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Sao Tomé est une jeune nation, indépendante seulement depuis 1975 et qui jusqu’alors était un des plus gros producteurs de cacao dans le monde. Les colons portugais ont construit des infrastructures impressionnantes qui perdurent encore ça et là à travers le pays, mais de la plus grande partie de celles-ci (grandes fermes, chemin de fer, installations portuaires, hôpitaux, etc.) il ne reste plus que des ruines.
Selon les explications reçues, au moment de l’indépendance le gouvernement communiste a nationalisé toutes les fermes et structures coloniales et attribué celles-ci à des personnes “méritantes” qui n’avaient ni les moyens ni les connaissances pour en reprendre la gestion. N’ayant pas d’autres ressources, peu à peu les éléments mobiles des ces installations (machines, rails, boiseries, etc.) ont été démontées pour être revendues, réutilisées à d’autres fins, et tout et tout. Quelques constructions ont survécu et/ou ont été (re)privatisées et réhabilitées, certaines sont encore ou à nouveau utilisées comme exploitations agricoles, d’autres sont devenues des hôtels ou “ecolodge” (ici c’est ce qui se vend le mieux aux touristes, même si le “lodge” n’a rien d’écologique) ou les deux.
Autour de la plantation il y a ainsi un grand nombre de structures plus ou moins en ruines qui donnent une idée de l’ampleur des activités agricoles à l’époque coloniale, principalement basées sur la production de cacao, mais aussi de noix de coco et café. Aujourd’hui la production de cacao représente à peu près 6-7% de ce qui était produit durant la première moitié du vingtième siècle, mais plusieurs investisseurs essayent de redynamiser cette culture car le terroir de Sao Tomé est (parait-il) unique en ce qui concerne la qualité du cacao qui y est produit.
Ainsi ce dimanche, nous avons décidé de mettre nos chaussures de marche et d’aller explorer une ancienne “Roça” (ferme) appelée Novo Brazil située sur les hauteurs au-dessus de la plantation et d’un petit village côtier appelé Monte Mario. Pour l’histoire (du moins ce que j’ai pu trouver) Novo Brazil a été aménagé vers la fin du XIX° siècle pour la production de café et était composé de nombreux bâtiments et résidences sur une zone plane à environ 250m au-dessus du niveau de la mer. A juger des ruines, car il ne reste malheureusement que des pans de mur des constructions, les résidences étaient somptueuses avec une vue sur la mer et un grand jardin clos dans lequel poussaient diverses sortes d’arbres fruitiers, une fontaine avec des bassins dans lesquels il y avait probablement des plantes aquatiques et poissons. Un peu plus loin il y a les restes de trois structures qui étaient apparemment un hôpital et les logements du personnel médical. Il est peu probable que cet hôpital ait été là pour le seul bénéfice des propriétaires et de leur personnel, mais il n’est pas clair où la main d’œuvre de la plantation était logée, probablement dans des maisons en bois dont il ne reste rien.
Les structures de Novo Brazil ont été utilisées jusqu’aux environs de l’indépendance, mais il est probable que le déclin avait déjà commencé car vers les années ’70 le prix du café (et du cacao) se sont effondrés et il est donc probable que les propriétaires n’étaient plus en mesure de maintenir ces palais.
Il nous a fallu environ 1h30 de marche pour arriver jusqu’aux ruines par une route qui fut jadis pavée, mais néanmoins très pentue et donc pas aisément accessible. Une grande partie des matériaux de construction ont été acheminé par cette route, ce qui a du être une entreprise très conséquente. Comme dans beaucoup d’autres exploitations du genre, celle-ci disposait d’un chemin de fer pour évacuer la production de café vers la côte, où elle était évacuée par bateau. Il est possible que le chemin de fer fut installé en premier et que celui-ci aurait pu servir à acheminer les matériaux et biens des propriétaires jusque là-haut.
Surprenamment il y avait peu d’oiseaux dans les environs des ruines, mais peut-être est-ce lié à l’heure de la journée car en commençant notre marche nous étions assourdis par tous les oiseaux qui nous entouraient. Nous avons entendu mais pas vu quelques singes, qui devaient signaler notre présence, et observé des traces de repas de ceux-ci dans les ruines des maisons (du moins c’est ce que notre guide nous a affirmé).
Autour des ruines il y a toutes sortes de plantes, décoratives principalement, qui montrent que les jardins étaient d’agrément autant que productifs. Ainsi à l’entrée des résidences il y avait un arbre (semble-t-il importé par les colons du Brésil) qui porte des grappes de petits fruits tout au long de son tronc. Nous avons également testé une liane (de l’épaisseur d’un doigt) qui goute le poivre (sans le piquant) et qui serait utilisée comme remède contre les maux de ventre. J’en ai ramené un morceau que je vais essayer de bouturer, on ne sait jamais.
Les murs d’enceinte de la propriété sont envahis de philodendrons qui sont parfois devenus presque comme des arbres et qui cachent des murs en pierre secs de 5-6m de hauteur derrière lesquels de la terre a été accumulée pour que le parc des résidences soit tout à fait plane.
Malheureusement je n’ai pas trouvé d’images de ce complexe avant qu’il ne soit repris par la nature, sauf une photo de pas trop bonne qualité que j’ai beaucoup de mal à situer sur base des ruines visitées.
Il y a beaucoup d’autres sites historiques du genre, certains en bien meilleur état malgré leur abandon. Ainsi à Ribeira Peixe même, le patelin où nous vivons, il y a un hôpital et des résidences abandonnées mais encore plus ou moins en état. J’irai y faire un tour et prendre quelques photos à la prochaine occasion.
En vous souhaitant une bonne semaine et à bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Sao Tome is a young nation, independent only since 1975 and until then one of the largest cocoa producers in the world. The Portuguese colonists built impressive infrastructures that still exist here and there throughout the country, but most of these (large farms, railways, port facilities, hospitals, etc.) are now in ruins.
According to the explanations received, at the time of independence the communist government nationalised all the colonial farms and structures and assigned them to “deserving” people who had neither the means nor the knowledge to take over their management. Having no other resources, little by little the movable parts of these facilities (machines, rails, woodwork, etc.) were dismantled to be sold, reused for other purposes, and so on. Some buildings have survived and/or been (re)privatised and rehabilitated, some are still or again used as farms, others have become hotels or “ecolodges” (here this is what sells best to tourists, even if the “lodge” is not ecological) or both.
Around the plantation there are a large number of more or less ruined structures that give an idea of the extent of agricultural activities in colonial times, mainly based on the production of cocoa, but also coconuts and coffee. Today the production of cocoa represents about 6-7% of what was produced during the first half of the twentieth century, but several investors are trying to revitalize this culture because the environment of Sao Tome is (it seems) unique in terms of the quality of the cocoa produced there.
So this Sunday we decided to put on our walking shoes and go explore an old “Roça” (farm) called Novo Brazil located on the heights above the plantation and a small coastal village called Monte Mario. As far as history goes (at least what I could find) Novo Brazil was developed in the late 19th century for coffee production and consisted of many buildings and residences on a flat area about 250m above sea level. Judging from the ruins, as unfortunately only parts of the walls of the buildings remain, the residences were sumptuous with a view of the sea and a large enclosed garden in which various kinds of fruit trees grew, a fountain with pools in which there were probably aquatic plants and fish. A little further on there are the remains of three structures that were apparently a hospital and accommodation for medical staff. It is unlikely that this hospital was there for the sole benefit of the owners and their staff, but it is not clear where the plantation workforce was housed, probably in wooden houses of which nothing remains.
The structures at Novo Brazil were used until around independence, but it is likely that the decline had already begun as by the 1970s the price of coffee (and cocoa) had collapsed and so it is likely that the owners were no longer able to maintain these palaces.
It took us about an hour and a half to walk to the ruins via a road that was once paved, but was nevertheless very steep and therefore not easily accessible. Much of the building material was transported by this road, which must have been a very substantial undertaking. As with many other such farms, this one had a railway to transport the coffee production to the coast, where it was evacuated by boat. It is possible that the railway was installed first and could have been used to transport the owners’ materials and goods up there.
Surprisingly there were few birds in the vicinity of the ruins, but perhaps this was related to the time of day as as we started our walk we were deafened by all the birds around us. We heard but did not see some monkeys, which must have signalled our presence, and observed traces of their meals in the ruins of the houses (at least that is what our guide told us).
Around the ruins there are all sorts of plants, mainly decorative, which show that the gardens were for pleasure as well as for production. For example, at the entrance to the residences there was a large tree (apparently imported by settlers from Brazil) which bears clusters of small fruits all along its trunk. We also tested a liana (about the thickness of a finger) that tastes like pepper (without the spiciness) and is said to be used as a remedy for stomach aches. I brought back a piece that I will to cut grow as a cutting, you never know.
The property’s boundary walls are overgrown with philodendrons which have sometimes become almost like trees and hide dry stone walls 5-6m high behind which soil has been piled up to make the grounds of the residences quite flat.
Unfortunately I could not find any pictures of this complex before it was taken over by nature, except for one not too good picture which I find very difficult to locate based on the ruins I visited.
There are many other such historical sites, some in much better condition despite their abandonment. For example, in Ribeira Peixe itself, the town where we live, there is a hospital and some abandoned residences, but still more or less in good condition. I will go there and take some photos next time I get the chance.
Wishing you a good week and hoping to read you soon,
Marc & Marie-Claude