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Protéines – Proteins

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Il y a quelques jours nous avons reçu une demande d’aide pour transporter des cartons de nourriture arrivés par barge et destinés à lutter contre la malnutrition des enfants. Un don de l’Allemagne, si j’ai bien compris, en réponse aux informations qui sont diffusées dans les médias internationales concernant la situation critique de la population en RDC et dans la province du Kasaï en particulier. Ces informations nous laissent un peu perplexe car dans notre région je n’ai pas encore vu un seul enfant souffrant visiblement de malnutrition et nous savons à quoi cela ressemble pour avoir côtoyé ce fléau pendant des années en Haïti. La province du Kasaï est très grande (environ trois fois la taille de la Belgique), sans routes dignes de ce nom et comme nous nous trouvons dans l’extrême nord de la province il n’est pas impossible que dans le sud, près de la frontière angolaise, la situation soit fort différente. Mais dans ce cas il y a lieu de se demander pourquoi les deux tonnes de compléments alimentaires sont débarqués à Mapangu, même si cela fera sans aucun doute beaucoup de bien aux enfants de la région (s’ils en reçoivent une partie).

Dire que nous ne voyons pas de malnutrition ne veut pas dire que l’alimentation de la population locale est bonne et équilibrée, loin de là. L’alimentation de base consiste en pâtées de maïs ou de manioc, parfois complémentée avec des épices (oignons) ou concentré de tomates et exceptionnellement agrémenté d’un peu de viande ou de poisson boucané (séché au feu et qui a plus le goût de fumée qu’autre chose, donc peu importe donc s’il s’agit de poisson, “viande” ou autre chose). Il n’est pas nécessaire d’expliquer que dans le maïs et le manioc on est loin de trouver tous les éléments nutritifs nécessaires au développement équilibré du corps humain, ce qui fait qu’une fois sevrés le développement des enfants est souvent freiné principalement par un manque de protéines.

Traditionnellement les protéines étaient obtenues par la chasse et la pêche et ce qui sauve sans nul doute la population locale est la présence de la rivière Kasaï dont les poissons n’ont heureusement pas encore tout à fait disparus (probablement parce que les techniques de pêche sont fort rudimentaires). La faune terrestre quant à elle a été totalement décimée à l’exception des petits rongeurs qui font maintenant les frais de la “chasse” qui est réalisée en mettant le feu à la brousse. Rien n’échappe aux besoins de nourriture de la population locale, ainsi même les petits oiseaux mouches qui viennent butiner les fleurs autour de la Cathédrale sont des proies potentielles pour les catapultes de nos gardiens si nous ne les arrêtons pas.

Les autres proies et sources de protéines très prisées, en partie parce qu’elles sont plus faciles à attraper, sont les larves et les insectes. Pour cela le palmier et en particulier les palmiers malades que nous sommes obligés d’extirper sont une source providentielle de larves de divers gros coléoptères fort prisés, même par certains expatriés. Grillés ils sont comparables à des lardons mais, même si pas mauvais de goût, je ne suis pas un grand fan de ce genre de mets. Nous soutenons toutefois un projet “Farms for Orphans” (farmsfororphans.org) en leur fournissant des morceaux de stipes (troncs) de palmiers qui servent de base alimentaire pour l’élevage de larves dans des orphelinats dans les environs de Kinshasa. Les pensionnaires des orphelinats y élèvent des larves dans des bacs pour avoir une base de protéines alimentaires et, si le projet se développe avec succès, pourrait même devenir une source de revenus pour les orphelinats.

Les carences alimentaires et surtout le manque de protéines dans l’alimentation des enfants n’a peut-être pas d’effet très visible sur le développement physique de ceux-ci, mais il est fort probable que les conséquences pour le développement intellectuel de la jeunesse ne soient pas positives. Ajouter à cela le fait que les écoles du coin sont tout sauf performantes explique probablement le fait que nous avons énormément de difficultés à trouver des travailleurs qui soient en mesure d’apprendre à maîtriser des tâches un peu plus spécialisées. Heureusement il y a parfois des miracles, ainsi nous avons un jeune garçon qui est sorti de l’école de la mission il y a quelques années et qui est maintenant responsable du laboratoire de l’huilerie avec des compétences impressionnantes, même au dire des visiteurs étrangers spécialisés en la matière.

Pour le moment la région se trouve dans une sorte de cercle vicieux car suite aux carences alimentaires la population, et les jeunes enfants en particulier, est très sensibles aux maladies et à la malaria. La mortalité infantile en particulier est très élevée et pour compenser cela, la famille moyenne compte généralement 6-7 enfants vivants par femme (ici la polygamie est monnaie courante), sur base d’une dizaine de naissances. En conséquence, il est d’autant plus difficile de nourrir correctement une telle progéniture, qui donc passe à côté d’un développement optimal et la boucle est bouclée…

Ce manque de sources de protéines est d’autant plus paradoxal que la plantation est entourée de savanes (nous estimons les superficies à environ 9.000 hectares) où il n’y a absolument aucune activité agro-pastorale, ni culture de quelque sorte que ce soit, ni élevage, juste des feux de brousse de temps en temps pour attraper les petits rongeurs et oiseaux qui arrivent à y survivre. Les solutions potentielles sont donc bien présentes et réalisables car en saison des pluies les haricots y poussent très bien (nous avons fait un champ expérimental) et il ne manque pas de points d’eau dans le fond des vallées pour abreuver des animaux en cas d’élevage. La raison pourrait se trouver dans des incessantes disputes territoriales entre les différents villages qui fait que les terres sont laissées à l’abandon et vides… pour le moment.

Nous espérons comme d’habitude avoir de vos nouvelles à vous aussi.

A bientôt,

Marc & Marie-Claude

Appel – Muster

Kasaï

Départ pour Kinshasa – Departure for Kinshasa

A few days ago we received a request for help to transport boxes of food arrived by barge to fight child malnutrition. A donation from Germany, if I understood correctly, in response to information in the international media about the critical situation of the population in the DRC and Kasai province in particular. This information leaves us a little confused because in our region I have not yet seen a single child visibly malnourished and we know what it looks like as we have been exposed to this scourge for years in Haiti. The province of Kasaï is very large (about three times the size of Belgium), without roads worthy of the name and as we are in the far north of the province it is not impossible that in the south, near the Angolan border, the situation is very different. But in this case, it is worth asking why the two tons of food supplements are landed in Mapangu, even if it will undoubtedly do a lot of good for the children in the region (provided they benefit from at least part of the shipment).

To say that we do not see malnutrition does not mean that the food supply of the local population is good and balanced, far from it. The basic diet consists of corn or manioc pâté, sometimes supplemented with spices (onions) or tomato paste and exceptionally supplemented with a little smoked meat or fish (dried by fire and which tastes more smoky than anything else, so it doesn’t matter if it’s fish, “meat” or something else). It is not necessary to explain that maize and cassava do not contain all the nutrients necessary for the balanced development of the human body, as a consequence, once weaned a child’s development is often impaired by a lack of protein.

Traditionally, proteins were obtained by hunting and fishing and what undoubtedly saves the local population is the presence of the Kasai River, whose fish have fortunately not yet completely disappeared (probably because fishing techniques are very rudimentary). The terrestrial fauna has been totally decimated, with the exception of small rodents, which now bear the brunt of the “hunting” that is carried out by setting fire to the bush. Nothing escapes the food needs of the local population, so even the small humming birds that come to eat from the flowers around the Cathedral are potential prey for our watchmen’s catapults if we do not stop them.

Other highly prized prey and protein sources, in part because they are easier to catch, are larvae and insects. For this reason, the palm tree and in particular the sick palm trees that we are forced to pull out are a providential source of larvae of various large beetles that are highly prized, even by some expatriates. Grilled they are comparable to bacon but, even if not bad in taste, I am not a big fan of this kind of food. However, we support a “Farms for Orphans” project (farmsfororphans.org) by providing them with chunks of palm tissue (trunks) as a base for larvae breeding in orphanages near Kinshasa. Residents of the orphanages raise larvae in bins to consume as protein source and, if the project develops successfully, could even become a source of income for the orphanages.

Dietary deficiencies and especially the lack of protein in children’s diets may not have a very visible effect on their physical development, but it is most likely that the consequences for the intellectual development of youngsters are unfavourable. Add to this the fact that the local schools are anything but efficient, and we have an explaination why we experience difficulties in finding workers who can learn to master more specialized tasks. Fortunately, there are sometimes miracles, so we have a young boy who completed his local schooling a few years ago and is now in charge of the oil mill laboratory with impressive skills, even according to foreign visitors who specialize in this field.

At the moment our region is in a kind of vicious circle because as a result of dietary defficiencies the population, especially young children, are very vulnerable to diseases and malaria in particular. Infant mortality in particular is very high and to compensate for this, the average family generally has 6-7 living children per woman (here polygamy is common), based on about ten births. As a result, it is all the more difficult to properly feed such a progeny, which therefore misses optimal development and the loop is closed…

The lack of protein sources is all the more paradoxical as the plantation is surrounded by savannah (we estimate the area at about 9,000 hectares) where there is absolutely no agro-pastoral activity, no cultivation of any kind, no livestock, just bush fires from time to time to catch the small rodents and birds that manage to survive there. The potential solutions are therefore very real and feasible because in the rainy season the beans grow very well (we have made an experimental field) and there is no lack of water points at the bottom of the valleys to water animals in case of breeding. The reason could be found in incessant territorial disputes between the different villages, which means that the land is abandoned and empty… for the time being.

As usual, we hope to hear from you as well.

See you soon,

Marc & Marie-Claude

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