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La langue officielle du Congo est le Français, mais aussi un nombre d’autres langues comme le Lingala ou le Swahili sont parlées plus que le français dans des grandes parties du pays. Ici à Mapangu beaucoup de personnes parlent plutôt le Kikongo ou le Kilele et ne comprennent pas nécessairement (bien) le Français ni même le Lingala. De plus, même les personnes qui semblent bien maîtriser le Français ne le comprennent pas nécessairement pour autant et cela nous amène parfois à des situations de confusion ou d’incompréhension tant dans la vie privée que pour le travail. Ce qui arrive aussi de manière assez fréquente est l’usage d’un mot dont la signification peut être diamétralement différente selon les cultures ou qui est utilisé parce qu’il semble bien sonner dans le contexte de la conversation.
Ainsi un mot qui revient fréquemment dans la conversation est “déjà” qui pour nous signifie qu’un acte ou une chose est déjà accomplie comme “je suis déjà arrivé” ou “le carburant est déjà épuisé” ou encore moins plaisant mais fréquent “patron, c’est déjà cassé”. Ici toutefois ce mot “déjà” est utilisé beaucoup plus largement pour indiquer une notion temporelle proche tant dans le passé que dans l’avenir. Ainsi quand nous recevons l’information que “le véhicule est déjà en route”, ce qui pour nous sous-entend que le dit véhicule a effectivement pris son départ, peut vouloir dire que le départ est imminent, le chauffeur est “déjà” présent (ou attendu à tout moment) et sauf imprévu tel que panne, manque de carburant ou autre contre-temps de dernière minute devrait effectivement se mettre en route dans les moments qui suivent. Cette interprétation différente de la nôtre n’est pas limitée aux personnes dont l’éducation est limitée car je me suis entendu dire par un collègue qu’il était déjà en possession de mon passeport avec le nouveau visa, alors qu’en vérité le passeport était encore avec les autorités et que contrairement aux attentes de recevoir dans la même journée il a fallu attendre encore plus d’une semaine pour que le passeport soit effectivement dans les mains de mon collègue.
Une autre expression que nous entendons presque tous les jours est “la prise d’air” qui est l’explication pour tout arrêt brusque d’un moteur que celui-ci soit effectivement le résultat d’une prise d’air au niveau de l’alimentation en carburant, une panne sèche ou un colmatage du filtre à carburant.
Certaines expressions ou utilisations de mots sont plutôt drôles, ainsi notre domestique est venu un jour nous demander de l’aide car il y avait un problème avec la toilette dans une des maisons voisines, en effet lorsqu’il appuyait sur le bouton de chasse celle-ci refusait “d’éjaculer”. A une autre occasion, après avoir reçu un bélier du chef coutumier, le chef du personnel m’a demandé si j’avais l’intention “d’immoler” celui-ci (il parlait du bélier pas du chef coutumier). Une autre expression assez courante est de “faire les pieds” qui veut dire que l’on se déplace à pied plutôt qu’à bord d’un véhicule, moto ou même vélo.
Une autre observation intéressante, qui ne relève toutefois pas de langage proprement dit, concerne les conditions d’écolage ou de présence au travail. L’on peut comprendre qu’en cas d’abondante pluie, orage ou autre événement climatique extrême les travailleurs ou élèves ne se présentent pas à l’heure car ils ne disposent pas toujours d’imperméables ou autre moyen de protection contre la pluie. Mais ici le retard, l’absence ou le non fonctionnement d’une école est fréquemment justifié par le fait que “la pluie menace”, même si pour finir il ne tombe pas une goutte de pluie. Il faut dire que les orages ici peuvent être assez violent et les plus gros dégâts sont souvent le résultat de coups de vents violents plutôt que de précipitations abondantes. Il y a aussi le danger des coups de foudre car, contrairement à ce qui nous a toujours été expliqué, celle-ci ne frappe pas nécessairement les points culminants. Nous avons ainsi eu des dégâts de foudre à des endroits ou les bâtiments et/ou arbres voisins beaucoup plus hauts n’ont pas été touchés. Quelque part c’est une constatation heureuse pour nous car la Cathédrale se trouve au sommet d’une colline et offre une cible parfaite pour les éclairs et pourtant nous avons jusqu’à présent échappé aux gros dégâts alors que le générateur qui se trouve dans une petite cahute entourée d’arbres a déjà été touché. Par précaution les responsables des générateurs ont d’ailleurs pour mission d’arrêter ceux-ci et de débrancher les câbles en cas d’orage proche.
Un dernier terme sur lequel nous interrogeons souvent est celui de “baleinière”, nom que l’on donne aux embarcations en bois fabriquées en planches plutôt que troncs évidés comme les pirogues. Il est évident que dans la rivière Kasaï il n’y a pas et il n’y a jamais eu de baleines, donc on est en droit de se demander d’où vient cette expression dans une contrée fort éloignée des océans ou autres lieux ou sévissent les cétacés.
Sur cette interrogation nous vous laissons en espérant bien entendu avoir de vos nouvelles, y compris des suggestion sur l’origine de la baleinière.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

The official language of Congo is French, but also a number of other languages such as Lingala or Swahili are spoken more than French in large parts of the country. Here in Mapangu many people speak more Kikongo or Kilele and do not necessarily (well) understand French or even Lingala. Moreover, even people who seem to have a good command of French do not necessarily understand it and this sometimes leads us to situations of confusion or misunderstanding both in private life and at work. What also happens quite frequently is the use of a word whose meaning may be diametrically different according to cultures or which is used because it seems to sound good in the context of the conversation.
So a word that comes up frequently in the conversation is “already” which for us means that an act or thing is already done such as “I have already arrived” or “the fuel is already exhausted” or even less pleasant but frequent “boss, it’s already broken”. Here, however, this word “already” is used much more widely to indicate a close temporal notion both in the past and in the future. So when we receive information that “the vehicle is already on the road”, which for us implies that the said vehicle has actually started, may mean that the departure is imminent, the driver is “already” present (or expected at any time) and unless unforeseen events should occur such as breakdown, lack of fuel or other last minute inconvenience, said vehicle should actually start its journey in the following moments. This interpretation, which is different from ours, is not limited to people whose education is limited because I was told by a colleague that he was already in possession of my passport with the new visa, whereas in reality the passport was still with the authorities and that, contrary to expectations of receiving it on the same day, it took more than a week for the passport to be actually in the hands of my colleague.
Another term we hear almost every day is “air intake”, which is the explanation for any sudden stop of an engine whether it is actually the result of an air intake in the fuel supply, a dry run or a clogged fuel filter.
Some expressions or words uses are rather funny, so one day our house keeper came to us for help because there was a problem with the toilet in one of the neighbouring houses, in fact when he pressed the flushing button it refused to “ejaculate”. On another occasion, after receiving a ram from the customary chief, our head of human resources asked me if I intended to “immolate” it (he was talking about the ram not the customary chief). Another fairly common expression is “doing the feet”, which means walking rather than riding a vehicle, motorcycle or even bicycle.
Another interesting observation, which is not strictly speaking a matter of language, concerns the conditions of schooling or presence at work. It is understandable that in the event of heavy rain, storms or other extreme weather events, workers or students do not show up on time because they do not always have raincoats or other means of protection against rain. But here the delay, absence or non-operation of a school is often justified by the fact that “rain threatens”, even if in the end not a drop of rain falls. It must be said that thunderstorms here can be quite violent and the greatest damage is often the result of strong gales rather than heavy rainfall. There is also the danger of lightning strikes because, contrary to what has always been explained to us, it does not necessarily strike the highest points. We have had lightning damage in places where neighbouring buildings and/or trees much higher up have not been affected. Somehow this is a happy observation for us because the Cathedral is on top of a hill and offers a perfect target for lightning and yet we have so far escaped any major damage while the generator in a small hut surrounded by trees has already been hit. As a precaution, the generator managers are responsible for stopping the generators and disconnecting the cables in the event of a nearby storm.
A final term we often question is “whaleboat”, the name given to wooden boats made of planks rather than hollow trunks like the traditional dugout canoes. It is obvious that in the Kasai River there are no whales and there have never been any, so one may wonder where this expression comes from in a country far from the oceans or other places where cetaceans are found.
On this question we leave you hoping of course to hear from you, including suggestions on the origin of the whaleboat terminology.
Until soon,
Marc & Marie-Claude

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Saturation

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A force de ne pas entretenir ou réparer les choses finissent par ne plus fonctionner aussi bien qu’avant ou même ne plus fonctionner du tout. Sur ce dernier point, les congolais ont une énorme qualité, ils arrivent à faire fonctionner, certes parfois seulement à moitié et souvent mal, ce que nous considérerions comme irrémédiablement mort. Il suffit pour cela de regarder certains véhicules qui circulent à Kinshasa que l’on imaginerait plutôt à la casse et même là il n’y aurait peu ou pas de candidats pour y récupérer des pièces. Il en va un peu de même pour certains de nos véhicules qui continuent de fonctionner tant bien que mal avec, pour certains, plus de temps passé au garage que sur la route. L’état de nos véhicules est le résultat de l’âge, certains ont été achetés d’occasion il y a 10 ans, les routes ou plutôt le manque de routes sur lesquelles les véhicules doivent fonctionner, et les chauffeurs qui, souvent, n’avaient jamais vu de véhicule et donc encore moins conduit quoi que ce soit comme engin avant l’arrivée de Brabanta. Les hommes (et femmes) que nous recrutons pour conduire nos tracteurs et camions sont formés par les meilleurs chauffeurs que nous avons (pas toujours des spécialistes eux-mêmes) et une fois capables de se débrouiller nous leur achetons un permis de conduire et le tour est joué…
Vous imaginerez que les résultats n’affichent pas toujours “sans-fautes” et dans certains cas nous devons nous résoudre à la défaite et rechercher de nouveaux candidats chauffeurs, mais en période de pointe (dont nous venons de sortir) le nombre de véhicules dépasse souvent le nombre de chauffeurs disponibles, ce qui nous oblige de faire travailler ceux-ci pendant de longues heures, parfois jusqu’à saturation. En effet il est possible de travailler, exceptionnellement, des journées de 14 voire même 16 heures. Ce n’est bon ni pour les travailleurs (même s’ils sont heureux d’être payés des heures supplémentaires) ni pour les véhicules qui subissent les conséquences d’un chauffeur fatigué.
Et puis il y a les impondérables, ainsi cette semaine un de nos camions a pris feu dans la cabine, probablement un court-circuit ou quelque chose du genre, c’était le soir et le chauffeur était seul et il a essayé d’éteindre le feu en jetant du sable sur le feu, mais avec les plastiques, mousses et autres matières inflammables de la cabine le feu a rapidement pris le dessus. Heureusement nous sommes équipés de gros extincteurs à poudre un peu partout dans la plantation, extincteurs dûment contrôlés tous les ans par un organisme agréé… sauf qu’ils ne marchent pas, sur quatre extincteurs essayés un seul a fini par marcher après que le feu ait détruit entièrement la cabine du camion. Le fournisseur nous a dit qu’il viendrait rapidement faire une enquête…
Il n’y pas que les chauffeurs qui saturent, en effet l’huilerie arrive elle-aussi à ses limites, en particulier en ce qui concerne notre capacité de stockage d’huile. Mais pour cela il faut dépeindre le contexte dans lequel nous travaillons. Notre huile est vendue principalement à Kinshasa à des industriels qui l’utilisent pour faire de l’huile de table, des sauces, mayonnaises, margarines, savons et détergents. L’huile est transportée en vrac dans des barges qui viennent la chercher dans notre port situé juste en-dessous de l’huilerie. Le principe serait que les barges montent depuis Kinshasa avec des marchandises jusqu’à Ilebo, où elles devraient être déchargées dans des wagons à destination de l’est du pays. Seulement voilà, le rail est dans un état de délabrement tel qu’il devient difficile d’y faire circuler des trains, en fait il est dit qu’un train sur deux déraille au moins en partie et comme il n’y a qu’une seule voie le trafic se trouve interrompu jusqu’à plusieurs semaines d’affilée. Les barges qui arrivent à Ilebo sont dans l’incapacité d’être délivrées de leurs marchandises, ce parfois, pendant plusieurs mois et tant que celles-ci n’ont libérées elles ne peuvent évidemment pas venir prendre notre huile. Le problème va plus loin car, compte tenu des temps d’attente interminables au déchargement, une grande partie des transporteurs ne viennent plus avec leurs barges sur le Kasaï. Donc non content de devoir attendre des mois pour que les barges soient déchargées, leur nombre est tellement réduit que nous sommes obligés de, soit doubler notre capacité de stockage, soit, ce que nous faisons pour le moment, faire monter des barges à vide pour éviter l’arrêt de nos activités. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes au Congo et faire monter une barge à vide ne veut pas dire qu’elle arrivera (une des barges que nous avions contracté s’est échoué en route vers Mapangu) ou arrivera dans les temps annoncés (une autre barge que nous avons contracté a maintenant plus de 6 semaines de retard sur le programme prévu). Nous nous sommes donc retrouvés dans une situation où notre capacité de stockage atteinte, enfin presque car nous avons décidé de stocker de l’huile dans une citerne normalement réservée pour de l’huile non-alimentaire et nous avons rempli des bidons en plastique de 5 litres que nous avions encore en stock, 40.000 bidons quand même. Cela nous a permis d’avoir les quelques jours de plus nécessaires pour éviter un arrêt complet des opérations avant que la prochaine possibilité d’évacuation ne se présente.
Comme vous pouvez en juger, nous ne manquons pas de diversité de soucis et de sources de stress, mais grâce à cela nous ne voyons pas le temps passer et, en fait, nous manquons de temps pour faire un tas de choses comme monter la piscine que nous avons acheté et qui est en pièce détachées dans notre remise depuis un mois. Je vais essayer de m’y atteler cet après-midi…

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

By not maintaining or repairing things, they end up not working as well as before or even not at all. On this last point, the Congolese have an enormous quality, they manage to make it work, to be honest sometimes only halfway and often badly, but for items which we would consider irremediably dead. All you have to do is look at some of the vehicles that circulate in Kinshasa, which in Europe you would rather imagine being scrapped or shredded and even then there would be few or no candidates to pick up parts. The same is true for some of our own vehicles, which continue to operate as best they can, with some spending more time in the garage than on the road. The condition of our vehicles is the result of age, some were bought second-hand 10 years ago, the roads, or rather the lack of them, on which the vehicles must operate, and drivers who, often, had never seen a vehicle and therefore even less driven anything mechanical before the arrival of Brabanta. The men (and women) we recruit to drive our tractors and trucks are trained by the best drivers we have (not always specialists themselves) and once they are able to handle it, we buy them a driving licence and that’s it…
You will imagine that the results are not always “flawless” and in some cases we have to give in to defeat and look for new candidate drivers, but in peak periods (which we have just had) the number of vehicles often exceeds the number of drivers available, which forces us to make them work for long hours, sometimes until they become saturated. Indeed, it is possible to work, exceptionally, days of 14 or even 16 hours. This is not good for workers (even if they are happy to be paid overtime) or for vehicles that suffer the consequences of a tired driver.
And then there are the imponderables, so this week one of our trucks caught fire in the cabin, probably a short circuit or something like that, it was evening and the driver was alone and he tried to put out the fire by throwing sand on the fire, but with the plastics, foams and other flammable materials in the cabin the fire quickly took over. Fortunately we are equipped with large powder extinguishers all over the plantation, extinguishers duly controlled every year by an approved body… except that they do not work, out of four extinguishers tested only one ended up working after the fire completely destroyed the truck’s cabin. The supplier told us that he would come quickly to investigate….
It is not only the drivers who saturate, the same goes for the oil mill, which is reaching its limits, particularly with regard to its oil storage capacity. But for that to happen, we have to describe the context in which we work. Our oil is mainly sold in Kinshasa to industrialists who use it to make edible oil, sauces, mayonnaises, margarines, soaps and detergents. The oil is transported in bulk in barges that pick it up at our port just below the oil mill. The principle would be that the barges would travel from Kinshasa with goods to Ilebo, where they would have to be unloaded into wagons bound for the east of the country. However, the rail is in such a state of disrepair that it is becoming difficult to operate trains on it, in fact it is said that at least one in two trains derails at least in part and since there is only one track, traffic is interrupted for several weeks in a row. The barges that arrive in Ilebo are unable to be off-load their goods, sometimes for several months and as long as they have not been released they obviously cannot come and take our oil. The problem goes further because, given the endless waiting times at unloading, a large proportion of carriers no longer come with their barges up the Kasai river. So not only do we have to wait months for the barges to be unloaded, their number is also so small that we are forced to either plan to double our storage capacity or, as we are doing at the moment, to contract empty barges from Kinshasa to prevent our activities from stopping. But we must not forget that we are in Congo and contracting an empty barge does not mean that it will arrive (one of the barges we contracted ran aground on the way to Mapangu) or will arrive on time (another barge we contracted is now more than 6 weeks late). So we found ourselves in a situation where our storage capacity was reached, to the point that we decided to store oil in a tank normally reserved for non-food oil and we also filled 5-litre plastic cans that we still had in stock (as illustrated in our post of last week), 40,000 cans that is… This allowed us to have the extra few days needed to avoid a complete shutdown of operations before the next evacuation opportunity presented itself.
As you can see, we don’t lack a diversity of concerns and sources of stress, but because of that we don’t see time passing and, in fact, we don’t have time to do a lot of things like setting up the pool we bought and which has been in parts in our shed for a month. I’m going to try to start working on it this afternoon….

We look forward hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Merci – Thank You

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Il est difficile d’imaginer un lieu où tout est parfait ou même presque parfait, ce serait probablement un endroit ou l’on doit s’ennuyer. Ce qui est certain c’est qu’à beaucoup de points de vue le Congo est sans conteste à l’autre bout du spectre, ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose pour tout, même si les aspects positifs sont parfois plus difficiles à discerner. Par exemple le fait de ne pas avoir de super marché ou même de petite épicerie dans le coin est certes une complication pour l’ approvisionnement en fruits et légumes, mais lorsque, comme nous, ces produits proviennent majoritairement de notre propre jardin ils sont plus frais, garantis sans produits chimiques et tellement meilleurs que les mêmes produits provenant de contrées distantes et inconnues. Soyons honnêtes, si nous avions un petit épicier pas trop loin de la maison nous ferions probablement moins d’efforts pour faire pousser toutes sortes de légumes et de fruits, en particulier ceux dont les résultats sont parfois frustrants. Certains des légumes que nous récoltons maintenant dans le jardin sont le résultat de plusieurs essais et surtout de longues explication répétées encore et encore à notre jardinier qui semble à chaque fois avoir compris et puis fait exactement le contraire.
L’exemple le plus marquant fut notre souhait de mettre des tuteurs aux plants de tomates et, plus compliqué, de les égourmander. J’ai expliqué longuement au jardinier que je souhaitais qu’il trouve des tuteurs de 2m de hauteur pour mettre au pied de chaque plante afin de pouvoir les attacher. Par sécurité, j’ai demandé au jardinier de me répéter l’instruction afin d’être certain que la procédure soit bien comprise et il m’a répété exactement ce que j’avais demandé de faire, donc tout était clair. Vous imaginerez donc la surprise lorsqu’à la prochaine visite au potager on découvre au pied de chaque plant de tomate un tuteur de 20cm de hauteur… Le jardinier m’a expliqué que, comme demandé, il avait coupé un stick de 2m et avait ensuite coupé celui-ci en dix morceaux pour les dix plants de tomate… Quand je lui ai expliqué encore une fois que l’idée était d’attacher le plant de tomate en hauteur et qu’il fallait donc un stick de 2m pour chaque plant il m’a dit “merci”. Après plusieurs itérations du même genre, nous avons fini par installer un tuteur de démonstration, attaché le plant de tomate et montré comment enlever les gourmands. Nous n’y sommes pas encore tout à fait et il faut répéter l’opération chaque fois que des nouveaux plants de tomate sont mis en terre (avec chaque fois un “merci” pour l’explication), mais dans l’ensemble nous n’avons plus de plants de tomate qui traînent au sol et dans la vaste majorité des cas les gourmands sont enlevés régulièrement. Résultat, nous avons des tomates tout à fait honorables de manière régulière, donc merci au jardinier.
Hors du jardin c’est un peu la même chose, par exemple les chauffeurs de tracteurs ont l’interdiction de prendre des passager sur les ailes de leur tracteur et ils n’ont pas non plus le droit de prendre des non-travailleurs dans leur remorque, en particulier les enfants qui ne demandent évidemment pas mieux. Lorsque nous surprenons un tracteur avec une ou plusieurs personnes sur leur tracteur, la réponse est généralement du style “ce ne sont pas des passager, ce sont des travailleurs…” ou quand il y a des enfants dans la remorque la réponse est souvent dans la veine de “je ne les avais pas vu, ce sont des diables…”. Après avoir expliqué longuement pourquoi ils ne pouvaient prendre personne sur le tracteur et pas d’enfants dans la remorque à cause des risques d’accident, de non-intervention de l’assurance, etc. la réponse est presque toujours “merci!”.
Un exemple récent de “non-compréhension” a eu lieu lorsque notre pirogue est partie chercher un passager à Ilebo ce vendredi. Peu après le départ le piroguier a appelé le chef de garage pour lui signaler que le moteur hors-bord était tombé en panne et qu’il n’arrivait pas à le redémarrer. Le chef de garage a demandé au piroguier s’il avait bien pris le moteur de réserve comme instruit, ce que le piroguier à confirmé. Pas de problèmes donc, il suffit de changer de moteur et de continuer le voyage, sauf que le moteur de réserve est en panne “depuis”… “Pourquoi avez-vous pris le moteur de réserve en panne?” – “Parce que vous nous avez dit de prendre le moteur de réserve, chef!”… La pirogue est rentrée à la pagaie (heureusement avec le courant) et une voiture a été envoyée braver la route (ou ce qu’il en reste) pour accueillir notre voyageur à Ilebo. Quand nous avons expliqué le fond de notre pensée au piroguier, il nous a répondu “merci!”.
Une des choses qui ne tourne pas tout à fait rond chez nous c’est l’évacuation des huiles par barge. Les problèmes sont multiples et nous les avons déjà relatés dans de précédentes lettres, mais nous avons atteint un nouveau sommet car toutes nos cuves sont pleines et il n’y a donc plus de choix sinon d’arrêter l’usine… Pour encore gagner une journée ou deux de production nous avons décidé de remplir des bidons d’huile, mais ce sont des bidons de 5 litres et nous devons libérer au moins 100 tonnes d’huile par journée de production, soit 22.000 bidons à raison de 3.000 bidons par conteneur donc plus de 7 conteneurs et tout cela à la main. Heureusement ici les gens n’ont pas peur de travailler la nuit s’il le faut (ils sont mieux payés) et nous avons donc mis la barre très haut en visant le remplissage de plus de 20.000 bidons par jour… “Merci!”.
En espérant bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

It is difficult to imagine a place where everything is perfect or even almost perfect, it would probably be a place where one must be bored. What is certain is that in many ways Congo is undoubtedly at the other end of the spectrum, which may not be a bad thing for everything, even if the positive aspects are sometimes more difficult to discern. For example, not having a super market or even a small grocery store in the area is certainly a complication for the supply of fruit and vegetables, but when, like us, these products come mainly from our own garden they are fresher, guaranteed without chemicals and so much better than the same products from distant and unknown countries. Let’s be honest, if we had a small grocery store not too far from home we would probably make fewer efforts to grow all kinds of vegetables and fruits, especially those whose results are sometimes frustrating. Some of the vegetables we now harvest in the garden are the result of several trials and especially long explanations repeated over and over again to our gardener who gave the impression of having understood and then done exactly the opposite.
The most striking example was our desire to put stakes on tomato plants and, more complicated, to remove the suckers. I explained at length to the gardener that I wanted him to find 2m stick to put at the foot of each plant so that he could then attach them. For safety’s sake, I asked the gardener to repeat the instruction to make sure that the procedure was well understood and he repeated exactly what I had asked him to do, so everything was clear. You will therefore imagine my surprise when, at the next visit to the vegetable garden, a 20cm stick is discovered at the foot of each tomato plant… The gardener explained to me that, as requested, he had cut a 2m stick and then cut it into ten pieces for the ten tomato plants… When I explained to him again that the idea was to attach the tomato plant to keep it upright and that he needed a 2m stick for each plant, he said “thank you”. After several iterations of the same kind, we finally installed a demonstration stake, tied the tomato plant and showed how to remove the suckers. We are not quite there yet and it is necessary to repeat the operation each time new tomato plants are planted (with each time a “thank you” for our explanation), but on the whole we no longer have tomato plants lying around on the ground and in the vast majority of cases the suckers are removed regularly. As a result, we have quite honourable tomatoes on a regular basis, so thank you to the gardener.
Outside the garden it is a little bit the same thing, for example tractor drivers are forbidden to take passengers on the wings of their tractor and they are also not allowed to take non-workers in their trailer, especially children who obviously love to join for a ride. When we surprise a tractor with one or more people on their tractor, the answer is usually like “they are not passengers, they are workers…” or when there are children in the trailer the answer is often in the vein of “I didn’t see them, they are little devils…”. After explaining at length why they cannot take anyone on the tractor and no children in the trailer because of the risk of accidents, non-intervention by the insurance company, etc. the answer is almost always “thank you!
A recent example of “misunderstanding” occurred when our pirogue went to Ilebo this Friday to pick up a passenger. Shortly after departure, the boatman called the garage manager to inform him that the outboard engine had failed and that he could not restart it. The garage manager asked the boatman if he had taken the spare engine as instructed, which the boatman confirmed. No problem then, just change the engine and continue the trip, except that the spare engine is down “actually has been broken since”…. “Why did you take the spare engine while knowing it was out of order?” – “Because you told us to take the spare engine, sir!”…. The pirogue paddled back (fortunately with the current) and a car was sent to brave the road (or what was left of it) to welcome our traveller in Ilebo. When we explained the substance of our thinking to the piroguer, he replied “thank you!”.
One of the things that is not quite right with us is the evacuation of oils by barge. The problems are many and we have already reported them in previous letters, but we have reached a new peak because all our tanks are full and there is no choice but to stop the mill…. To save another day or two of production we have decided to fill oil cans, but they are 5-litre cans and we must release at least 100 tonnes of oil per day of production, or 22,000 cans at a rate of 3,000 cans per container, so more than 7 containers and all this by hand. Fortunately here people are not afraid to work at night if necessary (they are better paid) and so we have set the bar very high by aiming to fill more than 20,000 cans a day…. “Thank you!”..
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Sorcellerie – Sorcery

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Nous avons tous le souvenir d’histoires avec des sorcières et/ou sorciers aux grands chapeaux et nez crochus qui préparent des potions magiques dans de grands chaudrons avec de la bave de crapaud, des racines de mandragore et d’autres ingrédients extraordinaires. Dans notre histoire nombre de ces sorciers terminent sur des bûchers car ils sont considérés comme maléfiques et que seul le feu peut venir à bout de telles créatures.
Ici dans le Kasaï (comme dans beaucoup d’autres contrées africaines) la sorcellerie est encore une réalité de tous les jours, les gens (même éduqués) croient fermement dans les pouvoirs magiques de certaines personnes, que certains œufs (premier œuf, tout petit, d’une poule) sont pondus par des coqs et ont donc un pouvoir magique et que l’usage des grigris peuvent avoir un effet dramatique sur la vie des hommes, animaux et plantes qui nous entourent. Les sorciers et/ou sorcières d’ici prennent toutes les formes allant du petit enfant qui sait à peine marcher jusqu’aux animaux comme les hiboux ou les caméléons et sont présumés avoir un pouvoir de vie et de mort sur ceux et celles qui les entourent. Tout comme dans les pays occidentaux au temps de nos ancêtres, il n’est pas bon d’être soupçonné de sorcellerie ici car généralement ces personnes n’ont d’autre choix que de fuir ou d’espérer la protection des autorités pour ne pas périr massacrés à coups de pierres, bâtons et/ou machettes.
Nous entendons malheureusement régulièrement des nouvelles de personnes qui ont été retrouvées mortes parce que soupçonnées d’actes magiques malveillants. Il y a quelque temps nous avons trouvé le cadavre d’un jeune homme émacié dans la plantation et après enquête il est apparu que ce garçon avait été tué par des villageois à la demande de la mère de celui-ci car elle le soupçonnait d’être à l’origine maléfique de ses problèmes de santé. Soupçons qui auraient été prouvés par la réaction agressive du garçon lorsque sa mère l’aurait confronté avec ses conclusions. Il va sans dire que la mère et les villageois n’ont pas été réellement inquiétés par la justice car les autorités auraient confirmé le caractère maléfique de la victime.
Un autre exemple est celui d’un couple de personnes âgées qui ont été tués et ensuite brûlés dans leur maison suite au décès suspicieux d’une jeune femme dans une maison voisine. Les proches de la jeune femme ont considéré que la seule explication pour cette mort ne pouvait être que magique et l’indifférence du couple de vieux démontrait leur rôle maléfique dans ce drame. Avant même que la jeune fille ne soit enterrée les deux personnes l’avaient rejointe dans l’au-delà dans des conditions plutôt dramatiques et, ici aussi, ni police ni justice n’ont vraiment trouvé à redire sur les actions de la population locale.
Un troisième exemple plus récent, qui heureusement ne s’est pas terminé de manière aussi dramatique, concerne l’un de nos travailleurs qui nous a appelé à l’aide car il était poursuivi par des villageois pour la mort (par sorcellerie) d’une personne. La personne décédée était partie en forêt pour couper du bois et l’arbre qu’il était en train de couper lui est tombé dessus avec conséquences mortelles. Il est évident que si l’arbre est tombé du mauvais côté c’est forcément parce que quelqu’un a provoqué cela et dans ce cas-ci c’est notre travailleur qui s’est retrouvé accusé. Heureusement ces moments de folies passent assez vite et notre travailleur peut à nouveau se promener au village sans craintes.
Dans un autre registre, ici il est coutumier de faire des sacrifices lors de cérémonies de consécration afin d’assurer le succès ou le bon fonctionnement de l’objet de la consécration. Le type de sacrifice dépend de l’importance de l’objet et sera généralement fait avec un coq ou un bouc. Dernièrement, nous souhaitions réaliser un forage pour alimenter notre hôpital avec de l’eau potable. Pour cela le responsable du forage a demandé au Chef Coutumier de faire une cérémonie traditionnelle afin d’assurer le succès du forage. Le médecin chef de l’hôpital a été invité à participer à la cérémonie mais a refusé car il avait peur (n’étant pas originaire de cette région) que le chef coutumier profite de cette occasion pour lui jeter un mauvais sort. Il m’a d’ailleurs certifié que quelqu’un devait vouloir lui jeter un sort car récemment il avait souffert d’une infection au pied qui ne pouvait s’expliquer que par de la magie…
Lorsque nous avions dû évacuer la plantation à cause des menaces des milices Kamuina Nsapu il y a deux ans, les notables de Mapangu m’avaient contacté à Kinshasa pour me demander de bien vouloir autoriser la sortie de caisse d’un montant assez significatif pour financer une cérémonie traditionnelle afin de protéger Mapangu et les installations de Brabanta. Quand j’ai demandé ce que cela comportait, on m’a affirmé que vu la gravité de la menace ils allaient effectuer un sacrifice humain, mais que l’argent ne servirait que pour la bière et les autres dépenses. Quand j’ai refusé, on m’a expliqué que cela n’avait rien d’inhabituel car pour la consécration de l’huilerie de Brabanta il y avait aussi eu un sacrifice humain et que la preuve de son efficacité était faite puisque l’huilerie produisait de l’huile de bonne qualité…
Il y a probablement beaucoup de choses que nous ne savons pas et que , peut-être, préférons continuer à ne pas savoir, mais pour nos collègues congolais, il n’y a pas de doutes, magie et sorcellerie sont bien réelles et efficaces.

Nous espérons bientôt lire vos expériences occultes.

Marc & Marie-Claude

We all remember stories with witches with big hats and crooked noses preparing magic potions in large cauldrons with toad slime, mandrake roots and other extraordinary ingredients. In our history many of these wizards end up being burned because they are considered evil and only fire can defeat such creatures.
Here in Kasai (as in many other African countries) witchcraft is still a daily reality, people (even educated) firmly believe in the magical powers of some people and that the use of grigris can have a dramatic effect on the lives of the men, animals and plants around us.. For example it is commonly accepted that some eggs (first (very small) egg of a hen) are laid by roosters and therefore have magical power. Wizards and/or witches here take all forms from the little child who barely knows how to walk to animals like owls or chameleons and are presumed to have a power of life and death over those around them. Just as in Western countries in the time of our ancestors, it is not good to be suspected of witchcraft here because generally the suspected people have no choice but to flee or hope for the protection of the authorities in order not to perish massacred with stones, sticks and/or machetes.
Unfortunately, we regularly hear about people who have been found dead because they were suspected of malicious magical acts. Some time ago we found the body of an emaciated young man in the plantation and after investigation it appeared that this boy had been killed by villagers at the request of his mother because she suspected him of being evil cause of her health problems. Suspicions that would have been proven by the boy’s aggressive reaction when his mother confronted him with her belief that he had magical powers. It goes without saying that the mother and the villagers were not really worried by the justice system because the authorities allegedly confirmed the evil nature of the victim.
Another example is that of an elderly couple who were killed and then burned in their homes following the suspicious death of a young woman in a neighbouring house. The young woman’s relatives considered that the only explanation for her death could only be magical and the indifference of the old couple demonstrated their evil role in this tragedy. Even before the girl was buried, the two people had joined her in the afterlife in rather dramatic conditions and, here too, neither the police nor the courts really found fault with the actions of the local population.
A third more recent example, which fortunately did not end so dramatically, concerns one of our workers who called us for help because he was being pursued by villagers for the death (by witchcraft) of a person. The deceased had gone into the forest to cut wood and the tree he was cutting fell on him with deadly consequences. It is obvious that if the tree fell on the wrong side it is necessarily because someone caused this and in this case it was our worker who was accused. Fortunately, these moments of madness pass quickly enough and our worker can walk around the village again without fear.
In another respect, it is customary here to make sacrifices during consecration ceremonies in order to ensure the success or proper functioning of the object of the consecration. The type of sacrifice depends on the importance of the object and will usually be made with a cock or goat. Recently, we wanted to drill a borehole to supply our hospital with drinking water. To this end, the person in charge of drilling asked the Customary Chief to hold a traditional ceremony to ensure the success of the drilling. The hospital’s chief medical officer was invited to attend the ceremony but refused because he was afraid (not being from this region) that the locals would use this opportunity to cast a curse on him. He also assured me that someone must want to cast a spell on him because recently he had suffered from a foot infection that could only be explained by magic…
When we had to evacuate the plantation because of threats from the Kamuina Nsapu militias two years ago, the Mapangu elders contacted me in Kinshasa to ask me for a significant amount of cash to finance a traditional ceremony to protect Mapangu and the Brabanta facilities. When I asked what it meant, I was told that given the seriousness of the threat, they would make a human sacrifice, but that the money would only be used for beer and other expenses. When I refused, it was explained to me that this was not unusual because for the consecration of the Brabanta oil mill there had also been a human sacrifice and that the proof of its effectiveness was made since the oil mill produced good quality oil…
There are probably a lot of things we don’t know and that, perhaps, we prefer not to know anymore, but for our Congolese colleagues, there are no doubts, magic and witchcraft are very real and effective.

We hope to read your occult experiences soon,

Marc & Marie-Claude


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Deforestation

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Quand on parle de d’huile de palme ou de palmiers à huile la question de déforestation est généralement un des sujets qui y est associé avec des images d’orang-outang en détresse et tout et tout. Même ici en Afrique on illustre parfois les messages décriant la déforestation avec celle de ces grands primates attachants alors que, pour ceux qui ne le sauraient pas, l’orang-outang est plutôt rare par ici. Cela ne veut toutefois pas dire que le problème de déforestation n’est pas à l’ordre du jour en Afrique et en particulier dans la province du Kasaï où se trouve implantée notre plantation de Brabanta.
La plantation où nous habitons a été établie par les frères Lever au début des années 1900 et il est plus que probable qu’à l’époque bon nombre d’arbres ou de parties de forêts on fait les frais de la mise en place d’une palmeraie industrielle, même si le palmier à huile est natif de la région. Mais à côté de cela nous sommes aussi à côté d’énormes étendues de “savane” (rien qu’à proximité de la plantation nous estimons qu’il y a plus de 9.000 hectares de zone herbeuse) avec seulement quelques arbustes éparpillés par ci par là, qui selon certains étaient précédemment des forêts qui ont disparu à la suite d’incendies volontaires provoqués par les villageois pour attraper le gibier, mais pas pour y planter quoi que ce soit et certainement pas de palmiers.
Selon les dires des personnes qui connaissent mieux le pays que nous, il y aurait actuellement en RDC pas loin de 100.000 hectares de palmeraies datant du début du siècle dernier qui sont abandonnées où au mieux les palmiers survivants sont utilisées pour la production de petites quantités d’huile artisanale. Avec un tel potentiel de réhabilitation, ce serait un non-sens économique de vouloir remplacer de la forêt avec des plantations compte tenu du coup de défrichement énorme nécessaire.
En revenant de Kinshasa dans notre petit avion, nous survolons à relativement basse altitude une contrée parsemée de petits villages isolés vivant manifestement encore exclusivement d’agriculture extensive pour leur seule consommation (maïs et manioc) avec exceptionnellement des bassins où il y a peut-être un peu de pisciculture ou de riziculture. Toutes ces cultures se font sur brûlis ce qui depuis notre petit avion montre des grandes plages de forêts noircies avec des squelettes d’arbres aux reflets blanchâtres qui jonchent le sol. Au rythme ou cela va, je ne serais pas surpris si le voyageur qui survolera cette contrée dans 4 ou 5 ans ne verra plus ou quasi plus de forêts, les superficies décimées en cette fin de saison sèche sont inquiétantes et sans perspective de changement car les villages concernés sont manifestement isolés et sans alternative.
Il en va de même autour de notre plantation où pas un jour ne passe sans que depuis notre point de vue de la Cathédrale au sommet de la colline nous ne puissions voire des volutes de fumées dans toutes les directions. L’orée de la forêt que nous pouvions voir depuis la Cathédrale lors de notre arrivée il y a un peu plus de 3 ans est maintenant difficile à distinguer sans prendre des jumelles, mais il faut espérer que c’est peut-être notre vue qui baisse et que la forêt est toujours présente…
Nous avons récemment fait faire une étude d’impact environnemental et social de la plantation dans le cadre de notre démarche pour l’obtention d’un certificat de durabilité. Des “experts” environnementaux sont venu sur place pour faire une étude de la faune et de la flore afin de déterminer dans quelle mesure la présence de la plantation pourrait affecter leur développement ou même survie. Nos spécialistes ne sont restés que quelques jours et ont effectué leurs visites selon l’horaire de Kinshasa, c’est à dire sur le terrain dès 9h du matin (s’il ne pleut pas) et de retour à la maison de passage au plus tard à 18h avec une pause de midi de deux heures. Cela leur à toutefois permis d’inventorier toute la faune et la flore présente dans et autour de la plantation et grâce à leur expertise ont pu voir des animaux qu’aucun de nous n’ont pu distinguer depuis toutes les années de présence à Brabanta. Rassurez-vous, ils n’ont pas vu d’orang-outang, mais l’inventaire des animaux observés comporte néanmoins des gorilles, éléphants, jaguars, antilopes et même des autruches. Je ne vais pas énumérer tous les genres d’animaux qui ont été inventoriés, mais sachez que la liste comporte pas moins de 30 mammifères, dont plusieurs espèces rares. Nos “experts” ne veulent pas perdre la face et reconnaître que certaines observations étaient le résultat d’un copié collé d’un autre rapport, à l’exception des autruches qu’ils ont accepté comme erreur, et notre rapport final comporte donc une liste d’animaux que beaucoup payeraient pour venir observer. Plutôt que de développer notre palmeraie nous devrions peut-être organiser des safaris…
En attendant nous nous battons pour essayer d’empêcher les gens de venir faire des feux dans les quelques îlots de verdure qui persistent dans notre concession et qui parfois, surtout quand ils sont allumés en début de soirée pour échapper à la vigilance de nos gardiens, débordent dans la plantation et endommagent les palmiers. Cette année nous n’avons heureusement “perdu” que 500 palmiers, mais ils ne sont pas vraiment perdus car les palmiers sont très résilients et finiront pas reprendre un aspect normal après environ une année.
Afin de combattre la déforestation, nous avons essayé encore une fois de mettre en place une pépinière de reboisement et espérons dans les prochains mois planter pas moins de 10.000 arbres de toutes sortes dans les zones qui doivent être protégées ou qui méritent d’être reboisées.

Nous espérons recevoir de vos nouvelles et vous souhaitons une excellente semaine de rentrée,

Marc & Marie-Claude

When we talk about palm oil or oil palms, the issue of deforestation is usually one of the subjects associated with it, with images of orangutans in distress and all that. Even here in Africa, messages decrying deforestation are sometimes illustrated with those of these great endearing primates, while for those who do not know, orangutans are rather rare here. However, this does not mean that the problem of deforestation is not on the agenda in Africa and in particular in Kasai province where our Brabanta plantation is located.
The plantation where we live was established by the Lever brothers in the early 1900s and it is more than likely that at that time many trees or parts of forests were being damaged by the establishment of an industrial palm grove, even if the oil palm tree was native to the region. But besides that we are also next to huge expanses of “savannah” (just near the plantation we estimate that there are more than 9,000 hectares of grassy area) with only a few shrubs scattered here and there, which according to some were previously forests that disappeared as a result of bush fires organised by the neighbouring villagers to catch game, but not to plant anything and certainly not palm trees.
According to people who know the country better than we do, there are currently in the DRC almost 100,000 hectares of palm groves dating from the beginning of the last century that are abandoned, or where at best the surviving palm trees are used for the production of small quantities of artisanal oil. With such a potential for rehabilitation, it would be an economic nonsense to want to replace forest with plantations given the huge clearing effort and costs involved.
Coming back from Kinshasa in our small plane, we flew at a relatively low altitude over an area dotted with small isolated villages that obviously still live exclusively on subsistance agriculture (based on maize and casava) with exceptionally ponds where there may be a little fish farming or rice growing. All these crops are grown on slash-and-burn, which from the vantage point of our small plane shows large areas of blackened soil with skeletons of trees with whitish reflections strewn all over the ground. At the rate at which it is going, I would not be surprised if the traveller who flies over this region in 4 or 5 years’ time will no longer see any forests, the areas decimated at the end of the dry season are worrying and without any prospect of change because the villages concerned are clearly isolated and without alternatives.
The same is true around our plantation where not a day passes without seeing, from the Cathedral at the top of the hill from volutes of smoke in all directions. The edge of the forest that we could see from the Cathedral when we arrived a little over 3 years ago is now difficult to distinguish without taking binoculars, but we must hope that it is perhaps our view that is declining and that the forest is still present….
We recently had an environmental and social impact study of the plantation carried out as part of our process to obtain a sustainability certificate. Environmental “experts” came to the site to study the fauna and flora in order to determine to what extent the presence of the plantation could affect their development or even survival. Our specialists stayed only a few days and organised their field visits according to Kinshasa’s schedule, i.e. on the ground from 9am (if it did not rain) and back to the guest house by 6pm at the latest with a two-hour lunch break. However, this allowed them to inventory all the fauna and flora present in and around the plantation and thanks to their expertise they were able to see animals that none of us have been able to see or even imagine since all the years of presence in Brabanta. Don’t worry, they haven’t seen an orangutan, but the inventory of animals observed includes gorillas, elephants, jaguars, antelopes and even ostriches. I will not list all the types of animals that have been inventoried, but the list includes no less than 30 mammals, including several rare species. Our “experts”, not wanting to lose face and acknowledge that some observations were the result of a copy and paste of another report, with the exception of ostriches, which they accepted as a mistake, and so our final report includes a list of animals that many would pay to come and observe. Rather than developing our palm grove we should perhaps organize safaris…
In the meantime, we are fighting to try to prevent people from making fires in the few islands of greenery that persist in our concession and that sometimes, especially when they are lit in the early evening to escape the vigilance of our guards, overflow into the plantation and damage the palm trees. This year we have fortunately “lost” only 500 palms, but they are not really lost because the palms are very resilient and will eventually regain a normal appearance after about a year.
In order to combat deforestation, we have once again tried to set up a reforestation nursery and hope in the coming months to plant no less than 10,000 trees of all kinds in areas that need protection or deserve to be reforested.

We look forward to hearing from you and wish you a great start to the new school year,

Marc & Marie-Claude