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Heureux – Happy

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Dire que les dernières semaines voir les derniers mois ont été faciles et pleins de satisfaction serait une légère exagération, mais malgré les aléas de notre vie de brousse congolaise il y a quand même des moments de pur bonheur. Un de ces moments nous est arrivé cette semaine grâce à quelques plumes et une petite pelote trouvée sur la terrasse de la Cathédrale. En fait je raconte les choses dans le désordre, mais c’est pour essayer de donner un peu de suspens à notre histoire, car à notre grande joie et surprise Marie-Claude a vu à deux reprises notre Hedwige (la chouette que Marie-Claude avait sauvée il y a quelques semaines) s’envoler d’un perchoir qu’elle s’est choisie sur une des poutres de la toiture de notre terrasse.
Quelle joie de voir les efforts faits pour la survie de cette petite bête couronnés de succès!!! Pour en arriver là, il a fallu: d’abord la récupérer en état de choc et à moitié déshydratée sur le bord de la route à Kinshasa, convaincre un vétérinaire de remplir un formulaire lui permettant de prendre le petit coucou qui fait la liaison Kinshasa-Mapangu (et suivre une initiation rapide au maniement d’un rapace…) pour ensuite la ramener en “mission humanitaire” à la maison. Là, nous l’avons sortie de son carton pour constater qu’elle était déjà capable de voler (“tic”) et avons commencé (Marie-Claude surtout) à lui administrer à l’aide d’une seringue des rasades d’huile, d’eau et avec une longue pince, des viandes diverses pour lui rendre des forces. Ce, plusieurs fois par jour, il fallait l’attraper d’abord et cela devenait de plus en plus sportif ;). Tout cela pour enfin la laisser s’envoler dans la nuit en espérant qu’elle arriverait seule à trouver nourriture et eau nécessaire à sa survie et surtout qu’elle ne se fasse pas à nouveau attraper ou zigouiller.
Non seulement nous avons maintenant la confirmation qu’elle va bien et qu’elle trouve de quoi se nourrir, mais comble de bonheur elle a choisi de revenir s’installer à la Cathédrale. Dans le coin où Marie-Claude l’a repérée les deux premières fois il y a une petite ouverture qui donne accès au grenier, fermée avec un morceau de grillage pour empêcher les chauves-souris de s’y installer trop facilement. Les chauves-souris sont elles aussi des créatures que nous aimons bien, mais leurs déjections ont tendance à devenir très nauséabondes lorsqu’elles s’accumulent dans le grenier, sans mentionner leur chahut car elles sont fort vocales! En fait, il y avait un grillage, car il semblerait que Hedwige ait trouvé le moyen de le faire descendre et avoir dès lors accès à un endroit où elle ne sera pas dérangée par nos petites visites inquisitives. C’est peut-être pure coïncidence, mais depuis que notre chouette est revenue s’installer dans le grenier de la Cathédrale nous entendons beaucoup moins de passages de souris ou de rats… sans doute psychologique, mais c’est une idée qui nous plaît beaucoup.
Mis à part notre volatile “humanitaire”, les autres créatures de la maison vont bien. Makala sort juste ce qu’il faut pour signaler à tous et toutes que c’est elle la réelle garde de la maison, enfin dans la mesure ou Griezeltchoum ne lui fait pas courber l’échine avec un petit coup de patte sur la truffe. Et puis nous avons Prosper, un combattant bleu qui hante le pot dans lequel nous gardons une jacinthe d’eau et où il a la charge de dévorer les larves de moustiques qui auraient la mauvaise idée de vouloir s’y développer.
Nous avons à nouveau un Théo à la Cathédrale, non il ne s’agit pas d’un perroquet, même si nous aurions aimé revoir ou entendre notre Théo pour savoir si il (ou elle) va bien, mais qui doit probablement profiter de sa liberté dans la forêt avec ses congénères. Le nouveau Théo est en fait mon chauffeur qui est venu habiter à la Cathédrale (dans une petite maison derrière chez nous) et qui m’accompagne tous les jours dans tous mes déplacements en conduisant parfois, chose qu’il fait très bien. Les raisons d’avoir un chauffeur sont multiples, d’abord pour des raisons de sécurité car depuis un certain temps il y a des rumeurs de grogne contre le DG et mes collègues (congolais) ont estimé que outre le fait qu’un DG devait nécessairement avoir un chauffeur comme ses prédécesseurs, il était surtout préférable que je ne sois pas seul dans ma voiture pour qu’on ne puisse pas m’accuser à tort d’avoir heurté ou autrement dérangé quelqu’un sur la la route. “Présentement”, donc, je circule comme un Pacha avec Théo qui est un des rares chauffeurs d’ici ayant voyagé dans plusieurs pays voisins du Congo et qui a donc pas mal de choses à raconter. Ensuite, comme pour le moment j’ai la jambe qui tire un petit peu, cela m’arrange de pouvoir me faire conduire de temps en temps. De plus pour le moment je me déplace avec un canne, donc vous imaginez l’image du DG qui arrive dans son carrosse pour en descendre avec son bâton de Maréchal… Bon bon ne nous emportons pas, même si certains travailleurs me disent que maintenant je ressemble à un vrai DG, et avant j’étais quoi alors ?
Malgré toutes ces bonnes choses nous ne manquons pas d’avoir notre quotidien de tracasseries, mais le gros de la troupe est passé et les choses sont infiniment plus relaxantes qu’elles ne l’étaient il y a quelques semaines. Il y a aussi des changements importants dans l’organisation de notre équipe, je ne parle pas des dix délégués syndicaux qui sont en procédure de licenciement (qui s’ajoute quand même à la réputation que l’on me donne de virer tout le monde…) mais de notre nouveau directeur financier, un monsieur bruxellois avec une solide expérience africaine qui va certainement changer beaucoup de choses (pour un mieux j’espère) à en juger par les actions entreprises après moins de 24 heures en plantation. C’est lui qui s’occupera de faire mon intérim pendant nos prochains congés et j’ai l’impression que les choses devraient tourner rond sans trop me tracasser, mais bon il faut peut-être se donner un peu plus que 24 heures avant d’émettre un tel avis.
Voila pour les “petites” nouvelles de cette semaine, en espérant comme toujours recevoir vos petites nouvelles à vous.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

To say that the last few weeks or months have been easy and full of satisfaction would be a slight exaggeration, but despite the vagaries of our life in the Congolese bush there are still moments of pure happiness. One of these moments happened to us this week thanks to a few feathers and a small ball found on the terrace of the Cathedral. In fact I tell things in a disorderly way, but it’s to try to give a little suspense to our story, because to our great joy and surprise Marie-Claude saw our Hedwig (the owl) fly away twice from a perch she chose on one of the beams of the roof of our terrace.
What a joy to see that the efforts made for the survival of this little beast crowned with success! To get there, it was necessary: first to recover her in a state of shock and half dehydrated on the side of the road in Kinshasa, convince a veterinarian to fill out a form allowing her to take the small plane that ensures the Kinshasa-Mapangu connection (and follow a quick introduction on how to handle such a bird of prey…) and then take her home on a “humanitarian mission”. Here, we took her (we have assumed it is a she) out of her cardboard box to see that she was already able to fly (“tic”) and began (especially Marie-Claude) to administer to her with a syringe, portions of oil, water and with long pliers, various meats to give her strength. This, several times a day, requiring first to catch her (by ten sshe was roaming the house freely) and it was getting more and more sporty. All this to finally let her fly away in the night hoping that she would be able to find the food and water she needs to survive on her own and above all that she would not be caught or killed again.
Not only do we now have confirmation that she is doing well and finding food, but she has chosen to return to the Cathedral. In the area where Marie-Claude spotted her the first two times, there is a small opening that gives access to the attic, closed with a piece of wire mesh to prevent bats from settling in too easily. Bats are also creatures we like, but their droppings tend to become very smelly when they accumulate in the attic, not to mention their heckling because they are very vocal! In fact, there was a wire mesh, because it seems that Hedwige has found a way to get it out of the way and then have access to a place where she won’t be disturbed by our little inquisitive visits. It may be a pure coincidence, but since our owl has settled in the attic of the Cathedral we hear far fewer mouse or rat passages… probably psychological, but it’s an idea we really like.
Apart from our “humanitarian” bird, the other creatures in the house are fine. Makala just goes out just enough to signal to everyone that she is the real guard of the house, at last insofar as Griezeltchoum (the new name of our cat after some video exchanges with our grand-daughter Lynn) does not make her retreat with the threat of a paw on her nose. And then we have Prosper, a blue fighter fish who haunts the pot on the terrace in which we keep a water hyacinth and where he is in charge of devouring the mosquitoe larvaes that would have the bad idea to want to grow there.
We have a Theo again at the Cathedral, no it is not a parrot, although we would have liked to see or hear our Theo again to see if he (or she) is doing well, but it is probably enjoying his freedom in the forest with his fellow creatures. The new Theo is actually my driver who came to live at the Cathedral (in a small house behind us) and who accompanies me every day in all my travels and sometimes even drives himself, which he does very well. The reasons for having a driver are multiple, first for security reasons because for some time now there have been rumours of grumbling against the GM and my (Congolese) colleagues have insisted that in addition to the fact that a GM must necessarily have a driver like his predecessors, it was preferable that I would not be alone in my car so as to avoid being wrongly accused of having hit or otherwise disturbed someone on the road. “Currently”, therefore, I am being driven around like a Pasha with Theo who is one of the few drivers here who has travelled to several neighbouring countries of Congo and who therefore has a lot more to tell than the average person from Mapangu. Then, as for the moment my leg is pulling a little bit, it suits me to be able to be driven from time to time. Moreover at the moment I have chosen to go around with a walking stick, so you can imagine the image of the GM who arrives in his carriage and steps out with his chief’s staff…. Well, let’s not get carried away, even if some workers tell me that now I look like a real GM, and I just wonder what I was supposed to be before that?
Despite all these good things we do not fail to have our daily worries, but the bulk of the difficulties seem to have passed and things are infinitely more relaxing than they were a few weeks ago. There are also important changes in the organisation of our team, I am not talking about the ten trade union delegates who are in the process of dismissal (which is still in addition to the reputation I am given to fire everyone…) but about our new CFO, a colleague who just arrived from Brussels with a solid African experience and who will certainly change many things (for the better I hope) judging by the actions undertaken after less than 24 hours in the plantation. He will be in charge of replacing me during our next holidays and I have the impression that things should go smoothly without having to worry too much, but maybe we need to give ourselves a little more than 24 hours before issuing such an opinion.
So much for this week’s “brief” news, hoping as always to receive your own news.
Hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Sous-Traitants – Sub-Contractors

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Pour le moment nous sommes un peu sur les genoux, alors que pourtant la pointe de production est derrière le dos et qu’en plantation et à l’usine théoriquement les choses sont plus calmes. Plus de récoltes à suivre jusque tard dans la nuit, de transports qui s’embourbent à 1 heure du matin qu’il faut aller dépanner ou encore d’huilerie qui tourne 24h sur 24. Et pourtant,… C’est maintenant qu’ont choisi certains de nos travailleurs pour rendre les choses difficiles.
Depuis quelques années j’essaye de petit à petit externaliser des opérations qui ne cadrent pas vraiment avec notre métier et qui nous permettent ainsi d’avoir un meilleur suivi des services sans devoir former, contrôler et encadrer notre propre personnel. C’est toutefois plus facile à dire qu’à faire car dans notre coin reculé il n’y a quasi aucune autre société ou service et il faut donc convaincre des entrepreneurs extérieurs de venir s’installer à Mapangu.
Nous avons commencé par l’entretien et la réparation des climatiseurs car notre équipe d’électriciens, même s’ils sont plein de bonne volonté, ne connaissent pas ou peu de choses concernant le réel fonctionnement d’un climatiseur et il était donc logique de faire appel à un spécialiste. Dans un premier temps nous avons travaillé avec un frigoriste indépendant venu de Kinshasa, très gentil mais pas très efficace et surtout assez onéreux. Entre temps nous avons trouvé un autre entrepreneur qui semble bien connaître son affaire et qui prend tout en charge (main d’œuvre, pièces, etc.) pour un montant forfaitaire. Ce choix est d’autant plus intéressant que sur les huit climatiseurs qui avaient été déclassés par notre équipe interne, six ont pu être remis en activité par notre nouveau fournisseur.
Outre les climatiseurs, nous avons externalisé la plomberie, l’entretien et la réparation des maisons, certains travaux d’entretien en plantation et le transport des régimes en période de pointe. Récemment nous avons également décidé d’externaliser le gardiennage des installations de la plantation dans le but de professionnaliser la sécurité et aussi d’éliminer des conflits d’intérêts évidents qui existent lorsque la sécurité des biens et des personnes de la société est assurée par soi-même. L’externalisation des autres services avait été à l’origine de quelques petites frictions avec les autochtones de Mapangu qui ne comprenaient pas pourquoi eux n’avaient pas gagné ces marchés, mais l’introduction d’un service de gardiennage externe (utilisant pourtant des employés locaux) a provoqué une vague de résistance nettement plus importante, probablement parce que cela met en péril les trafics et autres combines qui avaient été mis en place depuis des années permettant de soustraire des quantités (non négligeables) de carburant et d’autres biens de la société de manière illicite. Cette résistance, pilotée par des personnes influentes extérieures à la société, a été jusqu’à provoquer des confrontations assez agressives (avec jets de pierre, menaces, etc.) qui n’ont pu être calmé que par la promesse de l’intervention de l’inspection du travail. Le dit inspecteur est venu en mission officielle de Kinshasa et nous a aidé à finaliser une arrangement avec les gardiens rebelles, mais un arrangement nettement moins lucratif que ce qui leur avait été promis par la délégation syndicale et leurs éminences grises. Nous avons entamé une procédure de licenciement à l’encontre des délégués syndicaux pour diverses fautes lourdes qui ont été validées par l’inspection du travail, issue qui ne leur était pas venue à l’esprit donc, dans une dernière tentative d’intimidation, ils ont notifié une préavis de grève générale pour le mois de décembre. Le timing n’est pas très bien choisi car d’une part il y a tellement peu de production qu’un arrêt de travail serait quasi sans effet sur les activités de la plantation et, d’autre part, parce que les travailleurs (qui ne semblent pas trop émus du sort réservé aux syndicalistes, qualifiés par beaucoup de brigands) ne veulent pas perdre leur salaire et le colis de fin d’année généralement octroyé au moment des fêtes.
Il n’empêche que tout cela nous tient occupés de manière assez intense et qu’il est heureux que les activités de la plantation tournent à bas régime et ne souffrent donc pas trop de tout ce remue-ménage.
A côté des ces divertissements “humains”, la nature elle aussi estime qu’elle a son mot à dire et nous a ainsi bombardé de quelques pluies très abondantes qui ont détruit des sections importantes de nos routes, y compris le chemin d’accès aux bureaux de la direction générale que nous venions à peine de remettre en état. Comme à côté de cela la même nature a décidé que les palmiers pouvaient se mettre en grève et ne quasi rien produire, nous disposons heureusement d’une main d’œuvre assez abondante qui peut aider parfaire le travail des bulldozer, pelles et niveleuses utilisés pour effectuer des réparations des routes.
J’ouvre une parenthèse concernant la main d’œuvre et les travaux agricoles, car avoir une faible production est aussi compliqué à gérer que quand elle est surabondante. En effet un régime mûr qui n’est pas récolté dans les quelques jours, finit par pourrir ou, dans le meilleur des cas, avoir une acidité élevée qui est indésirable dans l’huile produite. Idéalement il faut donc veiller à ce que le travailleur passe au minimum une fois toutes les deux semaines vérifier chaque palmier pour couper les régimes mûrs. Nous avons ainsi des travailleurs qui arrivent à récolter à peine 5-6 régimes sur toute une journée de travail alors qu’ils ont contrôlé plus d’un millier de palmiers. Ne pas récolter ceux-ci n’est pas vraiment une option car une fois pourris les régimes sont beaucoup plus difficiles à couper, demandent énormément de travail pour ramasser tous les fruits qui se sont détachés et qu’il faut jeter en dehors de la plantation pour éviter que ceux-ci ne germent et nécessitent une intervention de nettoyage supplémentaire. Qui plus est, l’huilerie nécessite un volume minimum de régimes et de fruits pour tourner, mais il ne faut pas que ceux-ci traînent trop longtemps sur la zone de déchargement de l’usine où ils se dégradent très rapidement. Ainsi pour le moment nous essayons de concentrer les opérations de récolte sur trois jours de la semaine et le troisième jour toute la production est traitée par l’huilerie.
Mis à part les régimes qui proviennent de notre plantation, nous achetons également des fruits de palme qui nous sont fournis par les villageois autour de la plantation. En effet, autour de notre plantation il y a beaucoup de palmiers sauvages et/ou palmiers qui ont peut-être été plantés jadis par nos prédécesseurs qui continuent de produire des régimes et des fruits riches en huile. Ces fruits sont apportés par les villageois à l’huilerie où nous les achetons cash et assurons ainsi un revenu régulier pour des personnes extérieures à Brabanta. Le facteur limitant des ces fruits ou noix villageoises est principalement le transport car certains de ces palmiers se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres de la plantation sans routes réellement praticables. La plus grande partie des fruits que nous achetons sont acheminés dans des pirogues qui viennent décharger leur production dans notre port. Nous évitons d’aller chercher les fruits nous-même dans les villages car nous devons alors payer des taxes de “commerce transfrontalier de produits vivriers”…
Cela m’amène à ouvrir une dernière parenthèse concernant les “frontières”. L’état congolais a décidé de décentraliser les compétences en matière de taxes frontalières aux provinces. Logiquement cela veut dire que chaque province doit gérer le trafic de biens allant ou venant de pays voisins. Mais voilà, ici nous sommes au Congo et les autorités provinciales ont ainsi décidé que la loi s’applique aux frontières au sens large, donc aussi aux limites entre les provinces. Ainsi tous les produits qui proviennent de notre concession de l’autre côté du Kasaï juste en face de Mapangu sont soumis à des taxes d’importation conformément à la loi sur le “commerce transfrontalier de produits vivriers”. Comme il n’y a pas réellement de poste frontière, les autorités font des “estimations” sur les quantités “importées ou exportées” qui sont parfois très généreuses, nous avons donc préféré nous abstenir de toute transaction qui ne serait pas faite à l’intérieur de notre concession, laissant le plaisir de négocier l’aspect frontalier aux villageois (qui eux ne payent pas et que les autorités n’osent pas poursuivre dans les villages).
Nous espérons que vous allez bien et attendons avec impatience de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

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Hiver ici aussi? – Winter here also?
Pépinière – Nursery

At the moment we are somewhat exhausted, despite the fact that theoretically the peak of production is behind our backs and things are supposed to be calmer in the plantation and mill. No more harvests to follow until late at night, no more transport vehicles that get stuck at 1 a.m. needing repair or even the oil mill running 24 hours a day. And yet,…. this is the time some of our workers have chosen to make things difficult.
For a few years now I have been gradually trying to outsource operations that do not really fit in with our core business and should help us ensure a better follow-up of services without having to train, control and supervise our own staff. However, this is easier said than done because in our remote area there is almost no other company or service and it is therefore necessary to convince outside entrepreneurs to come and settle in Mapangu.
We started with the maintenance and repair of air conditioners because our team of electricians, even if they are willing, know little or nothing about how an air conditioner actually works and it made sense to call in a specialist. At first we worked with an independent operator from Kinshasa, very nice but not very efficient and above all quite expensive. In the meantime we have found another contractor who seems to know his business well and who takes care of everything (labour, parts, etc.) for a fixed amount. This choice is all the more interesting because of the eight air conditioners that had been written off by our internal team, six are now back in operation at no extra cost thanks to our new contractor.
In addition to air conditioners, we have outsourced plumbing, home maintenance and repair, some plantation maintenance work and the transportation of harvest during peak periods. Recently we also decided to outsource the security of the plantation facilities in order to professionalize the service and also to eliminate obvious conflicts of interest that exist when the security of the company’s property and people is ensured by oneself. The outsourcing of other services had caused some minor friction with the Mapangu indigenous people who did not understand why they had not won these contracts, but the introduction of an external security service (using local employees) caused a much greater wave of resistance, probably because it jeopardizes the trafficking and other schemes that had been in place for years involving (significant) quantities of fuel and other goods from the company being taken out illegally. This resistance, led by influential people from outside the company, has gone so far as to provoke rather aggressive confrontations (with stone throwing, threats, etc.) that could only be calmed by the promise to call in inspectors from the Ministry of Labour. The said inspector came on an official mission from Kinshasa and helped us finalize an arrangement with the rebel guards, but one that was much less lucrative than what had been promised to them by the union representatives and their outside counselors. We started a dismissal procedure against the union delegates for various reasons of serious misconduct (validated by the labour authorities), an outcome that had not occurred to them, so in a final attempt at intimidation, they have served us with a notice of a general strike for the month of December. The timing is not very well chosen because, on the one hand, there is so little production that a work stoppage would have almost no effect on the plantation’s activities and, on the other hand, because the workers (who do not seem too moved by the fate reserved for trade unionists, qualified by many bandits) do not want to lose their wages and the year-end package generally granted during the year-end period.
Nevertheless, all this keeps us quite busy and it is fortunate that the plantation’s activities are running at low speed and therefore do not suffer too much from all this commotion.
Alongside these “human” entertainments, nature also feels that it has a say and has bombarded us with some very heavy rains that have destroyed important sections of our roads, including the access road to the offices of the general management that we had just restored. Since the same nature has also decided that palm trees could go on strike and produce almost nothing, we fortunately have a fairly abundant workforce that can help perfect the work of bulldozers, diggers and graders used to carry out road repairs.
I would like to make a parenthesis regarding labour and agricultural work, because having a low production is as complicated to manage as when it is overabundant. Indeed, a ripe fruit bunch that is not harvested within a few days will eventually rot or, in the best of cases, have a high acidity that is undesirable in the oil produced. Ideally, it is therefore necessary to ensure that the worker spends at least once every two weeks checking each palm tree to cut ripe bunches. We have workers who manage to harvest barely 5-6 fruit bunches over a whole working day, even though they have controlled more than a thousand palm trees. Not harvesting these is not really an option because once rotten the bunches are much harder to cut, require a lot of work to collect all the fruit that has come loose and that must be thrown away from the plantation to prevent them from germinating and requiring additional cleaning. Moreover, the oil mill requires a minimum volume of bunches and fruits to run, but they should not be left lying around for too long in the unloading bay of the plant where they degrade very quickly. So at the moment we are trying to concentrate the harvesting operations on three days of the week and on the third day the whole production is processed by the oil mill.
Apart from the fruit bunches that come from our plantation, we also buy palm fruits that are provided by the villagers around the plantation. Indeed, around our plantation there are many wild palm trees and/or palm trees that may have been planted in the past by our predecessors who continue to produce bunches and oil-rich fruits. These fruits are brought by the villagers to the oil mill where we buy them for cash and thus ensure a regular income for people outside Brabanta. The limiting factor of these village fruits or nuts is mainly transport because some of these palm trees are located several tens of kilometres from the plantation without really passable roads. Most of the fruit we buy is transported in dugout canoes that unload their production in our port. We avoid picking the fruit ourselves in the villages because we then have to pay taxes for “cross-border trade in food products”…
This leads me to make a final comment on “borders”. The Congolese state has decided to decentralize border tax management to the provinces. Logically, this means that each province must manage the movement of goods (and people) to and from neighbouring countries. But here we are in Congo and the provincial authorities have decided that the law applies to borders in the broad sense, and therefore also to the boundaries between the provinces. Thus all products that come from our concession on the other side of Kasai just opposite Mapangu are subject to import taxes in accordance with the law on “cross-border trade in food products”. As there is no real border crossing, the authorities make “estimates” on the “imported or exported” quantities, which are sometimes very generous, so we preferred to refrain from any transaction that would not be made within our concession, leaving the pleasure of negotiating the border aspect to the villagers (who do not pay and which the authorities dare not pursue in the villages).
We hope you are well and look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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Peu – Little

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Le palmier à huile est une plante tropicale qui produit des régimes de fruits riches en huile toute l’année, c’est ce qui fait son grand intérêt pour les populations locales car outre la disponibilité permanente d’une source de matière grasse alimentaire (quasi la seule produite dans ces contrées) elle permet aussi aux planteurs d’avoir des revenus toute l’année, ce qui n’est pas le cas pour des cultures saisonnières comme le café, cacao, maïs, etc.
La seule autre culture commune de la région qui est récoltée toute l’année est le manioc, qui avec l’huile de palme constitue la base alimentaire d’une grande partie de la population. En effet le manioc produit des grosses racines riches en amidon qui peuvent être récoltées à tout moment, la seule contrainte étant que plus elles sont vieilles plus elles deviennent fibreuses, mais sinon toujours comestibles. Le manioc est consommé sous forme de fufu (foufou) qui est une pâte plus ou moins ferme fabriquée avec de la farine de racines séchées et moulues et agrémenté d’une sauce de poisson séché, tomate ou autre selon les goûts et disponibilités. Une fois cuit ce n’est pas trop mauvais si ce n’est un peu insipide, mais avant d’être moulue les racines dégagent une odeur franchement peu appétissante. En effet les racines de manioc (excepté les variétés dites “douces”) contiennent du cyanure qu’il faut éliminer par rouissage. Le rouissage est réalisé en faisant tremper les racines pelées dans de l’eau (souvent un marigot dont la qualité de l’eau est douteuse) pendant un ou deux jours et ce processus dégage une odeur de vomi qui a tendance à rester sur les racines séchées après avoir été débarrassées de leurs toxines, d’où notre enthousiasme limité à en avoir dans la cuisine. Pour être tout à fait honnêtes, à la maison ce n’est même pas que nous mangeons peu de manioc, nous n’en mangeons pas!
Mais revenons au palmier à huile, qui théoriquement lui aussi produit toute l’année. Je dis théoriquement car Mapangu se trouve en zone limitrophe pour la production optimale du palmier et en plus nous sommes sur des sols sableux qui sont relativement plus pauvres que les sols généralement trouvés dans les zones équatoriales. Le résultat est que la production est beaucoup plus saisonnière et au lieu d’avoir des régimes à récolter de manière régulière toute l’année nous avons une période de pointe de production (de juin à septembre) et puis cela retombe comme un soufflé et nous passons de 600 tonnes par jour (en pointe) à 350 tonnes par semaine ou moins de régimes. Cette variabilité a toutes sortes de conséquences sur l’organisation de la plantation car quand il y a peu de production, comme maintenant, les coupeurs vont parcourir des grandes surfaces de plantation pour parfois récolter moins de 5 régimes ce qui n’est évidemment pas économique, mais si nous espaçons les cycles de récolte de trop le peu de régimes récoltés seront en partie pourris et ne pourront pas être usinés. Pour l’huilerie c’est aussi un problème car il n’est pas économique de démarrer l’usine (il faut 2-3 heures pour faire monter les chaudières en pression et mettre toute la machine en route) s’il n’y a pas un minimum de 250-300 tonnes de régimes à traiter, mais il ne faut pas non plus laisser traîner trop longtemps les régimes coupés car leur qualité se détériore très rapidement et l’huile produite risque à son tour d’être trop acide.
L’année passée, compte tenu de la faible production de cette période de l’année, nous avions fait l’essai d’arrêter toutes les opérations pendant 4 semaines en se disant que le peu de production perdue serait largement compensée par les économies de carburant (générateurs de l’huilerie, camions et tracteurs pour l’évacuation des régimes et transport du personnel) et de main d’œuvre, mais ce n’est en fait pas le cas car non seulement les économies de carburant réalisées n’étaient pas aussi intéressantes qu’anticipé, mais en plus le travail qui a été nécessaire pour nettoyer la plantation de tous les fruits pourris a annulé le peu d’économie que nous avions réalisé. Alors cette année nous avons décidé de mordre sur notre chique et de continuer à récolter et usiner notre production, même si les palmiers nous donnent peu de régimes à récolter. Nous avons quand même décidé de concentrer la récolte sur trois jours par semaine avec un passage chaque deux semaines, au lieu de tous les jours avec un cycle d’une semaine en temps normal, et l’huilerie ne fonctionne qu’un jour par semaine absorbant ainsi des régimes qui n’ont pas été récoltés plus de deux jours plus tôt. Espérons que cette approche nous permettra d’optimiser le peu de production que nous avons en cette période de creux.
Paradoxalement, maintenant que nous n’avons que peu d’huile produite et donc des besoins d’évacuation réduits, le retour des pluies depuis le mois de septembre fait que le Kasaï est à nouveau pleinement navigable et que les barges peuvent prendre des pleines charges… Mais ne rêvons pas trop: le trafic de barges sur le Kasaï reste limité par le déchargement compliqué au port d’Ilebo à cause du trafic restreint de trains et donc la disponibilité de wagons. Contrairement à l’Europe où le retard de quelques minutes d’un train fait tout un plat, ici les retards se comptent plutôt en jours voir semaines.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Forage – Borehole

Rucher – Beehives
Mini-Jacaranda

Oil palm is a tropical plant that produces oil-rich fruit bunches all year round, which is of great interest to local populations because in addition to the permanent availability of a source of dietary fat (almost the only one produced in these regions) it also allows farmers to have an income all year round, which is not the case for seasonal crops such as coffee, cocoa, corn, etc.
The only other common crop in the region that is harvested all year round is cassava, which, together with palm oil, forms the food base for a large part of the population. Indeed, cassava produces large starchy roots that can be harvested at any time, the only constraint being that the older they are, the more fibrous they become, but otherwise always edible. Cassava is consumed in the form of fufu (foufou), which is a more or less firm paste made from dried and ground root meal and topped with a dried fish sauce, tomato or other according to taste and availability. Once cooked it is not too bad if not a little tasteless, but before being ground the roots give off a frankly unpleasant smell. Indeed, cassava roots (except for the so-called “sweet” varieties) contain cyanide, which must be removed by retting. Retting is done by soaking the peeled roots in water (often a marigot of questionable water quality) for one or two days and this process gives off a smell of vomit that tends to stay on the dried roots after being rid of their toxins, hence our limited enthusiasm to have them in the kitchen. To be completely honest, at home it’s not even that we don’t eat much cassava, we don’t eat it!
But let us return to the oil palm tree, which theoretically also produces all year round. I say theoretically because Mapangu is in a borderline area for the optimal production of palm trees and in addition we are on sandy soils that are relatively poorer than the soils generally found in equatorial areas. The result is that production is much more seasonal and instead of having fruit bunches to harvest regularly all year round we have a peak period of production (from June to September) and then it drops very much like a soufflé and we go from 600 tonnes per day (peak) to 350 tonnes per week or less of fruit bunches. This variability has all kinds of consequences on the organization of the plantation because when there is little production, as there is now, cutters will go through large areas of plantation to sometimes harvest less than 5 fruit bunches which is obviously not economic, but if we space the harvest cycles too much the few harvested fruit bunches will partly rot and cannot be milled. For the oil mill it is also a problem because it is not economical to start the plant (it takes 2-3 hours to pressurize the boilers and start the whole machine) if there is not a minimum of 250-300 tons of fruit bunches to process, but neither should these be left too long before they are milled, because their quality deteriorates very quickly and the oil produced may in turn be too acidic.
Last year, given the low production at this time of year, we tried to stop all operations for 4 weeks, thinking that the little production lost would be largely offset by fuel (oil mill generators, trucks and tractors for produce evacuation and personnel transport) and labour savings, but this is not in fact the case because not only were the fuel savings achieved not as interesting as expected, but also the work that was required afterwards to clean the plantation of all the rotten fruits cancelled out what little savings we had made. So this year we decided to hold tight and continue to harvest and mill our production, even if the palm trees give us few fruit bunches to harvest. We did however decide to concentrate the harvest on three days a week with a bi-weekly passage, instead of every day with a normal one-week cycle, and the oil mill only operates one day a week, thus absorbing fruit bunches that were not harvested more than two days earlier. Let’s hope that this approach will allow us to optimize the limited production we have in this period of lows.
Paradoxically, now that we have only small amounts of oil produced and therefore reduced evacuation needs, the return of the rains since September means that the Kasai is once again fully navigable and that the barges can take full loads… But let’s not dream too much: barge traffic on the Kasai remains limited by the complicated unloading at the port of Ilebo due to the rare train traffic and therefore unavailability of wagons. Unlike Europe, where a delay of a few minutes in a train makes a big difference, here delays are more likely to be counted in days or even weeks.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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RSPO

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Les plantations de palmier à huile font l’objet de beaucoup de publicité négative allégeant généralement que ces activités sont à l’origine de déforestations massives, qu’elles privent les populations autochtones de leurs terres ancestrales ou encore que l’huile de palme est malsaine et à bannir d’un régime alimentaire sain. Nous sommes bien placés pour distinguer le vrai du faux de ces allégations, mais certains diront que notre point de vue ne peut pas être objectif et je ne vais donc pas entrer ici dans un débat sur le vrai et le faux, même si en passant je ne pourrai pas m’empêcher de donner quelques éléments factuels pour expliquer notre démarche.
Pour le moment, il est généralement accepté que le meilleur moyen de démontrer que les activités de plantation de palmier à huile ne sont pas plus mauvaises que toute autre production agricole commerciale, c’est d’obtenir une certification qui confirme que les activités sont menées de manière durable en respectant l’environnement, les populations locales et les règles générales d’éthique. Pour le palmier à huile la certification la plus généralement acceptée s’appelle RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), celle-ci a été développé au départ pour les plantations d’Asie du sud-est, mais s’étend actuellement également à l’Afrique où le groupe SOCFIN s’est d’ailleurs engagé à l’obtenir pour toutes ses plantations africaines en plus des engagements déjà pris depuis plusieurs années de ne pas déboiser, de ne pas utiliser de feu pour préparer les zones de plantation et de prendre des mesures pour protéger les zones naturelles dans ses concessions.
Obtenir la certification RSPO n’est pas une mince affaire et est extrêmement onéreuse, entre autres parce que les normes (basées au départ sur la réalité du terrain asiatique) exigent de respecter des règles qui dans certains cas sont quasi impossibles ici. Par exemple tous les déchets comme les filtres à huile usagés, produits périmés et autres déchets considérés comme nuisibles doivent être enlevés et détruits par des sociétés agréées… qui n’existent pas au Congo. Il y a aussi l’exigence de fournir des logements adéquats ce qui veut dire maisons en matériaux durables équipés d’eau et d’électricité, exigence logique avec la base observée en Asie mais utopique dans un pays où la majorité de nos travailleurs viennent de villages voisins dont les maisons sont des paillotes voire exceptionnellement des constructions en briques adobe avec toiture en paille, et où l’idée même d’avoir l’électricité ou l’eau est loin des préoccupations premières des habitants. Pour nous conformer aux normes “asiatiques” il nous faudrait construire plus de 1.000 maisons et je ne parle même pas du budget nécessaire pour l’électrification et la distribution d’eau. En fait les villages des travailleurs dans la concession sont approvisionnés en eau par une citerne centrale remplie par un tanker mobile tous les jours. Nous essayons également de réaliser des forages pour avoir une eau plus adaptée aux besoins domestiques, mais, outre le fait que ces forages coûtent “la peau des fesses”, sur les 6 forages réalisés jusqu’à ce jour il n’y en a qu’un seul qui est opérationnel. Pour mémoire nous sommes dans une zone sableuse où il est nécessaire de forer jusqu’à plus de 200m pour trouver de l’eau… Chez nous à la maison, tout comme dans les camps, il y a un tracteur qui vient avec une citerne nous ravitailler en l’eau tous les jours. Cette eau provenant d’une petite rivière où les villageois font également leur lessive, ablutions et plus… Est filtrée après l’hydrophore et strictement limitée aux douches, nettoyage de la maison et autres activités d’entretien. Pour notre eau de consommation nous avons des porteuses d’eau qui vont remplir des bidons à une petite source située à quelques kilomètres de la maison, eau que nous faisons bouillir et filtrons deux fois avant de la consommer.
Mais revenons à la certification RSPO, certes, nous faisons face à certaines difficultés, mais il y a d’autres aspects qui devraient être moins difficiles à mettre en œuvre, même ici. Ainsi il est par exemple nécessaire d’avoir des descriptions détaillées de toutes les opérations et d’assurer la formation du personnel dans l’application de ces procédures. En théorie c’est assez logique et simple à appliquer, si ce n’est qu’ici les instructions écrites ou même verbales ne sont pas comprises et qu’il est donc nécessaire de faire toutes ces formations par la pratique. Démontrer comment récolter un régime ou trier un déchet n’est pas trop ardu (encore que, pour le deuxième exemple, il est parfois difficile d’avoir tous les types de déchets sous la main pour faire la démonstration), mais quand il s’agit de faire comprendre les principes de base de la RSPO (qui sont supposés être connus de tous les travailleurs) je crois que tous mes cheveux seront blancs ou partis avant que cela n’arrive…
Un autre aspect important de la certification est de s’assurer que tous les travailleurs soient équipés adéquatement pour le travail qu’ils doivent faire, c.-à-d. avoir bottes, casques, gants, lunettes, masques, etc. selon le travail qu’ils font. Distribuer les équipements de protection individuels n’est pas la plus grande difficulté car en général les employés aiment recevoir une panoplie d’équipements, certain étant même portés fièrement le dimanche pour aller au culte, mais l’utilisation de ces équipements au travail est une autre paire de manches car ils se plaignent alors qu’ils ont trop chaud, que les équipements de protection les empêchent de bien faire leur travail, etc.
Une autre exigence de RSPO est de régulièrement faire contrôler tous les équipements pour s’assurer qu’ils soient conformes aux normes nationales. Au Congo la norme nationale est généralement assez simple et quasi universelle, il suffit de payer le montant repris dans la grille officielle (plus les “frais” de mission) et ne pas demander plus car les préposés au contrôle 1) n’ont généralement pas connaissance des normes qu’ils sont supposés appliquer, 2) ne disposent d’aucun matériel ou équipement de mesure et 3) souvent ne connaissent même pas le matériel à contrôler ou son fonctionnement. Ainsi nous payons religieusement le contrôle technique de tous nos véhicules, le certificat de navigabilité de notre pirogue et baleinière ou contrôle de sécurité de nos installations industrielles, mais mis à part quelques petits coups de marteau donnés à l’une de nos citernes pour voir si la tôle était solide… depuis que nous sommes ici je n’ai jamais vu un seul contrôle actuellement fait, excepté pour nos extincteurs et nous savons maintenant ce que cela vaut (voir nos nouvelles précédentes: “Saturation”).
Je ne vais pas vous gâcher le plaisir en passant en revue toutes les exigences de la RSPO, mais sachez que la liste est encore longue et que c’est donc un processus qui prend beaucoup de temps, d’énergie et de ressources. Cela est d’autant plus vrai que seules deux organisations sont habilitées à “auditer” les plantations africaines pour leur certification RSPO et que chaque visite est donc facturée à un prix défiant toute concurrence…
Pour le moment nous sommes les seuls occupants de la “Cathédrale” car nos voisins sont soit en vacance soit partis, enfin seuls… c’est sans compter la troupe de gardiens, jardiniers et autres cuisiniers qui hantent les lieux, en fait nous avons compté il y a 16 personnes qui travaillent dans le “compound” de la Cathédrale, donc nous ne sommes pas “vraiment” seuls.
Ah, une dernière petite nouvelle, Edwige notre chouette a repris sa liberté. Elle devenait de plus en plus résistante à nos manipulations, démontrant qu’elle avait repris des forces et les moyens de se défendre et plutôt que de risquer de la blesser en l’attrapant pour lui donner sa dose d’huile, de viande et d’eau nous avons estimé qu’elle serait plus à l’aise de faire cela de ses propres moyens dans la nature. A la faveur d’une nuit bien claire nous l’avons mise sur la terrasse d’où elle a pris son envol pour disparaître dans la nuit et découvrir son nouveau territoire.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Prosper (en bleu – in blue)
Essais de semis de Jacaranda – Jacarada sowing trials
Griezel observant des perdrix – Griezel watching partridges
Bouquet du jardin – Flowers from the garden

Oil palm plantations are the subject of much negative publicity, generally claiming that these activities cause massive deforestation, that they deprive indigenous populations of their ancestral lands or that palm oil is unhealthy and should be banned from a good diet. We are well placed to distinguish between the true and the false from these allegations, but some will say that our point of view cannot be objective and I will therefore not enter into a debate here on what is true and what is not, even if in passing I will not be able to avoid giving some factual elements to explain our approach.
For the time being, it is generally accepted that the best way to demonstrate that oil palm plantation activities are not worse than any other commercial agricultural production is to obtain certification that confirms that the activities are carried out in a sustainable manner that respects the environment, local populations and general ethical rules. For oil palm, the most generally accepted certification is called RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), which was initially developed for plantations in South-East Asia, but is now also being extended to Africa, where the SOCFIN group has undertaken to obtain it for all its African plantations. This is in addition to the commitments already made for several years not to clear forests, not to use fire to prepare planting areas and to take measures to protect natural areas in its concessions.
Obtaining RSPO certification is not an easy task and is extremely expensive, partly because the standards (based initially on the reality on the Asian context) require compliance with rules that in some cases are almost impossible here. For example, all waste such as used oil filters, expired chemical products and other waste considered harmful must be removed and destroyed by authorized companies… that do not exist in Congo. There is also the need to provide adequate housing, which means houses made of sustainable materials equipped with water and electricity, a logical requirement when looking at the average housing standard in some places, but utopian in a country where the majority of our workers come from neighbouring villages whose houses are straw huts or even exceptionally adobe brick constructions with straw roofs, and where the very idea of having electricity or water is far from the first concerns of the inhabitants. To comply with “Asian” standards we would have to build more than 1,000 houses and I am not even talking about the budget needed for electrification and water distribution. In fact, the workers’ villages in the concession are supplied with water by a central cistern filled by a mobile tanker every day. We are also trying to drill boreholes to provide water better adapted to domestic needs, but, in addition to the fact that these boreholes cost a fortune, of the 6 boreholes drilled to date only one is operational. For the record, we are in a sandy area where it is necessary to drill up to 200m to find water… At home, just like in the camps, there is a tractor that comes with a tank to supply us with water every day. This water comes from a small river where the villagers also do their laundry, ablutions and more… It is filtered at the pump and strictly limited to showers, house cleaning and other maintenance activities. For our drinking water we have water carriers who fill cans at a small spring a few kilometers from the house, which we boil and filter twice before consuming.
But let’s get back to RSPO certification, of course, we face some difficulties, but there are other aspects that should be less difficult to implement, even here. Thus, for example, it is necessary to have detailed descriptions of all operations and to ensure the training of staff in the application of these procedures. In theory it is quite logical and simple to apply, except that here written or even verbal instructions are not understood and that it is therefore necessary to do all these trainings by practice. Demonstrating how to collect a fruit bunch or sort waste is not too difficult (although, for the second example, it is sometimes difficult to have all types of waste on hand to demonstrate), but when it comes to understanding the basic principles of RSPO (which are supposed to be known by all workers) I think all my hair will be white or gone before that happens…
Another important aspect of the certification is to ensure that all workers are adequately equipped for the work they are required to do, i.e. have boots, helmets, gloves, glasses, masks, etc. depending on the work they do. Distributing personal protective equipment is not the greatest difficulty because employees generally like to receive a wide range of equipment, some of which are even worn proudly on Sundays to go to church, but the use of this equipment at work is another matter because they complain when they are too hot, that protective equipment prevents them from doing their job properly, etc.
Another requirement of RSPO is to regularly have all equipment inspected to ensure that it complies with national standards. In Congo, the national standard is generally quite simple and almost universal, it is sufficient to pay the amount shown in the official grid (plus the “costs” of the mission) and not to ask for more because the inspection staff (1) are generally not aware of the standards they are supposed to apply, (2) do not have any measuring equipment or tools and (3) often do not even know the equipment to be inspected or its operation. Thus we pay religiously for the roadworthiness test of all our vehicles, the certificate of compliance of our dugout canoe and barge, or safety test of our industrial installations, for this latter one, apart from a few small hammer blows given to one of our tanks to see if the metal sheet is sound… since we’ve been here I’ve never seen a single check actually done, except for our fire extinguishers and we now know what that is worth (see our previous news: “Saturation”).
I’m not going to spoil the fun by reviewing all the requirements of the RSPO, but the list is still long, so it’s a process that takes a lot of time, energy and resources. This is all the more true since only two organizations are authorized to “audit” African plantations for their RSPO certification and each visit is therefore invoiced at a price that defies all competition…
At the moment we are the only occupants of the “Cathedral” compound because our neighbours are either on holiday or gone. Alone is maybe not the complete truth… as we are still surrounded by the troop of guards, gardeners and other cooks who haunt the place, in fact we counted there are 16 people working in the “compound” of the Cathedral, so we are not “really” alone.
Ah, one last little piece of news, Edwige our owl has regained her freedom. She was becoming more and more resistant to our manipulations, showing that she had regained strength and the means to defend herself and rather than risk injuring her when catching her to give her her dose of oil, meat and water we felt she would be more comfortable doing this on her own in nature. On a clear night we put her on the terrace from where she took off and disappeared into the night to discover her new territory.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude