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Répétition – Repetition

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Une des leçons que nous avons apprises depuis les quelques années que nous sommes ici à Mapangu est que les choses ne sont jamais acquises et que même quand nos interlocuteurs nous disent avoir compris ce qui vient d’être discuté, il y a de fortes chances que ce ne soit pas le cas, voire, juste le contraire.
Prenons l’exemple de nos coupeurs qui, tous les jours, récoltent les régimes de palme mûrs pour les envoyer à l’huilerie où ils seront traités. Le travail est toujours le même à savoir de faire le tour de chaque palmier pour vérifier s’il y a des régimes mûrs, la maturité se vérifie si un fruit se détache et que la loge de celui-ci est jaune, couper les palmes soutenant le régime dans le sens de la spirale des palmes (les palmiers développent leurs palmes en spirale, gauche ou droite, à raison de 8 palmes par tour de palmier), couper le régime mûr, vérifier s’il n’y a pas de fruits détachés dans les poches des palmes, couper en andainer les palmes coupées, couper le pédoncule du régime et nettoyer le rond autour du palmier pour facilement pouvoir ramasser les fruits. Certes toute une série d’étapes mais qui sont finalement plutôt simples et logiques. Pour aider les coupeurs à mémoriser la procédure, tous les matins avant de commencer le travail, l’équipe est rassemblée par leur chef d’équipe (appelé capita) pour faire une démonstration de chaque opération. Le but premier est de rafraîchir la mémoire des travailleurs sur la manière de travailler, mais cela permet aussi de vérifier si le capita, lui-même, a bien compris comment faire le travail. En plus, pendant la durée du travail le capita et son superviseur font des rondes dans les chantiers de récolte pour s’assurer que le travail est fait correctement. Et pourtant… A chaque visite en plantation le constat est fait qu’un bon nombre de coupeurs ne font pas le travail correctement, le plus souvent parce qu’ils n’ont pas compris ou disent avoir oublié. Il arrive même que les capitas eux-mêmes ne se souviennent plus exactement des recommandations, même si c’est le même travail qu’ils font tous les jours depuis des années. Il est certain que la langue peut parfois être à l’origine de mauvaises compréhensions et c’est pour cela que nous avons opté de faire des démonstrations pratiques tous les matins, mais même cela ne semble pas être aussi efficace que l’on aurait pu espérer.
L’exemple ici a été donné pour les coupeurs, mais il en va de même pour quasi toutes les opérations, y compris les maçons, les domestiques ou les chauffeurs et l’excuse est quasi invariablement: “Merci patron, j’avais oublié…”.
Sans vouloir tirer des conclusions générales, il pourrait y avoir plusieurs explications au fait que tant de personnes ont des problèmes de compréhension ou de mémoire. L’une est le fait d’une alimentation déséquilibrée dès le premier âge qui doit nécessairement avoir un impact sur le développement physique et intellectuel des personnes. L’alimentation de base ici est la farine de manioc et la farine de maïs, parfois agrémentée de légumes (feuilles de manioc) et d’une sauce à base d’huile de palme. Mis à part le fait que la farine de manioc ne contient certainement pas tous les éléments nécessaires pour une alimentation équilibrée, le rouissage des racines de manioc n’est pas toujours parfait et des traces de cyanure restent probablement présentes dans les bouillies données aux enfants dès leur jeune age. Les préparations à base de manioc sont nourrissantes dans le sens ou elles donnent l’impression d’être rassasié assez rapidement et ainsi masquer la faim, mais elles sont pauvres en protéines et autres éléments essentiels pour la croissance.
L’alimentation est un problème majeur ici car même s’il y a un peu de pêche dans la rivière Kasaï, la majorité de la population locale se contente de très peu de protéines animales (il n’y a plus rien à chasser) qui viennent soit sous forme de poisson boucané, d’oiseaux piégés ou d’insectes divers. Peu de personnes sont impliquées dans la production agricole ou l’élevage, le premier parce que les villages sont très territoriaux et ne permettent pas aux personnes intéressées de faire des champs et le deuxième parce que les taxes prélevées sur les éleveurs sont telles que les gens préfèrent laisser vagabonder quelques animaux en espérant qu’ils ne seront pas volés avant d’avoir pu les vendre ou les manger.
Une autre explication pour cet aspect de répétition continue est probablement aussi le système d’éducation. Comme vous le savez de par nos lettres de nouvelles précédentes, les écoles ici sont tout sauf excellentes, les bâtiments et infrastructures sont peu ou mal entretenus et les enseignants sont généralement peu formés avec des lacunes énormes (un professeur d’anglais qui ne sait pas parler l’anglais, un prof de math qui ne sait pas faire une règle de trois, ou un professeur de français qui ne maîtrise pas l’orthographe) qu’ils compensent en lisant ou copiant mot pour mot ce qui est inscrit dans leur manuel à défaut de pouvoir l’expliquer. Les élèves doivent, à longueur de journée, recopier ce que le professeur a écrit au tableau (quand il y en a un) ou répéter tous ensemble ce qui leur est dit (y compris les fautes de lectures de l’enseignant…). Les enseignants ont un diplôme officiel qui démontre avoir terminé des études, mais de plus en plus de ces diplômes sont délivrés non pas sur base de réelles compétences mais suite à un paiement qui représente parfois des sommes astronomiques par rapport aux salaires moyens.
Il y a peu, malgré que les écoles aient été fermées pendant plus de six mois, l’état a décidé d’organiser malgré tout les dissertations et examens d’état (payants évidemment) dans tout le pays. Nos travailleurs se sont endettés de manière effrayante pour s’assurer que leurs enfants puissent faire et surtout réussir leurs examens d’état et le résultat est à la hauteur des espoirs car quasi aucun élève de Mapangu n’a échoué cette année. Il faut dire que la présence de Brabanta assure une économie locale assez stable et qu’une grande partie des “inspecteurs” de l’état ont opté pour venir à Mapangu pour cette période de fin d’année scolaire.
Cette situation est désolante car il est clair que les diplômes n’ont absolument aucune valeur et on est en droit de se demander pourquoi les gens acceptent de se saigner à blanc pour quelque chose qui manifestement ne donnera aucune garantie d’avenir. J’en ai parlé avec certains de nos travailleurs, dont certains sont même allé jusqu’à payer des personnes pour faire les examens en lieu et place de leurs enfants (dans un cas parce que la fille de 16 ans, enceinte, est partie vivre avec son “mari” dans une autre province), qui me disent que, c’est vrai que le diplôme n’a pas de valeur, mais ayant payé tellement pour l’étude de leurs enfants ils ne veulent pas que cela ne soit pas consacré par un document…
Lorsque nous recrutons du personnel, les candidats viennent invariablement avec une batterie de documents officiels dont nous ignorons l’exacte valeur, et nous sommes obligés de faire passer des tests pour évaluer les compétences réelles. Nous constatons que quand il ne s’agit pas de répéter une information acquise précédemment les candidats sont perdus. Quand on demande combien de litres il y a dans un mètre cube ou comment écrire “huile de vidange”, la majorité nous répond avoir besoin d’une calculatrice ou un dictionnaire… Et puis il y a ceux que l’appelle les miraculés, ainsi nous avions un jeune laborantin, issu du collège local, que nous pouvions sans crainte laisser en charge de toutes les présentations et qui était capable mieux que nous d’expliquer toutes opérations et manipulations aux visiteurs même internationaux. Un autre exemple est un jeune agronome recruté localement dont les compétences sont surprenantes et qui est même plus compétent (de mon point de vue) que certains agronomes expatriés que nous avons eu ici à Mapangu. Ce sont des exemples trop rares mais qui montrent que le potentiel est là si les conditions sont réunies pour lui permettre de s’exprimer. Mais pour cela il faudra un changement drastique dans des aspects élémentaires tels que l’alimentation, l’éducation et l’encadrement, choses qui ne semblent malheureusement pas faire partie des priorités du gouvernement et hors de portée d’une société comme la nôtre.
A bientôt vous lire,
Marie-Claude et Marc

Lever du jour – Sunrise
Oups, on avait oublié la présence de la toiture… – Oops, we forgot there was a roof…
Le moteur ne tournait pas rond… – The engine did not run smoothly…
Bassin de 3ha en chantier – Pond of 3ha in construction

One of the lessons we have learned in the few years we have been here in Mapangu is that things should never be taken for granted and that even when people tell us that they understand what has just been discussed, chances are that this is not the case, or even just the opposite.
Take the example of our cutters who every day harvest the ripe palm bunches to send them to the oil mill for processing. The work is always the same, i.e. to go around each palm tree to check if there are ripe bunches, maturity is checked if a fruit falls out and the hole is yellow, cut the palms supporting the bunch in the direction of the spiral of the palms (the palms develop their palms in a spiral, right or left, with eith palms to a full circle). Cut the ripe bunch, check for loose fruit in the pockets of the palms, cut the stem of the bunch and clean the circle around the palm so that the fruit can be picked up easily. These are a whole series of steps, but in the end they are rather simple and logical. To help the cutters memorise the procedure, every morning before starting work, the team is assembled by their team leader (called a capita) to demonstrate each operation. The main aim is to refresh the workers’ memory of how to work, but it also helps to check whether the capita him(her)self has understood how to do the job. In addition, during the work shift, the capita and his supervisor make rounds in the harvesting areas to make sure that the work is done correctly. And yet… Every time we visit a plantation, we find that a good number of cutters do not do the work correctly, most often because they have not understood or say they have forgotten. It even happens that the capitas themselves don’t exactly remember the recommendations, even though it is the same work they have been doing every day for years. Certainly language can sometimes be the cause of misunderstandings and that is why we have opted to give practical demonstrations every morning, but even this does not seem to be as effective as one might have hoped.
The example here was given for the cutters, but the same is true for almost all operations, including the masons, the servants or the drivers, and the excuse is almost invariably: “Thanks boss, I forgot…”.
Without wishing to draw general conclusions, there could be several explanations for the fact that so many people have problems of understanding or memory. One is the fact that unbalanced nutrition from an early age must necessarily have an impact on people’s physical and intellectual development. The staple food here is cassava flour and maize flour, sometimes with vegetables (cassava leaves) and a palm oil-based sauce. Apart from the fact that cassava flour certainly does not contain all the elements necessary for a balanced diet, the retting of the cassava roots is not always perfect and traces of cyanide probably remain in the porridge given to children from an early age. Cassava-based formulas are nutritious in the sense that they give the impression of being satiated fairly quickly and thus mask hunger, but they are low in protein and other elements essential for growth.
Food is a major problem here because even though there is some fishing in the Kasai River, the majority of the local population is content with very little animal protein (there is nothing left to hunt) which comes either in the form of smoked fish, trapped birds or various insects. Few people are involved in agricultural or livestock production, the first because the villages are very territorial and do not allow interested people to make fields, and the second because the taxes levied on livestock farmers are such that people prefer to let some animals roam around in the hope that they will not be stolen before they can be sold or eaten.
Another explanation for this aspect of continuous repetition is probably also the education system. As you know from our previous newsletters, the schools here are anything but excellent, the buildings and infrastructure are poorly or badly maintained, and the teachers are generally poorly trained with huge gaps (an English teacher who cannot speak English, a maths teacher who cannot make a rule of three, or a French teacher who cannot master spelling) which they make up for by reading or copying word for word what is written in their textbooks if they cannot explain it. Throughout the day, students must copy what the teacher has written on the blackboard (when there is one) or repeat all together what they are told (including the teacher’s reading mistakes). Teachers have an official diploma that shows that they have completed their studies, but more and more of these diplomas are awarded not on the basis of real skills but following a payment that sometimes represents astronomical sums in relation to average salaries.
Recently, despite the fact that schools have been closed for more than six months, the state has decided to organise state dissertations and examinations (for a fee, of course) throughout the country. Our workers have gone into debt in a frightening way to ensure that their children can sit and above all pass their state exams and the result has lived up to expectations because almost no Mapangu students have failed this year. It must be said that the presence of Brabanta ensures a fairly stable local economy and that a large number of the state “inspectors” have opted to come to Mapangu for the end of the school year.
This situation is distressing because it is clear that diplomas have absolutely no value, and one has the right to wonder why people accept to bleed themselves dry for something that will obviously give no guarantee for the future. I’ve talked about this with some of our workers, some of whom have even gone so far as to pay people to take the exams in place of their children (in one case because the 16-year-old girl, who is pregnant, has gone to live with her “husband” in another province), who tell me that, it’s true that the diploma has no value, but having paid so much for their children’s studies they want it to be enshrined in a document, even if it is worthless.
When we recruit staff, candidates invariably come with a battery of official documents whose exact value we don’t know, and we are obliged to administer tests to assess the actual skills. We find that when it is not a question of repeating previously acquired information, candidates are lost. When we ask how many litres there are in a cubic metre or how to write “used oil”, the majority answer that we need a calculator or a dictionary? And then there are those whom I call the miraculous ones, so we had a young laboratory assistant, from a local college, who we could fearlessly leave in charge of all the presentations and who was better able than us to explain all the lab operations and manipulations to the visitors, even international ones. Another example is a young locally recruited agronomist whose skills are surprising and who is even more competent (from my point of view) than some of the expatriate agronomists we had here in Mapangu. These are all too rare examples, but they show that the potential is there if the conditions are right to allow it to express itself. But this will require a drastic change in basic aspects such as food, education and supervision, which unfortunately does not seem to be part of the government’s priorities and out of reach for a company like ours.
We look forward hearing from you soon,
Marie-Claude and Marc

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32,5°C – 32.5°C

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Bien que nous vivions sous les tropiques, il est rare d’avoir une température supérieure à 30°C ici à Mapangu, où alors en plein soleil, mais pas besoin de venir jusqu’ici pour avoir une telle canicule car nous avons cru comprendre que certaines journées en Europe cet été furent bien plus chaudes que cela. Ce n’est pas de la canicule que nous allons vous parler.
Depuis que nous sommes confrontés au risque du coronavirus, nous avons mis en place un certain nombre de mesures préventives déjà décrites dans nos messages précédents, mais ce que j’ai omis de raconter précédemment est que nous avons également doté tous nos postes de garde de thermomètres pour contrôler la température de toutes les personnes qui entrent à l’usine, aux bureaux de la direction générale, au service du personnel ou à l’hôpital. Depuis quelques semaines je suis donc informé de ma température corporelle au moins une fois pas jour (sauf le dimanche) prise par un agent formé par notre médecin chef.
Il est vrai que le matin il fait un peu plus frais (23-24°C) que le reste de la journée, mais il ne fait jamais froid au point de devoir mettre une petite laine. Enfin, il est vrai que nos collègues congolais ne voient pas les choses de la même façon et il n’est pas rare de voir nos travailleurs avec des doudounes et bonnets de laine comme s’ils étaient au pôle nord.
Bref, le matin en arrivant au bureau la première chose que je dois faire est de me soumettre à un contrôle de température, heureusement nous avons dotés nos agents de thermomètre non-invasifs, c’est à dire des thermomètres médicaux à infrarouge qui ne nécessite même pas de sortir de la voiture. La consigne est de renvoyer toute personne ayant une température supérieure à 37,5°C pour un contrôle à l’hôpital, sinon on est bon pour le service. Hier matin, alors que cela ne peut pas être imputé à une source de froid puisque la climatisation de ma voiture n’a jamais fonctionné depuis que je suis à Mapangu, l’agent à déclaré que ma température était de 32,5°C et que j’étais bon pour le service. Il est vrai que les jours précédents les mesures sont généralement de l’ordre de 35°C, ce qui me semble très bas mais probablement du à une erreur de calibrage ou de manipulation, tandis que 32,5°C est proche de l’hypothermie sévère. Après plusieurs vérifications, l’agent a confirmé que la mesure était correcte et qu’il n’y avait pas de soucis à se faire. Avec une telle marge d’erreur je ne puis que me demander à quel point il faut être fiévreux pour que le seuil critique des 37,5°C soit atteint et par acquis de conscience j’ai demandé à l’agent de mesurer sa propre température qui s’est révélée être à un niveau plus normal de 36,4°C, ce à quoi il m’a répondu que ma température plus basse était l’effet de la peau blanche… Il faut quand même que je vous explique que l’agent en question n’est pas un infirmier mais un agent de sécurité, qui a certes été formé par l’hôpital pour le contrôle des températures, mais dont la formation est sinon au mieux du niveau secondaire. Rassurez-vous, je ne crois absolument pas avoir un problème d’hypothermie, mais je ne puis pas non plus expliquer pourquoi ce contrôle matinal donne systématiquement une température aussi basse.
Le but de ces nouvelles n’étant pas de vous donner mon bilan médical, passons à autre chose, mais en restant malgré tout dans le domaine de la température et en particulier des fièvres provoquées non pas par le Covid-19 mais par la malaria qui fait des ravages chez nous. Comme vous le savez, depuis que nous sommes ici Marie-Claude et moi nous prémunissons contre la malaria en prenant des tisanes d’Artemisia annua cultivées dans notre jardin et, je touche du bois, jusqu’à ce jour nous sommes plus ou moins les seuls (certainement parmi les expatriés) à ne pas avoir eu de paludisme. Nous avons essayé de promouvoir l’utilisation de l’Artemisia en distribuant des semences, des feuilles séchées, des notices explicatives, etc. mais les résultats de nos efforts de vulgarisation sont restés sans succès. Le problème est d’une part culturel, nos collègues congolais ne conçoivent pas de pouvoir être soignés sans recevoir au moins une piqûre qui, de préférence, aura des effets secondaires suffisamment forts pour prouver qu’ils n’ont pas été dupés par une injection de simple sérum physiologique. L’Artemisia étant totalement dépourvue d’effets secondaires, le simple fait d’être soigné ne suffit pas si on a pas eu les oreilles qui bourdonnent ou des étourdissements qui prouvent que le remède fait de l’effet. D’autre part, les gens ici ont peu ou pas de patience et semer une graine minuscule qu’il faut arroser pendant des mois avant de pouvoir récolter une plante dont les vertus sont difficiles à démontrer n’est pas quelque chose qu’ils sont prêts à faire alors que sur la même parcelle ils peuvent cultiver du maïs, du manioc ou des épices (oignons). J’ai également essayé de démarrer des projets scolaires en distribuant des semences et des notices explicatives pour la culture et l’utilisation de l’Artemisia, mais n’ayant pas le temps d’aller encadrer les élèves dans ce projet et vu le désintérêt du corps professoral à qui cela ne rapporte rien, ces initiatives n’ont jusqu’à présent pas abouti. Pourtant les quelques personnes à qui nous avons donné du thé d’Artemisia pour se soigner pour une malaria qui traînait ont confirmé que le traitement avait fonctionné, mais qu’ils avaient malgré tout continué à prendre des injections d’autres produits qui avaient probablement aussi aidé… J’ai pensé un moment donné avoir franchi une étape importante en ayant persuadé notre médecin de prendre l’Artemisia en considération comme moyen de prévention ou même de soin contre la malaria, mais finalement son verdict était que cela marche pour les femmes mais pas les hommes et que préventivement le mieux était de distribuer des moustiquaires… l'(in)efficacité de ces mesures est démontrée dans les statistiques de notre hôpital qui enregistre chaque mois près de 850 cas de paludisme nécessitant un traitement médical (sans compter les nombreuses personnes qui préfèrent aller chez des soigneurs traditionnels, qui sont souvent plus chers et n’utilisent pas non plus l’Artemisia) et plusieurs décès (surtout de jeunes enfants) enregistrés dans les familles de nos travailleurs chaque semaine.
Bref, nos mesures anti-covid sont peut-être nécessaires, même si pour le moment la maladie ne semble pas avoir atteint nos contrées isolées, mais il serait bien plus efficace de mettre des moyens en œuvre pour essayer d’éliminer la malaria qui est bien plus dévastatrice et dont il est à peine question dans les préoccupations des autorités locales et nationales. Si vous connaissez quelqu’un qui a la volonté de lancer et d’encadrer des projets scolaires pour la promotion de la culture et de l’utilisation préventive et curative de l’Artemisia contre la malaria, je suis certain que même si nous ne pouvons pas prendre en charge le projet, nous pourrons assister en fournissant logement et support logistique pour sa réalisation.
Merci à ceux qui nous écrivent et nous tiennent informés de la situation sanitaire dans votre coin du monde.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Chantier huilerie – Mill works
Construction de maison – House building
Village flottant… – Floating village…

Although we live in the tropics, it is rare to have a temperature above 30°C here in Mapangu, unless in the sun if one really wants to get hot, but you don’t have to come all the way here to have such a heat wave because we understand that some days in Europe this summer were much hotter than that. It’s not the heat wave we’re going to talk about in this newsletter.
Since we have been facing the risk of coronavirus, we have put in place a number of preventive measures already described in our previous messages, but what I omitted to tell you earlier is that we have also equipped all our guard posts with thermometers to monitor the temperature of everyone entering the factory, the general management offices, the human resources department or the hospital. For some weeks now I have therefore been informed of my body temperature at least once a day (except Sundays) taken by an agent trained by our head doctor.
It is true that the morning is a little cooler (23-24°C) than the rest of the day, but it is never so cold that I have to put on warm clothing. Having saisd that, it is true that our Congolese colleagues do not see things the same way and it is not unusual to see our workers with warm jackets and woolen hats as if they were at the North Pole.
In short, the first thing I have to do when I arrive at the office in the morning is to submit to a temperature check, fortunately we have equipped our agents with non-invasive thermometers, i.e. infrared medical thermometers that don’t even require getting out of the car. The instruction is to send anyone with a temperature above 37.5°C back to the hospital for a check-up, otherwise we are good for the service. Yesterday morning, although this cannot be attributed to a cold source as the air conditioning in my car has never worked since I have been in Mapangu, the officer said my temperature was 32.5°C and that all was normal. It is true that the days before my temperature measurements were usually around 35°C, which seems very low to me but probably due to a calibration or handling error, while 32.5°C is close to severe hypothermia. After several checks, the officer confirmed that the measurement was correct and that there was nothing to worry about. With such a large margin of error I can only wonder how feverish you have to be for the critical threshold of 37.5°C to be reached, and out of curiosity I asked the agent to measure his own temperature which turned out to be a more normal level of 36.4°C, to which he replied that my lower temperature was the effect of my white skin… I must explain to you that the agent in question is not a nurse but a security guard, who has been trained by the hospital for temperature control, but whose education is otherwise at best secondary level. Rest assured, I absolutely do not believe that I have a problem with hypothermia, but neither can I explain why this morning check-up systematically gives such a low temperature.
The purpose of this news is not to give you an account of my medical check-up, so let us move on to something else, but staying within the realm of temperature and in particular fevers caused not by Covid-19 but by malaria which is wreaking havoc in our country. As you know, since we have been here Marie-Claude and I have been protecting ourselves against malaria by taking Artemisia annua herbal teas grown in our garden and, touching wood, to this day we are more or less the only ones (certainly among the expatriates) who have not had malaria. We have tried to promote the use of Artemisia by distributing seeds, dried leaves, leaflets, etc. but the results of our extension efforts have been unsuccessful even with the other expatriates. The problem is partly cultural, our Congolese colleagues do not conceive of being treated properly without receiving at least one injection which, preferably, will have side effects strong enough to prove that they have not been duped by an injection of simple saline. Since Artemisia is completely devoid of side effects, the simple fact of being treated is not enough if one has not had the ears ringing or dizziness that proves that the remedy is working. On the other hand, people here have little or no patience, and sowing a tiny seed that has to be watered for months before they can harvest a plant whose virtues are difficult to demonstrate is not something they are willing to do when on the same plot they can grow maize, cassava or spices (onions). I have also tried to start school projects by distributing seeds and explanatory leaflets for the cultivation and use of Artemisia, but as I did not have the time to go and supervise the students in this project and given the lack of interest of the teaching staff, to whom it does not bring any profit, these initiatives have so far not been successful. However, the few people to whom we gave Artemisia tea to treat themselves for malaria that was lingering, confirmed that the treatment had worked, but that they had nevertheless continued to take injections of other products that had probably also helped… I thought at one point I had taken an important step in persuading our doctor to consider Artemisia as a means of prevention or even care against malaria, but in the end his verdict was that it works for women but not men and that preventively the best thing to do was to distribute mosquito nets… The (in)effectiveness of these measures is demonstrated in the statistics of our hospital which registers every month almost 850 cases of malaria requiring medical treatment (not counting the many people who prefer to go to traditional caretakers, who are often more expensive and do not use Artemisia either) and several deaths (especially young children) registered in the families of our workers every week.
In short, our anti-covid measures may be necessary, even if for the time being the disease does not seem to have reached our isolated regions, but it would be much more effective to implement means to try and eliminate malaria, which is much more devastating and barely mentioned in the concerns of local and national authorities. If you know someone who is willing to initiate and supervise school projects to promote the cultivation and the preventive and curative use of Artemisia against malaria, I am sure that even if we cannot take responsibility for the project, we will be able to assist by providing accommodation and logistical support for its realisation.
Thank you to those who write to us and keep us informed of the health situation in your part of the world.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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202 ou/or 2020

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Nous essayons de vous raconter un petit peu de nos aventures congolaises chaque semaine, mais parfois il est plus difficile de ne pas se répéter que d’autres et en passant rapidement en revue quelques uns des titres de nos nouvelles précédentes nous avons constaté qu’aujourd’hui c’est la nouvelle numéro 202. Comme il ne manque qu’un zéro pour correspondre avec l’année qui est en grande partie derrière le dos, c’est peut-être l’occasion de faire une petite rétrospective des tous les points saillants de cette année, qui est loin d’avoir été ordinaire pour nous tous.
Ici l’année à plutôt bien commencé, notre production a été meilleure que prévue dès le premier mois et nous avions une chouette équipe tant au niveau des expatriés que des cadres locaux. Je dis que nous avions car les choses ont assez rapidement changé, en grande partie à cause du coronavirus qui a, d’une part, empêché certains de nos expatriés de revenir sur le projet après leurs congés et, d’autre part, fait peur à d’autres qui étaient ici et voulaient à tout prix rentrer en Europe où ils pensaient être plus en sécurité. Le résultat des courses est que des sept expatriés qui étaient sur le projet en début d’année, nous ne sommes plus que quatre (plus Marie-Claude évidemment), deux ayant démissionné et un troisième ayant quitté pour des raisons de santé. Curieusement, même si cela demande plus de travail à ceux qui sont restés, les choses ont continué à tourner plutôt bien et il a été conclu que le remplacement des démissionnaires n’était donc peut-être pas indispensable. Ce changement n’est toutefois pas sans conséquences car outre la vie sociale, déjà assez limitée mais permettait de temps en temps de se retrouver tous pour un repas, un jeu de pétanque ou une excursion sur un banc de sable, qui est encore plus restreinte, nous avons à présent toute une série de maisons vides que nous devons garder en état pour le cas où l’équipe devait être renforcée dans l’avenir. Garder une maison en état ici veut dire qu’il faut un domestique qui veille à la propreté, l’entretien des appareils et installations (hydrophore, installations électriques, “climatiseurs”, etc.) et à l’entretien du jardin. D’un autre côté, nous avons soudain plus de véhicules à notre disposition, véhicules que nous essayons, à la fois de garder en bonne état de marche en les faisant “tourner” de temps en temps, tout en tentant de les préserver en les sortant uniquement en cas de nécessité absolue car ici “sortie” est souvent synonyme de casses et de pannes garanties…
Pour le moment nous ne sommes que deux employés expatriés sur la plantation, le directeur financier (qui a finalement pu revenir en RDC après avoir été bloqué six mois en Belgique à cause de la pandémie) et moi-même. Les deux autres, le directeur agronomique (ou doit-on dire la directrice agronomique) et le directeur technique, sont partis en congé jusqu’à la fin du mois, en espérant que la reprise du Covid-19 ne va pas les empêcher de revenir au pays comme prévu. Cela implique évidemment un surcroit de travail car, outre mon travail habituel, je dois également faire le suivi des activités agronomiques et superviser les opérations de l’huilerie, garage et construction, tandis que j’essaye de déléguer au maximum les activités liées aux approvisionnements et suivi des relations avec nos clients au directeur administratif et financier. A la fin de l’année ce sera encore plus intense (même si heureusement à cette période-là les activités de la plantation sont plutôt calmes) car il n’y aura que Marie-Claude et moi présents à Mapangu.
Cette année nous avions comme objectif d’obtenir notre certification de plantation durable, mais ici aussi le coronavirus a quelque peu perturbé les choses car les différents experts et auditeurs qui devaient venir à Mapangu n’ont évidemment pas pu suivre le programme prévu et vu que nous ne sommes pas la seule plantation qui doit être certifiée ce n’est pas évident à réorganiser. Dans l’attente nous avons continué à faire beaucoup de travaux d’amélioration qui vont de l’aménagement de zones pour le lavage des véhicules et station de carburant à la construction de nouvelles maisons et points de forages pour eau potable en passant par l’aménagement d’un bassin supplémentaire pour recueillir les effluents de l’huilerie (essentiellement de l’eau avec quelques traces d’huile de palme). Nous avons aussi équipé et surtout sensibilisé nos employés sur l’utilisation des EPI (équipements de protection individuelle), ce qui est peut-être l’aspect le plus difficile de toute la démarche. Nos employés reçoivent, selon les travaux qu’ils font, des bottes, gants, lunettes, casques, tabliers, etc., qu’ils réclament d’ailleurs dès qu’ils voient que d’autres ont été équipés, mais leur utilisation est une autre histoire car pour cela il y a toujours une excuse : il fait trop chaud, les lunettes ont de la buée, le casque tombe quand on se penche, les gants sont trop grands, trop petits, difficile à utiliser pour tenir un outil… Et puis, il y ceux qui ont besoin d’argent et revendent leur EPI à la cité. Ainsi on voit passer des chauffeurs de taxi motos avec des gants de nos herbicideurs, des casques de nos chargeurs, des bottes de nos coupeurs,…
Quand des auditeurs viennent faire des contrôles dans la plantation, nous en avons eu deux qui sont venus la semaine passée, ils repèrent évidemment le seul employé dont la botte est déchirée, ou les gants sont “oubliés” à la maison et cela figure en première ligne de leur rapport…
Un des gros chantiers en cours pour le moment est la construction d’un grand bassin d’une capacité d’environ 90.000 m3 près de l’huilerie qui doit nous servir de lagune supplémentaire. Le bassin est aménagé dans une zone semi-marécageuse où il est quasi impossible de travailler avec des engins, nous en avons d’ailleurs fait l’expérience car un bulldozer s’y est enlisé, nous avons heureusement enfin pu le récupérer. Pour la petite histoire nous ne sommes pas les premiers à avoir eu cette mésaventure, car dans une autre plantation ils ont eu le même problème il y a plusieurs années et le bulldozer y est toujours… Donc, tous les travaux doivent être faits à la main et le chantier ressemble un petit peu à ce à quoi devaient ressembler les chantiers pharaoniques, si ce n’est que dans notre cas se sont des centaines plutôt que des milliers d’ouvriers qui sont sur le chantier, cela reste impressionnant malgré tout. Les digues, qui font quand même 15m de largeur à la base, sont construites avec des sacs remplis de terre et de sable et entassés les uns sur les autres jusqu’à atteindre 3 ou 4 mètres de hauteur. Aux derniers calculs il nous faudra près de 300.000 sacs pour compléter la construction, chacun rempli à la main, cousu et ensuite transporté à dos d’homme jusqu’à son emplacement dans la digue. Par la suite, pour protéger ces sacs contre la dégradation des rayons de soleil, divers végétaux (paspalum, vetiver, bambou, etc.) sont plantés dans les interstices, et par la même occasion ceux-ci aident aussi à consolider la construction. Il va sans dire que c’est un chantier impressionnant et qui, malgré les retards de progression qui étaient quasi garantis dans notre environnement, évolue de manière assez positive.
Cette année la production de la plantation a été meilleure que durant toutes les années précédentes et, sans doute à cause des restrictions liées au Covid, nos dépenses ont été plus raisonnables qu’anticipé, ce qui fait que contrairement à beaucoup de sociétés qui ont souffert de la pandémie nos résultats sont plutôt positifs.
Malheureusement une moins bonne nouvelle est que nous n’avons pas réussi à sauver les deux jeunes hiboux qui sont morts tous les deux à quelques jours d’intervalle. Manifestement nous avons du manquer des connaissances nécessaires et l’expérience fructueuse de la chouette n’a pas pu être renouvelée.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et nous sommes toujours enchantés de recevoir des vôtres…
Marc & Marie-Claude

La lagune – The effluent pond
Griezel adore les torroirs – Griezel loves drawers

We try to tell you a little bit about our Congolese adventures every week, but sometimes it is harder not to repeat ourselves than others and by quickly going through some of the titles of our previous stories we found that today is the 202th posting since the start of our adventures. With only a zero missing to correspond with the year that is largely behind our back, it is perhaps an opportunity to do a little retrospective of some the highlights of this year, which has been far from ordinary for all of us.
Here the year started off rather well, our production was better than expected from the first month onwards nd we had a great team both at expatriate and local management level. I say we had because things changed quite quickly, largely due to the coronavirus which, on the one hand, prevented some of our expatriates from returning to the project after their holidays and, on the other hand, frightened others who were here and wanted to return to Europe at all costs, where they thought they would be safer. The result of all this is that of the seven expatriates who were on the project at the beginning of the year, we are now only four (plus Marie-Claude of course), two having resigned and a third having left for health reasons. Curiously, even if it requires more work for those who remained, things have continued to go rather well and it was concluded that the replacement of the ones that resigned was perhaps not necessary. However, this change is not without consequences, because in addition to the social life, which was already quite limited but allowed everyone to get together from time to time for a meal, a game of petanque or an excursion on a sandbank, is now even more restricted, we have a whole series of empty houses that we have to keepup in order in case the team needs to be reinforced in the future. Keeping a house in good condition here means that we need a housekeeper who looks after cleanliness, the maintenance of the appliances and installations (hydrophore, electrical installations, “air conditioners”, etc.) and the upkeep of the garden. On the other hand, we suddenly have more vehicles at our disposal, vehicles that we try to keep in good working order by “going for a short drive” from time to time, while trying to preserve them by using them only when absolutely necessary, because here “using” is often synonymous with guaranteed breakdowns and breakages…
At the moment we are only two expatriate employees on the plantation, the financial manager (who finally managed to return to the DRC after being stuck for six months in Belgium because of the pandemic) and myself. The other two, the agronomy manager and the technical manager, have gone on leave until the end of the month, hoping that the resurgence of Covid-19 will not prevent them from returning to the country as planned. This obviously implies an extra workload because, in addition to my usual work, I also have to follow up on agronomic activities and supervise the operations of the oil mill, garage and construction, while I try to delegate as much as possible the activities related to supplies and monitoring of relations with our customers to the administrative and financial director. At the end of the year it will be even more intense (although fortunately at that time the plantation activities are rather quiet) as only Marie-Claude and I will be present in Mapangu.
This year we were aiming to obtain our sustainable plantation certification, but here too the coronavirus has somewhat disrupted things because the various experts and auditors who were supposed to come to Mapangu were obviously not able to follow the planned programme and since we are not the only plantation that has to be certified it is not easy to reorganise things. In the meantime, we have continued to bring a lot of improvements, ranging from the creation of areas for washing vehicles and fuel stations, to the construction of new houses, boreholes for drinking water and the construction of an additional pond to collect the oil mill effluents (mainly water with some traces of palm oil). We have also equipped and, above all, made our employees aware of the use of PPE (personal protective equipment), which is perhaps the most difficult aspect of the whole process. Depending on the work they do, our employees receive boots, gloves, goggles, helmets, aprons, etc., which they ask for as soon as they see that others have been equipped, but their use is a different story because there is always an excuse: it is too hot, the goggles fog up, the helmet falls off when you bend down, the gloves are too big, too small, difficult to use for the work, etc. Then there are those who need money and sell their PPE on the market. As a result we see motorbike taxi drivers passing by with gloves from our weeding team, helmets from our loaders, boots from our cutters,…
When auditors come to do checks in the plantation, we had two of them on the plantation last week, they obviously spot the only employee whose boot is torn, or the gloves are “forgotten” at home and this is what ends up on the front paragraph of their report …
One of the big projects underway at the moment is the construction of a large pond with a capacity of about 90,000 m3 near the oil mill which is to serve as an additional effluent treatment area. The pond is set up in a semi marshy area where it is almost impossible to work with heavy machinery, we have experienced this because a bulldozer got stuck in it, fortunately we were finally able to recover it. For the record, we are not the first ones to have had this misadventure, because in another plantation they had the same problem several years ago and the bulldozer is still there… So, all the work has to be done by hand and the site looks a little bit like what the pharaonic building sites must have looked like, except that in our case there are hundreds rather than thousands of workers on the site, which is still impressive. The dikes, which are about 15m wide at the base, are built with bags filled with earth and sand and piled one on top of the other until they reach a height of 3 or 4 metres. According to the latest calculations, we will need around 300,000 bags to complete the construction, each filled by hand, sewn closed and then transported by hand (or rather by back) to its location in the dyke. Subsequently, to protect these bags from the degradation of the sun’s rays, various plants (paspalum, vetiver, bamboo, etc.) are planted in the interstices, and at the same time they also help to consolidate the construction. It goes without saying that this is an impressive construction site which, despite the delays in progress that were almost guaranteed in our environment, is evolving in a fairly positive manner.
This year the plantation’s production was better than in all previous years and, undoubtedly due to the restrictions linked to Covid, our expenses were more reasonable than anticipated, which means that, unlike many companies that have suffered from the pandemic, our results are rather positive.
Sadly, on a less positive note, we were not able to save the two young owls in our care as both died at a few day’s interval. Clearly our knowledge of these animals was not sufficient, despite the positive outcome of the barn owl that Marie-Claude rescued from Kinshasa.
We hope this news finds you well and we are always delighted to receive some of yours…
Marc & Marie-Claude

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Un de nos souvenirs lors de notre première visite, de ce qui était alors le Zaïre, est un petit voyage que nous avons fait dans le Shaba (maintenant Katanga) entre Kaniama, où nous étions basé, et Kamina où il était (parfois) possible de trouver des produits spéciaux comme du fromage (Vache-qui-rit), du riz, de l’huile, de la levure, du lait en poudre, etc. qui n’était pas ou rarement disponible à Kaniama, durant lequel nous avons fait étape chez l’épouse d’un des expatriés qui s’occupait d’un élevage extensif de bovins. A Kaniama nous avions une petite maison tout à fait correcte avec une petite parcelle juste assez grande pour que les enfants puissent y jouer, mais pas beaucoup plus que cela. La résidence du responsable de l’élevage était par contre une ancienne maison coloniales construite au sommet d’une colline avec une visibilité à perte de vue tout autour de la maison. A cette époque les téléphones mobiles n’existaient pas et il n’y avait pas de lignes de téléphone terrestre, donc hormis ce qui était appelé la “phonie”, un poste émetteur / récepteur qui permettait d’échanger des messages (pas très privés) sur quelques centaines de kilomètres, il n’était pas possible de prévenir les personnes chez qui l’on débarquait pour faire escale en route. Tout le monde savait que des visiteurs pouvaient débarquer sans prévenir et nous étions donc toujours prêts avec une maison de passage et quelques vivres essentiels pour le cas où. Que ce soit chez des privés, dans des missions ou des maisons de passage officielles, nous avons chaque fois été accueillis royalement lors de nos étapes, même quand nous débarquions à deux adultes, deux bambins et deux gros chiens en plus dans les bagages.
Lors de cette étape dans la station d’élevage, nous avons été reçus sans discuter, comme de coutume, mais sans savoir que seule l’épouse de l’expatrié était à la maison et la première chose qu’elle nous a dit est littéralement : “Ne me parlez pas de la vue!” qui était, il est vrai spectaculaire. Mais à force d’être seule dans son coin isolé et manifestement en manque de civilisation depuis un moment, je crois que le fait de s’entendre dire par chaque visiteur qu’elle était enviée pour sa vue à fini par arriver à saturation. Il est vrai que la maison était TRES isolée.
Quand je suis venu visiter Mapangu, avant que nous ne nous décidions à nous relancer dans une aventure congolaise, j’ai brièvement visité la Cathédrale qui à ce moment-là n’était pas la résidence du DG mais une maison de passage et j’ai été fort impressionné par la vue. Rentré en Belgique, j’en ai évidemment parlé avec Marie-Claude et nous avons tous les deux immédiatement pensé à notre visite trente ans plus tôt et décidé, malgré tout, de venir nous installer à la Cathédrale. Eh bien, même si, ici aussi, nous sommes très isolés et que cela va bientôt faire cinq ans que nous sommes ici, ni Marie-Claude ni moi sommes lassé de la vue magnifique dont nous profitons presque tous les jours. Chaque fois que nous devons faire un travail dans la cuisine nous avons un panorama spectaculaire dur la vallée du Kasaï et maintenant nous pouvons même profiter de la vue des terrasses pendant que nous nageons dans notre bassin olympique. Je crois que le jour où nous quitterons Mapangu pour d’autres cieux, c’est certainement un des aspects de notre vie d’ici qui nous manquera.
La maison où résidait mon prédécesseur, maintenant appelée “Villa Kasaï” n’est pas en reste pour autant, située en bordure de la rivière Kasaï elle permet de voir toute l’activité qui se déroule sur l’eau, chose que nous ne pouvons que deviner depuis notre nid d’aigle. Mais, même si la vue du Kasaï est très belle, la villa se trouve coincée entre la plantation et la route principale où, jour et nuit (en période de pointe) passent de gros camions plus toute une série d’autres véhicules, ce qui est évidemment un aspect moins plaisant et difficile à concilier avec le fait que nous sommes totalement isolés, alors pourquoi subir les inconvénient du trafic à côté de la maison, ce qui n’est absolument pas le cas à la Cathédrale. Il est vrai que, par contre, la Cathédrale est loin des bureaux et que compte tenu l’état des routes il faut environ une demi heure (en voiture ou à vélo) pour faire le trajet, à raison de deux aller-retours par jour cela fait, mine de rien, quand même deux heures de navette par jour, mais c’est aussi une occasion de traverser une bonne partie de la plantation et ainsi de suivre un petit peu ce qui s’y passe. Et puis notre vue… nous ne nous en lassons pas.
Excepté dans les parties de la plantation plus âgée où la taille des palmiers ne permet pas de voir très loin, il y a beaucoup d’endroits où les panoramas sont impressionnants, évidemment presque tous avec des palmiers (plantés ou sauvages), mais néanmoins très beaux, surtout tôt le matin quand les collines sont enveloppées de brumes et que le soleil commence son ascension dans le ciel. A la maison nous gardons une paire de jumelles (souvenir de notre résidence sur la péniche) qui nous permet de regarder de plus près ce qui se passe aux alentours de la Cathédrale ou d’observer les oiseaux (parfois assez extraordinaires) qui viennent aux abords de la maison. Les alentours de la Cathédrale ont d’ailleurs fort changés depuis que nous nous y sommes installés car, outre bon nombre d’arbres fruitiers (dont nous ne verrons probablement pas ou peu la production), Marie-Claude a planté et fait planter une multitude de fleurs et d’arbustes qui permettent de toujours avoir des bouquets dans la maison. Il est fort probable que toute cette végétation attire assez bien de créatures, dont beaucoup d’oiseaux.
Nous espérons très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

One of our memories from our first visit, from what was then Zaire, is a short trip we made in Shaba (now Katanga) between Kaniama, where we were based, and Kamina where it was (sometimes) possible to find special products like processed cheese (Vache-qui-rit), rice, oil, yeast, powdered milk, etc. which was not or rarely available in Kaniama. During this trip we made a stop at the home of one of the expatriates who ran an extensive cattle farm. In Kaniama we had a quite decent little house with a small plot of land just big enough for the children to play on, but not much more than that. The residence of the person in charge of the cattle ranch, on the other hand, was an old colonial house built on top of a hill with a view as far as the eye could see all around the house. At that time mobile phones did not exist and there were no land lines, so apart from what was called the “phonie”, a transmitter/receiver that allowed messages (not very private) to be exchanged over a few hundred kilometres, it was not possible to warn people at whose homes one would visit for a stopover on the way. Everybody knew that visitors could arrive without warning, so we were always ready with a guest house or a spare bedroom and some essential food supplies in case. Whether at private homes, missions or official guest houses, we were always given a royal welcome during our stopovers, even when arriving with two adults, two toddlers and two large dogs in our luggage.
During this stage in the cattle ranch, we were received without discussion, as usual, but without knowing that only the expatriate’s wife was at home and the first thing she said to us was literally: “Don’t tell me about the view” which was, it is true, spectacular. But being alone in her isolated corner and obviously in need of civilization, I think that hearing every visitor tell her that she was envied for her view finally reached saturation point. It is true that the house was VERY isolated.
When I came to visit Mapangu, before we decided to embark on a new Congolese adventure, I briefly visited the Cathedral, which at the time was not the residence of the GM but a guest house and I was very impressed by the view. Back in Belgium, I obviously talked about it with Marie-Claude and we both immediately thought about our visit thirty years earlier and decided, despite everything, to come and live in the Cathedral. Well, even though we are also very isolated here and we have been here for five years now, neither Marie-Claude nor I are tired of the magnificent view we enjoy almost every day. Every time we have to do a job in the kitchen we have a spectacular view over the Kasai valley and now we can even enjoy the view from the terraces while we swim in our Olympic pool. I believe that the day we leave Mapangu for new horisons, this is certainly one of the aspects of our life here that we will miss.
The house where my predecessor lived, now called “Villa Kasai” is not to be belittled either, located on the banks of the Kasai River it allows one to see all the activity that takes place on the water, while we can only guess what is happening on the river from our eagle’s nest. But even though the view of the river is very beautiful at the Villa Kasaï, the house is stuck between the plantation and the main road where, day and night (during peak periods) large trucks plus a whole series of other vehicles pass by. This is obviously a less pleasant aspect and difficult to reconcile with the fact that we are totally isolated, so why suffer the inconvenience of traffic next to the house, which is absolutely not the case at the Cathedral. It is true that the Cathedral is long way from the offices, and given the state of the roads it takes about half an hour (by car or bicycle) to get there, at the rate of two return trips a day, which nevertheless adds to two hours of commute every day. However it is also an opportunity to drive through a sizeable part of the plantation and thus to follow a little bit what is going on there. And then our view… we never get tired of it.
Except in the parts of the older plantation where the size of the palm trees does not allow one to see very far, there are many places where the panoramas are impressive, obviously almost all with palm trees (planted or wild), but nevertheless very beautiful, especially in the early morning when the hills are shrouded in mist and the sun begins its ascent in the sky. At home we keep a pair of binoculars (a souvenir of our residence on the barge) which allows us to take a closer look at what is happening around the Cathedral or to observe the birds (sometimes quite extraordinary) that come to the surroundings of the house. The grounds of the Cathedral have changed a lot since we moved here because, in addition to a good number of fruit trees (produce of which we will probably not see much of if anything), Marie-Claude has planted a multitude of flowers and shrubs which allow us to always have bouquets in the house. It is very likely that all this vegetation attracts quite a few creatures, including many birds, which were not around before.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude