Categories
Uncategorised

Voyage dans le Temps – Time Travel

Scroll down for English text

Mon voyage actuel a commencé avec des contretemps, comme il se doit pour une visite au Congo.
Dès le départ, déjà à Bruxelles, les retards se sont accumulés car l’avion qui devait nous amener à Kinshasa avait un problème technique. Pour finir nous avons voyagé avec un autre appareil, dont la configuration était différente donc besoin de réorganiser les passagers, refaire les cartes d’embarquement, etc. bref nous sommes partis avec deux bonnes heures de retard.
Bruxelles était une escale venant de Genève où, dans la zone de transit il est possible d’acheter des couteaux suisses de toutes les tailles et de voyager avec ceux-ci dans son bagage à main. Une logique qui m’échappe un petit peu car je ne compte plus le nombre de fois où j’ai été privé des petites choses oubliées dans mes bagages (une lame de rasoir, un coupe-ongles, un compas et même une résistance pour chauffer l’eau dans une tasse). Ici, pas de problèmes pour prendre l’avion avec un canif à multiples lames, scie, tire-bouchon etc.
Comme je souhaitais avoir des petits cadeaux pour mes anciens collègues congolais, j’ai profité de l’occasion pour acheter quelques petits couteaux. Le vendeur m’a demandé quelle était ma destination finale et comme à Bruxelles il n’y a pas de contrôle de sécurité entre les deux vols c’était OK. Il semble donc que les terroristes ne voyagent pas depuis la Suisse, mais qu’il faut se méfier des autres pays et n’essayez-donc pas d’embarquer dans un avion depuis un aéroport en-dehors de la Suisse avec quoi que ce soit de tranchant dans votre bagage non-enregistré.
Dans nos plantations l’émission des gaz à effet de serre est un sujet assez pertinent car nous dépendons très fort d’énergies fossiles pour les transports, générateurs, engrais, etc. sans compter les vols nécessaires pour y arriver depuis l’Europe.
Dans un contexte ou le réchauffement climatique est omniprésent dans toutes les conversations, informations, discussions, etc. je ne cache pas être un petit peu mal à l’aise de faire des voyages long-courrier plutôt fréquemment, surtout depuis que j’ai commencé mon nouveau travail, sans compter que j’utilise ma voiture presque autant qu’en plantation et que nous sommes beaucoup plus dépendants de nourriture achetée et pas toujours produite localement (même si nous essayons de privilégier les produits de proximité, un sujet que j’aborderai plus loin).
Me voilà donc encore une fois sur un vol intercontinental pour mon travail, sans réelle alternative. Certes une partie des réunions peuvent se faire à distance, mais des visites de terrain, contrôles et audits, discussions avec les travailleurs ne sont pas réalisables par écran interposé. Si je ne fais pas ce travail c’est une autre personne qui devra s’en charger avec le même impact, mais peut-être aurais-je meilleures conscience parce que ce n’est pas moi ? Je n’en suis pas trop certain.
L’idée de voyager sur de telles distance par la route ou par bateau n’est plus une solution compatible avec notre temps et je n’arrives pas à penser à d’autres alternatives.
Alors, nous travaillons sur les domaines dans lesquels nous avons une influence tels que le non-déboisement, pas de feux en plantation, replanter des arbres ou de la végétation naturelle, utiliser des sources d’énergie renouvelables, optimiser l’utilisation des outils, etc.
Dès l’atterrissage à l’aéroport de Ndjili (Kinshasa) on est plongé dans le chaos typique de la RDC, il y a du monde partout dont on ne sait pas trop quelle est la fonction et qui ne semblent pas être trop occupés. Il y a au moins 6 personnes qui contrôlent les carnets de vaccination, le seul vaccin encore contrôlé est celui de la fièvre jaune et le mien est périmé (dans le carnet, car en fait l’OMS considère qu’un seul vaccin est suffisant dans la vie d’une personne). Peu importe, la responsable sanitaire profite de l’occasion pour me demander un coca, juste au cas où, et c’est tout.
Comme nous sommes arrivés assez tard, il y a un peu moins de monde sur la route vers la ville, ce qui fait que je suis quand même au lit un peu après minuit, pas mon horaire habituel, d’autant plus que le lendemain le départ est fixé à 6h30 pour aller à l’aéroport de Ndolo pour le vol vers Mapangu. Eh oui, grand luxe notre avion atterrira directement en plantation. C’est toutefois sans compter un autre couac, il y a de gros orages aux alentours de Mapangu et (après 6 heures d’attente à l’aéroport) le pilote décide de reporter le vol au lendemain. De retour en milieu d’après-midi à l’hôtel (pour info un magnifique hôtel tout neuf) juste à temps pour encore manger quelque chose, mais trop tard pour encore passer par le bureau, surtout à cette heure car le trafic est dantesque.
Vendredi midi, je suis finalement assis dans l’avion en partance pour Mapangu, mais nous devons encore attendre car le Président doit atterrir (ou décoller) de Ndjili et dans ce genre de situation aucun autre avion n’est autorisé dans l’espace aérien aux alentours de Kinshasa. L’avion est au soleil et il commence à faire sérieusement chaud. Plutôt que de mijoter dans l’avion, on nous suggère de sortir et de nous mettre à l’ombre d’un grand arbre tout proche. Je préfère rester sous l’aile de l’avion pour échanger avec le ministre des finances provincial (du Kasaï) que je connais depuis le début de mon affectation au Congo (il n’était pas encore ministre à ce moment-là). Il nous explique que le (fleuve) Congo a connu ses plus graves crues depuis un siècle avec des parties de la ville de Kinshasa complètement inondées et inaccessibles pendant plusieurs semaines. Ces inondations ont laissé des traces car évidemment l’eau a charrié des quantités impressionnantes de détritus qui jonchent les rues basses de la ville.
Quand le feu vert pour le décollage est donné, le pilote démarre les moteurs de l’avion sans réaliser que tous les passagers (nous sommes 14 plus deux hôtesses) sont hors de l’avion. La porte de l’avion n’était pas encore fermée que l’avion a commencé à avancer vers la piste. Il faut dire que l’aéroport de Ndolo ne dispose pas d’éclairage et que le vol aller-retour (y compris une escale à Ilebo) dure environ 6 heures et qu’il est déjà midi, donc le pilote ne veut pas perdre de temps.
Le vol vers Mapangu se passe sans encombres et l’accueil à Mapangu est formidable, beaucoup d’anciens collègues sont venus jusqu’à la piste pour la bienvenue au DG marc, même si je ne suis plus DG de Brabanta depuis un bon moment…
Le DG actuel a choisi de me loger à la Cathédrale, notre ancienne maison devenue gîte de direction, où je suis accueilli par notre ancien cuisinier, Guy, comme si nous étions partis juste pour le week-end (qui à quand même duré 3 ans…). La maison a changé, mais pas trop, la plupart des décorations de Marie-Claude sont toujours là et j’ai réintégré notre ancienne chambre qui elle non-plus n’a pas vraiment changé, sauf le plafonnier où le chapeau de paille que Marie-Claude avait utilisé comme abat-jour est maintenant doté d’une coiffe « officielles ».
Dans le jardin tout a forcément continuer à pousser, les palmiers du voyageur et les jacarandas sont devenues nettement plus grands et les avocatiers plantés par Marie-Claude au départ de noyaux germés sont couverts de gros fruits (délicieux). J’en ai d’ailleurs ramené quelques-uns en Suisse pour que Marie-Claude puisse elle aussi goûter le fruit de son labeur.
Le potager est toujours plein de légumes et de fruits (ananas, papayes, pamplemousses, citrons, etc.) sauf les fruits de la passion qui sont en « grève » pour le moment. Le jardinier s’est plaint de ne plus avoir de semences pour continuer à maintenir le potager comme il était avant, il faudra trouver un moyen pour lui envoyer des semences.
Toute l’équipe expatriée a changé, mais la majorité des collègues locaux sont toujours au poste et certains (pensionnés ou ayant quitté Brabanta pour des raisons personnelles) sont venus d’Ilebo, Kikwit ou d’autres localités extérieures pour venir me saluer, ce qui fut très émouvant. Les travailleurs étaient généralement heureux de me voir, me demandant si je ne voulais pas revenir, mais surtout parce que certains des services que j’avais organisé (achat de lampes solaires, matelas, vélos, etc.) n’avaient pas été continués et (les lampes en particulier) font gravement défaut.
Une visite qui m’a fait très plaisir avec beaucoup de bons souvenirs que j’ai terminé par quelques jours à Kinshasa où, là-aussi, j’ai eu l’occasion de revoir certains anciens contacts et collègues. Mais quand même heureux de pouvoir retrouver Marie-Claude et la maison à Charmey, même si la température y était nettement moins clémente.
Comme indiqué au début de ce message, à Charmey nous essayons dans la mesure du possible d’acheter de produits alimentaires locaux ou régionaux. A Charmey nous avons la chance d’avoir une petite épicerie qui vends des produits locaux et bio en vrac, organise des paniers de fruits et légumes et fonctionne avec l’aide de volontaires. Marie-Claude a décidé de leur prêter main forte et dernièrement y a passé plusieurs fois par semaine, bien au-delà des 3 heures de volontariat par mois auxquelles elle s’était engagé. Ce travail a toutefois permis à Marie-Claude de faire connaissance avec de nombreux voisins et voisines et de découvrir que nous ne sommes pas les seuls à avoir roulé notre bosse dans les tropiques avant de nous installer en Suisse.
Comme toujours, nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et que nous aurons aussi de vos nouvelles.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Les photos viendront plus tard car je suis actuellement en Afrique avec une mauvaise connexion internet…
Picture will come later, because I am currently with a poor internet connection in Africa…

My current trip got off to a rocky start, as befits a visit to the Congo.
Right from the start, in Brussels, the delays piled up because the plane that was supposed to take us to Kinshasa had a technical problem. We ended up travelling on a different aircraft, with a different configuration, so we had to reorganise the passengers, redo the boarding passes, etc. In short, we left a good two hours late.
Brussels was a stopover on the way from Geneva where, in the transit zone, you can buy Swiss Army knives of all sizes and travel with them in your hand luggage. I have lost count of the number of times I have been deprived of the little things forgotten in my luggage (a razor blade, nail clippers, a compass and even a heating element to heat the water in a cup). Here, no problem getting on the plane with a multi-bladed penknife saw, corkscrew and so on.
As I wanted to get some small gifts for my former Congolese colleagues, I took the opportunity to buy some small knives. The salesman asked me what my final destination was, and as there are no security checks in Brussels between the two flights, it was OK. So it seems that terrorists don’t travel from Switzerland, but you have to be wary of other countries, so do not try to board a plane from an airport outside Switzerland with anything sharp in your unchecked luggage.
In our plantations, greenhouse gas emissions are a fairly relevant issue, as we are heavily dependent on fossil fuels for transport, generators, fertilisers, etc., not to mention the flights needed to get there from Europe.
In a context where global warming is omnipresent in every conversation, news item, discussion, etc., I cannot hide the fact that I am a little uncomfortable about making frequent long-haul journeys, especially since I started my new job. Not to mention the fact that I use my car almost as much as I do when I was in our plantation in Congo and that we are much more dependent on food that is bought and not always produced locally (even if we do try to favour local produce, a subject I will come to later).
So here I am once again on an intercontinental flight for work, with no real alternative. It is true that some of the meetings can be done remotely, but field visits, controls and audits, and discussions with workers cannot be done via the screen. If I do not do this work, someone else will have to do it with the same impact, but perhaps I will have a better conscience because it’s not me? I’m not too sure.
The idea of travelling such long distances by road or by boat is no longer a solution compatible with our times and I cannot think of any other alternatives.
So we are working on the areas where we can have an influence, such as no deforestation, no fires in plantations, replanting trees or natural vegetation, using renewable energy sources, optimising the use of tools, and so on.
As soon as we landed at Ndjili airport (Kinshasa), we were plunged into the chaos typical of the DRC. There were people everywhere, not sure what their job was, but they did not seem to be too busy. There are at least 6 people checking the vaccination books, the only vaccine still checked is yellow fever and mine is out of date (in the book, because in fact the WHO considers that one vaccine is enough in a person’s life). Anyway, the health officer took the opportunity to ask me for a Coke, just in case, and that was that.
As we arrived quite late, there were a few fewer people on the road to the city, which meant that I was in bed just after midnight, not my usual time, especially as the next day we had to leave at 6.30am to go to Ndolo airport for the flight to Mapangu. And, in true luxury, our plane will land directly on the plantation. However, there were heavy thunderstorms around Mapangu and (after 6 hours waiting at the “local” airport) the pilot decided to postpone the flight until the following day. Back at the hotel in the middle of the afternoon (for the record, a magnificent brand-new hotel) just in time to grab a bite to eat, but too late to go to the office for the rest of the day, especially at this time of day when the traffic is horrendous.
Friday lunchtime, I am finally seated on the plane bound for Mapangu, but we still have to wait because the President has to land (or take off) from Ndjili and in this kind of situation no other plane is allowed in the airspace around Kinshasa. The plane is in the sun and it is getting seriously hot. Rather than stew in the plane, it was suggested that we get out and sit in the shade of a large tree nearby. I prefer to stay under the wing of the plane to chat with the provincial finance minister (from Kasai) whom I have known since the start of my assignment in Congo (he wasn’t a minister at the time). He explained to us that the Congo (river) had experienced its worst flooding for a century, with parts of the city of Kinshasa completely inundated and inaccessible for several weeks. These floods have left their mark, as the water has obviously washed up impressive quantities of rubbish, which is now littering the lower streets of the city.
When the go-ahead was finally given for take-off, the pilot started the plane’s engines without realising that all the passengers (14 of us plus two stewardesses) were outside. The aircraft door was not yet closed when the plane started to move towards the runway. It has to be said that Ndolo airport has no lights and that the return flight (including a stopover in Ilebo) can take up to 6 hours and it is already midday, so the pilot does not want to waste any time.
The flight to Mapangu went without a hitch and the welcome at Mapangu was fantastic. Many of my former colleagues came to the runway to welcome the GM Marc, even though I have not been GM of Brabanta for quite a while…
The current GM chose to put me up at La Cathédrale, our former home which has become an executive guest house, where I am welcomed by our former cook, Guy, as if we’d just gone away for the weekend (which lasted 3 years after all…). The house has changed, but not too much, most of Marie-Claude’s decorations are still there and I stayed into our former bedroom, which hasn’t really changed either, except for the ceiling light where the straw hat that Marie-Claude had used as a lampshade now has an ‘official’ cap.
The decorative palms and jacarandas have grown considerably taller and the avocado trees, planted by Marie-Claude from sprouted pits, are covered in large (and delicious) fruit. I’ve taken a few of them back to Switzerland so that Marie-Claude can enjoy the fruits of her labour too.
The vegetable garden is still full of vegetables and fruit (pineapples, papayas, grapefruits, lemons, etc.) except for the passion fruit, which is on ‘strike’ at the moment. The gardener has complained that he has run out of seeds to keep the garden going as it was before, so we’ll have to find a way of sending him seeds.
The whole expatriate team has changed, but the majority of local colleagues are still at work and some (retired or having left Brabanta for personal reasons) have come from Ilebo, Kikwit or other outside localities to come and say hello to me, which was very moving. The workers were generally happy to see me, asking me if I did not want to come back, but mainly because some of the services I had organised (purchase of solar lamps, mattresses, bicycles, etc.) had not been continued and (the lamps in particular) are seriously lacking.
It was a visit that gave me great pleasure and many good memories, which I ended with a few days in Kinshasa, where I also had the opportunity to see some old contacts and colleagues. But I was still happy to be able to return to Marie-Claude and the house in Charmey, even though the weather there was much less clement.
As mentioned at the start of this news, in Charmey we are trying as much as possible to buy local or regional food products. In Charmey we are lucky to have a small food shop selling local and regional products in bulk, organises food baskets and getting the help of voluntaries to run the operations. Marie-Claude decided to give them a hand and recently spent several days per week in the shop, well beyond the 3 hours per month that she signed up for. This work enabled Marie-Claude to meet quite a few neighbours and discover that we are not the only ones having roamed the tropics before settling in Switzerland.
As always, we hope this news finds you well and that we hear from you too.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude