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Houdini

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Comme vous le savez, outre nos deux compagnons poilus, Makala la chienne et Griezel la chatte, nous avions également hérité d’un volatile, un perroquet gris, répondant au nom de Théo. Théo, un perroquet gris qui avait été capturé dans la nature environnante et vendu à l’un des expatriés qui travaillait et vivait ici à Mapangu, vivait depuis les 5 dernières années dans une cage alors que ses congénères passaient régulièrement au-dessus de la maison en poussant leurs cris très caractéristiques mais bien moins spectaculaires que le large répertoire de Théo.
L’avenir de Théo était une question qui nous tourmentait l’esprit car d’une part comme il avait été capturé dans la nature il ne pourrait en aucun cas être admis à voyager car il fait partie d’une espèce protégée, même si ici le nombre de perroquets de son espèce ne manquent pas. D’autre part, si nous quittons Mapangu, ce qui finira par arriver tôt ou tard, qu’adviendra-t-il de Théo si les nouveaux occupant de la maison ne veulent pas prendre en charge un tel volatile.
L’alternative à laquelle nous avons également pensé serait de relâcher Théo dans la nature, mais un perroquet ayant vécu autant d’années en captivité serait-il capable de subvenir à ses besoins de nourriture et d’eau sans avoir un approvisionnement régulier dans sa mangeoire? Nous avons néanmoins préféré lui laisser pousser les plumes (que notre prédécesseur faisait couper régulièrement) en estimant que si d’une part il serait plus difficile de le rattraper s’il sortait de sa cage, d’autre part il aurait plus de chances d’échapper aux chiens, chats et autres prédateurs qui errent dans le coin.
Hier, à la faveur d’une distraction de notre cuisinier qui n’a pas correctement refermé la cage après avoir nourri Théo, celui-ci a décidé de se faire la belle et a disparu dans la nature. Soit le fait de se retrouver dans la nature lui a cloué le bec et même si pas trop éloigné il a décidé de ne donner aucun signe auditif de présence, soit il a décidé de prendre ses distances de manière radicale, et, où qu’il se trouve, ses manifestations ne sont pas audibles jusqu’à la Cathédrale. Nous avons gardé la cage ouverte avec de la nourriture et de l’eau dans son bol pour le cas où il déciderait de revenir nous rendre visite, mais il n’est pas impossible qu’il ait profité du passage de congénères pour se joindre à ses pareils et redécouvrir la vie sans barreaux et humains qui viennent lui apprendre des paroles insensées et lui gratter la tête. En principe, vu son jeune age, il (ou elle car nous ne savons en fait pas si notre volatile est mâle ou femelle) a encore de longues années de vie devant lui et même si sa présence bruyante fait tout à coup défaut, nous sommes soulagés de ne pas avoir à prendre la décision de le lâcher dans la nature ou de le laisser à une personne qui n’en prendrait peut-être pas bien soin lorsque nous bougerons. Qui sait, un de ces jours nous serons peut-être surpris par un “Cracoucas”, “Alerte Rouge”, “Makala pfiuuu!”, “Rise & shine” tonitruant dans la plantation et rien ne nous ferait plus plaisir.

Changeons de sujet, beaucoup plus technique cette fois, à savoir le principe de JIT (Just in Time ou Juste à Temps) utilisé par maintes entreprises pour gérer de manière optimale leurs stocks et éviter ainsi l’immobilisation de moyens financiers importants. C’est un concept éminemment difficile à appliquer ici puisque nos commandes peuvent prendre entre 12 et 18 mois pour arriver sur plantation à cause des délais d’expédition, de dédouanement et d’acheminement jusqu’à chez nous. De fait c’est souvent juste à temps que nous recevons les fournitures (carburant, lubrifiants, outillage, pièces de rechange), malgré le fait de les avoir commandées avec des délais difficiles à imaginer en Europe.
Il n’y a pas que pour les approvisionnements qu’ici à Mapangu nous appliquons le JIT, mais il s’agit d’une variante à la congolaise qui n’est pas exactement favorable à nos besoins de trésorerie et qui me garde parfois éveillé la nuit. Il faut savoir que nos cuves de stockage d’huile sont actuellement quasi pleines ce qui” , faute de barge nous permettant de charger de l’huile pour l’un de nos clients, nous obligerait de suspendre nos activités de production dès le début de semaine prochaine, dans deux jours. Nous avons fait monter des barges à vide depuis Kinshasa qui auraient dû nous parvenir il y a près d’un mois, mais c’est sans compter avec les aléas de la navigation en saison sèche, les pannes, le vent (eh oui, apparemment même sur le Kasaï le vent peut obliger les convois à s’arrêter) avec le résultat que la première barge ne nous est parvenue qu’aujourd’hui, juste à temps pour nous permettre de la nettoyer, la faire inspecter par l’office de contrôle congolais (OCC) et commencer à charger mardi, juste au moment où nous aurions été obligés de suspendre nos activités de production. Si ça n’est pas du Just in Time il faudra redéfinir la notion, même si dans ce cas-ci c’est exactement l’opposé de la solution optimale recherchée…

Comme vous voyez, il y a toujours quelque chose pour nous tenir occupés et éviter que l’on se morfonde de lassitude sur notre île virtuelle.

Nous espérons entendre ou lire de vos nouvelles également, même s’il ne s’agit pas d’animaux sauvages qui reprennent leur liberté ou de stress de livraisons hors délais,
bises à tous,

Marc & Marie-Claude

As you know, in addition to our two hairy companions, Makala the dog and Griezel the cat, we also inherited a bird, a grey parrot, named Theo. Theo, a protected parrot that had been captured in the surrounding wilderness and sold to one of the expatriates who worked and lived here in Mapangu, had been living in a cage for the past 5 years while his fellow creatures regularly passed over the house shouting their very characteristic but much less spectacular cries than Theo’s wide repertoire.
Theo’s future was a question that tormented our minds because on the one hand, as he had been captured in the wild, he could never be allowed to travel because he was part of a protected species, even if there is no shortage of parrots of his species here. On the other hand, if we leave Mapangu, which will eventually happen sooner or later, what will happen to Theo if the new occupants of the house do not want to take care of such a bird?
The alternative we also thought about would be to release Theo into the wild, but would a parrot that had lived so many years in captivity be able to provide for its food and water needs without having a regular supply in its feeder? Whatever the option, we decided to let him grow back his feathers (which our predecessor had cut regularly), considering that while it would be more difficult to catch him if he got out of his cage, he would also have a better chance of escaping from the dogs, cats and other predators that roam the area.
Yesterday, as a result of a distraction from our cook, who did not properly close the cage after feeding Theo, he (Theo) decided to make the best out of it and disappeared into the wild. Either the fact of being out in the open has shut his beak and even if not too far away he has decided not to give any auditory sign of presence, or he has decided to distance himself radically, and, wherever he is, his manifestations are not audible up to the Cathedral. We kept the cage open with food and water in his bowl in case he decided to come back to visit us, but it is not impossible that he took advantage of the passage of a other parrots to join them and rediscover life without bars and humans who come to teach him crazy words and scratch his head. In principle, given his young age, he (or she because we don’t actually know if our bird is male or female) still has many years of life ahead of him and even if his noisy presence is suddenly missing, we are relieved not to have to make the decision to release him into the wild or leave him to someone who might not take good care of him when we move. Who knows, one of these days we may be surprised by a thundering “Krakoukas”, “Red Alert”, “Makala pfiuuuu!”, “Rise & shine” in the plantation and nothing would please us more.

Let’s change the subject, much more technical this time, namely the principle of JIT (Just in Time) used by many companies to optimally manage their stocks and thus avoid the immobilization of significant financial resources. This is an extremely difficult concept to apply here since our orders can take between 12 and 18 months to arrive on the plantation because of the delays in shipping, customs clearance and local delivery difficulties to reach us. In fact, it is often just in time that we receive the supplies (fuel, lubricants, tools, spare parts), despite the fact that we ordered them with lead times that are difficult to imagine in Europe.
It is not only for supplies that here in Mapangu we apply the JIT, but latter I am about to describe is a Congolese variant that is not exactly favourable to our cash flow needs and that sometimes keeps me awake at night. It should be noted that our oil storage tanks are currently almost full, and without a barge to load oil for one of our customers, we would have to suspend our production activities early next week, in fact as sson as within two days. We have paid for empty barges to be brought from Kinshasa, which should have reached us almost a month ago, but that is without taking into account the hazards of navigation in the dry season, breakdowns, wind (yes, apparently even on Kasai the wind can force convoys to stop) with the result that the first barge has only reached us today, just in time to allow us to clean it, have it inspected by the Congolese Control Authority (OCC) and start loading on Tuesday, just when we would have been forced to suspend our production activities. If it is not Just in Time, it will be necessary to redefine the notion, even if in this case it is exactly the opposite of the optimal solution sought…

As you can see, there is always something to keep us busy and avoid being bored from life on our virtual island.

We hope to hear or read your news as well, even if they are not wild animals being returning to their freedom or the stress of late deliveries.
Kisses to all of you,

Marc & Marie-Claude

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