of the city, many people find themselves in precarious situations and, even when they can afford it, cannot always get the food they need for the day. Fortunately, it is not too difficult for us to help the few workers we have in Kinshasa, and as we had preventively established a small stock of palm oil in our store in the capital, all our colleagues at least have access to their fat requirements during this period of relative supply difficulty.
Here at home things haven’t changed too much, except that Marie-Claude regularly prepares small treats for us and to distribute to the other expatriates (shortbread, cake, chocolate truffles) to make up for the lack of social activities and common meals.
Also new, since yesterday we have a small above-ground swimming pool around which we are building a terrace. Apart from the fact that the filter is still not working quite as it should, we now have the possibility to refresh ourselves after the day while enjoying the magnificent view on the terraces of the plantation. It should be noted that this pool was ordered almost a year ago, but with the delays in getting it to the DRC, then to Mapangu, and then the time to assemble the various parts, it was necessary to wait a little bit…
We hope this news finds you well and we look forward to reading you,
Marc & Marie-Claude

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Police

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Une des caractéristiques de notre coin du Congo est qu’il n’y a peu ou pas d’armes, il est rare de voir circuler un chasseur avec autre chose que des chiens, une catapulte et une machette et les policiers qui circulent à Mapangu sont généralement sans armes, sauf mission spéciale ou situation qui nécessite un peu plus de muscle. Je n’y connais rien en armes et j’ai donc demandé à l’un des policiers armés qui était venu sécuriser notre paie quelle était la “marque” de sa sulfateuse et il m’a dit que c’était un AK-47 (ou Kalashnikov), mais il n’a pas voulu me dire s’il avait des munitions ou pas. Selon les dires des personnes “informées” la police est limitée dans la disponibilité de munitions et qu’ils partent du principe que le seul fait de tenir leur pétoire en main est assez dissuasif en soi.
Enfin, toujours est-il que l’avènement de la pandémie du Covid-19 provoque une certaine agitation chez nos autorités locales qui, à défaut de savoir quoi faire d’un point de vue sanitaire, ont décidé de patrouiller toutes les frontières du territoire pour empêcher les entrées de personnes “contaminées” chez nous. La police, l’armée et toutes les autorités allant des responsables de la migration aux responsables sanitaires sont sur le pied de guerre et y vont de leur interprétation des mesures à prendre ou pas, mais généralement leur souci principal est que la plantation (source principale voire unique de leurs revenus) puisse continuer à fonctionner sans encombres.
L’ Administrateur du Territoire, représentant local du Gouverneur, est venu à Mapangu pour y coordonner les activités et mettre en place un dispositif de prévention et de lutte pour protéger la population locale d’une contamination potentielle. Ainsi il a été décidé de faire un contrôle de température de la population, estimée à plus de 125.000 personnes dans le seul secteur de Mapangu, afin de mettre en observation toute personne ayant de la température et pour cela les autorités disposent de UN thermomètre à infrarouge. Nous avons eu une réunion avec les autorités pour recevoir des instructions concernant les mesures que nous devons prendre (en plus du fait que nous avons déjà installé une centaine de stations de lavage de mains au travers de la plantation, interdisons les rassemblements, etc.), mais ils n’ont aucune idée. Les personnes qui doivent être mises en observation doivent rester isolées à leur domicile, mais comment faire cela alors qu’il y a, en moyenne, une dizaine de personnes dans chaque case n’a pas été pensé. Les personnes chargées du suivi sont du reste démunies d’équipements car dans le territoire il n’y a que deux tenues, vingt masques et l’unique thermomètre de disponible. Pour remédier à tout cela, la solution la plus simple et la plus visible a été de mettre des patrouilles de police et de l’armée en place, qui circulent dans Mapangu pour identifier les personnes suspectées d’infiltration clandestine…
Aujourd’hui les autorités nous ont demandé de les aider avec notre pirogue motorisée pour aller patrouiller et sensibiliser les villages le long de la rivière Loange, un tributaire du Kasaï qui délimite la frontière entre la province du Kasaï et la province du Kwilu, d’où “l’invasion” pourrait venir. Avant le week-end l’Administrateur du Territoire (“AT”) avait déjà fait mettre en quarantaine une barge arrivée de Kinshasa avec des “cas suspects” à bord, il nous a expliqué avoir refusé que la barge accoste chez nous et reste de l’autre côté du Kasaï qui est une autre province (le Maï-Ndombe dans ce cas-ci)… peu importe si tous les jours il y a des centaines de personnes qui traversent le Kasaï en pirogue pour aller s’occuper de leurs champs situés sur l’autre rive, car ceux-là sont “légitimes”… Les autorités nous ont expliqué que cette mission sur la Loange était de la plus haute importance et qu’il avait donc été décidé que l’AT et le Chef de Secteur devaient faire celle-ci en personne au péril de leur vie, car, disent-ils, ils sont envoyés au “front” sans équipement de protection adéquat, mais heureusement avec une solide garde policière.
Depuis quelques jours je constate une circulation inhabituelle sur la rivière, à savoir une petite embarcation avec un moteur hors-bord qui fait des aller-retours sur la rivière pour, me dit-on, patrouiller. L’embarcation, que je n’avais jamais vue auparavant, est toute petite et ne peut transporter que deux personnes, le pilote et un policier, mais je suppose que c’est suffisant pour dissuader les personnes malintentionnées, même si j’ai du mal à comprendre comment cette seule coquille de noix peut avoir un effet significatif sur une longueur de rivière d’environ 75km.
De notre côté nous essayons de nous organiser pour le cas où… Ainsi nous avons remis en ordre notre pavillon d’isolement, dont la capacité est limitée mais qui rassure les autorités car c’est la seule structure du genre dans le territoire mis à part un camp de tentes que l’on est en train de mettre en place à Ilebo, pour rappel, trois heures de pirogue depuis chez nous (avec des bâches fournies par Brabanta). Nous avons également commandé un stock supplémentaire de fournitures médicales, y compris des thermomètres infrarouge, pour éventuellement mettre en place un système de dépistage au travail, encore que la prévalence de fièvres liées à la malaria, infections et autres causes, risque de déclencher pas mal d’inquiétudes et nous voulons quand même éviter de créer un sentiment de panique ou des agressions sur les “porteurs possibles”.
Ce matin, un avion cargo aurait dû faire une escale de ravitaillement chez nous pour aller prendre des marchandises à Bukavu, mais les autorités ont décidé que l’équipage serait obligé de se soumettre à une quarantaine de 2 semaines au retour du voyage, l’opérateur a, dès lors, décidé que dans ces conditions il n’était pas justifié de faire le vol. C’est dommage, car nous aurions pu profiter de cet avion pour nous faire approvisionner avec des fournitures médicales et quelques pièces urgentes… ce sera pour une autre fois.
Parlant d’avions, un de nos collègues d’une plantation au Cameroun est actuellement bloqué à Kinshasa, où il était venu rendre visite à sa belle-famille. Comme c’était supposé être un séjour court, ils avaient laissé leurs enfants en bas-âge à la garde de la nounou à Douala, mais les quelques jours se sont transformés en semaines et il s’inquiètent évidemment de savoir si la nounou prend les précautions nécessaires pour protéger les enfants. Nous avons demandé une dérogation pour l’organisation d’un vol de rapatriement, qui a été accordé par la présidence mais bloqué par les autorités de migration (dont le patron est de “l’ancien” camp), mais on garde l’espoir car il est compréhensible de vouloir empêcher des personnes extérieures d’accéder au pays, mais pourquoi empêcher les personnes de partir.
A partir de lundi la commune de la Gombe à Kinshasa, où se trouvent nos bureaux, sera soumise à un confinement obligatoire car c’est de là que sont venu les cas de coronavirus. Toutefois pour ne pas paralyser les activités des entreprises, une dérogation est donnée aux personnes dont le travail est essentiel et ne peut se faire qu’au bureau. Cette dérogation est matérialisée par un macaron qu’il faut acheter à l’hôtel de ville et comme cette information a été diffusée en dernière minute samedi, l’hôtel de ville s’est retrouvé assailli par une foule venue se presser pour obtenir le laisser-passer, rien de tel pour qu’avant le confinement il soit donné une dernière opportunité au virus pour se répandre le plus possible, y compris et surtout avec des personnes qui habitent en-dehors de la Gombe… J’ai suggéré à mes collègues de travailler depuis la maison et de ne pas se mêler à la foule pour rien car en plus de tout cela les autorités n’auraient pas eu le temps de préparer un nombre suffisant de macarons, d’où la cohue.
Nous sommes conscients que chez vous il y a probablement pas mal de couacs aussi, mieux vaut prendre son mal en patience car nous ne savons pas pour combien de temps tout cela va continuer. En attendant nous nous habituons à voir un peu plus de policiers qui rôdent autour de nos installations à la recherche des “infiltrés”.
A très bientôt vous lire, gardez le moral
Marc & Marie-Claude

Village
Revenant de l’appel – Coming back from muster
Quai sec en opération – Loading bay in operation
Tout du jardin, même les fraises – All from the garden, even the strawberries

One of the characteristics of our corner of the Congo is that there are few or no weapons, it is rare to see a hunter circulating with anything other than dogs, a catapult and a machete and the police officers circulating in Mapangu are generally unarmed, except for special missions or situations that require a little more muscle. I know nothing about weapons, so I asked one of the armed policemen who came to secure our pay what the “brand” of his machine was, and he told me it was an AK-47 (or Kalashnikov), but he wouldn’t tell me if he had ammunition or not. According to the “informed” persons, the police are limited in the availability of ammunition and they assume that just holding a gun in their hands is a deterrent enough in itself.
So now, the advent of the Covid-19 pandemic is causing a certain amount of unrest among our local authorities who, not knowing what to do from a health point of view, have decided to patrol all the borders of the territory to prevent the entry of “contaminated” people into our county. The police, the army and all the authorities from migration officials to health officials are on the warpath, and they are all at loggerheads as to what to do or not to do, but generally their main concern is that the plantation (the main or even sole source of their income) can continue to operate without hindrance.
The Territorial Administrator, the local representative of the Governor, came to Mapangu to coordinate activities and set up a prevention and control mechanism to protect the local population from potential contamination. Thus it was decided to monitor the temperature of the population, estimated at more than 125,000 people in the Mapangu sector alone, in order to put any person with a temperature under observation, and for this purpose the authorities have ONE infrared thermometer at their disposal. We had a meeting with the authorities to receive instructions about the measures we have to take (in addition to the fact that we have already installed about 100 hand washing stations throughout the plantation, banning gatherings, etc.), but they have no idea. The people who are to be put under observation must remain isolated in their homes, but how to do this when there are, on average, about ten people in each hut has not been thought of. The people in charge of monitoring are also without any equipment because in the territory there are only two protection suits, twenty masks and the only thermometer available. To remedy all this, the simplest and most visible solution has been to put police and army patrols in place, which circulate in Mapangu to identify persons suspected of clandestine infiltration .
Today the authorities have asked us to help them with our motorized dugout canoe to go out and patrol and sensitize the villages along the Loange River, a tributary of the Kasai River that marks the border between Kasai and Kwilu provinces, where the “invasion” could come from. Before the weekend the Territorial Administrator (“AT”) had already quarantined a barge arriving from Kinshasa with “suspicious cases” on board, he explained that he had refused to allow the barge to dock on our side and stay on the other side of the Kasai which is another province (the Maï-Ndombe in this case) to keep the potential virus out… no matter if every day there are hundreds of people crossing the Kasai by dugout canoe to tend their fields located on the other bank, because those are “legitimate” ones. The authorities explained to us that this mission to the Loange was of the utmost importance and that it had therefore been decided that the AT and the Head of Sector had to carry out this mission in person at the risk of their lives, because, they said, they were sent to the “frontline” without adequate protective equipment, but fortunately with a strong police guard.
For the past few days I have noticed unusual traffic on the river, namely a small boat with an outboard motor that goes back and forth on the river to, I am told, patrol the river for clandestine immigrants coming from Kinshasa. The boat, which I had never seen before, is very small and can only carry two people, the pilot and a police officer, but I suppose that is enough to deter the malicious persons, although I have difficulty understanding how this one nutshell alone can have a significant effect on a river length of about 75 km.
On our side we are trying to organise ourselves in case… Thus we have put in order our isolation pavilion, whose capacity is limited but which reassures the authorities because it is the only structure of its kind in the territory apart from a tent camp that we are setting up in Ilebo (with tarpaulins provided by Brabanta), for memory Ilebo is three hours by dugout canoe from our home. We have also ordered an additional stock of medical supplies, including infrared thermometers, to possibly set up a workplace screening system, although the prevalence of fevers linked to malaria, infections and other causes may cause a lot of concern and we still want to avoid creating a sense of panic or aggression on the “possible carriers”.
This morning, a cargo plane should have made a refuelling stop at our premises to pick up goods in Bukavu, but the authorities decided that the crew would have to undergo a 2-week quarantine on their return from the trip, so the operator decided that under these conditions it was not justified to make the flight. It’s a pity, because we could have taken advantage of this plane to get medical supplies and some urgent parts… it will be for another time.
Speaking of planes, one of our colleagues from a plantation in Cameroon is currently stuck in Kinshasa, where he had come to visit his in-laws. As it was supposed to be a short stay, they had left their young children in the care of the nanny in Douala, but the few days turned into weeks and he is obviously worried about whether the nanny is taking the necessary precautions to protect the children. We asked for an exemption for the organisation of a repatriation flight, which was granted by the Presidency but blocked by the migration authorities (whose boss is from the “old” camp), but there is still hope, because it is understandable to want to prevent outsiders from entering the country, but why prevent people from leaving.
From this Monday the commune of La Gombe in Kinshasa, where our offices are located, will be subject to compulsory confinement because that is where the coronavirus cases came from (about 3 weeks ago…). However, in order not to paralyse the activities of companies, an exemption is given to people whose work is essential and can only be done in the office. This exemption is materialized by a badge that must be bought at the city hall and as this information was released at the last minute on Saturday, the city hall was assaulted by a crowd that came rushing to get the pass, nothing better than to give the virus one last opportunity before the containment to spread as much as possible, including and especially with people who live outside the Gombe… I suggested to my colleagues to work from home and not to mingle with the crowd for nothing because on top of all this the authorities appear not have had time to prepare a sufficient number of badges, hence the mob.
We are aware that there are probably a lot of blunders in your areas too, so the situation here is just spiced in a local manner rather than exceptional. However we better to be patient because we do not know for how long all this will continue. In the meantime we are getting used to seeing a little more police officers lurking around our facilities looking for the “infiltrators”.
Read you soon, keep your morale up.
Marc & Marie-Claude