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Après près de deux mois d’absence de Mapangu, nous voici de retour à la maison où nous avons retrouvé nos poilues en grande forme, la maison bien en ordre (si ce n’est pour une invasion de cafards qui apparaissent dans tous les coins) et un accueil généralement enthousiaste de nos collègues.
Nous sommes évidemment passés par Kinshasa comme étape obligée et y avons passé deux jours dans notre oasis de l’hôtel Elaïs. Même si nous n’y sommes pas très souvent, l’hôtel connaît maintenant nos préférences et petites habitudes et ainsi nous avons presque chaque fois un petit studio au rez-de-chaussée dans le fond du parc qui est relativement plus calme et surtout très facile d’accès. Malgré la situation économique difficile du pays, le propriétaire de l’Elaïs a décidé de construire un nouveau bâtiment avec des chambres et studios de grand luxe, mais pour lesquels ils ont réussi à maintenir le caractère de l’hôtel. J’ai logé une fois dans une de ces nouvelles chambres toute moderne et de grand confort, mais pour une raison que j’aurais du mal à expliquer nous préférons les studios un peu vieillots où nous logeons d’habitude, même si parfois la douche ne marche plus tout à fait comme elle devrait ou la climatisation est un peu poussive.
Durant nos quelques jours à Kinshasa les divers partenaires et autorités n’ont évidemment pas manqué de solliciter des rencontres, l’un pour essayer d’obtenir ma clémence vis-à-vis des délégués syndicaux licenciés il y a 3 mois, l’autre pour présenter ses produits ou d’autres enfin pour simplement essayer de nous faire payer une “motivation” d’une sorte ou d’une autre. J’ai également été visiter un client potentiel pour notre huile de palme et ce fut, pour dire le moins, édifiant… Le client en question possède une minoteries dans laquelle à côté de la farine de blé ils produisent également des aliments pour animaux dont une des composantes est l’huile de palme. Cette même société possède également une des plus grandes boulangeries d’Afrique qui produit industriellement des baguettes et des pains de mie qui se retrouvent partout dans Kinshasa et même dans certaines villes voisines. Les bureaux du dit-client se trouvent en fait dans l’enceinte de la boulangerie plutôt que la minoterie (qui se trouve à plusieurs kilomètres de là et surtout de longues heures de bouchons, je sais parce que par erreur nous avons d’abord été à la minoterie…). A la boulangerie, quand j’y suis finalement arrivé, dans le périmètre de l’usine (qui est gigantesque) il y a un espèce de marché permanent avec des centaines voire des milliers de personnes occupant tous les espaces vides qui vendent ou achètent du pain dans des bacs, des sacs ou simplement à la main. Régulièrement des camions de toutes tailles se frayent un chemin à travers la foule pour aller charger des quantités plus importantes de pains. Tout cela dans un espace qui était tout sauf propre car de temps en temps des pains tombent à terre, se font piétiner et absorbent l’eau de la dernière pluie pour créer une sorte de magma que personne ne semble vouloir nettoyer. Mais ce spectacle n’était rien comparé à ce qui m’attendait pour ma réunion avec le responsable des achats qui m’a invité à le suivre vers son “bureau”. Le responsable des achats, tout comme le reste de l’équipe de management de la société est membre de la communauté libanaise installée de longue date en RDC et donc probablement un petit peu influencé par la culture locale. Pour arriver au “bureau” de mon interlocuteur il fut nécessaire d’enjamber des caniveaux, se faufiler entre des carcasses de conteneurs et de camions en état de démantèlement plus ou moins avancés, marcher entre des flaques d’huile de vidange et autre vestiges d’intervention mécaniques diverses en passant à côté d’un nombre impressionnant de personnes (membre du personnel ou visiteurs?) l’un assis sur un carton au pied d’un mur, l’autre installé sur la carcasse d’une moto sans roues, bref un peu l’image de la rue des miracles. Nous sommes finalement arrivés dans le “bureau”, un local dont la porte ne ferme plus tout à fait qui nécessite de passer au-dessus de ce qui devrait être un poste à souder avec une multitude de câbles à moité dénudés. Le “bureau” était occupé par 4 ou 5 tables dont émergeait ici et là l’écran d’un ordinateur entre les piles de papiers, de cartons éventrés et d’autres objets dont la présence dans un bureau était difficile à expliquer. On m’a proposé une chaise pour prendre place, mais avant de pouvoir m’y installer elle s’est affaissée et pour finir j’ai pris place dans un des fauteuils de bureau qui se balançait dangereusement mais qui a tenu bon durant les 5 minutes où je suis resté assis. L’équipe responsable des achats de matières premières pour le groupe m’a brièvement expliqué qu’il souhaitaient acheter de l’huile de palme et que pour cela ils pourraient nous fournir des récipients, de vieux cubitainers de 1.000 litres qui ont manifestement déjà servi à contenir une grande variété de produits et dont il est difficile de définir la couleur d’origine. Ils m’ont toutefois rassuré en disant que comme l’huile ne servirait “officiellement” que pour la production d’aliments pour animaux, il n’était pas nécessaire de se tracasser de trop sur la qualité du contenant… je ne suis pas certain que mon chien apprécierait d’avoir des restes d’huile de vidange dans ses croquettes!
L’entrevue n’a pas duré très longtemps et pour repartir ils m’ont simplement suggéré de suivre le même itinéraire que celui par lequel nous étions arrivé en recommandant de faire attention où je mettais les pieds. ( 😉 )
En retournant au bureau, au milieu du délabrement dans lequel sont les rues et bâtiments de Kinshasa nous sommes tout à coup passés à côté d’un complexe dans les murs d’enceinte et surtout les bas-côtés bordant la rue étaient immaculés, avec des petites frises sur les murs, pas un point ou la peinture s’écaille, une pelouse digne des meilleurs gazons anglais le long du trottoir, bref un miracle. Outre les fortunes qui ont sans doute été investies dans la réalisation de ce travail, c’est surtout le fait que cela ait été réalisé et maintenu dans une ville comme Kinshasa qui m’a réellement surpris. Quand nous sommes finalement passés devant un énorme portail en fer forgé, une plaque informait le visiteur qu’il s’agissait non pas de l’ambassade des Etats-Unis mais de “L’Eglise du dernier jour du Christ” avec en effet un imposant édifice religieux tout blanc visible dans la distance d’un parc lui aussi manucuré. Comme quoi, tout est possible au Congo!
Ici à Mapangu il y a encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à un tel niveau de perfection, mais probablement que les moyens mis en œuvre ne sont pas comparables et contrairement aux églises qui généralement demandent une contribution mensuelle de 10% du salaire à tous leurs membres, nous sommes la source de revenus de tous nos visiteurs, même ceux qui ne travaillent pas pour nous…
Comme d’habitude nous espérons avoir de vos nouvelles aussi, donc n’hésitez pas à nous écrire.
Bien à vous,
Marc & Marie-Claude
After almost two months of absence from Mapangu, we are back home where we found our hairy guys in great shape, the house in good order (except for an invasion of cockroaches that appear in every corner) and a generally enthusiastic welcome from our colleagues.
Of course, we passed through Kinshasa as a compulsory stopover and spent two days there in our oasis at the Hotel Elaïs. Even if we are not there very often, the hotel now knows our preferences and little habits and so we almost always have a small studio on the ground floor at the back of the park which is relatively quieter and above all very easy to access. In spite of the difficult economic situation of the country, the owner of Elaïs decided to build a new building with rooms and studios of great luxury, but in which they managed to maintain the character of the hotel. I once stayed in one of these new rooms, which are very modern and comfortable, but for some reason I would find it difficult to explain, we prefer the old studios where we usually stay, even if sometimes the shower doesn’t work as it should or the air conditioning is a bit cranky.
During our few days in Kinshasa the various partners and authorities obviously did not fail to ask for meetings, one to try to obtain my leniency towards the union delegates who were fired 3 months ago, the other to present its products or others to simply try to make us pay for a “motivation” of one kind or another. I also went to visit a potential customer for our palm oil and it was, to say the least, edifying… The client in question owns a flour mill where, in addition to wheat flour, they also produce animal feed, one of the components of which is palm oil. The same company also owns one of the largest bakeries in Africa that industrially produces baguettes and bread loaves that can be found everywhere in Kinshasa and even in some neighbouring cities. The offices of the said customer are actually located in the bakery rather than the flour mill (which is several kilometres away and especially long hours of traffic jams, I know because by mistake we went to the flour mill first). At the bakery, when I finally got there, within the perimeter of the factory (which is gigantic) there is a sort of permanent market with hundreds or even thousands of people occupying all the empty spaces selling or buying bread in bins, bags or simply by hand. Regularly trucks of all sizes make their way through the crowd to load larger quantities of bread. All of this in a space that was anything but clean because every once in a while bread fall on the ground, gets trampled on and absorbs the water from the last rainfall to create a kind of magma that nobody seems to want to clean up. But this spectacle was nothing compared to what I was expecting for my meeting with the purchasing manager who invited me to follow him to his “office”. The purchasing manager, just like the rest of the company’s management team, is a member of the Lebanese community that has been living in the DRC for a long time and therefore probably a little bit influenced by the local culture. To get to my interlocutor’s “office” it was necessary to climb over gutters, to slip between the carcasses of containers and trucks in a more or less advanced state of dismantling, to walk between puddles of used oil and other remnants of various mechanical interventions while passing by an impressive number of people (staff members or visitors?) one sitting on a cardboard box at the foot of a wall, the other installed on the carcass of a motorcycle without wheels, in short a little bit the image of the slums in the middle ages. We finally arrived in the “office”, a room with a door that doesn’t quite close anymore, which required to step over what should be a welding machine with a multitude of half stripped cables. The “office” was occupied by 4 or 5 tables from which emerged here and there the screen of a computer between piles of paper, torn cardboard and other objects whose presence in an office was difficult to explain. I was offered a chair to sit, but before I could make use of it, it collapsed and I finally sat down in one of the office chairs that swayed dangerously but held on for the 5 minutes I sat there. The team in charge of purchasing raw materials for the group briefly explained to me that they wanted to buy palm oil and that to do so they could provide us with containers, old 1,000-litre cubitainers that had obviously been used to hold a wide variety of products in the past and of which it would be difficult to establish the original colour.
However, they reassured me that since the oil would only be used “officially” for the production of animal feed, there was no need to worry too much about the quality of the container… I’m not sure my dog would appreciate having leftover engine oil in his food!
The interview did not last very long and to leave, they simply suggested that I follow the same route as the one we had arrived by recommending to be careful where I put my feet. ( 😉 )
On our way back to the office (by car), in the midst of the dilapidated streets and buildings of Kinshasa we suddenly passed a complex with the perimeter walls and especially the sides of the street which were immaculate, with small designs on the walls, not a spot where the paint was peeling, a lawn worthy of the best English lawns along the pavement, in short a miracle. Apart from the fortunes that were undoubtedly invested in this work, it was above all the fact that it was done and maintained in a city like Kinshasa that really surprised me. When we finally passed in front of a huge wrought iron gate, a plaque informed the visitor that it was not the US Embassy but “L’Eglise du dernier jour du Christ” (Church of the Last Day of Christ) with an imposing white religious building visible in the distance of a manicured park. Everything is possible in the Congo!
Here in Mapangu there is still a long way to go before reaching such a level of perfection, but probably the means used are not comparable, and unlike the churches which generally ask a monthly contribution of 10% of the salary from all their members, we are the source of income for all our visitors, even those who do not work for us…
As usual we hope to hear from you too, so do not hesitate to write to us.
Kind regards,
Marc & Marie-Claude