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Dernières Nouvelles de RDC – Last News from DRC

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Nous voici dans la toute dernière ligne droite, dans quelques heures nous prendrons l’avion pour l’Europe et laisserons derrière nous un chapitre important de notre vie dans ce pays (d’abord à l’époque de Mobutu et ensuite sous Kabila et Tshisekedi) car nous y aurons totalisé presque 9 ans soit pas loin d’un quart de notre vie de couple. Mapangu aura été pour nous la maison dans laquelle et l’adresse à laquelle nous aurons vécu le plus longtemps tous les deux de manière ininterrompue avec Budapest et Kapellen venant en deuxième place plus ou moins équivalente. Mais la RDC n’a quand même pas détrôné “Weatherlight”, logement (flottant) dans lequel nous avons vécu (certes à des adresses différentes) pendant un total de 7 ans. Depuis que nous sommes mariés (il y a 40 ans), nous avons totalisé le modeste chiffre de 29 adresses ou déménagements, certains plus compliqués que d’autres et vécu dans une multitude de logements différents, y compris un bus, une péniche et une roulotte.
Un changement comme celui que nous vivons actuellement est l’occasion de faire un rapide bilan sur les expériences, bonnes et mauvaises, de ces dernières années, mais dans l’ensemble nous quittons malgré tout Mapangu avec le cœur gros car malgré les péripéties que nous avons rencontrées ce fut une expérience inoubliable et unique que nous avons eu la chance de vivre.
A la blague certes, nous parlons de Mapangu comme étant la toscane congolaise et d’un certain point de vue ce n’est pas inexact. Les paysages sont superbes et le climat est généralement agréable, mais évidemment d’un point de vue culturel, culinaire et vie sociale ce n’est pas comparable. Nous avons eu la chance de vivre dans une maison très spacieuse (elle n’a pas été baptisée Cathédrale pour rien) avec des vues imprenables sur presque 360° avec la possibilité d’y faire pousser la majorité des fruits et légumes dont nous avions besoin.
Pendant la durée de notre séjour à Brabanta il y a eu de gros changements, d’abord au bureau de Kinshasa qui avait deux expatriés résidents et un personnel de près de 25 personnes et qui aujourd’hui ne compte plus que 6 agents locaux. A Mapangu le cadre social a fortement changé car nous sommes passés de treize expatriés résidents (seize avec ceux de Kinshasa y compris les partenaires) à un total de cinq, ce qui économiquement fait évidemment une énorme différence, mais impacte aussi très fortement la vie sociale en plantation. Il est probable que dans les mois à venir les choses reviennent à un meilleur équilibre, surtout parce que d’autres épouses d’expatriés vont rejoindre le projet et donc théoriquement offrir plus d’opportunités d’interactions hors du travail.
Nous avons connu des moments difficiles, jusqu’à nous obliger à évacuer tous les expatriés de la plantation à cause d’un risque d’agression qui était devenu trop grave. Souvenez-vous des deux jeunes experts des Nations Unies qui avaient été assassinés et qui ont été suivi par une invasion de milices populaires dans la toute la Province et sont arrivés presque jusqu’à la plantation. Heureusement une bonne partie du personnel non-essentiel et des familles avait déjà quitté la plantation et les autorités ont fini par repousser les rebelles, mais ce fut malgré tout un moment chaud.
Une autre expérience moins agréable s’est déroulée il y a environ un an et demi lorsqu’une bonne centaine de nos agents de sécurité se sont révoltés et sont venus assiéger les bureaux de la direction avec jets de pierres, menaces diverses, etc. que même la police n’a pas réussi à disperser sans que plusieurs de leurs agents ne soient blessés et évacués vers l’hôpital. Tout cela c’est terminé avec le départ négocié de près de 120 agents de sécurité et le licenciement de 10 délégués syndicaux, ce qui a évidemment continué à faire des vagues pendant une grande partie de l’année dernière.
La plantation a généralement été épargnée par la pandémie et, excepté le fait que cela nous a empêché Marie-Claude et moi de quitter la plantation pendant presque une année complète, les opérations ont pu continuer de manière quasi normale. Nous avons évidemment dû mettre en place dans toute la plantation tout un tas de mesures de précautions allant du lavage de mains, au port de masques en passant par la distanciation, mais le simple fait d’être isolé et difficile d’accès à probablement été un facteur majeur pour préserver Brabanta du Covid-19 car la vaste majorité de la population de Mapangu n’a pas et ne respecte pas les mesures de précautions à l’image des autorités locales qui se sont totalement désintéressées du problème.
Durant notre séjour en RDC nous avons eu la chance de rencontrer des personnes extraordinaires qui, nous l’espérons resteront en contact avec nous même si nous ne sommes plus dans le même pays voir le même continent. Une leçon de nos pérégrinations à travers le monde est qu’il est impossible de savoir quand et comment, mais il y a des amitiés qui se forment et qui perdurent même s’il est impossible de se voir pendant de nombreuses années, espérons que les nouvelles connaissances que nous avons acquises durant notre temps au Congo seront de celles qui ne s’effacent pas.
Vous devinerez que compte tenu des derniers préparatifs à faire avant de prendre la route vers l’aéroport (dans quelques heures seulement) nous n’allons pas écrire de roman fleuve cette fois, mais restez à l’écoute de nos prochaines aventures et merci de nous avoir suivi dans celle-ci.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

Here we are in the very last straight line, in a few hours we will take the plane for Europe and will leave behind us an important chapter of our life in this country (first at the time of Mobutu and then under Kabila and Tshisekedi) because we will have totalled almost 9 years, almost a quarter of our life as a couple. Mapangu will have been for us the house and the address in which we both lived the longest uninterrupted period, with Budapest and Kapellen coming in second place more or less equivalent. But the DRC did not outdoing “Weatherlight”, the (floating) house in which we lived (albeit at different addresses) for a total of 7 years. Since we got married (40 years ago), we have totaled the modest figure of 29 addresses or moves, some more complicated than others, and lived in a multitude of different accommodations, including a bus, a barge and a Gypsy trailer.
A change like the one we are currently experiencing is an opportunity to take a quick look at the experiences, good and bad, of the last few years, but overall we still leave Mapangu with a heavy heart because despite the problems we had it was an unforgettable and unique experience that we were lucky enough to live.
Jokingly, of course, we talk about Mapangu as the Congolese Tuscany and from a certain point of view this is not inaccurate. The landscapes are superb and the climate is generally pleasant, but obviously from a cultural, culinary and social point of view it is not comparable. We were lucky to live in a very spacious house (it was not named Cathedral for nothing) with breathtaking views of almost 360° with the possibility to grow most of the fruits and vegetables we needed.
During our stay at Brabanta there were big changes, first in the Kinshasa office which had two expatriate residents and a staff of almost 25 people when we arrived and now only 6 local agents. In Mapangu the social framework has changed greatly as we have gone from thirteen resident expatriates (sixteen with those in Kinshasa including partners) to a total of five, which obviously makes a huge difference economically, but also has a very strong impact on the social life on the plantation. It is likely that in the coming months things will return to a better balance, especially because other expatriate spouses will join the project and thus theoretically offer more opportunities for interaction outside work.
We have gone through difficult times, to the point where we had to evacuate all the expatriates from the plantation because of a risk of aggression that had become too serious. Remember the two young United Nations experts who were assassinated and who were followed by an invasion of popular militias throughout the Province and arrived almost to the plantation. Fortunately, many of the non-essential personnel and families had already left the plantation and the authorities eventually drove the rebels back, but it was still a stressful moment.
Another less pleasant experience took place about a year and a half ago when over a hundred of our security agents rebelled and came to besiege the offices of the management with stone throwing, various threats, etc., which even the police were unable to disperse without several of their agents being injured and evacuated to hospital. All of this ended with the negotiated departure of nearly 120 security guards and the dismissal of 10 union delegates, which obviously continued to make waves for much of last year.
The plantation was generally spared the pandemic and, except for the fact that it prevented Marie-Claude and I from leaving the plantation for almost a full year, operations were able to continue in an almost normal manner. We obviously had to put in place a host of precautionary measures ranging from hand washing, wearing masks and distancing ourselves, but the mere fact of being isolated and difficult to access was probably a major factor in keeping Brabanta free of Covid-19 as the vast majority of the Mapangu population does not have and does not respect precautionary measures taking example from the local authorities who totally disregarded the problem.
During our stay in the DRC we had the chance to meet extraordinary people, who we hope will stay in contact with us even if we are not in the same country or continent anymore. One lesson from our peregrinations around the world is that it is impossible to know when and how, but there are friendships that are formed and that last even if it is impossible to see each other for many years, let’s hope that the new friends we have acquired during our time in the Congo will be among the ones that do not fade away.
You will guess that given the final preparations to be made before heading to the airport (in just a few hours) we are not going to write a full novel this time, but stay tuned for our next adventures and thank you for following us in this one.
See you soon,
Marc & Marie-Claude

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Malles – Trunks

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Une page est en train de se tourner pour nous car après cinq années sédentarité à “la Cathédrale” pour Brabanta, ce qui en fait le lieu où, en quarante ans de vie commune, nous avons résidé le plus longtemps, nous sommes sur le point de changer d’affectation et il nous faut à présent libérer la maison pour faire place à la relève. Heureusement le couple qui nous succède nous facilite grandement la tâche car ils reprennent la grande majorité des choses que nous avions achetées pour décorer ou équiper la maison et nous évitent ainsi de devoir les emballer ou leur trouver un acquéreur. Mais il n’en reste pas moins que nombre d’affaires plus personnelles doivent être empaquetées dans malles et valises en vue d’être expédiées vers l’Europe qui est notre prochaine étape, temporaire, elle aussi. C’est incroyable ce que nous avons pu accumuler en cinq ans de vie ici à Mapangu, mais pas vraiment surprenant car c’était notre lieu de résidence permanent et compte tenu de l’isolement et des opportunités quasi nulles de se distraire hors de la maison, surtout pour Marie-Claude, il fallait avoir tout le nécessaire pour bricoler, coudre, cuisiner, jardiner, etc. Pour cela nous avions, petit à petit, ramené des outils, accessoires et fournitures qui n’ont pas nécessairement tous été utilisés ou usés complètement. En outre, Marie-Claude n’ayant pas d’activité professionnelle ici devait trouver des moyens de s’occuper tous les jours à la maison car dans les environs accessibles il n’y a aucun moyen de distraction, à Mapangu le marché de la semaine offre , indéfiniment, la même panoplie limitée des mêmes produits (pagnes, accessoires en plastique, manioc, maïs, arachides, oignons) ce qui n’incite pas vraiment à la sortie et hormis l’un ou l’autre bar où il est possible de boire une bière au son d’une installation de musique dont les meilleurs jours sont largement dépassés, il n’y a aucune autre activité excepté la plantation. Ce n’est pas tout à fait exact car durant notre “mandat présidentiel” comme l’ont présenté nos collègues à la soirée bridée Covid organisée pour notre départ vendredi, nous avons durant ces cinq années occasionnellement fait des sorties pique-nique / barbecue en équipe sur la rivière Kasaï pour aller sur un banc de sable et essayer de nager, pour les plus courageux, dans les zones sans trop de courant. Mais cela nécessite toute une organisation qu’il est difficile de justifier pour juste nous deux. Parlant de départ, nous avons eu l’agréable surprise d’une peinture-portrait commanditée et offerte, à titre privé, par un entrepreneur que Marc a engagé et lancé sur le marché durant sa période de direction (voir photo de l’oeuvre ci-jointe).
Le hasard fait que ce week-end correspond au seul vrai long week-end de l’année car samedi et lundi sont fériés et donc idéal pour que nous puissions faire nos paquets. De plus, depuis vendredi Marc a officiellement passé la main à son successeur et dispose donc (théoriquement) d’un peu plus de temps pour s’occuper des préparatifs de départ. Cela ne veut toutefois pas dire que nous avons changé nos horaires car, avant que nous nous envolions vers de nouveaux horizons, il est important que le nouveau DG puisse visiter toutes les sections de la plantation et nous disposons de juste assez de jours jusqu’à la veille de notre départ pour faire cela, donc jusqu’à la fin (sauf ce long week-end évidemment) nous continuons à sauter hors du lit à 4h25 du matin.
Makala, notre chienne qui n’en n’est pas à son premier déménagement, sent que quelque chose se prépare. C’est d’autant plus évident que la cage dans laquelle elle fera le voyage en avion, dans un premier temps de Mapangu à Kinshasa et puis de la RDC vers la Belgique, est à présent installée dans le salon pour qu’elle reprenne l’habitude de s’y installer et limiter ainsi (nous l’espérons) le stress du voyage pour notre compagne depuis déjà 13 ans. Griezel, notre chatte, restera ici à la Cathédrale car le nouveau DG et son épouse ont décidé de l’adopter et nous avons estimé que c’était pour le mieux compte tenu de l’incertitude de notre prochaine destination et que l’on dit que les chats sont souvent plus attachés à leur maison qu’à leur maître. Elle nous manquera car c’est une compagne très câline et douce, mais nous avions du mal à imaginer comment nous déplacer entre différents pays en Europe avec un chien et un chat, surtout ne sachant pas trop comment elle accepterait un changement drastique de son environnement après une vie sédentaire sans oublier le danger de routes, autres chiens et chats, le froid…
Le nouveau DG reprend donc la Cathédrale, la piscine, le vélo et le chat, plus une quantité impressionnante de petites choses diverses allant de la décoration (masques, tapis du Kasaï, tableaux, etc.) aux divers appareils électroménagers qui ont survécu grâce au fait que seule Marie-Claude s’en est servie (et exceptionnellement Marc avec des autorisations spéciales). Alors que dans d’autres maisons il faut sans cesse réparer ou remplacer les appareils ou machines (four à micro-ondes, grille pain, bouilloire, machine à laver, sécheuse, cuisinière, etc.) nous avons réussi à préserver les nôtres pendant toute la durée de notre séjour ici, mais en veillant à ce que personne n’y touche ou alors seulement sous étroite supervision.
Vous comprendrez que, compte tenu des opérations en cours pour le moment, ces nouvelles seront un petit peu plus brèves que d’habitude. Nous essayerons toutefois de vous envoyer un dernier bilan la semaine prochaine, qui sera alors notre ultime missive depuis la RD Congo, mais nous ne manquerons pas de vous tenir informé de toute nouvelle aventure dans laquelle nous nous embarquerions après celle-ci.
A très bientôt vous lire ou vous voir,
Marc & Marie-Claude

Appel à Sanga² – Muster at Sanga²
Petit déjeuner sur la terrasse – Breakfast on the terrace
Qui est le chef? – Who is the boss?

A page is being turned for us because after five years of sedentary life in “the Cathedral” for Brabanta, which makes it the place where, in forty years of living together, we have stayed the longest, we are about to change our assignment and we now have to vacate the house to make way for the next general manager. Luckily the couple who is succeeding us makes our task much easier as they are taking over the vast majority of the things we bought to decorate or equip the house and so we do not have to pack them up or find a buyer for them. But the fact remains that many more personal items have to be packed in trunks and suitcases to be shipped to Europe, which is our next, temporary, destination. It is amazing what we have been able to accumulate in five years of residence here in Mapangu, but not really surprising as this was our permanent home and given the isolation and the almost zero opportunities to do anything outside the house, especially for Marie-Claude, we had to have everything we needed to tinker, sew, cook, garden, etc. To do this we had, little by little, brought back tools, accessories and supplies which were not necessarily all used or completely worn out. In addition, Marie-Claude, not having a professional activity here, had to find ways to keep herself busy at home every day because in the accessible surroundings there is no means of distraction, in Mapangu the weekly market offers, indefinitely, the same limited panoply of the same products (fabrics, plastic accessories, cassava, corn, peanuts, onions) which does not really encourage us to go out, and apart from one or other bar where it is possible to drink a beer to the sound of a music installation whose best days are long gone, there is no other activity except the plantation. This is not quite true because during our “presidential mandate” (as our colleagues presented my term at Brabanta during the Covid limited party organised on Friday), we have during these five years occasionally gone on picnic/barbeque outings as a team on one of the sand banks on the Kasaï river and try to swim, for the bravest of us, in areas without too much current. But this requires quite an organisation which is difficult to justify for just the two of us. Speaking of departure, we had the pleasant surprise of being offered a portrait painted on commission from one of the contractors that Marc hired and helped develop his business during his period of management (see photo of the work attached).
By chance, this weekend was the only real long weekend of the year, as Saturday and Monday are public holidays and therefore ideal for us to pack. Moreover, since Friday Marc has officially handed over to his successor and therefore has (theoretically) a little more time to take care of the preparations for departure. However, this doesn’t mean that we have changed our schedule, because before we fly off to new horizons, it is important that the new GM get’s a chance to visit all the sections of the plantation and we have just enough days until our departure to do this, so until the end (except this long weekend of course) we continue to jump out of bed at 4:25am.
Makala, our dog, who is not a first-time mover, senses that something is coming. This is all the more obvious as the cage in which she will be travelling by plane, first from Mapangu to Kinshasa and then from the DRC to Belgium, is now installed in the living room so that she can get back into the habit of settling down there and thus (we hope) limit the stress of the trip for our companion for already 13 years. Griezel, our cat, will stay here at the Cathedral as the new GM and his wife have decided to adopt her and we felt that this was for the best given the uncertainty of our next destination and that it is said that cats are often more attached to their homes than to their owners. We will miss her because she is a very cuddly and gentle companion, but we had difficulty imagining how we would move between different countries in Europe with a dog and a cat, especially not knowing how she would accept a drastic change in her environment after a sedentary life in the bush, without forgetting the danger of roads, other dogs and cats, the cold… The new GM ill move into the Cathedral, and take over the swimming pool, the bicycle and the cat, plus an impressive amount of small and diverse things from decoration (masks, Kasai carpets, paintings, etc.) to various household appliances that have survived thanks to the fact that only Marie-Claude has used them (and exceptionally Marc with special permission). Whereas in other houses the appliances or machines (microwave oven, toaster, kettle, washing machine, dryer, cooker, etc.) have to be constantly repaired or replaced, we have managed to preserve our own for the duration of our stay here, but by making sure that no one touches them or only under close supervision.
You will understand that, given the operations underway at the moment, this news will be a little shorter than usual. However, we will try to send you a final update next week, which will then be our last missive from the DR Congo, but we will not fail to keep you informed of any new adventure we embark on afterwards.
We look forward to reading or seeing you soon,
Marc & Marie-Claude

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Anecdotes

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Avec les évènements rapportés dans le monde, allant de la pandémie qui prend de l’ampleur un peu partout jusqu’aux récents troubles dans la capitale des Etats-Unis, les histoires de notre coin de brousse peuvent paraître plutôt anodines, mais méritent malgré tout d’être enregistrées ne fut ce que pour nous en souvenir dans l’avenir quand notre mémoire sera moins claire ou pour ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de vivre ces moments.
La première anecdote concerne un passager (un de nos travailleurs) qui avait demandé de pouvoir prendre place dans ma voiture pour rejoindre Mapangu après la pause de midi. C’est presque journellement que j’ai des personnes qui profitent de mon voyage de retour vers les bureaux après ma pause-déjeuner à la maison, pour rentrer chez eux sans devoir attendre le camion chargé de les ramener et, généralement, ils m’attendent au niveau des bureaux agro (qui se trouvent sur le chemin, un peu en-dessous de la Cathédrale). Cependant, il arrive que l’on m’attende à la sortie de la Cathédrale pour être certain d’avoir une place dans la voiture, car celles-ci sont très convoitées. Dans la mesure où ils portent un masque, j’accepte généralement de les prendre sachant que cela leur économise quelques heures après une journée de travail parfois assez pénible. Ce jour-là il n’y avait qu’un seul travailleur qui m’attendait à la barrière de la Cathédrale et je l’ai laissé monter à l’arrière de la voiture après qu’il m’ait dit vouloir aller à Mapangu. Après avoir fait une centaine de mètres je me suis rendu compte que la portière par laquelle il était entré dans la voiture était mal fermée et je lui ai demandé de refermer la portière correctement, mais comme je l’ai déjà expliqué dans d’autres message, les mécanismes d’ouverture des portières de voiture restent un mystère pour beaucoup de personnes ici et plutôt que de perdre du temps je me suis arrêté, je suis sorti de la voiture et ai refermé correctement la portière. A ma grande surprise, lorsque j’ai repris ma place le monsieur se comportait comme un oiseau nouvellement enfermé dans une cage en se jetant violemment contre la portière et les fenêtres de la voiture et j’ai cru que, soit je lui avait peut-être coincé quelque chose en refermant la portière, soit qu’il avait une urgence soudaine car il n’arrêtait pas de dire “pardon” “pardon”. Je suis donc ressorti de la voiture pour aller ouvrir la portière et sans me donner d’explication il a sauté au-dessus du siège pour sortir précipitamment par la porte du conducteur et s’enfuir à toutes jambes en criant “pardon” “pardon”, abandonnant son sac dans la voiture. Très perplexe, je me suis arrêté au Germoir (bureaux agro) et ai signalé aux agents de sécurité qu’un travailleur terrorisé avait fui de ma voiture en y abandonnant ses affaires que j’ai laissé à leurs soins pour qu’ils puissent les lui restituer lorsqu’il ressortirait de la plantation où il s’était caché.
Vu le nombre de travailleurs que nous avons j’ai évidemment du mal à tous les reconnaitre et c’est encore plus difficile lorsque ceux-ci sont masqués. Je suis donc remonté avec l’un des divisionnaires jusqu’à la barrière de la Cathédrale pour interroger le gardien en poste sur l’identité du travailleur, puisque c’est à cet endroit que je l’avais pris en charge, mais le gardien ne put rien nous dire si ce n’est qu’il savait que c’était un des travailleurs de Brabanta.
Le lendemain on m’a rapporté que l’individu en question était passé par la plantation pour arriver, par derrière, jusque dans le jardin de l’un de nos divisionnaires où il a interrogé le jardinier pour savoir si le DG était bien parti parce que j’aurais eu l’intention de le tuer. Quand il a expliqué ce qui s’était passé le jardinier aurait rigolé et disant que le DG était maniaque pour la fermeture des portes de la voiture et que cela arrivait souvent qu’il s’arrête pour bien refermer les portières. C’est vrai que cela m’arrive de temps en temps de m’arrêter pour refermer l’une ou l’autre porte parce que c’est plus rapide que d’essayer d’expliquer la manœuvre, mais je ne savais pas que c’était au point de d’avoir la réputation de faire une fixation la-dessus…
Une autre anecdote récente, un peu plus dramatique celle-ci car elle implique malheureusement mort d’homme, concerne les autorités judiciaires de Mapangu. Tout a commencé avec un mandat d’amener lancé par l’antenne du Parquet de Mapangu à l’encontre d’un habitant de la cité de Mapangu. Lorsque les agents du Parquet sont arrivés au domicile de celui-ci il était absent et seule son épouse était à la maison. A défaut du mari, les agents du Parquet on voulu arrêter la dame, mais un voisin (qui est aussi policier) s’est interposé en faisant remarquer que la faute et donc le mandat d’amener était individuel et qu’il n’était donc pas justifié d’arrêter l’épouse en lieu et place du monsieur recherché. Les agents du Parquet sont donc retournés à leur bureau bredouilles, pour y être invectivé par leur chef (OPJ ) qui leur a reproché de ne pas avoir arrêté quelqu’un (chaque arrestation représente une rentrée d’argent, car même si innocent il faut payer quelque chose pour sortir). Pour se “venger” les agents du Parquet n’ont rien trouvé de mieux que d’aller agresser physiquement le policier qui en est malheureusement décédé.
La famille et les voisins du policier défunt ont à leur tour décidé de prendre les choses en main et, en guise de représailles, se sont attaqué au Parquet (d’où les agents concernés avaient déjà fui après l’annonce du décès du policier) et ont sérieusement tabassé l’OPJ du Parquet et détruit puis incendié par la même occasion le bâtiment. L’OPJ se trouve à présent à l’hôpital en assez mauvais état et à leur tour les auteurs de l’attaque du Parquet ont pris la fuite. Compte tenu des évènements, appel a été fait aux forces de l’ordre d’Ilebo, mais les autorités territoriales n’ayant pas de moyens (ni de transport, ni financier) et la Province restant sourde à leur demande d’assistance, il a fallu attendre quelques jours pour que le renfort demandé puisse finalement atteindre Mapangu après avoir réquisitionné une embarcation et emprunté de l’argent pour acheter du carburant. Entre temps tous les responsables ont fui, certains ayant fait savoir à leur famille qu’ils étaient déjà à des centaines de kilomètres et donc il est peu probable qu’ils soient inquiétés car la mémoire est courte ici. Outre le fait qu’elles sont évidemment “venues pleurer” chez nous pour obtenir une aide financière et matérielle pour l’équipe venue d’Ilebo, les autorités territoriales ont décidé que, jusqu’à nouvel ordre, l’antenne du Parquet de Mapangu serait supprimée et que toutes les affaires devraient dorénavant être traitées par le Parquet d’ Ilebo. Ceci devrait théoriquement nous être favorable car les plaignants devront à présent se rendre à Ilebo avant de pouvoir faire part de leurs doléances (parfois farfelues, mais qui impliquent toujours l’arrestation de la personne incriminée, quel que soit le délit). Par contre, cela veut dire aussi que, lorsque nous aurons besoin de l’intervention des autorités en cas de vols par exemple, il sera désormais nécessaire de faire appel à Ilebo et donc à chaque fois de financer le déplacement des agents chargés de l’intervention. Mais au moins nous aurons moins de travailleurs qui se feront arrêter pour un oui ou pour un non tel que retard de paiement de loyer, belle-famille qui estime ne pas avoir été payée correctement pour la dot de leur fille, fils qui aurait fauté avec la fille d’un voisin, etc.
Nous réalisons toutefois que pour le moment les évènements de notre coin de brousse font pâle figure par rapport aux frasques des autorités de certains pays dits civilisés. Soyez prudents et prenez soin de vous et de vos proches,
Marc & Marie-Claude

Lever du jour – Day break
Port public de Mapangu – Mapangu public port

With the events reported around the world, from the pandemic that is progressing almost everywhere to the recent unrest in the capital of the United States, the stories from our remote bush may seem rather trivial, but they deserve to be recorded if only to remind us of them in the future when our memory will be less clear or for those who have not had the opportunity to experience these moments.
The first anecdote relates to a passenger (one of our workers) who wished to join me in my car to go to Mapangu after the lunch break. It is almost every day that I have people taking advantage of my trip back to the office after my lunch break to go home without having to wait for the bus to bring them back and they usually wait for me at the agric. offices (which are along the way, a little further down from the Cathedral). However, sometimes they wait for me at the gate of the Cathedral to secure a place in the car, as they are very coveted. As long as they are wearing masks, I generally accept to take them knowing that it saves them a few hours after a, sometimes, quite hard day’s work. That day there was only one worker waiting for me at the Cathedral gate and I let him get into the back of the car after he told me he wanted to go to Mapangu. After driving a few 100 metres I realised that the door through which he had entered the car was not properly closed and I asked him to close it properly, but, as explained in other messages, the mechanisms for opening car doors remain a mystery to many people here and rather than waste time I stopped, got out of the car and closed the door properly. To my surprise, when I got back to my seat the gentleman was behaving like a bird newly locked in a cage by throwing himself violently against the car door and windows and I thought that either I had perhaps jammed something when I closed the door or he had a sudden emergency as he kept saying “sorry” “sorry”. So I got out of the car to go and open the door and to my surprise he jumped over the seat, rushed out through the driver’s door and ran off in a hurry shouting “sorry” “sorry” leaving his bag in the car. Very perplexed, I stopped at the Germoir (agric. offices) and reported to the security guards that a terrorised worker had fled my car, leaving his belongings behind, which I left in their care so that they could return them to him when he came out of the plantation where he had hidden.
Given the number of workers we have, I obviously find it difficult to recognise all of them and it is even more difficult when they are masked. So I went back up with one of the superintendents to the Cathedral gate to question the guard on duty about the identity of the worker, since that’s where I had taken him in, but the guard could not tell us anything except that he knew he was one of the workers from Brabanta.
The next day I was told that the individual in question had arrived through the plantation to the garden of one of our superintendents, where he questioned the gardener to find out whether the GM had left because he thought I intended to kill him. When he explained what had happened the gardener laughed and said that the GM was maniacal about closing the car doors and that he often stopped to close them. It is true that I occasionally stop to close one or the other car door because it is often quicker than trying to explain how to go about it, but I did not know that it was to the point of having a reputation for being obsessed with it…
Another recent anecdote, a little more dramatic because it unfortunately involves the death of a man, concerns the judicial authorities in Mapangu. It all began with a summons issued by the Mapangu Public Prosecutor’s Office against an inhabitant of the township of Mapangu. When the agents of the public prosecutor’s office arrived at his home he was absent and only his wife was at home. In the absence of the husband, the officers of the public prosecutor’s office wanted to arrest the woman, but a neighbour (who is also a police officer) intervened, pointing out that the offence and therefore the warrant was individual and that it was therefore not justified to arrest the wife in place of the wanted man. The officers of the public prosecutor’s office therefore returned to their office empty-handed, only to be insulted by their chief (OPJ) unhappy for them not having anyone (any arrest involves a payment of some sort to be released, even if innocent). In order to get “revenge”, the officers of the public prosecutor’s office found nothing better than to physically assault the policeman who unfortunately died.
The family and neighbours of the deceased police officer decided to take matters into their own hands and, in retaliation, attacked the Public Prosecutor’s Office (from which the officers concerned had already fled after the announcement of the officer’s death) and seriously beat up the Public Prosecutor’s Office’s OPJ and destroyed and then set fire to the building at the same time. The OPJ is now in a fairly bad state in hospital and in turn the perpetrators of the attack on the Public Prosecutor’s Office have fled. In view of the events, an appeal was made to the Ilebo law enforcement, but as the territorial authorities had no means (neither transport nor financial) and the province remained deaf to their request for assistance, it was necessary to wait a few days before the requested reinforcement could finally reach Mapangu after having requisitioned a boat and borrowed money to buy fuel. In the meantime, all those responsible have fled, some of them having told their families that they were already hundreds of kilometres away, so they are unlikely to be worried as memory is short here. Apart from the fact that as usual they “came to beg” for financial and material help from Brabanta, the territorial authorities have decided that until further notice the Mapangu branch of the Public Prosecutor’s Office will be closed and that all cases should henceforth be handled by the Ilebo Public Prosecutor’s Office. This should theoretically be favourable to us, as complainants will now have to go to Ilebo before they can express their grievances (sometimes far-fetched, but always involving the arrest of the person in question, whatever the offence). On the other hand, this also means that, when we need the intervention of the authorities in case of theft for example, it will now be necessary to call on Ilebo and therefore each time to finance the travel of the agents in charge of the intervention. But at least we will have fewer workers who will be arrested for trivial matters such as late payment of rent, in-laws who feel they haven’t been paid properly for their daughter’s dowry, a son who has made a “mistake” with a neighbour’s daughter, etc.
However, we realise that for the moment the events in our corner of the world are pale in comparison to the antics of the authorities in certain so-called civilised countries. Be careful and take care of yourself and your loved ones,
Marc & Marie-Claude


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Nouveaux/New Horizons

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Un des grands avantages de la saison des pluies ici à Mapangu est que l’air est généralement très dégagé ce qui nous permet de voir au loin tout autour de la maison. Sans jumelles nous pouvons deviner la présence des plus grosses embarcations sur la rivière Kasaï et avec des jumelles il est possible de distinguer au loin la palmeraie située à l’autre bout de la plantation qui se prolonge jusqu’à l’horizon.
Comme nous l’avons déjà certainement décrit de nombreuses fois dans nos nouvelles précédentes, le fait d’être situé au sommet d’une colline nous donne une perspective qui va à perte de vue dans toutes les directions, et, en particulier en cette saison (sauf quand il pleut évidemment) notre vue est spectaculaire.
Certes notre horizon a changé au cours des années passées ici car, d’une part les palmiers ont grandi limitant ainsi la distance que notre regard peut parcourir, mais d’autre part aussi, hélas, les autochtones ont brûlé une bonne partie des forêts survivantes bordant leurs villages, pour y planter des produits alimentaires ou rabattre des proies.
Plus proche de notre quotidien dans notre parcelle, les nombreuses fleurs, arbres et arbustes que nous avons planté ou laissé s’épanouir naturellement ont graduellement animés les abords qui étaient quelque peu démunis de couleurs à notre arrivée. Pour raisons de facilité, précédemment, le “gyrobroyeur” était passé sur toute la parcelle, liquidant dans son élan tout les arbustes florifères naturels.
De nouveaux horizons, ce sont aussi ces changements qui ont été imposés par la pandémie et qui vont continuer à influencer notre vie à tous pendant encore un moment avec beaucoup moins de voyages, certains pays étant même devenus inaccessibles à la majorité des voyageurs, des modes de voyage différents (j’ai lu récemment que le trafic aérien avait diminué de 67% depuis le début de la pandémie et que beaucoup d’avions ne voleraient probablement plus jamais à cause de la forte baisse du nombre de passagers) et l’impossibilité de se rassembler au-delà de petits groupes contrôlés. Il est certain que l’élaboration de vaccins devrait changer les choses et ramener notre vie à une norme plus habituelle, mais qui aurait pu imaginer il y a un an, lors de l’émergence de ce virus, que plus de douze mois plus tard, nous serions encore toujours otages de ces microscopiques créatures.
Nous sommes arrivés ici à Mapangu il y a presque cinq ans pour redécouvrir un Congo qui n’a, de fait, pas beaucoup changé depuis notre séjour à la fin des années quatre-vingt, il n’y a pas eu de nouveau projet de développement d’envergure et, mis à part quelques routes remises plus ou moins en état par des sociétés chinoises, les infrastructures ont continué à se dégrader et la population vit dans les mêmes conditions de précarité voir pis qu’il y a trente-cinq ans. Mais dire qu’il n’y a pas eu de changements serait inexact, la ville de Kinshasa a explosé en taille avec de nombreux nouveaux bâtiments dans le centre ville et des avenues qui ont été élargies et modernisées, un nouveau terminal aéroportuaire international (petit mais fonctionnel) et surtout un réseau de téléphonie mobile qui couvre la quasi totalité du pays. Une grande partie de la population vit toujours dans des cases fabriquées avec de la boue et de la paille, sans eau et sans électricité, avec un taux d’analphabétisme probablement plus élevé qu’il ne l’était lors de notre premier séjour dans le pays, mais beaucoup sont équipés d’un téléphone mobile qui leur permet parfois d’appeler et à défaut d’écouter de la musique. La recharge des batteries de téléphone se fait soit via l’un des notables du village qui possède un paneau solaire ou avec une lampe solaire Wakawaka qui est devenu presque le standard des familles de Mapangu. Cette technologie nous permet de rester en contact avec nos proches, avec même la possibilité de se voir par vidéo interposée, alors que lors de notre précédent séjour il n’y avait que la “phonie”, une radio qui permettait de communiquer d’un poste à l’autre sur plusieurs centaines de kilomètres ou la poste (qui fonctionnait assez bien à cette époque) qui nous permettait d’échanger des nouvelles avec la famille et les amis restés en Europe (il fallait quand même trois semaines pour qu’une lettre arrive à destination). Ce serait médire que la poste ne fonctionne plus car j’ai reçu du courrier à plusieurs reprises (factures et extraits de rôle émanant de nos autorités financières belges), mais certaines auront quand même mis plus de deux ans pour nous parvenir, ce qui est aussi assez extraordinaire.
Après douze mois de confinement à Mapangu, nous allons nous aussi changer d’horizons car fin de ce mois nous rentrons en Europe pour des vacances, mais aussi pour un changement plus drastique car en principe notre séjour ici à Mapangu est terminé. Mon successeur a été désigné et (sauf pied de nez de dernière minute du Covid-19) devrait arriver ici à Mapangu dans moins d’une semaine pour nous laisser le temps de faire une remise-reprise en bonne et due forme et nous permettre d’emballer nos effets pour les faire expédier en Europe. Ce retour en Europe n’est pas définitif car nous avons décidé de continuer notre expérience de vie en plantation, mais notre destination future n’est pas encore connue et nous avons besoin de souffler un petit peu avant de nous lancer à la charge de ces nouveaux horizons. Nous savons déjà que mon successeur ne souhaite pas habiter à la Cathédrale car il préfère rester plus près de Mapangu et de son lieu de travail principal, cette maison va donc probablement avoir une nouvelle vie où elle servira principalement de maison de passage. Mais c’est juste une supposition car les choses ici sont loin d’être statiques et il n’est pas impossible que si la situation politique et économique se stabilise un petit peu, des nouveaux investissements pourront voir le jour et forcément entrainer l’arrivée de nouvelles personnes qu’il faudra loger quelque part.
Dans l’attente notre préoccupation principale est d’une part de passer la main de la manière la plus complète et transparente possible et d’autre part de préparer nos bagages, ce qui est loin d’être une mince affaire car nous avons tendance à être des écureuils et nous avons accumulé beaucoup de choses qui ont principalement une valeur sentimentale, mais une valeur quand même. Comme ce changement ne sera officialisé qu’à la fin de cette semaine, jusqu’à maintenant nos préparatifs ont dûs rester discrets, ce qui n’est pas une mince affaire ici comme vous le savez de par nos précédent écrits. Le plus gros changement sera sans nul doute pour notre chienne Makala, qui outre son age avancé, a été habituée à la vie au chaud et va soudainement devoir affronter l’hiver… comme nous aussi car mine de rien dès que la température frise les 20°C nous trouvons qu’il fait frais…
Nous espérons vous lire très bientôt en vous souhaitant encore une fois une bonne et heureuse année 2021,
Marc et Marie-Claude

Un tour de 360° autour de la maison – A 360° tour around the house

One of the great advantages of the rainy season here in Mapangu is that the air is usually very clear which allows us to see far away all around the house. Without binoculars we can make out the presence of the biggest boats on the Kasai River and with binoculars we can see the palm grove at the other end of the plantation which extends to the horizon.
As we have certainly described many times in our previous newsletters, being on top of a hill gives us a perspective that goes as far as the eye can see in all directions, and especially in this season (except when it rains of course) our view is spectacular.
Of course our horizon has changed over the years we have been here because, on the one hand, the palm trees have grown, thus limiting the distance our gaze can travel, but on the other hand, unfortunately, the natives have also burnt a good part of the surviving forests bordering their villages, to plant food crops or chase various preys.
Closer to our daily life in our plot, the many flowers, trees and shrubs that we planted or let grow naturally have gradually animated the surroundings which were somewhat devoid of colour when we arrived. Previously, for reasons of ease, the “gyro-shredder” was used to clear the whole area around the house, destroying in its momentum all the natural flowering shrubs that could have grown.
New horizons, these are also the changes that have been imposed by the pandemic and that will continue to influence the lives of all of us for a while yet with much less travel, some countries having even become inaccessible to the majority of travellers, different modes of travel (I recently read that air traffic has decreased by 67% since the beginning of the pandemic and that many planes would probably never fly again because of the sharp drop in passenger numbers) and the impossibility of gathering beyond small controlled groups. Certainly the development of vaccines should change things and bring our lives back to a more usual standard, but who could have imagined a year ago, when this virus emerged, that more than twelve months later we would still be hostages to these microscopic creatures.
We arrived here in Mapangu almost five years ago to rediscover a Congo that has, in fact, not changed much since our stay at the end of the eighties, there have been no new large-scale development projects and, apart from a few roads more or less rehabilitated by Chinese companies, the infrastructure has continued to deteriorate and the population lives in the same precarious conditions, even worse than thirty-five years ago. But to say that there have been no changes would be inaccurate, the city of Kinshasa has exploded in size with many new buildings in the city centre and avenues which have been widened and modernised, a new international airport terminal (small but functional) and above all a mobile telephone network which covers almost the whole country. A large part of the population still lives in huts made of mud and straw, without water or electricity, with an illiteracy rate probably higher than it was when we first arrived in the country, but many are equipped with mobile phones which sometimes allow them to make calls or otherwise listen to music. There is always some place with a solar panel where it is possible to load the phone’s battery for a charge or (here in Mapangu) with the Wakawaka power packs that have become almost the standard in every household. This technology allows us to keep in touch with our loved ones, with even the possibility of seeing each other via video, whereas during our previous stay there was only the “phonie”, a radio that allowed us to communicate from one station to another over several hundred kilometres, or the post office (which worked quite well at that time) which allowed us to exchange news with family and friends who had stayed in Europe (it still took three weeks for a letter to reach its destination). It would be unjust to say thet the postal services do not work any more, because I received mail on several occasions (invoices and extracts from our Belgian financial authorities), but some of them took more than two years to reach us, which is also quite extraordinary.
After twelve months of confinement in Mapangu, we too are going to change our horizons because at the end of this month we are going back to Europe for a holiday, but also for a more drastic change because in principle our stay here in Mapangu is over. My successor has been appointed and (except for a last-minute trick from Covid-19) should arrive here in Mapangu in less than a week to give us time to do a proper handover and allow us to pack up our belongings for shipment to Europe. This return to Europe is not final as we have decided to continue our plantation life experience, but our future destination is not yet known and we need to take a little breather before embarking on these new horizons. We already know that my successor does not wish to live in the Cathedral as he prefers to stay closer to Mapangu and his main place of work, so this house will probably have a new life where it will mainly serve as a guesthouse. But this is just a supposition because things here are far from being static and it is not impossible that if the political and economic situation stabilises a little, new investments may be considered and this will inevitably lead to the arrival of new people who will have to be housed somewhere.
In the meantime, our main concern is on the one hand to hand over in the most complete and transparent way possible and on the other hand to prepare our luggage, which is far from being a small matter because we tend to be squirrels and we have accumulated a lot of things which have mainly a sentimental value, but a value all the same. As this change will only be official at the end of this week, so far our preparations have had to remain discreet, which is no small matter here as you know from our previous writings. The biggest change will undoubtedly be for our bitch Makala, who, besides her advanced age, has been used to living in the warmth and will suddenly have to face the winter… as we do too because as soon as the temperature is close to 20°C we find that it is a little chilly…
We hope to read you very soon and wish you once again a happy new year 2021,
Marc and Marie-Claude

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Intimité – Privacy

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Un des paradoxes de notre vie ici à Mapangu est le fait que nous sommes isolés, notre voisine la plus proche (actuellement en vacances) est la directrice agronomique vivant dans une maison tout juste visible depuis la nôtre, mais que notre vie n’a de secret pour personne. Tant que nous restons à l’intérieur de la maison, compte tenu du fait que les gardiens ont généralement compris qu’il ne fallait pas venir trop près pendant leurs rondes pour éviter d’agacer Makala (notre chienne), nous avons la douce illusion de penser que nos voisins et en particulier les agents de sécurité qui nous gardent, ne savent pas trop ce que nous faisons. Cela, bien sûr sans compter sur le fait que le cuisinier/homme de maison a tendance à trouver quelque chose à faire dans les environs de l’endroit où vous avez une conversation au téléphone, ou que vous êtes devant l’ordinateur ou visionnez un film.
Mais il suffit de mettre le nez dehors, surtout nuitamment, pour observer la féérie de la voie lactée ou les éclairs d’un orage lointain (pas question d’envisager un petit pipi au clair de lune sans courir le risque d’être surpris en pleine action par un faisceau de lampe de poche) pour que nos mouvements soient notés et d’une manière ou d’une autre connu de tous ou presque. Heureusement tous ont plus ou moins compris que nous apprécions une certaine intimité et qu’il n’est pas indispensable de se manifester dès qu’ils nous voient sortir, mais cela n’empêche pas de nous savoir sous étroite surveillance.
Il en va de même pour mes sorties professionnelles, pas besoin d’informer mes collègues de ma destination le matin pour que tous sachent quasi instantanément où le DG a fait l’appel. Il n’y a pas vraiment de mystères à cela car, d’une part les gardiens de la Cathédrale ont une radio et je les ai déjà entendus signaler à leurs collègues que “le DG est en route” et, d’autre part, il en va de même des responsables en plantation qui sont tous munis d’une radio et peuvent donc communiquer aussi la position de l’un ou de l’autre. Généralement tout le monde sait que je ne circule pas avec une radio, encore que ma voiture est équipée d’un poste qui me permet (de temps en temps) d’écouter les échanges et de savoir quels sont les petits problèmes du moment (véhicule embourbé, effectifs présents à l’appel, ou position de l’un ou de l’autre), et cela me permet donc parfois d’avoir un échantillon des échanges qui me concernent (jusqu’à présent jamais “mauvais”).
Tout le monde sait aussi que j’ai du mal à refuser de recevoir des visiteurs au bureau, que ce soit un travailleur qui vient avec une doléance ou une personne extérieure qui vient présenter ses civilités, et comme par hasard il ne se passe pas beaucoup de temps après mon arrivée au bureau pour qu’une file d’attente se forme. Si je dois réellement me concentrer sur un travail, la seule solution est de travailler depuis la maison.
Si nous avons l’impression de ne pas vraiment avoir beaucoup d’intimité dans notre vie, sauf quand nous fermons les portes de notre maison, c’est probablement parce qu’ici cette notion est très différente. Je reçois régulièrement des travailleurs ou personnes extérieures qui viennent m’expliquer avec moult détails leurs problèmes personnels, que ce soit à propos d’évènements qui se sont passés à la maison ou pour exposer des plaies ou autres affections aux endroits les plus variés. Heureusement il y a malgré tout des limites aux descriptions ou expositions corporelles auxquelles j’ai droit, qui sont probablement dictées par la pudeur (très importante ici) et me permettent donc d’éviter des situations trop embarrassantes. Cela n’empêche que parfois les visiteurs viennent parce qu’ils estiment que d’une manière ou une autre je puis les aider à résoudre l’infidélité de leur épouse, les vagabondages de leurs progéniture, des complaintes par rapport à leur curiosité “vers une petite cousine”, plaider en leur faveur auprès de la justice ou donner une avis sur une affection médicale qu’ils estiment mal comprise par le médecin et se sentent obligés de me relater en détail avec un choix de termes parfois très imagés. Il y a évidemment aussi ceux qui viennent me voir pour un problème lié au travail, mais ça c’est normal.
A la maison il est difficile d’imaginer que nos collègues congolais puisse avoir la moindre intimité selon nos critères. Par exemple, il est normal de partager son logement avec parents, neveux, nièces, frères, sœurs, etc. au point ou il est fréquent d’avoir plus de douze personnes (enfants compris) vivant dans une petite maison de 30m². Un des cadres dont la famille vit à Kinshasa m’a expliqué qu’il avait la chance d’avoir une grande maison (50 m²) dans laquelle il y a 30 (oui je dis bien trente) personnes qui habitent. Un lit que nous considérons simple (pour une personne) en Europe est parfois partagé par trois personnes pour y dormir en même temps dans une petite pièce surchauffée car les volets doivent être fermés pour la “sécurité”. Il est plus que probable que notre besoin de ce que nous appelons “vie privée” soit un concept absolument incompréhensible et semble très solitaire ici.
Il n’y a pas que pour le logement que les gens sont serrés, alors que nous ne trouvons pas anormal de voyager seul dans une grande voiture ou préférons généralement trouver un siège isolé dans les transports en commun, ici une moto taxi transporte parfois quatre ou cinq personnes, le record dont j’ai été témoin est de six personnes, mais la sixième personne était un bébé attaché dans le dos de la maman assise à l’arrière de la moto.
Tout cela pour dire que notre sentiment de manque vie privée est tout relatif par rapport à nos collègues qui vivent en permanence entourés et parfois en contact physique constant.
Ce qui ne manque pas de surprendre est que malgré la promiscuité et la grande pudeur qui est de mise ici, les rumeurs de relations amoureuses, leurs résultats et les débats extra-matrimoniaux sont légions et abondamment commentés dans les villages et au bureau.
Pour conclure, comme beaucoup d’entre vous certainement, nous célébrons les fêtes de fin d’année en toute intimité, mais grâce à la technologie actuelle nous avons malgré tout l’opportunité de parler et de voir nos proches et nos amis presque comme si nous étions ensemble.
Nous espérons que vous passerez une excellent “bout d’an” et nous vous souhaitons santé et bonheur pour l’année nouvelle en espérant que nous aurons l’occasion de nous revoir dans un avenir pas trop lointain.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

One of the paradoxes of our life here in Mapangu is the fact that we are isolated, our closest neighbour (currently on holiday) is the agricultural director living in a house just visible from ours, but that our life has no secrets for anyone. As long as we stay inside the house, given that the guards have generally understood that thet should not come too close during their rounds to avoid annoying Makala (our dog), we have the sweet illusion that our neighbours, and especially the security guards guarding us, don’t really know what we are doing. This, of course, without counting on the fact that the cook/housekeeper tends to find something to do around the place where you have a conversation on the phone, or are in front of the computer or watching a film.
But just by sticking your nose out, especially at night, to watch the fairy tale of the Milky Way or the lightning of a distant storm (no way to contemplate a little pee in the moonlight without running the risk of being caught in the middle of the action by a flashlight beam) our movements are noted and somehow known to almost everyone. Luckily everyone has more or less understood that we appreciate a certain intimacy and that it is not essential to show up as soon as they see us going out, but this does not prevent us from knowing that we are under close surveillance.
The same goes for my professional outings, there is no need to inform my colleagues of my destination in the morning as everyone knows almost instantly where the GM is attending muster. There are no real mysteries about this because, on the one hand, the Cathedral guards have a radio and I have already overheard them informing their colleagues that “the GM is on his way” and, on the other hand, the same goes for the plantation managers who all have a radio and can therefore also communicate the position of one or the other. Generally everyone knows that I don’t drive around with a radio, although my car is equipped with a radio that allows me (from time to time) to listen to the exchanges and to know what the small problems of the moment are (muddy vehicle, number of staff present on call, or position of one or the other), and this sometimes allows me to have a sample of the exchanges that concern me (so far never “bad”).
Everyone also knows that I find it difficult to refuse visitors to the office, whether it is a worker who comes with a grievance or an outsider who comes to present his or her civilities, and as luck would have it, it does not take long after my arrival at the office for a queue to form. If I really need to concentrate on a job, the only solution is to work from home.
If we feel that we don’t really have much privacy in our lives, except when we close the doors of our house, it is probably because here this notion is very different. I regularly receive workers or outsiders who come to explain to me in great detail their personal problems, be it about events that have happened at home or to expose wounds or other ailments in the most varied places. Fortunately, there are nevertheless limits to the descriptions or bodily exposures to which I am entitled, which are probably dictated by modesty (very important here) and therefore allow me to avoid situations that are too embarrassing. This does not prevent visitors from sometimes coming because they feel that I can somehow help them to resolve their wife’s infidelity, the vagrancy of their offspring, complain about their curiosity “towards a little cousin”, plead in their favour with the courts or give an opinion on a medical condition which they feel is misunderstood by the doctor and feel obliged to relate to me in detail with a choice of sometimes in very graphic terms. Of course, there are also those who come to me with a work-related problem, but that is normal.
At home it is hard to imagine that our Congolese colleagues could have the slightest privacy according to our criteria. For example, it is normal to share accommodation with parents, nephews, nieces, brothers, sisters, etc. to the extent that it is common to have more than twelve people (including children) living in a small house of 30m². One of the executives whose family lives in Kinshasa explained to me that he was lucky enough to have a large house (50m²) in which there are 30 (yes I say thirty) people living. A bed that we consider single (for one person) in Europe is sometimes shared by three people to sleep at the same time in a small overheated room because the shutters have to be closed for “security”. It is more than likely that our need for what we call “privacy” is an absolutely incomprehensible concept and seems very lonely here.
It’s not just for accommodation that people are tight, while we do not find it abnormal to travel alone in a large car or generally prefer to find a single seat on public transport, here a motorbike taxi sometimes carries four or five people, the record I have witnessed is six people, but the sixth person was a baby strapped to the back of the mum sitting on the back of the motorbike.
All this to say that our feeling of lack of privacy is all relative to our colleagues who live permanently surrounded and sometimes in constant physical contact.
What does not fail to surprise us is that despite the promiscuity and great modesty that is the order of the day here, rumours of love relationships, their results and extra-matrimonial debates are legion and abundantly commented on in the villages and in the office.
To conclude, as many of you certainly do, we celebrate the end of the year celebrations in all intimacy, but thanks to today’s technology we still have the opportunity to talk and see our relatives and friends almost as if we were together.
We hope that you will have an excellent “end of the year” and we wish you health and happiness for the New Year and hope that we will have the opportunity to see each other again in the not too distant future.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Maladie – Illness

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Contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, nous n’allons (presque) pas parler du virus qui fait rage à travers le monde (mais heureusement pas encore ici) mais plutôt de choses propres à notre plantation qui souffre d’une maladie inconnue que nous appellerons “la maladie de Brabanta”. En effet, cette maladie qui malheureusement détruit petit à petit nos palmiers n’existe pas dans les autres plantations du groupe, ni dans d’autres plantations ici en RDC, même celles qui (certes abandonnées depuis de nombreuses années) ne sont pas trop éloignées de chez nous.
Nous avons remarqué la maladie pour la première fois il y a maintenant près de 4 ans. Nous avons d’abord pensé qu’il s’agissait de palmiers qui étaient attaqués par un insecte dont la piqûre favorisait le développement d’une pourriture qui finissait par tuer le palmier en détruisant le méristème de celui-ci. Pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas de férus de botanique, le palmier à huile fait partie de la classe des Monocotylédones qui se caractérise, entre autres, par le fait que ces plantes ne disposent que d’un seul point de croissance et ne sont pas en mesure de générer des branches ou des flèches secondaires. Donc, lorsque le méristème (ou point de croissance) du palmier est détruit, le palmier est voué à la mort puisqu’il ne peut plus former de nouvelles feuilles. Au début de ces observations, le nombre de palmiers affectés était relativement restreint et nous avons donc essayé d’appliquer toutes sortes de traitements insecticides et fongicides pour essayer de soigner et d’enrayer le développement de la maladie. En principe il faut éviter d’utiliser des insecticides dans les palmiers car la pollinisation de ceux-ci dépend en grande partie d’un petit insecte qu’il faut évidemment protéger, mais “aux grands maux les grands remèdes” et nous avons donc quand même essayé de soigner les palmiers, mais sans beaucoup de succès.
Peu de temps après cette découverte, nous avons eu la visite d’un chercheur qui est venu à Mapangu pour observer une malformation de certains palmiers qui n’avait rien à voir avec notre maladie, mais profitant de l’occasion il a observé nos palmiers pourrissants et conclu qu’il s’agissait d’une “pourriture du cœur”, maladie qui a dévasté des plantations en Amérique centrale et donc potentiellement très sérieuse.
Forts de ces informations, nous avons commencé à faire des recherches et découvert que ce problème n’avait rien de nouveau à Mapangu car il avait déjà été observé et étudié de manière approfondie à l’époque de la PLZ (Plantations Lever du Zaïre) sans arriver à de réelles conclusions, si ce n’est que ce problème était principalement observé à Brabanta déjà à cette époque.
La seule autre plantation du groupe où une maladie plus ou moins comparable avait été observé était en Indonésie, et dans cette plantation il semblerait que nos collègues aient trouvé une méthode de lutte efficace contre cette affection. Nous avons donc envoyé un de nos agronomes en mission pour y observer les méthodes de lutte et appliquer la même chose chez nous, ce que nous avons fait dès son retour avec de gros moyens car nous y avons mis près de 500 personnes tous les jours. C’était sans compter sur le fait que la maladie présente sur nos terres était finalement différente de celle affectant les palmiers indonésiens et que le traitement était malheureusement inefficace chez nous. Suite à cela nous avons eu la visite de trois experts différents venant d’Amérique latine, de Grande Bretagne et du Cameroun, qui ont chacun fait des observations, dissections, analyses et préconisé toute une batterie d’essais pour essayer de déterminer la cause et éventuellement le vecteur de la maladie, mais sans arriver à une réelle conclusion.
En pratique, nous en sommes arrivé à extirper au fur et à mesure tous les palmiers malades en espérant ainsi réduire la contamination, mais surtout parce que nous avons observé qu’ils finissent malgré tout par mourir. L’hypothèse la plus probable est que la contamination trouve son origine dans le sol de la pépinière principale d’où sont issus quasi tous les palmiers de la plantation, car les deux sections qui ont été plantées avec des plants issus d’une autre pépinière sont indemnes de la maladie. La mauvaise nouvelle est que la quasi entièreté de la plantation est maintenant infectée et qu’il sera donc risqué d’y replanter des palmiers. Mais la bonne nouvelle (si notre hypothèse est correcte) est que si un jour il était décidé de planter des palmiers dans l’immense savane qui entoure la plantation (qui malheureusement n’abrite plus aucune faune ou flore intéressante et qui brûle plusieurs fois par an dans le vain espoir d’attraper les quelques rongeurs et petits oiseaux qui y auraient encore trouvé refuge), pour peu que la pépinière soit implantée dans un terrain vierge et non-infecté il serait possible d’éviter de répéter le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui.
Evidemment l’option de planter du palmier dans la savane ouvre tout un autre débat concernant l’environnement. D’un côté certains diront que, même dépourvu de faune et de flore, il y a lieu de préserver la savane en l’état car c’est un biotope naturel qu’il ne faut pas perturber. D’un autre côté, l’expérience nous a montré que d’un point de vue environnemental les palmiers plantés en savane créent un biotope beaucoup plus favorable au développement de certains animaux (reptiles, petits rongeurs et grands oiseaux), que la végétation qui se développe en-dessous des palmiers est beaucoup plus variée que la savane herbeuse et finalement représente une grande réserve de carbone. Mais aussi d’un point de vue économique, les villages riverains qui vivotent sinon principalement de chasse (?) et de cueillette (?), gagnent un accès à du travail permanent, des structures médicales et scolaires améliorées et donc un potentiel de développement accru. Ce n’est évidemment pas que positif car l’explosion démographique qui en découle (comme nous l’avons observé à Mapangu où la population a quintuplé en quelques années) perturbe évidemment le tissu social traditionnel de manière très brusque.
Désolé pour nos lecteurs un peu moins friands de la chose agronomique pour ces nouvelles moins personnelles, mais comme c’est une facette importante de notre vie de planteur nous avons pensé qu’il était intéressant d’en parler.
Nous profitons de cette lettre hebdomadaire pour vous souhaiter à tous de très joyeuses fêtes de Noël, même si cette année (maladie aidant) beaucoup d’entre-vous auront (comme nous) des rencontres virtuelles plutôt que physiques avec vos proches.
Joyeux Noël quand même et à très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Plantation en savane – Plantation in the savannah

Contrary to what the title might suggest, we are not (really) going to talk about the virus that rages around the world (but fortunately not here yet) but rather about things specific to our plantation, which is suffering from an unknown illness that we will call “Brabanta disease”. Indeed, this disease, which unfortunately is gradually destroying our palm trees, does not exist in the other plantations of the group, nor in other plantations here in the DRC, even those (admittedly abandoned for many years) which are not too far from us.
We first noticed the illness almost 4 years ago now. At first we thought it was the consequence of palm trees being attacked by an insect whose bite encouraged the development of a rot that eventually killed the palm tree by destroying its meristem. For those of you who are not versed in botanics, the oil palm belongs to the class of Monocotyledons, which is characterised, among other things, by the fact that these plants only have a single growing point and are not capable of generating secondary branches or growths. Therefore, when the meristem (or growing point) of the palm tree is destroyed, the palm tree is doomed to death since it can no longer form new leaves. At the beginning of these observations, the number of affected palms was relatively small, so we tried to apply all kinds of insecticide and fungicide treatments to try to cure and stop the development of the disease. In principle we should avoid using insecticides on palm trees because their pollination depends to a large extent on a small insect that obviously needs to be protected, but “great ills require great remedies” and so we tried to treat the palm trees anyway, but without much success.
Shortly after this discovery we had a visit from a researcher who came to Mapangu to observe a malformation of some palm trees that had nothing to do with our illness, but taking advantage of the opportunity he observed our rotting palm trees and concluded that it was “heart rot”, a disease that has devastated plantations in Central America and therefore potentially very serious.
Based on this information we started to do more research and discovered that this problem was nothing new in Mapangu as it had already been observed and studied in depth at the time of the PLZ (Plantations Lever du Zaire) without reaching any real conclusions, except that this problem was mainly observed in Brabanta already at that time.
The only other plantation of the group where a more or less comparable disease was observed was in Indonesia, and in this plantation our colleagues seem to have found an effective control method against the illness. So we sent one of our agronomists on a mission to observe the control methods there and to apply the same thing at home, which we did as soon as he returned with great means, as we put nearly 500 people on the task every day. This was without taking into account the fact that the disease present in our plantation was actually different from the one affecting Indonesian palm trees and that the treatment was unfortunately ineffective in our environment. Following this we had the visit of three different experts from Latin America, Great Britain and Cameroon, who each made observations, dissections, analyses and recommended a whole battery of tests to try to determine the cause and possibly the vector of the illness, but without reaching a real conclusion.
In practice, we have gradually managed to eradicate all the sick palm trees in the hope of reducing contamination, but above all because we have observed that they end up dying anyway. The most probable hypothesis is that the contamination originated in the soil of the main nursery from which almost all the palm trees in the plantation came. This idea is supported by the fact that two areas that were planted with trees from another nursery are free of the disease. The bad news is that almost the entire plantation is now infected and it will therefore be risky to replant palms there when the time comes. But the good news (if our hypothesis is correct) is that if one day it were decided to plant palm trees in the immense savannah surrounding the plantation (which unfortunately no longer harbours any interesting fauna or flora and which burns several times a year in the vain hope of catching the few rodents and small birds that would still have found refuge there), as long as the nursery is located in virgin and uninfected land it would be possible to avoid repeating the problem we are facing today.
Obviously the option of planting palm trees in the savannah opens up a whole new debate about the environment. On the one hand, some would say that even if there is no fauna and flora, the savannah should be preserved as it is, because it is a natural biotope that should not be disturbed. On the other hand, experience has shown us that, from an environmental point of view, palm trees planted in savannah create a biotope much more favourable to the development of certain animals (reptiles, small rodents and large birds), that the vegetation that develops under the palm trees is much more varied than grassy savannah and finally represents a large carbon reserve. But also from an economic point of view, the surrounding villages, which mainly live from hunting (?) and gathering (?), gain access to permanent work, improved medical and educational facilities and thus an increased potential for development. This is obviously not all positive, because the resulting population explosion (as we have seen in Mapangu, where the population has increased fivefold in a few years) is obviously disrupting the traditional social fabric in a very abrupt way.
Sorry for our readers who are a little less fond of the agronomic aspect of this less personal newsletter, but as it is an important facet of our life as planters we thought it was interesting to talk about it.
We would like to take advantage of this weekly letter to wish you all a very happy Christmas, even if this year (with the help of illness) many of you will (like us) have virtual rather than physical meetings with your loved ones.
Merry Christmas all the same and we look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Déjà – Already

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Malgré le fait d’avoir passé plusieurs années à Mapangu, nous restons encore régulièrement surpris par le choix des mots et surtout leur signification car même si la langue française est couramment utilisée l’interprétation de certains mots ou expressions est manifestement différente de la nôtre.
Pour mettre les choses dans leur contexte, il faut savoir que certaines notions sont inexistantes en Lingala, ainsi le mot “lobi” veut aussi bien dire hier que demain et la seule façon de savoir si l’on parle du passé ou du futur est de voir le contexte dans lequel le mot est utilisé, mais cela n’empêche que cela crée parfois des confusions, surtout quand le concept est traduit en français. De même, il n’y a pas d’article de genre comme en français, en lingala on ne parle pas de l’homme mais simplement “homme” et de même pas la femme mais “femme”. Il est donc assez généralisé nos collègues congolais de référer indifféremment à un objet masculin ou féminin par le même article “il” ou “lui”, même si l’on parle de sa fille.
C’est ainsi que le terme “déjà” est lui utilisé de manière différente de la nôtre car il se rapporte à une moment proche dans le temps mais qui peut être aussi bien dans le passé que l’avenir. Ainsi quand je demande à notre chef de transport quelle est la position du transport des travailleurs et qu’il me répond que le camion est déjà en route cela ne veut pas nécessairement dire que le véhicule a quitté le lieu de départ et qu’il roule, cela peut tout aussi bien signaler que le véhicule est en préparation et pourra quitter dans un avenir proche. Il en va de même quand un travailleur nous dit que le travail est déjà fait, ce qu’il ne faut donc pas prendre pour argent comptant.
Quand je demande au garage si l’entretien de ma voiture est terminé et que l’on me dit que c’est déjà fait, il n’est pas rare que quand je signale que je viens la chercher je suis informé qu’il faut encore attendre un tout petit peu pour qu’elle soit effectivement prête. La seule instance ou l’expression est généralement utilisée de la même manière que la nôtre est quand nous recevons l’information que quelque chose est déjà cassé. Il est quasi certain que dans ce cas il n’est pas question d’une casse imminente, mais cela ne veut pas dire pour autant que la casse soit prématurée, seulement qu’elle est arrivée de manière récente quel que soit l’age de l’outil ou du matériel en question.
Une autre expression qui n’existe pas en Lingala est d’exprimer une demande avec une formule de politesse, ainsi il ne faut pas s’offusquer si quelqu’un vous dit “donne-moi ceci ou cela”, l’ajout d’un “s’il-vous-plait” ou “auriez-vous l’amabilité de” n’existe pas dans l’idiome local, par contre quand une personne reçoit quelque chose les mercis ne manquent généralement pas et parfois même (de manière assez embarrassante) ils sont accompagnés de courbettes, génuflexions ou même genou à terre. Mais le “merci” peut tout aussi bien venir après une réprimande sévère, donc peut-être que là aussi notre interprétation n’est pas tou à fait la même.
Depuis le début de notre séjour ici je suis assailli presque tous les jours par des enfants en bordure de route qui disent “donne-moi l’argent”. Cela fait bientôt cinq ans qu’ils n’ont jamais reçu même un Kopeck et pourtant cela ne change rien à leur entrain pour répéter la même chose tous les jours. Ce qui nous sidère le plus est que parfois les enfants demandeurs ne peuvent guère avoir plus de trois ans et la seule parole qu’ils ont à la bouche est “donne-moi l’argent” à se demander où ils ont appris cela et s’ils savent même ce qu’ils disent.
Ici la forme de respect est de s’adresser à une autre personne en utilisant le terme “papa” ou “maman”, même si la personne est manifestement (beaucoup) plus jeune, même certains enfants se voient affublés du titre de papa ou maman en général plus fréquemment pour les filles que pour les garçons. Nous n’échappons évidemment pas à cet égard, encore que dans le cas de Marie-Claude ou moi-même quand quelqu’un s’adresse à nous en parlant de maman ou papa c’est généralement parce qu’il y a une demande d’une sorte ou d’une autre qui suit ou une bourde à se faire pardonner. Quand c’est une demande spéciale ou pressante nous devenons même “notre maman ou notre papa à tous”. Quand il s’agit de quelqu’un qui a été sanctionné pour une faute, j’ai généralement droit à une séance où l’agent ou l’agente sanctionnée vient me trouver et plaide pour l’indulgence du papa à tous qui doit être compréhensif vis-à-vis de son enfant qui a fait une bêtise. Parfois ces demandes s’accompagnent de tout un cinéma digne d’une comédie dramatique avec agenouillement, larmes et promesses de sacrifice qui ne sont pas toujours aisé à gérer. Après tout, n’est-il pas normal que le papa pardonne ses enfants pour avoir fait une faute…
Ici il n’y a pas de honte, nous avons plusieurs de nos travailleurs qui sont partis après avoir volé des sommes parfois importantes et qui n’hésitent pas, après avoir épuisé leur butin, à venir plaider pour une réintégration. Ainsi nous avons un de nos chefs comptables qui a fui il y a quelques années avec une bonne partie de la caisse et est aller se réfugier en Angola. Il est ensuite revenu à Kinshasa et comme, malgré notre plainte, les autorités ne semblent pas trouver utile de l’arrêter il s’est senti assez confiant pour postuler pour un poste de comptable dans une des plantations africaines de la Socfin en faisant valoir qu’il avait déjà une bonne expérience des mécanismes de la société (sic). Un autre ex-collègue qui est parti plus récemment avec une partie de la caisse (il était caissier à Kinshasa) m’a récemment contacté personnellement en proposant ses services de transitaire et de gestionnaire des achats… Il y en a bien d’autres de la même trempe qui profitent d’un changement dans l’équipe des expatriés espérant que leur histoire soit partie avec l’expatrié concerné, mais les deux cas cités ci-dessus étaient des personnes que j’ai moi-même dû licencier (le terme n’est peut-être pas exact puisqu’elles ont fui avant d’avoir pu être notifiées de leur renvoi).
Oh, aujourd’hui “papa” et “maman” fêtent leur noces d’émeraude, eh oui déjà quarante ans de vie commune par monts et par vaux.
Le papa et la maman de tous espèrent avoir déja de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Lever du jour – Sunrise
Bassin en construction – Pond in construction

In spite of having spent several years in Mapangu, we are still regularly surprised by the choice of words and especially their meaning because even if the French language is commonly used, the interpretation of some words or expressions is obviously different from ours.
To put things in context, it is important to know that certain notions are non-existent in Lingala, so the word “lobi” means yesterday as well as tomorrow and the only way to know whether we are talking about the past or the future is to see the context in which the word is used, but this does not prevent it from sometimes creating confusion, especially when the concept is translated into French. Similarly, there is no gender article as in French, in Lingala it is therefore quite generalised among our Congolese colleagues to refer indifferently to a masculine or feminine object by the same article “he” or “him”, even if one is talking about one’s daughter.
This probably explains why the term “already” is used differently from ours because it refers to a moment in time that is close in time but which can be in the past as well as the future. So when I ask our head of transport what the position of the workers’ transport is and he answers that the truck is already on its way, this does not necessarily mean that the vehicle has left the place of departure and that it is moving, it may just as well indicate that the vehicle is in preparation and will be able to leave in the near future. The same is true when a worker tells us that the work has already been done, which is not to be taken at face value.
When I ask the garage if the maintenance of my car is finished and they tell me that it is already done, it is not uncommon that when I report that I am coming to pick it up I am informed that I still have to wait a little while for it to be ready. The only instance or expression is usually used in the same way as ours is when we receive the information that something is already broken. It is almost certain that in this case there is no question of imminent breakage, but this does not mean that the breakage is premature, only that it is recent, regardless of the age of the tool or material in question.
Another expression that does not exist in Lingala is to express a request with a polite formula, so you should not be offended if someone says “give me this or that”, the addition of a “please” or “would you be so kind as to” does not exist in the local idiom, but when a person receives something there is no lack of thanks and sometimes (rather embarrassingly) they are accompanied by bowing, genuflecting or even kneeling on the ground. However a “thank you” is also the answer we get after a severe reprimand, therefore it might well be that our interpretation of it is also different.
Since the beginning of our stay here I have been assaulted almost every day by roadside children saying “give me the money”. It’s been almost five years since they have not even received a Kopeck and yet it doesn’t change their enthusiasm to repeat the same thing every day. What amazes us the most is that sometimes the children asking for the money can hardly be more than three years old and the only word they have in their mouths is “give me the money” wondering where they learned this and whether they even know what they are saying.
Here the form of respect is to address another person using the term “father” or “mother” (papa or maman), even if the person is obviously (much) younger, even some children are given the title “papa” or “maman” more frequently for girls than for boys though. We are obviously not exempt from this, although in the case of Marie-Claude or myself, when someone speaks to us with the term “papa” or “maman” it is usually because there is some kind of request that follows or some kind of blunder to be forgiven. When it’s a special or urgent request we even become “father or mother of us all”. When it is someone who has been sanctioned for a mistake, I frequently have a moment where the sanctioned worker comes to me and pleads for the indulgence of the father to all of us who must be indulgent towards his child who has made a mistake. Sometimes these requests are accompanied by a whole act worthy of a dramatic comedy with kneeling, tears and promises of sacrifice that are not always easy to handle. After all, isn’t it normal for fathers to forgive their children for making a mistake?
Here there is no shame, we have several of our workers who have fled after stealing sometimes large sums of money and who do not hesitate, after having exhausted their loot, to come and plead for reinstatement. Thus we have one of our chief accountants who fled a few years ago with a good part of the cash he was keeping and took refuge in Angola. He then returned to Kinshasa and, since despite our complaint the authorities do not seem to find it useful to arrest him, he felt confident enough to apply for a position as accountant in one of Socfin’s African plantations, arguing that he already had good experience of the company’s mechanisms (sic). Another ex-colleague who left more recently with part of the cash (he was a cashier in Kinshasa) recently contacted me personally offering his services as a forwarding agent and purchasing manager… There are many others of the same kind who try to use a change in the expatriate team hoping that their history has gone with the expatriate concerned, but the two cases cited above were people I myself had to dismiss (the term may not be accurate as they fled before they could be notified of their dismissal).
Oh, today “father” and “mother” celebrate their emerald wedding anniversary, indeed 40 years of wandering around the world together.
The father and mother of all hope to already hear from you,
Marc & Marie-Claude

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Histoire – History

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Beaucoup d’informations circulent, parfois à tort, sur le fait que les plantations de palmiers à huile sont responsables de déboisements massifs, de déplacements de populations et de nuisances environnementales. Il est indéniable que dans certains cas les palmiers ont été plantés sur des terres qui étaient autrefois boisées et qu’il est probable que dans certaines plantations des occupants des terres ont été déplacés ou relocalisés, mais même si les exceptions font la règle il est important de remettre les choses dans leur contexte.
Dans le livre “La palme des controverses” sur base de recherches d’Alain Rival et Patrice Levang, il apparaît que la vaste majorité des terres déboisées (environ 75%), en Asie du sud-est en général et Indonésie en particulier, l’ont été pour de l’exploitation forestière, de l’élevage ou des cultures telles que le soja et le riz et il est probable qu’en Afrique en général et en RDC en particulier cette proportion soit largement plus importante et que le palmier n’est pas la cause première de déboisement.
L’histoire de la plantation de Brabanta remonte à 1911 lorsqu’elle a été établie par William Lever en même temps que quatre autres plantations créées sous le nom d’Huileries du Congo dans ce qui était alors le Congo Belge. A cette époque il n’était pas encore vraiment question de plantations, mais plutôt de forêts de palmiers sauvages qui étaient exploitées pour être graduellement replantées avec des palmiers issus de graines “sélectionnées”. Ces activités ont été poursuivies sous cette forme jusqu’à l’indépendance pour ensuite être rebaptisées Plantations Lever au Zaïre (“PLZ”) sous le règne du Maréchal Mobutu et finalement être abandonnées dans les années 90 à cause des guerres et de l’effondrement des structures du pays.
Divers investisseurs tels que Socfin, Feronia, Blatner et Miluna ont repris une partie des plantations de PLZ au début des années 2000, mais il resterait encore près de 100.000 hectares de plantations de palmiers à huile abandonnées dans le pays et même à Brabanta des milliers d’hectares d’anciennes plantations n’ont pas été replantées à cause de leur accessibilité difficile ou d’autres problèmes logistiques pour leur exploitation. Il n’a donc généralement pas été nécessaire de détruire des forêts pour la revitalisation de ces plantations, même si certaines extensions expérimentales ont été faites sur des zones qui n’avaient pas été exploitées précédemment par PLZ, mais situées dans des zones de savane où la seule végétation est limitée à de l’herbe et quelques buissons épars et où la faune a totalement disparu des suites de brûlages “traditionnels” répétés plusieurs fois par an et une chasse sans merci pour toute chose vivante.
Après l’acquisition de la plantation de Brabanta par Socfin en 2007, il a été nécessaire de réhabiliter la plantation, ce qui a nécessité la replantation de palmiers, les palmiers existants étant devenus trop clairsemés, trop grands et de variétés peu productives, mais aussi de remettre en état les routes qui étaient tout juste accessibles en moto (et encore), de restaurer les maisons et en construire de nouvelles (encore que là le choix fait est bizarre, voir plus loin) et installer une huilerie. Plus de 6.000 hectares de palmiers ont été plantés après arrachage des anciens palmiers durant la période de 2009 à 2013, une partie de cette plantation a été faite sur des terrains en pente où il a été jugé préférable d’aménager des terrasses, lequel travail (terrasses) a été réalisé par des opérateur indonésiens qui savent faire ce genre d’opération les yeux fermés. Les vestiges de l’huilerie de la PLZ n’étant plus du tout utilisables, une nouvelle usine moderne a été commandée en Indonésie et aurait du être érigée au centre de la plantation. Mais c’était sans compter sur les initiatives politiques des dirigeants congolais qui fin 2011 ont promulgué une nouvelle loi (la loi sur les principes fondamentaux de l’agriculture) qui prévoit que toute entreprise agro-pastorale doit être détenue à 51% par un citoyen congolais. Les travaux étant lancés pour la plantation des palmiers, ceux-ci ont été poursuivis, mais les investisseurs ont préféré ne pas investir plusieurs dizaines de millions de dollars dans une huilerie dont ils auraient potentiellement donné la moitié à un partenaire local (probablement sans le sou). Pour ne pas perdre la production de la plantation récemment régénérée, il a été décidé de réhabiliter (de fait reconstruire) l’ancienne huilerie de PLZ dont la capacité est nettement moindre et surtout qui se trouve décentrée par rapport à la plantation. Il faut savoir que la plantation est traversée par une rivière, la Lumbundji, qui sépare la plantation en deux avec d’un côté les 3/4 de la plantation et de l’autre 1/4 de la plantation et l’huilerie, et qui ne peut être traversée que par un seul pont. Le pont (de type Bailey) en question date certainement de la période PLZ et, outre une usure normale, a souffert de nombreuses années de manque d’entretien ce qui a, peu à peu, rongé certains éléments essentiels de sa structure. Il est situé sur un tronçon de la route nationale qui traverse la plantation et dépend donc de l’autorité de l’Office des Routes de la RDC, mais ne reçoit aucune attention des autorités. Comme ce pont est un point critique pour l’exploitation de notre plantation, après une mission de contrôle d’un expert de Bailey il a été décidé d’acheter un nouveau pont afin de remplacer celui actuellement en place qui est susceptible de lâcher d’un jour à l’autre. Ici encore, c’est sans compter sur l’approche particulière des autorités compétentes qui ont décidé que tout travaux effectués sur des ouvrages du réseau national doivent être fait sous la supervision des experts de l’OR et qu’il était nécessaire de faire une mission de contrôle préalable (payable d’avance par le demandeur qui est Brabanta). Sur le principe il n’y a pas de problème fondamental, si ce n’est que les frais de cette mission d’exploration s’élèvent à un minimum de 125.000 dollars sans les “frais”, non-négociables. Nous avons donc opté, pour le moment, de garder toutes les pièces du nouveau pont dans des conteneurs scellés et de prier pour que le pont existant ne nous lâche pas trop vite. Nous faisons un entretien hebdomadaire du pont (structure et tablier), y compris le remplacement des pièces qui sont régulièrement volées, et grâce à cela il semble que la structure résiste au passage des camions qui font l’aller-retour presque jour et nuit pendant la période de pointe. Heureusement pour le moment nous sommes quasi les seuls à l’utiliser car la route qui sort de la plantation vers Idiofa (Kinshasa) est coupée (pas de bac) et les camions de commerçants (généralement surchargés) ne sont donc pas en mesure de passer par là.
Comme indiqué plus haut, il a été nécessaire de construire des nouvelles maisons en plus de celles, vestiges de la PLZ, qui avaient été restaurées. Ainsi quatre nouvelles habitations ont été construites, mais bizarrement il a été décidé de construire des maisons jumelées alors que d’une part l’espace ne manque pas et qu’en plus le seul élément commun des maisons jointives est un mur commun qui ne monte même pas jusqu’à la toiture laissant ainsi passer tous les bruits d’une habitation à l’autre. Comme nous avons maintenant besoin de moins d’expatriés pour la gestion de la plantation, l’une des constructions a été transformée en une seule maison ce qui permet à l’occupant (actuellement notre directrice agronomique) de pouvoir profiter pleinement du fait qu’elle vit en pleine nature sans devoir vivre avec les bruits d’un voisin tout proche.
Aujourd’hui la totalité de la plantation replantée est en production et malgré le fait que l’huilerie a une capacité inférieure à celle qui avait été prévue initialement, nos excédents de production non-usinables sont limités en quantité.
La plantation devrait pouvoir continuer à produire pendant encore près de vingt ans compte tenu du choix de matériel végétal à croissance réduite et ne nécessite donc plus de gros investissements, excepté ceux nécessaires pour le maintient de l’huilerie et du parc de véhicules et de générateurs. D’ici là il y aura probablement encore beaucoup de choses qui pourront se passer tant dans le développement de nouvelles sélections variétales pour la plantation que l’amélioration des techniques pour diminuer la dépendance de la plantation en énergies fossiles. Bien avant cela les populations riveraines auront complètement anéanti les quelques forêts restantes, sauf si des initiatives sont prises pour initier et encadrer les agriculteurs à faire des cultures sédentaires et enrichir le sol plutôt que brûler le tout pour y produire les aliments de base pendant un ou deux ans seulement. Si pas plantés avec des palmiers ou d’autres arbres, les milliers d’hectares de savane qui entourent la plantation pourraient être mis à profit pour faire des cultures alimentaires et/ou de l’élevage, mais cela ne semble pas encore être inscrit dans les objectifs de la population locale et ne le sera probablement jamais sans un encadrement et une vulgarisation qui ne pourra venir que de l’extérieur.
Comme chaque fois, nous vous invitons à nous faire part de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Much information is circulating, sometimes wrongly, about the fact that oil palm plantations are responsible for massive deforestation, population displacement and environmental damage. It is undeniable that in some cases the palms have been planted on land that was once forested and that in some plantations land occupants have probably been displaced or relocated, but even if exceptions are the rule it is important to put things in context.
In the book “La palme des controverses”, based on research by Alain Rival and Patrice Levang, it appears that the vast majority of deforested land (around 75%), in South-East Asia in general and Indonesia in particular, has been deforested for logging, animal husbandry or crops such as soya and rice, and it is likely that in Africa in general and the DRC in particular this proportion is much higher and that oil palms are not the prime cause of deforestation.
The history of the Brabanta plantation goes back to 1911 when it was established by William Lever together with four other plantations set up under the name of Huileries du Congo in what was then Belgian Congo. At that time they were not really plantations as we know them today, but rather about forests of wild palm trees that were being exploited to be gradually replanted with palms from “selected” seeds. These activities were continued in this form until independence and were then renamed Plantations Lever au Zaïre (“PLZ”) under the reign of Marshal Mobutu and finally abandoned in the 1990s due to the wars and the collapse of the country’s structures.
Various investors such as Socfin, Feronia, Blatner and Miluna took over part of the PLZ plantations in the early 2000s, but there are still an estimated 100,000 hectares of abandoned oil palm plantations in the country and even in the case of Brabanta thousands of hectares of old plantations have not been replanted because of difficult accessibility or other logistical problems for their exploitation. It has therefore generally not been necessary to destroy forests for the revitalisation of these plantations, although some experimental extensions have been made on areas not previously exploited by PLZ, but located in savannah areas where the only vegetation is limited to grass and a few scattered bushes, and where the fauna has totally disappeared as a result of “traditional” burns repeated several times a year as well as unrelented hunting of all creatures that happen to be spotted in the area.
After the acquisition of the Brabanta plantation by Socfin in 2007, it was necessary to rehabilitate the plantation, which required the replanting of palm trees, as the existing palm trees had become too sparse, too large and of poorly productive varieties, but also to rehabilitate the roads which were barely accessible by motorbike (and that is even an exageration), to restore the houses and build new ones (although here the choice made is odd, see below) and to install an oil mill. More than 6,000 hectares of palm trees were planted after uprooting the old palm trees during the period 2009 to 2013, part of this planting was done on sloping land where it was considered preferable to create terraces, which work (terraces) was carried out by Indonesian operators who know how to do this kind of work with their eyes closed. As the remains of the PLZ oil mill were no longer usable at all, a new, modern factory was ordered in Indonesia and should have been erected in the centre of the plantation. But this was without counting on the political initiatives of the Congolese leaders, who in late 2011 promulgated a new law (the Law on the Fundamental Principles of Agriculture) which stipulates that any agro-pastoral enterprise must be 51% owned by a Congolese citizen. As work began on the planting of palm trees, these were continued, but investors preferred not to invest several tens of millions of dollars in an oil mill, half of which they would have potentially given to a local partner (probably penniless). In order not to lose the production of the recently regenerated plantation, it was decided to rehabilitate (in fact rebuild) the old PLZ oil mill, which has a much smaller capacity and, above all, is off-centre to the plantation. It should be noted that the plantation is crossed by a river, the Lumbundji, which divides the plantation in two with 3/4 of the plantation on one side and 1/4 of the plantation and the oil mill on the other, and which can only be crossed by a single bridge. The bridge (Bailey type) in question certainly dates from the PLZ period and, apart from normal wear and tear, has suffered from many years of lack of maintenance, which has gradually eaten away at some essential elements of the structure. It is located on a section of the national road that runs through the plantation and therefore falls under the authority of the DRC Roads Office, but receives no attention from the authorities. As this bridge is a critical point for the exploitation of our plantation, after a control mission by an expert from Bailey it was decided to buy a new bridge to replace the one currently in place, which is likely to collapse any time. Here again, this was without relying on the particular approach of the competent authorities, who decided that any work carried out on works on the national network must be done under the supervision of the Roads Office experts and that it was necessary to carry out a prior control mission (payable in advance by the applicant who is Brabanta). In principle there is no fundamental problem with this requirement, except that the costs of this exploratory mission amount to a minimum of $125,000 non-negotiable and excluding “costs”. We have therefore opted, for the time being, to keep all the parts of the new bridge in sealed containers and to pray that the existing bridge will not give way too quickly. We do a weekly maintenance of the bridge (structure and deck) including the replacement of parts that are regularly stolen and thanks to this it seems that the structure resists the passage of trucks that make the round trip almost day and night during the peak period. Luckily at the moment we are almost the only ones using it because the road out of the plantation to Idiofa (Kinshasa) is out of use (no ferry) and the traders’ trucks (usually overloaded) are therefore unable to pass.
As mentioned above, it was necessary to build new houses in addition to the PLZ remnants which had been restored. Thus four new houses were built, but strangely enough it was decided to build semi-detached houses when on the one hand there is no lack of space and on the other hand the only common element of the attached houses is a common wall which does not even reach the roof, thus allowing all the noise to pass from one house to the other. As we now need fewer expatriates for the management of the plantation, one of the buildings has been transformed into a single house so that the occupant (currently our agronomy director) can take full advantage of the fact that she lives in the middle of nature without having to live with the noises of a close neighbour.
Today the entire replanted plantation is in production and despite the fact that the oil mill has a lower capacity than originally planned, our non-usable production surpluses are limited in quantity.
The plantation should be able to continue producing for another twenty years, given the choice of low-growth plant material and therefore no longer requires major investments, except for those necessary to maintain the oil mill and the fleet of vehicles and generators. In the meantime there is likely to be much more that can be done both in the development of new varietal selections for planting and in the improvement of techniques to reduce the plantation’s dependence on fossil fuels. Long before then the people living around the plantation will have completely destroyed the few remaining forests, unless initiatives are taken to initiate and mentor farmers to grow sedentary crops and enrich rather than burn the soil to produce staple foods. If not planted with palms or other trees, the thousands of hectares of savannah surrounding the plantation could be used for food crops and/or livestock, but this does not yet seem to be part of the local population’s objectives and will probably never be achieved without supervision and extension work that can only come from outside.
As always, we invite you to share your news with us,
Marc & Marie-Claude

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Ralenti – Slow Motion

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La production de notre plantation est l’exemple même des montagnes russes et après avoir atteint le sommet de la production en juillet-septembre nous sommes à présent dans le creux de la vague. A la différence toutefois que dans les montagnes russes c’est le sommet que l’on passe au quasi ralenti tandis que l’on dévale à toute vitesse pour passer à toute allure dans le creux, alors que notre période de vaches maigres dure plus longtemps que la pointe. Mais il est vrai que même si la production est actuellement au ralenti, nous n’en sommes pas moins occupés à fond dans beaucoup d’autres activités allant de la réparation des routes en passant par les constructions et la remise en état des engins pour continuer par les derniers préparatifs pour essayer d’obtenir notre certification RSPO (production durable).
Il est vrai qu’après la pointe tout le monde essaye de souffler un peu et c’est la période où beaucoup de personnes partent en congé, y compris les expatriés, mais pour le reste le titre de ces nouvelles est trompeur car même si nos besoins en transport sont fortement réduits et que l’huilerie ne tourne plus qu’un jour par semaine, les journées de travail restent longues et bien remplies, surtout pour ceux qui restent en plantation. C’est aussi la période où il faut commencer à faire les inventaires, les évaluations du personnel et les rapports de fin d’année qui prennent de plus en plus de temps à cause de toutes les exigences de durabilité qui doivent être chiffrées et documentées. Dans un contexte comme la RDC, même si notre coin du monde est très aptement surnommé “Toscane congolaise” par certains humoristes, ce pas une mince affaire les personnes capables de faire des rapports fiables n’étant pas nombreuses. Dès lors, une grande partie du travail doit être accompli personnellement ou, au minimum, vérifié en détail ce qui prend presque autant de temps.
La fin d’année est aussi le moment privilégié des autorités pour essayer de trouver des moyens de percevoir, officiellement ou officieusement, des ressources pour financer la dite période de fin d’année. Nous sommes ainsi gratifiés d’une variété de contrôles avec redressements à la clé, dont certains sont basés sur une interprétation tout à fait personnelle de la réglementation quand celle-ci n’est pas inventée de toutes pièces. La dernière initiative en la matière concerne tout d’abord la RVF (Régie des Voies Fluviales) qui a voulu nous taxer pour le travail de balisage et d’entretien des voies fluviales. Mis à part le fait qu’il n’y a ni entretien ni balisage des voies fluviales effectivement réalisés, il se fait qu’aucune taxe de cette nature n’a jamais été mise en place par les autorités et, qui plus est, on est droit de se demander pourquoi l’appliquer à une société qui ne fait pas de transport fluvial. Mais ça c’est sans penser que nous avons une pirogue motorisée et une baleinière qui nous place, “de fait, dans la catégorie des transporteurs fluviaux”. Mis à part le fait que cette taxe n’existe pas, les autorités n’ont pas peur de tenter de nous intimider et même de nous faire payer des pénalités pour ne pas avoir payé cette taxe les années précédentes… Une autre tentative émane, elle aussi du côté des transports, de l’inspecteur du ministère des transports et communication qui nous a annoncé une descente sur le terrain pour faire une inspection technique de notre piste d’aviation. Il est vrai que ce travail doit être fait chaque année pour obtenir une homologation de notre piste, mais la loi donne cette prérogative à l’autorité de l’aviation civile (AAC) qui est seule compétente en la matière. Notre inspecteur a essayé de faire valoir que le gouvernement avait mandaté son service pour vérifier que les opérateurs de l’AAC faisaient un travail correct en faisant un suivi des travaux de l’AAC, malgré le fait que l’instruction ministérielle leur donne uniquement la mission de vérifier si nous avons bien payé nos taxes et redevances pour 2019. Je vous passe toutes autres tentatives d’obtention (extortion ?) de fonds qui vont de la DGI (Direction Générale des Impôts) aux agents de l’ANR (Agence Nationale des Renseignements) qui sollicitent des motivations d’ordres de grandeur variables.
Il est un fait que la pandémie a provoqué un fort ralentissement des activités, y compris concernant les opportunités pour les différents services de l’état de faire leur collecte habituelle et comme en plus les robinets de l’état sont fermés ou au moins réduits à de maigres filets suite aux différents entre les factions politiques, il n’est pas surprenant qu’à l’approche des fêtes de fin d’année ils soient tous plein d’enthousiasme pour essayer de se mettre quelque chose en poche.
Sinon, pour le moment nous avons le plaisir d’avoir une visite à la maison pendant deux semaines, il s’agissait, au départ, d’une consultante qui venant nous aider à améliorer nos procédures en vue d’obtenir notre certification. Au fur et à mesure de ses visites, c’est développée une amitié réciproque et elle loge donc pendant deux semaines à la maison. C’est bien agréable d’avoir un petit changement dans notre routine habituelle et surtout de pouvoir parler avec quelqu’un qui n’est pas un collègue de travail permanent, en plus, elle est vraiment super sympathique, donc cela nous fait une coupure agréable dans nos derniers mois de Toscane congolaise avant les vacances.
Pour le moment la saison des pluies bat son plein, ce qui ralentit très fort les transports car certaines routes ne sont plus passables et j’ai même failli renverser ma voiture dans une côte où le terrain était tellement glissant que la voiture s’est mise en travers, mais heureusement à très faible vitesse et elle s’est arrêtée sans heurts. Comme nos engins de terrassement (pelles à chenille, bulldozer, etc.) sont tous en panne, nous essayons de remédier au plus pressé avec de la main d’œuvre manuelle, mais le travail du jour est généralement emporté et aggravé dès le lendemain avec la pluie suivante. Quand il pleut la main d’œuvre a aussi tendance à s’absenter, même quand “la pluie menace” comme ils disent ici, ce qui ne nous aide pas à faire tous les travaux à faire hors pointe. Par contre, ce qui marche réellement au ralenti pour le moment c’est notre connexion internet, en fait cela fait quelques jours qu’elle ne fonctionne plus et que pour mon travail ou pour écrire ces nouvelles nous utilisons un petit boîtier wifi portable qui fonctionne avec le réseau de téléphonie mobile, dont le réseau semble heureusement fonctionner plus où moins correctement. Il est possible que nous ne parvenions pas à charger de photos cette fois-ci.
En conclusion, nous vivons donc un ralenti de production avec mille et un trucs à faire et ne manquons certainement pas d’occupations.
Nous espérons vous lire très bientôt,
Marc & Marie-Claude

Visiteur à la piscine – Visitor at the pool
Pain au levain – Sourdough bread

The production of our plantation is like a rollercoaster ride and after reaching the peak of production in July-September we are now at the bottom of the wave. The difference however is that in roller coasters it is the peak that we pass at slower speed while we hurtle down to the trough, while our lean period lasts longer than the peak. But even though production is currently idling, we are no less busy with many other activities ranging from road repairs, construction and machinery refurbishment to final preparations to try and achieve our RSPO (sustainable production) certification.
It is also notable that after the peak everyone tries to take a breather and this is the period when many people go on leave, including expatriates, but for the rest the title of this news is misleading because even though our transport needs are greatly reduced and the oil mill only runs one day a week, the working days are still long and busy, especially for those who stay on the plantation. This is also the time when we have to start making inventories, staff assessments and year-end reports, which are taking more and more time because of all the sustainability requirements that have to be quantified and documented. In a context like the DRC, even if our area is the so-called Congolese Tuscany, all this is no small matter because there are not many people capable of making reliable reports. This means that a lot of the work has to be done by ourselves or in any case checked in detail, which takes almost as much time.
The end-of-year period is also the time when the authorities try to find ways of collecting, officially or unofficially, resources to finance the end-of-year period. We are thus gratified by a variety of checks and adjustments, some of which are based on a very personal interpretation of the regulations when they are not invented out of thin air. The latest initiatives in this area concern first and foremost the RVF (Régie des Voies Fluviales), which wanted to charge us for the work of signposting and maintenance of waterways. Apart from the fact that there is neither maintenance nor marking of the waterways actually carried out, it so happens that no such tax has ever been introduced by the authorities and, what is more, one is entitled to wonder why it should be applied to a company that does not carry out river transport. But this is without thinking that we have a motorised dugout canoe and a small wooden barge which in fact puts us in the category of river transporters. Apart from the fact that this tax does not exist, the authorities are not afraid to intimidate us and even to make us pay penalties for not having paid this tax in previous years? Another attempt, also from the transport side, came from the inspector of the Ministry of Transport and Communication who announced a descent in Mapangu to make a technical inspection of our runway. It is true that this work must be done every year to obtain an approval of our runway, but the law gives this prerogative to the Civil Aviation Authority (CAA) which is the only competent authority in this matter. Our inspector tried to argue that the government had mandated his department to check that the CAA operators were doing a correct job by monitoring the CAA’s work, despite the fact that the ministerial instruction only gives them the mission to check whether we have paid our taxes and charges for 2019. I will pass on all the other attempts to obtain funds that go from the DGI (General Tax Directorate) to the ANR (National Intelligence Agency) agents who are asking for motivations of varying orders of magnitude.
It is true that the pandemic has provoked a strong slowdown in activities, including opportunities for the various state services to make their usual collections, and since the state taps are closed or at least reduced to few droplets as a result of the differences between the political factions, it is not surprising that as the end of year festivities approach they are all full of enthusiasm to try to put something in their pockets.
At the moment we have the pleasure of having a visitor who comes to help us improve our procedures in order to obtain our certification, but who has become a good friend and therefore stays at home for a fortnight. It’s nice to have a little change in our usual routine and especially to be able to talk to someone who is not a permanent work colleague, plus she’s really super friendly, so it makes a nice break in our last months in Congolese Tuscany before the holidays.
At the moment the rainy season is in full swing which slows down transport very badly as some roads are no longer passable and I even almost turned my car over in a slope where the ground was so slippery that the car slid sideways, but fortunately at very low speed and it stopped smoothly. As our earthmoving equipment (crawler excavators, bulldozers, etc.) are all broken down, we try to remedy the most pressing problems with manual labour, but the day’s work is usually washed away and made worse the next day with the next rain. When it rains the labour also tends to be absent, even when “the rain only threatens” as they say here, which does not help us to do all the work to be done off-peak. On the other hand, what is really idling at the moment is our internet connection, in fact it hasn’t been working for a few days now and for my work or to write this newsletter we use a small portable wifi box that works with the mobile phone network, which fortunately seems to work more or less correctly.
In conclusion, we are experiencing a slowdown in production with a thousand things to do and we certainly don’t lack of things to do.
We hope to read you soon,
Marc & Marie-Claude

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Mapangu

Reprise du Collier / Back to Work

Comme toutes les vacances, elles ont passé trop vite, mais, le temps que cela a duré, c’était bien agréable de se lever en même temps que le jour, et pas avant, pendant une semaine! Aujourd’hui, vendredi 20 novembre (plus que deux mois avant les “vraies vacances”). Lever 04:25h. Et, surprenamment, ce n’était pas trop brutal, sans doute l’effet d’une semaine d’horaire plus humain.
Il a fait plutôt couvert toute la semaine à part mercredi, saison des pluies oblige, mais nous en avons profité pour trier un peu le contenu des congélateurs dont certains légumes du jardin avaient été conditionnés et pas encore mangés (les légumes de la saison suivante faisant déjà leur apparition et demandant traitement) depuis le début de notre aventure congolaise. Cela ne nous a pas empêché de nous promener, de barboter dans notre piscine olympique, de lire pour le plaisir sans se sentir coupable, de bricoler. Pour Marie-Claude, un aspect pesant de la vie de tous les jours dans notre prison dorée est la constante et incontrôlable invasion d’éléments étrangers supposés donner un coup de main mais, étant tellement lents et inefficaces, que ce qui ne devrait prendre qu’une heure dans l’espace personnel prend toute la matinée et plus. Paradoxalement, donc, nous nous sommes chargés des corvées (à part le repassage qui se fait dans un autre bâtiment et n’est donc pas envahissant). Tout le “personnel social cathédrale” a, dès lors, été mis au travail dans le jardin et interdit de séjour dans la maison même. Le pauvre Guy était un peu vexé mais Marie-Claude aime cuisiner et nous faisions la vaisselle ensemble. Le nettoyage de la maison était fait le matin tôt et “baste”. Et, ce qui n’est pas “une mince affaire”, Marc a entrepris et terminé de trimmer aux ciseaux la fourrure de notre canin, tant pour son soulagement à elle que pour le nôtre car le fumet qu’elle dégageait devenait incommodant! Le shampouinage effectué par la maîtresse de maison fut suivi par quelques heures de séchage et de “cruciverbage” sur le deck de la piscine. OUF!!!
Nous avons aussi eu l’agréable surprise de cueillir notre premier avocat issu d’un noyau d’avocat planté par nos soins, belle récompense après cinq ans de soin. il est superbe, en plus ! (Voir photo).
Le retour au travail a été amorcé jeudi soir avec un verre commémoratif à “la Cerclette” (club Brabanta) à Mapangu au bord de la rivière avec les cadres pour le Secrétaire Général enterré à Kinshasa le matin. Marie-Claude a décidé de faire perdurer l’interdiction de séjour “du social” jusqu’au début de la semaine prochaine vu que demain est samedi et que dimanche est, par tradition, une journée sans outsider.
Ce matin Marc faisait le debriefing de l’intérim effectué par le directeur financier durant notre “semaine” de vacances locales avant le départ de celui-ci pour Kinshasa, où il a la mission de solutionner les problèmes de visa de nos expatriés (dont le sien) et des visiteurs prévus dans les semaines qui viennent, laissés en plan par le décès inopiné de notre Secrétaire Général. Ceci avant son départ (du directeur financier) en vacances de Noël, retour prévu début janvier. Comme nous l’avons déjà écrit, nous garderons le fort (Brabanta) à nous deux pour cette fin d’année 2020 et seront les seuls expatriés sur place. Donc, pour nous, pas de distance de sécurité ni de masque à prévoir :); Les deux autres expatriés encore en plantation quitteront Mapangu à la mi-décembre pour revenir vers la mi-janvier. Il est prévu que nous prenions l’avion du 24 janvier vers la Belgique pour un repos bien gagné et ramèneront Makala avec nous car elle se fait vieille et ici il n’y a pas de soins vétérinaires possibles !!!
Petit suspens ce matin: l’avion qui devait emmener le directeur financier et les trois visiteurs congolais que nous avons eu cette semaine avait l’interdiction de décoller de Kinshasa, car il serait à présent interdit de faire voyager des avions mixtes (en même temps du cargo et des passagers), une nouvelle règle de l’Autorité de l’Aviation Civile congolaise… Cela c’est arrangé cette fois-ci (probablement grâce à des “motivations”), si cela s’avère plus permanent, ce sera une difficulté de plus car il n’y a pratiquement jamais assez de cargo seulement ou de passagers seulement pour assurer un vol régulier hebdomadaire entre Kinshasa et Ilebo. Reste à voir si l’avion mensuel affrété par la Brabanta, chaque fois bien plein avec personnel, ravitaillement en vivres et achalandage de pièces et matériel urgent ou fragile, donc également mixte, ne fera pas l’objet lui aussi de négociations… Hrmmmm.
Dernière matinée de la semaine, pas de grosse pluie ce matin, cela laissera peut être aux pistes l’occasion de sécher car elles sont difficilement praticables en ce moment! Hier, en fin de matinée, nous avons eu un orage tropical particulièrement violent accompagné de pluies qui l’étaient tout autant. Du coup la tenue sur routes est sportive!
La récolte est de plus en plus réduite à la portion congrue ce qui laisse l’opportunité d’effectuer réparations et travaux d’entretien en plantation, lorsque les pièces à remplacer sont arrivées ou/et que les techniciens sont là. Nous avons aussi, récemment, des soucis de connexion WiFi par le satellite que la Brabanta utilise, après chaque grosse pluie. Heureusement, pour usage privé, Marc a réussi à nous trouver un plan B avec un “pocket wifi”, cela lorsque le réseau téléphonique n’est pas lui aussi démissionnaire. Maintenant que vous êtes, de fait, plus ou moins dans la même situation d’isolement, vous savez à quel point c’est frustrant d’être sans moyen de communication!
Samedi en fin de journée, le responsable du secteur technique avait invité tout le personnel technique ainsi qu’agro pour une ripaille commune à “la Cerclette”, nous devions être une petite soixantaine. La journée avait été magnifique et nous avons eu un coucher de soleil “digne d’une carte postale” , avec silhouettes de pirogues et piroguiers droits comme des I tout en maniant leur pagaie, bancs de sables mordorés et reflets moirés d’or et de rouge corail sur la rivière Kasaï. Marc et moi sommes rentrés un peu avant la fin à cause de l’état de la route et de la demi-heure de trajet. Il fallait encore effectuer quelques menues tâches à la maison avant que le groupe électrogène s’éteigne et que nous ne rejoignons le monde de Morphée.
Aujourd’hui, dimanche, lever vers sept heures, dégustation de fruits, préparation de crêpes, conversation vidéo avec la famille d’Emilie & Filip à Kapellen, doux babil et yeux pétillants de notre petite fille. Quelle chance d’être au vingt-et-unième siècle !
Il est à présent presque 11:30h. chez nous et le grand soleil avec lequel nous nous sommes levés fait place à de menaçants nuages et grondements encore lointains mais qui ne plaisent pas pour autant à Makala qui vient se presser dans nos jambes.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et que la situation (sanitaire) ne vous pèse pas trop. Ecrivez nous!
Marie-Claude et Marc

Notre premier avocat – Our first advocado
Piscine olympique – Olympic swimming pool
Pépinière de plantes ornementale – Ornamental plants nursery

Like all vacations, they went by too fast, but while it lasted, it was nice to get up at the same time as the day, and not before, for a week! Today, Friday, November 20 (only two months left before the “real vacations”). Wake up 04:25h. And, surprisingly, it wasn’t too brutal, probably the effect of a more human week schedule.
Itwas rather overcast the whole week except Wednesday, rainy season obliges, but we took the opportunity to sort out a little the contents of the freezers, which includes some vegetables from the garden that had been conditioned and not yet eaten (the vegetables of the next season already appearing and requiring treatment) since the beginning of our Congolese adventure. This did not prevent us from walking around, splashing in our Olympic swimming pool, reading for pleasure without guilty feeling and other tinkering. For Marie-Claude, a difficult aspect of everyday life in our golden prison is the constant and uncontrollable invasion of foreign elements who are supposed to lend a hand but, being so slow and ineffective, end up working all morning and more for a task that takes us at best a couple of hours. Paradoxically for our holidays, we took care of the chores ourselves (apart from the ironing, which is done in another building and is therefore not invasive). All the “Cathedral social staff” was put to work in the garden and forbidden to enter in the house itself. Poor Guy was a little upset but Marie-Claude likes to cook and we did the dishes together. The cleaning of the house was done early in the morning and “basta”. And, what is not “a small matter”, Marc undertook and finished trimming the fur of our canine friend with scissors, as much for her relief as for ours because the smell the accumulated and unwashable fur was becoming quite pungent and uncomfortable! The shampooing done by the lady of the house was followed by a few hours of drying and “cross wording” on the deck of the pool. One down!!!!
We also had the pleasant surprise of picking our first avocado from an avocado stone planted by us, a nice reward after five years of care an it is superb, too! (See photo).
The return to work began Thursday evening with a commemorative drink at “la Cerclette” (Brabanta’s club) in Mapangu on the riverside with all the senior staff for the Secretary General buried in Kinshasa in the morning. Marie-Claude has decided to maintain the ban of the “social staff” until the beginning of next week given that tomorrow is Saturday and Sunday is, by tradition, a day without outsiders.
This morning Marc was debriefing the interim done by the financial director during our “week” of local vacations, before his departure for Kinshasa, where he has the mission to solve the visa problems of our expatriates (including his own) and those of visitors expected in the coming weeks. Task left unfiniushed by the sudden and unexpected death of our Secretary General. This is before his (of the financial director) going to Europe during the Christmas vacations, with a return planned for early January. As we have already written, we will keep the fort (Brabanta) between the two of us for the end of the year 2020 and will be the only expatriates on the spot. The two other expatriates still on the plantation will leave Mapangu in mid-December and will return in mid-January. It is planned that we will take the plane on January 24th to Belgium for a well earned rest and will bring Makala back with us because she is getting old and here there is no veterinary care possible !!!
Small suspense this morning: the plane that was supposed to take the financial director and the three Congolese visitors that we had this week was forbidden to take off from Kinshasa, because it appears that now it is forbidden to have mixed flights (combining cargo and passengers), a new rule of the Congolese Civil Aviation Authority … This was solved this time (probably with the help of some “motivations”), if it proves to be more permanent, it will be one more difficulty because there is almost never enough cargo only or passengers only to ensure a regular weekly flight between Kinshasa and Ilebo. It remains to be seen whether the monthly plane chartered by Brabanta, each time full with personnel, food supplies and urgent or fragile parts and equipment, therefore also mixed, will not also be the subject of negotiations? Hrmmmm.
Last morning of the week, no heavy rain this morning, this may give the tracks the opportunity to dry out a little because they are hardly practicable at the moment! Yesterday, at the end of the morning, we had a particularly violent tropical thunderstorm accompanied by rains that were just as violent. As a result, the handling on the roads is sporty!
The harvest is more and more reduced to become almost insignificant, which leaves the opportunity to carry out repairs and maintenance work in the plantation and transport fleet, when the spare parts have arrived or/and the technicians are there. We also have, recently, problems with WiFi connection through the satellite that the Brabanta uses, after each heavy rainfall. Fortunately, for private use, Marc managed to find us a plan B with a “pocket wifi”, that is when the telephone network is not also out of use. Now that you are, in fact, more or less in the same situation of isolation, you know how frustrating it is to be without means of communication!
On Saturday evening, the person in charge of the technical department had invited all the technical and agro personnel for a communal feast at “la Cerclette”, there must have been about sixty of us. The day had been magnificent and we had a sunset “worthy of a postcard”, with silhouettes of dugout canoes and canoeists as straight as I’s while wielding their paddles, sand banks and golden and red coral water colour reflections on the Kasaï river. Marc and I returned a little before the end because of the road conditions and the half-hour drive. We still had to do a few small tasks at home before the generator went off and putting the lights out.
Today, Sunday, getting up around seven o’clock, tasting of fresh fruit from the garden, preparing pancakes, video conversation with Emilie & Filip’s family in Kapellen, sweet babbling and sparkling eyes of our grand-daughter. What a chance to be in the twenty-first century!
It is now almost 11:30 am. at home and the great sun with which we got up gives way to threatening clouds and rumblings that are still far away but which do not please Makala who comes to squeeze in our legs for protection.
We hope that this news will find you well and that the (sanitary) situation does not weigh on you too much. Write to us!
Marie-Claude and Marc